I - Oscar
À celleux qui se battent, se sont battu·e·s, connaissent quelqu'un qui se bat, ont connu quelqu'un qui se battait contre un cancer quel qu'il soit, qui ont perdu cette personne qui se battait, qui se perdent elleux-mêmes à cause de ce cancer.
Restez fort·e·s même si je sais combien c'est compliqué. Ça ira mieux un jour, je vous le promets.
🎗️
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„ AND HEAL... "
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⚠ TW : CANCER
Mes deux avant-bras sont appuyés contre la rambarde de ma fenêtre alors que mon regard glisse sur le ciel étoilé. La Lune me fait face et je reconnais la constellation d'Orion non loin d'elle. J'ai lu tellement de livres sur les constellations, que j'arrive à en reconnaître plusieurs. Je suis tellement fasciné par les étoiles que je pourrais passer mes nuits à les observer. J'espère qu'un jour je pourrais apprendre quelques constellations à quelqu'un et qu'on pourra les regarder ensemble durant toute une nuit.
Mon réveil se met à sonner parce que j'ai oublié de l'éteindre avant d'aller regarder les étoiles. Je l'arrête et lance un dernier regard vers le ciel avant de quitter ma chambre. Je descends les escaliers pour aller dans la cuisine, où j'y retrouve ma mère et ma grande sœur. Notre père est déjà parti travailler étant donné qu'il est infirmier et qu'il a des horaires épuisants.
Elles ont déjà préparé le petit déjeuner alors je m'approche simplement d'elles et les embrasse sur la joue. Je vais ensuite m'installer à table pour manger.
– Bien dormi ? m'interroge ma mère.
J'acquiesce d'un mouvement de la tête et elles viennent s'asseoir à table avec moi. Nous nous servons et nous mangeons tous les trois en discutant tranquillement.
Nous finissons de manger et débarrassons rapidement la table. Je remonte ensuite dans ma chambre pour aller récupérer mes affaires et je redescends dans la cuisine pour aller saluer ma mère pour ensuite enfiler mon manteau et mes chaussures.
– Maman ? Tu sais où j'ai mis mon bonnet ? je lui demande.
– Il est là, me répond ma sœur en me le posant sur la tête en souriant.
– Merci, je réponds en me plaçant devant le miroir et en mettant bien mon bonnet. Tu crois que c'est bien, là ?
– Bien sûr que c'est bien. Mais t'es pas obligé de le mettre, tu sais.
– J'ai juste pas envie qu'on voit que j'ai perdu mes cheveux.
Elle ne dit rien le temps de terminer de se préparer.
– T'es prêt ? me demande-t-elle en souriant.
Je hoche la tête et nous sortons de la maison pour se mettre en marche en direction du lycée.
– T'es pas obligée de m'accompagner, tu sais, je lui dis au bout d'un moment.
– Je sais. Ça te dérange ? T'as honte que ta grande sœur t'accompagne au lycée ?
– Non, j'ai pas honte, je la rassure. Je veux juste pas que tu te sentes obligée de m'accompagner...
– Si je le fais, c'est que je me sens pas obligée.
Elle me sourit doucement, me faisant aussi lâcher un sourire. Nous continuons de nous diriger vers le lycée en discutant tranquillement. Une fois arrivés devant, elle me serre contre elle en me souhaitant de passer une bonne journée avant de se diriger vers l'arrêt de bus, situé à quelques mètres du lycée, pour aller à la fac.
Je franchis la grille du lycée et me fraie un chemin parmi les élèves qui sont rassemblés dans la cour pour aller m'abriter dans les couloirs, où il fait tout de même plus chaud que dehors.
– Regardez qui voilà, dit Maxime, un garçon dans ma classe qui passe son temps à vouloir être au centre de l'attention et à tout le temps se moquer de moi. Alors, les médecins t'ont chouchouté à l'hôpital ? Ils ont guéri tes petits bobos ?
Les autres rient alors que je ne réponds rien. Je ne vois même pas ce que je pourrais lui répondre de toute façon. Et puis, vu tout le monde qu'il y a, je ne sais pas ce que je pourrais faire. Ça va encore me retomber dessus, si je fais quelque chose.
– C'est quoi ce bonnet ? continue-t-il avant de me le retirer de la tête sans que j'ai le temps de dire quoi que ce soit.
– Rends-le moi !
– Pourquoi ? T'as honte d'être chauve ?
– Je suis juste malade, abruti.
– On avait bien remarqué ça. Et sache que tu nous as pas manqué. T'aurais dû y rester dans ton foutu hôpital.
– Donne-moi mon bonnet !
Il le laisse tomber, puis s'en va, suivi de sa stupide bande d'amis qui en profite pour marcher sur mon bonnet. Je le récupère lorsqu'ils sont tous partis et enlève rapidement les quelques traces de chaussures dessus. Je le remets sur ma tête alors que la sonnerie retentit. Je me dirige vers la salle dans laquelle j'ai cours.
Lorsque j'entre dans la salle, j'aperçois directement que tous les autres sont déjà là. Je rougis violemment lorsque je sens tous les regards tourner et venir se déposer sur moi. Je déteste me retrouver dans des situations où l'attention de tout le monde est posée sur moi. C'est stressant. Surtout après m'être mis la honte devant tout le monde dans le couloir.
Je m'avance tout de même vers ma table, située tout au fond de la salle, avant de m'arrêter de voir que quelqu'un est assis à côté de ma place. Je n'ai jamais vu cet élève dans le lycée. C'est un nouveau ? Un nouvel élève qui arrive en plein milieu de l'année ?
– Salut, me dit-il en souriant.
– Salut, je réponds timidement avant de m'installer à côté de lui.
Je sors rapidement mes affaires, sous le regard de mon camarade de classe.
– Je t'ai jamais vu, avant, je lui dis lorsque j'ai fini de sortir mes affaires.
– Je suis arrivé au début du mois de décembre.
C'est donc normal que je ne l'ai jamais vu auparavant.
– Je t'ai jamais vu avant, non plus, me fait-il remarquer.
– J'étais à l'hôpital, je lui explique.
– Oh c'est toi, alors...
Je m'en doutais un peu que les autres élèves lui auraient parlé de moi, en disant que je suis celui qui passe la plus grande partie de l'année à l'hôpital - ce qui est vrai.
– Et sinon, tu t'appelles comment ? je lui demande pour changer de sujet.
– Oscar. Et toi ?
– Nathanaël.
– Enchanté ! me dit-il en souriant.
– Enchanté, je lui réponds timidement.
Nous n'avons pas le temps de continuer que notre professeur arrive. Nous nous concentrons sur le cours et ne parlons plus pendant le reste de l'heure.
Ça fait bizarre de reprendre les cours après être resté pendant deux mois à l'hôpital. Je ne voyais personne en dehors du personnel hospitaliers et de mes parents ainsi que ma sœur. Donc revoir tous les élèves du lycée et ceux de ma classe, qui semblent toujours autant me détester, ça me semble étrange.
Et je ne sais pas ce que pense ce fameux Oscar. J'espère juste qu'il ne va pas me détester lui aussi. Parce que j'en ai marre qu'on me déteste pour je ne sais quelle raison. Ce n'est pas de ma faute si je suis malade et si j'ai cette foutue tumeur. Ce n'est même pas une raison qu'on me déteste autant. Comme si j'avais choisi d'être malade...
Le reste de la matinée s'écoule lentement et tranquillement. Je reste un peu avec Oscar, à moins que ça soit lui qui veuille rester avec moi, et nous discutons tous les deux tranquillement. Il a déjà sympathisé avec d'autres élèves de la classe, apparemment, mais comme il aime faire de nouvelles rencontres - c'est ce qu'il m'a dit -, il a bien voulu venir me parler. Il va vite voir que je suis ennuyant...
– Et sinon, toi ? me demande-t-il au bout d'un moment.
– Quoi, moi ?
– T'as quoi à dire sur toi ?
– Pas grand-chose...
– Tu veux qu'on parle de..., commence-t-il, mais il s'arrête. Non, pardon...
– De ma maladie ? je reprends. Pourquoi pas. Ça ne me gêne pas trop d'en parler...
Il s'assoit sur un banc qu'il y avait juste à côté de nous et me lance :
– Je t'écoute.
Je lâche un soupir et viens m'asseoir à côté de lui. Même si ça ne me dérange pas d'en parler, c'est quand même un sujet délicat. Je ne sais pas si Oscar est sensible ou non à ce genre de chose, dans ce cas-là je dois lui dire avec des pincettes...
– Eh bien... J'ai un cancer du cerveau au stade 3 qu'on a découvert quand j'avais 12 ans. Ça s'appelle le médulloblastome. C'est une tumeur cérébrale maligne, la plus fréquente du système nerveux central. En plus de ça, j'ai plusieurs problèmes aux poumons... Et je passe clairement plus de la moitié de l'année à l'hôpital, donc sois pas étonné si tu vois que dans un mois ou deux je suis plus là, je serais sans doute à l'hôpital.
Je termine ma phrase en riant nerveusement, mais Oscar ne rit pas. Au contraire, son visage s'est attristé. Je ne sais même pas s'il a complètement compris vu tous les termes scientifiques que j'ai utilisés.
– Je suis désolé, dit-il d'un ton hésitant.
– Mais j'ai l'habitude, t'inquiète pas. Ça va.
– Et ils t'ont laissé revenir ici malgré ta santé fragile ?
– J'en pouvais plus d'être à l'hôpital, ça faisait deux mois que j'y étais. Et puis, il faut quand même que je suive les cours.
– Je pourrais t'aider à rattraper, si tu veux, me propose-t-il gentiment.
– Merci beaucoup, je lui dis sincèrement.
Je lui souris timidement. Son regard finit par se tourner la tête vers la cours et à glisser jusqu'au terrain de football où il y a déjà plusieurs élèves qui y jouent, dont des élèves de notre classe.
– Tu peux y aller, si tu veux, tu sais. Je t'oblige pas à rester avec moi, je lui dis en sentant à quel point il a envie d'y aller.
– Je veux pas t'abandonner...
– Tu m'abandonnes pas. Je resterai sur le banc à te regarder. J'aurais bien aimé te rejoindre, mais je crois que tu as compris que je pouvais pas trop.
Il acquiesce de la tête avant de se lever du banc et de s'éloigner de moi en lançant un timide "à plus". Je lâche un soupir et évite de regarder en direction du terrain de foot. Je ne dois pas commencer à me faire de faux espoirs. Je connais à peine Oscar. Pourtant je lui ai quand même parlé de mes problèmes de santé. Peut-être parce que ça me fait du bien d'en parler à quelqu'un, ça me libère d'un poids ? Mais d'un autre côté, il a l'air gentil. Il a l'air. Ça ne veut pas forcément dire qu'il l'est. Il va peut-être tout simplement se désintéresser de moi. Comme d'habitude. Je suis habitué, maintenant. De toute façon, c'est pas comme si j'étais quelqu'un de très important.
Je lâche un soupir et passe le reste de la pause à regarder Oscar joueur au foot avec les autres, et je dois avouer qu'il joue bien. Enfin, je ne m'y connais pas vraiment en foot, mais puisqu'il marque deux buts, j'en déduis qu'il est quand même assez doué. Lorsque la pause se termine, je retourne en cours, accompagné d'Oscar. Finalement il reste avec moi durant une partie de la journée, hormis lors du déjeuner et à la pause de l'après-midi où il reste avec d'autres garçons de la classe. Peut-être qu'il ne me trouve pas si inintéressant que ça, finalement.
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