V - Match de foot

Je suis devant chez Oscar depuis cinq bonnes minutes et reste planté ici, avec mes mains qui tremblent, sans même oser appuyer sur la sonnette. Je prends finalement mon courage à deux mains - tremblantes - pour lui écrire un message.

Moi
Je suis devant chez toi.

Je l'attends que quelques secondes avant de voir la porte d'entrée s'ouvrir et Oscar qui court vers moi en souriant.

– Salut ! me dit-il joyeusement.

Il tend sa main vers moi et je la regarde un moment, ne sachant pas si je dois la serrer ou lui faire un check, ou je ne sais quoi d'autre. J'opte finalement pour faire taper ma paume contre la sienne. Il se met à rire et me sourit.

– Tu vas bien ? me demande-t-il alors que je remets ma main dans la poche, complètement gêné.

– Oui, merci. Et toi ?

– Ça va ! Tu viens ?

Il retourne vers sa maison et me laisse passer à l'intérieur.

– Tu peux mettre ton manteau là, me propose-t-il en me montrant la patère accrochée au mur.

J'enlève rapidement mon manteau et l'accroche puis enlève mes chaussures.

– Je te suis, je lui dis.

– On peut rester dans le salon, si tu veux. Mes parents sont pas là et mon petit frère est chez mes grands-parents. Ça te dirait qu'on regarde le match de foot de ce soir ?

– Je suis pas trop foot...

Je comprends que je n'aurais pas dû dire ça en voyant son visage devenir triste.

– Mais on peut le regarder, si tu veux ! Ça me dérange pas.

– T'es sûr ? s'inquiète-t-il.

– Oui, t'en fais pas.

– Ça commence dans une demi-heure, à peu près. Tu viens, on va dans ma chambre en attendant ?

Je hoche la tête et le suit pour monter dans sa chambre.

Sa chambre est une pièce plutôt grande, avec un double lit collé contre le mur du fond et à peu près au centre de la pièce. Il y a une fenêtre sur la droite du mur et en-dessous se trouve un bureau. Contre le mur qui est à gauche, il y a une grande armoire collée à une bibliothèque quasiment remplie. Sur le mur où il y a la porte, une table basse est disposée avec une télévision murale fixée juste au-dessus. Je suis sûr qu'elle est placée là pour qu'Oscar puisse directement la regarder de son lit. Il y a plusieurs consoles avec des jeux posés sur la table basse. Les murs de la chambre sont simplement gris, je trouve ça un peu triste. Heureusement qu'il y a des photos qui viennent recouvrir plusieurs murs.

Je m'approche de son lit pour regarder les photos qui y sont accrochées au-dessus. Ce sont principalement des photos de lui lorsqu'il était encore tout petit, ou bien des photos de lui et de son petit frère.

Je me retourne vers Oscar et rougis en le trouvant torse nu devant moi.

– Oh, désolé, dit-il en riant.

Il enfile un maillot de foot de l'équipe de France et sourit en voyant que je suis toujours gêné.

– T'aimes bien me regarder ?

– Quoi ? Non, non ! C'est toi à chaque fois qui...

– Je plaisante, me coupe-t-il. Mais avoue quand même que je suis beau.

Je ne réponds rien alors qu'Oscar rit encore.

– C'est pas grave, tu sais. Enfin tu fais ce que tu veux.

Ses joues prennent une petite teinte rose et il détourne le regard.

– Tu veux que je te prête un maillot, aussi ? me propose-t-il.

– Oui, si tu veux.

Il ouvre son armoire et en sort rapidement un autre maillot appartenant également à l'équipe de France.

– Tiens. Il a pas les deux étoiles, mais bon.

Je ris et attrape le maillot. Je lui tourne le dos et retire mon tee-shirt et mon pull, en sentant le regarde d'Oscar posé sur moi. Je l'entends se rapprocher de moi et je sens son souffle contre ma nuque. Je ne sais pas pourquoi, mais je me retourne vers lui, et mon regard s'ancre dans le sien. Mon cœur bat rapidement et mes mains se mettent à trembler alors qu'Oscar se penche vers moi en souriant.

– Je t'ai déjà dit que t'étais mignon ?

– Oui, je réponds complètement gêné.

– Je crois que je te le dis pas assez.

Mon regard reste ancrer dans le sien pendant un long moment, ne faisant qu'augmenter les battements de mon cœur. Je vois son regard glisser vers mes lèvres, mais je ne dis rien. Il finit par s'éloigner de moi en souriant et je termine d'enfiler le maillot.

– On retourne en bas ?

Je hoche la tête. Il me tire doucement par le bras et me guide jusqu'aux escaliers et nous redescendons dans le salon.

– T'as faim ?

– Un peu, oui.

– Je vais mettre une pizza dans le four, installe-toi.

Il part dans la cuisine et je m'assois timidement sur le bord du canapé. Oscar revient quelques minutes après avec deux bouteilles à la main et se laisse tomber lourdement sur le canapé à mes côtés.

– Tu veux une bière ? me propose-t-il en tendant l'une des bouteilles vers moi.

– Non, merci. Je bois pas.

– Merde. Désolé.

Il ne me laisse pas le temps de parler et se relève du canapé avec sa bouteille dans la main pour retourner dans la cuisine. Il revient avec une canette de soda et il la pose sur la table basse, devant moi, en me souriant.

Il ouvre sa bière et allume la télévision silencieusement. Je le regarde faire et mon regard croise le sien lorsqu'il tourne la tête vers moi.

– Ça va ? s'inquiète-t-il.

Je cligne plusieurs fois des yeux et rougis.

– Oui, oui.

Il me sourit doucement et boit une gorgée de sa bière, sans me quitter des yeux.

– Ça te va super bien le maillot de foot, remarque-t-il.

– Merci, je réponds une nouvelle fois en étant complètement gêné.

Il sourit encore une fois puis repose sa bouteille sur la table avant de se rapprocher un peu de moi. Sa main frôle la mienne, mais je ne bouge pas pour autant. Je sens même mon cœur qui se met à battre plus vite. Il semble le remarquer puisqu'il s'amuse à frôler ma main une seconde fois. Mon regard descend vers sa main qui est vraiment près de la mienne. Je regarde ses veines assez voyantes et ses doigts longs et fins, puis me rends compte que c'est bizarre alors je détourne le regard.

– Y'a quelque chose qui va pas ? me demande doucement Oscar.

– Non, t'en fais pas.

– Tu peux me le dire si ça va pas, tu sais.

– Tout va bien, je lui assure.

Il me sourit doucement et frôle à nouveau ma main. Je ne dis rien mais mon cœur se met à battre encore plus vite.

– Y'a quelque chose qui te gène ? s'inquiète-t-il.

– Non. Enfin... Peut-être juste... Ta main... Je...

– J'ai rien compris, dit-il en riant doucement.

– Laisse tomber, c'était idiot.

J'évite son regard et m'insulte intérieurement de tous les noms pour être idiot à ce point et ne pas réussir à assembler des mots ensemble et construire une phrase.

– Je suis sûr que ça l'était pas.

– Je voulais juste dire que mon cœur il se met à battre plus vite quand tu touches ma main.

– Oh, dit-il dans un petit rire.

Pendant un instant, je crois que j'ai encore dit un truc idiot, mais je change rapidement d'avis lorsqu'il attrape ma main dans la sienne. Je croise son regard et je sens mes joues qui se mettent à rougir alors que mon cœur s'emballe totalement. Il a largement dépassé le nombre de battements qu'il est censé atteindre par minute.

– Tu me fais rire. Mais pas dans le sens où je me moque. Juste parce que t'es mignon.

Je deviens encore plus rouge et sa main caresse la mienne pendant un instant. Mon cœur battait déjà très vite et si ça continue il va faire un arrêt cardiaque.

– Je vais chercher la pizza, finit-il par annoncer. Ça devrait bientôt commencer.

Il lâche ma main et se lève du canapé pour aller dans la cuisine. Il revient quelques secondes après avec un carton de pizza dans les mains. Il le pose sur la table basse devant nous et revient s'asseoir à mes côtés.

– J'en ai mangé une ce midi, m'explique-t-il en voyant la tête que je fais. Pas tout seul ! Avec mon petit frère et mes grands-parents et après ils sont repartis avec mon frère.

Je hoche la tête et le regarde attraper une part de pizza dans ses mains et en manger une bouchée.

– T'aime pas ? s'inquiète-t-il. Oh le con, j'aurais dû te demander avant...

– Si, j'aime ça.

Pour le rassurer j'en attrape une part et en mange un bout. C'est de la pizza ai fromage, celle que mon père et moi préférons.

– Ça va commencer ! s'enthousiasme-t-il.

Je tourne la tête vers la télévision et regarde les joueurs entrer sur le terrain. Oscar se remet à manger sa pizza et je l'imite.

– Si t'as faim, hésite pas surtout.

– Merci.

Le match débute quelques secondes après. Je ne me concentre qu'un petit moment sur la télé avant de tourner mon regard vers Oscar. Je regarde une nouvelle fois sa main avec ses veines apparentes. Sans vraiment m'en rendre compte, j'approche ma main de la sienne et l'attrape doucement. Oscar tourne la tête vers moi, mais je ne lâche pas sa main pour autant.

– Pourquoi on voit autant tes veines ? C'est grave ?

– Non, non. C'est rien de grave. Mon père aussi ça lui fait ça, c'est héréditaire.

– Je trouve que c'est joli.

– Merci.

Je continue de glisser mes doigts sur sa main et remonte vers ses doigts où de nombreuses bagues sont enroulées. Je n'avais pas vraiment remarqué jusqu'à maintenant qu'il en avait. Elles n'ont rien de spécial et sont simplement en argent, mais je trouve qu'elles sont très belles et qu'elles lui vont bien.

– Elles sont belles, tes bagues, je finis par lui dire.

– Merci.

Je relève la tête vers lui et vois que ses joues ont pris une petite couleur rose. Je me rends compte que je tiens toujours sa main et je finis par rougir moi aussi et à la lâcher doucement.

– Désolé, je dis timidement.

– T'excuse pas.

Il me sourit puis se concentre une nouvelle fois sur le match en attrapant une nouvelle part de pizza.

Le match se déroule tranquillement, je reste assis calmement sur le canapé alors qu'Oscar n'hésite pas à crier de joie à chaque fois que l'équipe française marque un but. Autant dire qu'à la fin du match il est complètement fou de joie en voyant que les Bleus ont gagné. Ça me fait rire, sans vraiment que je ne sache pourquoi. Peut-être parce que je ne prête pas énormément d'attention envers ce sport et que je trouve marrant de voir tous les supports fous de joie lorsque l'équipe qu'ils supportent gagne.

Lorsqu'il s'est calmé, je l'aide ramener le carton de pizza et à ranger les bouteilles de bières dans la cuisine.

– Tu veux dormir, ici ? me propose-t-il. C'est vrai qu'il est un peu tard.

– Je veux pas te déranger.

– Tu me déranges absolument pas.

– Merci.

Nous quittons la cuisine et je le suis jusqu'à sa chambre. Il sort un tee-shirt à manche longue et un jogging de son armoire et me les tend en souriant.

– Je vais dans la salle de bain, pour pas te gêner, me dit-il en voyant que je reste avec les vêtements dans les mains.

Il quitte sa chambre et je me dépêche de m'enfiler ses vêtements et d'envoyer un rapide message à mes parents pour les prévenir que je reste dormir chez Oscar. Ce dernier revient quelques minutes après en souriant.

– Ça te gène pas si on dort tous les deux dans mon lit ? Comme c'en est un pour deux personnes, on a assez de place. Enfin si ça te gène, je peux dormir dans la chambre de mes parents.

– Non, non, ça ira.

– On va se coucher ? Je suis crevé.

Je hoche simplement la tête et me glisse timidement dans son lit. Je me rapproche le plus possible du bord du lit, sans vraiment savoir pourquoi. Je sens Oscar qui se couche de l'autre côté, mais je ne me retourne pas vers lui.

– Bonne nuit, me dit doucement Oscar.

– Bonne nuit.

Il éteint la lumière. Je le sens remonter la couverture vers lui, puis je l'entends bailler avant de ne plus entendre de bruit.

– Oscar ? je chuchote timidement.

– Ouais ?

– Merci beaucoup pour ce soir.

– Avec plaisir.

Je me tourne vers lui et me rapproche un peu de lui, sans en faire exprès. Sa main frôle la mienne et je sens les battements de mon cœur s'accélérer.

– Si tu veux, demain je pourrais t'aider à rattraper les cours, me propose-t-il.

– Vraiment ?

– Bien sûr.

– Merci beaucoup.

Nos mains se frôlent une nouvelle fois et je me demande vraiment s'il en fait exprès.

– À demain, Nathanaël, dit-il doucement.

– À demain.

J'essaie de ne pas me concentrer sur sa main qui a touché la mienne puis je finis par tomber dans les bras de Morphée.

◇◇◇

Je suis réveillé par la main d'Oscar qui touche la mienne. J'entrouvre les yeux et je tombe nez à nez avec son visage près du mien.

– Merde, je voulais pas te réveiller. Je suis désolé.

– J'allais pas dormir toute la matinée, je dis en riant.

Il me sourit et je rougis légèrement en voyant son visage toujours près du mien.

– Pourquoi t'es tout rouge ? me demande-t-il en riant doucement.

– Parce que t'es très près moi ?

Il rit une nouvelle fois puis s'éloigne de moi. Je me redresse sur mes deux coudes et le regarde se lever.

– Tu comptes rester ici toute la journée ? m'interroge-t-il avec un petit sourire au coin des lèvres.

–:Ça pourrait être une bonne idée.

– C'est pas comme ça que tu vas rattraper les cours.

Je pouffe et me lève aussi. Je le suis puis nous descendons dans la cuisine. Il nous prépare rapidement un petit déjeuner puis le pose sur la table devant moi et s'assoit en face de moi.

– J'aurais bien voulu te cuisiner quelque chose, mais je suis nul pour cuisiner.

Je ris en lui assurant que ce n'est rien de grave et je mange le bol de lait et de céréales qu'il m'a donné. Lorsque nous avons terminé, Oscar part rapidement se doucher puis me rejoint dans sa chambre. Nous nous installons à son bureau et il me donne les cours qu'il a déjà imprimé avec certains exercices et leurs corrections.

Il nous faut près de deux heures le temps que je récupère tout et qu'il m'explique certaines choses. Lorsque j'ai fini, je récupère mes affaires et Oscar me raccompagne jusqu'à la porte.

– Merci beaucoup, je lui dis sincèrement.

Il hausse simplement les épaules en souriant.

– Le week-end prochain, on va à notre seconde maison, près de la mer. Tu voudrais venir avec nous ? je lui propose.

– Ça vous dérange pas ?

– Bien sûr que non. Puis mes parents ont envie de te rencontrer, alors ça sera l'occasion.

– Ok, ça me va.

Il me sourit et me tend son poing. Je lui fais un check en souriant, le faisant rire.

– À lundi, je lui dis joyeusement.

– À lundi, Nathanaël !

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