VII - Jardin secret
⚠ TW : DÉPRESSION, SUICIDE
– Salut, je dis timidement à Oscar en le voyant entrouvrir les yeux.
– Bien dormi ? me demande-t-il d'une petite voix encore endormie.
Je hoche la tête affirmativement alors qu'il s'étire et en profite pour me donner un petit coup de poing dans l'épaule, me faisant rire.
– Je crois que je me suis un peu endormi sur toi, hier soir. Je suis vraiment désolé.
– C'est pas grave, t'en fais pas.
Je lui souris, pour tenter de le rassurer. Nous nous levons de notre lit puis descendons dans la salle à manger, où mes parents sont déjà en train de prendre leur petit-déjeuner. Je les embrasse tous les deux sur la joue alors qu'Oscar se contente de les saluer timidement. Je demande à Oscar de s'installer à table et pars nous préparer notre petit-déjeuner. Lorsque j'ai terminé, je dépose celui d'Oscar devant lui et je viens m'asseoir à ses côtés pour pouvoir manger moi aussi.
– On pourra retourner à la plage, tout à l'heure ? je demande à la fois à Oscar et à mes parents.
– Pourquoi tu ne pourrais pas y aller ? s'étonne mon père.
Je hausse simplement les épaules et tourne la tête vers Oscar, qui a déjà terminé de manger.
– Je veux bien y retourner, me dit-il en souriant.
Je souris et me remets à manger, en étant tout simplement content. Je trouve que c'était vraiment une bonne idée de proposer à Oscar de venir avec nous, ce week-end.
Oscar part s'habiller en premier et je reste dans le salon avec ma sœur en attendant qu'il ait fini.
– Il faut que je te dise un truc ! je finis par dire à ma sœur.
– Quoi ? s'étonne-t-elle.
– Oscar m'a dit qu'il me considérait comme son ami. J'ai enfin un ami !
Elle vient me prendre dans ses bras silencieusement, mais ses yeux se remplissent de larmes.
– Je suis super contente pour toi, finit-elle par me dire.
– Ça me fait du bien aussi, je lui avoue. Je me sens enfin moins seul.
Elle m'embrasse sur le front en me souriant, même si elle a toujours les larmes aux yeux.
– J'espère vraiment que ça ira bien entre vous deux.
Oscar choisit ce moment pour revenir, nous interrompant donc. Je lance un petit sourire à ma sœur et part m'habiller rapidement.
◇◇◇
Je dépose ma serviette et la coince avec quelques galets puis me dépêche de rejoindre Oscar, qui est déjà près de la mer. Je croise maladroitement mes bras contre mon torse en sentant le regard d'Oscar se poser sur moi.
– T'as froid ou tu te caches ? me demande-t-il.
– Un peu des deux, j'avoue timidement.
– Je t'ai déjà vu comme ça hier, pourtant.
Je hausse les épaules et il n'insiste pas.
– On va se baigner ? s'impatiente-t-il.
J'acquiesce d'un mouvement de la tête. Oscar court se jeter dans l'eau en riant. Je le regarde faire en souriant, puis m'approche de l'eau timidement.
– Elle est froide, je dis alors que l'eau m'arrive à peine aux chevilles.
Oscar se rapproche de moi et fais exprès de m'éclabousser en riant. Il tire doucement sur ma main et m'entraîne avec lui dans l'eau. Je le laisse faire en sentant mes joues devenir rouges. Il finit par s'allonger sur le dos je le regarde flotter sur l'eau.
– Tu veux aller en Angleterre ? je lui demande en le regardant s'éloigner peu à peu de moi.
Je l'entends rire et j'attrape sa cheville pour l'empêcher de s'éloigner encore plus. Il bouge un peu de sorte à avancer vers moi. Il se laisse emporter par l'eau et se rapproche de moi.
– Boum, dit-il alors que sa tête vient se cogner contre mon ventre.
Je le regarde quelques secondes en souriant et appuie mes mains sur sa tête pour essayer de le faire couler. Sa tête plonge dans l'eau et ses bras s'agitent dans tous les sens. Il remonte à la surface quelques petites secondes après en crachant de l'eau. Il se relève et me fait face, ses cheveux lui tombent sur le visage et je l'admire pendant quelques secondes.
– Je vais me venger, me prévient-il.
Je recule un peu pour revenir où j'ai pied. Oscar attrape mes mains et les bloque pour pouvoir me faire tomber. J'atterris sur mes fesses et Oscar reste debout face à moi en tenant toujours mes mains dans les siennes. J'essaie de me lâcher de son emprise, mais il ne se laisse pas faire.
– Lâche-moi, je lui demande en riant.
J'arrive à me relever en prenant appui sur ses mains. Il essaie de me faire tomber une nouvelle fois, ne faisant qu'accentuer mon rire.
– Oscar, arrête.
Il tire sur mes mains, me rapprochant de lui. Ses mains tiennent toujours les miennes, me faisant rougir. Il finit par les lâcher et à les poser sur mes hanches, faisant louper quelques battements à mon cœur. Il me sourit et pose son front contre le mien, affolant encore plus mon cœur.
– Qu'est-ce que tu fais ? je lui demande avec difficulté.
– Je t'admire de près.
– N'importe quoi, je dis en riant nerveusement.
– Je suis sérieux, je te trouve beau, m'avoue-t-il.
Il enroule ses bras autour de mes hanches et me serre contre lui. Je le laisse faire et reste silencieux, en sentant simplement mon cœur qui s'affole encore plus qu'avant. Il me relâche au bout d'un moment et nous retournons sur la plage. Je récupère ma serviette et la mets autour de moi pour tenter de me réchauffer un peu. Oscar s'essuie le corps et les cheveux rapidement puis enroule également sa serviette autour de lui. Nous venons nous asseoir sur la plage, au bord de la mer. Un petit silence s'installe entre nous deux, où le seul bruit que nous entendons est les vague qui viennent s'écraser sur le sable. Je me mets à regarder les vagues, pensivement.
– Tu sais..., je commence au bout d'un moment.
– Oui ?
Je sens le regard d'Oscar qui se pose sur moi, mais je ne tourne pas la tête vers lui pour autant. Je continue de fixer l'horizon au loin. J'hésite pendant un long moment à continuer ou non, parce que je ne sais absolument pas si c'est une bonne idée de me confier à lui. Je continue quand même parce que je crois vraiment qu'Oscar n'est pas le type de personne qui me dirait quelque chose si je lui avoue un truc, même si ça me semble idiot, et surtout parce qu'au fond de moi je sens que j'ai besoin de me confier.
– Quand on m'a appris que j'avais une tumeur, je suis tombé en dépression, quelques semaines après. Je restais allongé sur mon lit toute la journée, j'allais plus en cours. Mes parents m'obligeaient à manger un peu. Je dormais quasiment plus. Je voulais tout le temps rester tout seul dans ma chambre... J'avais envie de rien.
Je marque un temps de pause puis prends une grande inspiration avant de continuer.
– Ils ont toujours été là pour moi, mes parents. Ma mère a même démissionné. C'est pour ça qu'elle est en télétravail la plupart du temps, maintenant. Pour qu'elle ait plus de temps à nous consacrer.
– Elle faisait quoi ?
– Elle était prof.
– C'est pour ça que ta sœur veut être prof ?
– Entre autre.
Je lâche un soupir.
– Et puis un jour, j'ai arrêté de manger. Je voulais plus rien faire. J'en avais marre de rester sur mon lit, mais j'avais pas non plus la force de me lever et de faire quelque chose. Je voulais juste que cette putain de tumeur me tue. Que je meure et que je ne sois plus un problème pour tout le monde. Alors un jour...
Je m'arrête en sentant que j'ai les larmes qui commencent à me monter aux yeux, mais je les retiens et leur interdis intérieurement de dévaler sur mes joues.
– T'es pas obligé de continuer, me dit doucement Oscar.
– Un jour, j'ai juste voulu en finir, je continue. J'en avais marre, je voulais juste que tout s'arrête.
Ma voix tremble à la fin de ma phrase. Oscar le remarque sûrement car il vient poser sa main sur la mienne.
– J'avais 12 ans, Oscar ! C'est un âge trop tendre pour broyer du noir !
Il se met à caresser doucement ma main et je décide enfin de croiser son regard.
– C'est pas normal qu'un gamin de 12 ans veuille en finir ! C'est pas non plus normal qu'on foute en l'air la vie d'un gamin de 12 ans en lui disant qu'il a un cancer !
– Mais regarde, t'es toujours là, dit doucement Oscar.
Je laisse de nombreuses larmes couler le long de mes joues, sans prendre la peine de les essuyer.
– T'es toujours là, répète-t-il comme pour m'en persuader.
– J'ai failli ne pas être là.
– Mais tu l'es quand même, insiste-t-il.
Il approche son autre main de ma joue et essuie quelques larmes en souriant, puis la pose sur sa jambe. Il me faut un long moment pour que je sois totalement calmé, mais Oscar ne dit rien et ne se plaint pas.
– On m'a emmené à l'hôpital, je termine de lui raconter. J'y suis resté presque trois mois et j'ai suivi une psychothérapie.
– Ça va mieux, maintenant ? s'inquiète Oscar.
– Oui, ça va. Mais on fait toujours attention. Je pourrais retomber en dépression.
Oscar attrape ma main et entrelace nos doigts ensembles. Mon cœur loupe de nouveau un battement, mais je sens que j'arrive à ne pas rougir.
– Je te trouve incroyablement courageux, m'avoue-t-il.
– Merci, je lui réponds en rougissant légèrement.
– Je... Je peux te faire un câlin ?
Je hoche la tête affirmativement. Oscar lâche ma main, se rapproche de moi et me prend dans ses bras avec douceur. Je le laisse faire et pose ma tête sur son épaule. Ses cheveux viennent me chatouiller le visage, ce qui me fait rire.
– Est-ce que je peux te promettre quelque chose ? me demande-t-il timidement.
– Bien sûr.
– Je veux te promettre que quoiqu'il arrive, si un jour ton cancer s'aggrave et qu'il faut que tu retournes à l'hôpital – ce que je ne te souhaite pas –, je serais là. Je serais là et je te laisserai pas tout seul avec ton cancer.
– Merci beaucoup, Oscar.
Je lui souris et remets timidement en place l'une des mèches de ses cheveux qui avait glissé devant ses yeux. Il me relâche, mais pose son bras autour de mes épaules.
– C'est notre petit jardin secret, ici, remarque Oscar.
– On dirait bien.
– Faudrait qu'on trouve des secrets joyeux à se dire, non ?
– Parce que t'as des secrets joyeux à dire, toi ? je m'étonne.
– Bah ouais, dit-il en souriant.
– Je t'écoute alors.
Je me repositionne et attends qu'Oscar parle. Il regarde droit devant lui et il me semble que ses joues deviennent légèrement roses.
– Je crois que je commence à tomber amoureux, avoue-t-il en souriant.
– Oh ? C'est qui ?
– Un garçon, dit-il en riant.
– Vraiment ? Tu n'as pas changé d'orientation sexuelle en cours de nuit ?
Il éclate de rire et je lâche un petit sourire.
– Je le connais ?
– Peut-être. Mais peut-être pas.
– Allez, dis-moi qui c'est !
– Pourquoi je devrais ?
– Et pourquoi pas ?
– Parce que c'est un secret ?
Je me mets à râler, ce qui le fait rire.
– C'est qui ? j'insiste.
– Ça sert à rien d'essayer de trouver, je ne te dirai rien.
Je reste silencieux et le regarde sourire, sans doute parce qu'il penser au garçon dont il est amoureux. J'espère que si je tombe amoureux de quelqu'un un jour, il me fera sourire comme Oscar sourit en pensant à lui.
– Et lui ? Il est amoureux de toi ?
– Je sais pas trop.
– J'espère qu'il t'aime aussi.
Il ne répond rien et son bras quitte mes épaules.
– C'est nul l'amour, marmonne Oscar.
– Parce que tu sais pas s'il t'aime ?
– Oui. Je suis même pas sûr si je l'aime.
– C'est pas très grave, dis-lui quand tu seras sûr de toi ?
– Ouais...
Ma main cherche le contact de la sienne, accélérant les battements de mon cœur.
– Y'a aucune raison pour qu'il t'aime pas. Et puis, je peux t'aimer moi si tu veux.
Il tourne la tête vers moi et je sens mes joues devenir complètement rouges alors que ma main s'est posée sur la sienne. Qu'est-ce qu'il m'a pris de dire ça ?
– Je t'aime bien, moi, j'ajoute tout de même.
Un petit rire s'échappe de ses lèvres et je me demande ce qui était drôle dans la phrase. Peut-être rit-il simplement parce que c'était idiot ?
– Quoi ? je m'étonne.
– Rien. C'était mignon.
– Comme toi.
Je rougis encore plus en disant ça. Oscar reste silencieux et se contente de me sourire. Je ne sais vraiment pas ce qu'il me prend. L'air de la mer me rend complètement idiot.
– Je crois qu'on va devoir rentrer, je lui fais remarquer.
Il hoche simplement la tête. Nous nous relevons et ramassons nos affaires. Je m'essuie rapidement à l'aide de ma serviette et me rhabille complètement alors qu'Oscar garde simplement son jean.
– Merci beaucoup pour ce week-end.
– T'as pas besoin de me remercier.
– J'y tiens.
– Je vois pas pourquoi je t'aurais pas inviter.
Je tourne la tête vers lui et mon regard louche un instant sur son torse. Je détourne rapidement le regard, espérant qu'Oscar ne m'ait pas vu.
– La vue est belle ? m'interroge-t-il.
Faux espoirs, il m'a vu.
– Pardon, j'aurais pas dû...
– Eh, je plaisante.
Je lâche un petit soupir de soulagement alors qu'il termine de mettre son tee-shirt.
– Mais c'est quand même la deuxième fois que tu me regardes comme ça, fait-il remarquer.
– Je t'assure que c'était pas intentionnel !
Il se met à rire alors que je deviens complètement gêné. Il doit vraiment me prendre pour un idiot.
– Je dis ça pour t'embêter, Nathanaël. Je m'en fiche et ça ne me dérange absolument pas.
Il me sourit, sans doute pour me rassurer, puis nous repartons en direction de la maison. Le trajet se fait silencieusement et lorsque nous arrivons, mes parents chargent déjà les bagages dans la voiture.
– Ah, les garçons, vous tombez bien ! nous dit mon père. On va pouvoir rentrer. Vos affaires sont déjà dans le coffre.
– Ils restent quoi à faire, alors ? je m'étonne.
– À monter dans la voiture !
Nous rions, mais l'écoutons tout de même. Je me retrouve une nouvelle fois entre Oscar et ma sœur, ce qui ne me dérange pas puisque je discute avec Oscar durant tout le trajet.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top