Chapitre 8
Le ciel s'était vaguement couvert et Hava n'avait pas bougé de son banc depuis qu'ils avaient quitté l'île. La coque du drakkar avec un aspect si menaçant qu'elle sentit un frisson glacial se nicher au creux de ses reins. D'un soupir qui en disait long sur le cours de ses pensées Hava se leva pour offrir son aide aux deux femmes assises sur le banc opposé.
- Restez assise Hava, vous serez utile quand nous parviendrons à la ville, déclara Gunard en répondant à la place des femmes.
Hava se recula d'un pas pour le considérer avant qu'un détail ne vienne la déstabiliser.
- Ena n'est pas ici ? Elle ne fait pas partie du voyage ?
- Faudrait-il déjà qu'elle sache que je suis parti, lui répondit-il en inclinant sa tête.
Un instant soulagée, Hava ne put s'empêcher de souligner ;
- Si vous ne parvenez même plus à communiquer avec votre épouse je vous suggère le divorce.
Cette remarque provoqua l'hilarité des vikings qui se mirent à rire ainsi que même l'intéressé.
Rouge de confusion Hava baissa la tête, sous les rires persistants des vikings.
- Auriez-vous une proposition à me faire ? S'enquit-il en la dominant de sa vertigineuse hauteur.
Hava se retourna pour s'accrocher au bastingage dévisageant les flottes avec humiliation.
- Je ne voulais pas vous offenser, dit-elle en fermant brièvement les yeux.
- Je sais, dit-il en s'appuyant à son tour sur le bastingage au bois sombre ; Mais parfois il est bon de réfléchir avec de s'exprimer.
- C'était irréfléchi de ma part et je vous demande pardon.
- Irréfléchi...répéta-t-il en laissant tomber ses coudes contre le bois voutant son corps de façon à être à sa hauteur.
Hava jeta quelques coups d'œil dans sa direction et le vit regarder l'horizon l'air grave et songeur.
- Vous devriez parler avec elle, proposa Hava en réalisant qu'encore une fois elle n'était pas crédible dans ses propos.
Il grogna amèrement en tournant sa tête vers elle.
- Vous ne pensez pas un traitre mot de ce que vous dites Hava, contrat-il sérieusement ; Vous haïssez Ena comment pouvez-vous suggérer une telle chose ? Après tout ce qu'elle vous a fait ?
- J'essayais simplement d'être bonne avec vous.
Le viking fronça des sourcils.
- Ne le soyez pas, dit-il enfin en capturant sa main en la forçant à l'ouvrit pour exposer sa paume de main striée d'une cicatrice.
Les lèvres déformées, il releva lentement sa paire d'yeux menaçante.
- Ne le soyez pas, répéta-t-il en la quittant subitement.
Étourdie, Hava referma sa paume de main et la cala contre son coeur en le regardant partir entre les rameurs.
Il avait raison, ses suggestions n'étaient pas les bienvenus contenus des atrocités auxquelles sa femme l'avait soumise. Quelle idiote faisait-elle !
Ce voyage commençait mal et elle en était la seule responsable.
Gunard préféra tourner le dos à la jeune femme en résistant à la tentation d'y retourner. Comment avait-elle pu lui proposer d'apaiser les tensions qui régnaient dans son mariage ?
Rageusement, il se passa une main sur son visage en contemplant les mers qui dévoraient son vaisseau.
- Serons-nous au village avant la nuit ? S'informa l'un de ses hommes.
- Je pense, je ne veux pas m'aventurer à te l'affirmer.
Aussitôt ses hommes se mirent à ramer plus vite.
Incapable de s'y tenir, Gunard dévia son regard vers la jeune femme qui se tenait toujours face à la mer, furieusement désirable.
C'est lui et lui seul qui avait exigé sa présence ici afin de l'éloigner de ses courtisans et maintenant qu'elle se trouvait à bord de son Drakkar...Gunard réalisait qu'il était en passe de réveiller les pulsions dangereuses qui sommeillaient en lui.
Elle se retourna, la bouche fermée, laissant la rougeur de ses lèvres refaire jaillir en lui...une envie irrésistible de les toucher.
- Pourquoi l'as-tu emmenée Gunard ? Lança Mena en se posant devant lui.
- Sois plus précise Mena, ordonna-t-il les yeux brillants de colère.
La femme de Woldrik croisa les bras contre sa poitrine en le défiant du regard.
- Hava n'est pas et ne sera jamais une femme que l'on abaisse au rang de maîtresse.
Gunard sentit une colère l'envahir avant de réaliser qu'elle défendait Hava. Pourtant, il ne l'avait jamais vu en sa compagnie. Ce comportement suscita son intérêt bien qu'elle le soupçonnait de vouloir faire de Hava sa maîtresse.
- Pourquoi tant d'ardeur pour la défendre Mena ? Tu n'as pas de lien particulier avec elle.
- Parce que tu n'étais pas présent lorsque ta femme s'est déchaînée sur elle, expliqua Mena d'une voix sèche ; Il ne s'agissait plus de la mettre au rang d'esclave.
- Je le sais, siffla Gunard entre ses dents.
- Hava est une jeune femme très gentille et qui s'est sacrifiée pour que son frère regagne nos rangs. J'ai énormément de peine pour elle et je refuse que tu te serves d'elle comme un divertissement.
La fureur s'empara de lui.
- Tu me manques de respect Mena, prends garde...
Mena se racla la gorge en reculant.
- Ce n'était pas mon intention, déclara-t-elle en peinant à soutenir son regard ; Je voulais simplement donner mon avis.
- Et tu l'as donné ! D'ailleurs tous le monde le donne, s'emporta Gunard en attirant l'attention de plusieurs de ses hommes.
Mena reprit sa place en le laissant à sa colère rugissante qu'il peinait à dissimuler.
- Je fais ce qu'il me plait ! Je n'ai ni besoin d'un avis ni besoin de commentaire est-ce bien compris ? Cria-t-il d'une voix ruisselante et sombre.
Tous baissèrent la tête sauf une personne.
Hava.
Son regard s'ancra dans le sien et il put déceler une larme s'échouer contre sa mâchoire. Ses yeux d'or ne le quittèrent pas du regard. Gunard serra son poing et se retourna pour aboyer des ordres sur ses hommes. Mais à force de parcourir son vaisseau comme un animal en cage Gunard se dirigeait dangereusement vers elle.
Pourquoi avait-elle pleuré ?
La tentation de le savoir fut plus forte que n'importe quelle autre.
- Pourquoi ce chagrin ? C'est à cause de moi ?
- Non, c'est juste...
- Je ne voulais pas me montrer désagréable, la coupa-t-il en se pinçant l'arête du nez : Alors séchez vos larmes immédiatement.
- Est-ce un ordre ? S'enquit-elle en se battant énergiquement des cils.
Gunard pivota de façon à poser sa main sur le mât.
Immédiatement, Gunard sentit un sourd désir naître au creux de ses reins.
- Peut-être, laissa-t-il tomber en secouant négligemment des épaules ; Je pourrais également le faire moi-même.
Joignant le geste à la parole Gunard approcha son index de sa joue pour essuyer sa mâchoire. Sans un mot ni même un geste de recul, la jeune femme semblait tétanisée par la peur. Peu lui importait...Gunard sentait ses décisions de rester loin d'elle fléchir à mesure qu'elle le regardait, la bouche entrouverte.
- Êtes vous souffrant ? Demanda-t-elle enfin.
Gunard se redressa en plissant les yeux.
- Non, je me porte comme un charme.
Perplexe, elle fronça des sourcils tout en pointant d'un œil absent le bastingage.
- Pourtant il y a un instant vous...
- Les choses changent parfois, coupa-t-il d'une voix légèrement agacée.
- C'est très courant chez vous, nota-t-elle en lui faisant face sans ciller ; Vous refusez ma sympathie l'instant suivant vous accourez pour me réconforter.
Gunard ne put s'empêcher de sourire.
- Et je serais très curieux de savoir lesquels des deux vous préférez ?
La jeune femme s'empourpra jusqu'aux oreilles.
- Mon réconfort ou mon indifférence et ma froideur ?
Balbutiant quelques mots inaudibles elle se racla la gorge.
- Je l'ignore, avoua-t-elle enfin ; Peut-être aucun.
Gunard s'attendait à cette réponse et l'accueillit les mâchoires serrées puis déclara ;
- Et si je n'avais pas envie de vous ignorer Hava ?
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