Chapitre 6
Hava examina les moindres gestes du viking tout en s'entourant de ses bras pour échapper au froid qui commençait à la saisir. Il se passa de l'eau sur le visage à plusieurs reprises sans la regarder. Hava se pinça les lèvres secrètement admirative de l'imposante force qui émanait de lui.
- À quoi pensez-vous ? Demanda-t-il en restant agenouillé sur le rocher.
- Rien qui puisse vous intéresser, bafouilla-t-elle en baissant les yeux sur sa chemise trempée.
- Je crois qu'il est temps pour vous de sortir, vous tremblez comme une feuille.
Hava jura intérieurement. Bien-sûr qu'elle tremblait ! Elle voulait sortir mais certainement pas sous le regard brûlant et dangereux du guerrier. Ne voyait-il pas qu'elle était affreusement gênée ? Le faisait-il exprès ?
Hava cacha sa poitrine à l'aide de ses bras, consciente d'être dans une position de vulnérabilité totale...
- Auriez-vous l'obligeance de vous retourner afin que je puisse quitter la rivière ?
Prenant un air faussement désolé le viking levant les mains en l'air et se retourna les mains jointes dans le dos.
Hava trébucha bon nombres de fois avant de parvenir jusqu'aux rochers derrière lesquels elle se déshabilla entièrement pour passer une robe dont le corset serait difficile à serrer sans une aide quelconque.
Quelle idiote ! Songea-t-elle complètement tétanisée par la simple pensée qu'il puisse l'aider.
Seulement Hava avait trop honte qu'il puisse voir les marques du fouet qui avait molesté sa peau, laissant des traces qui ne partiraient sans doute jamais. Des larmes de désespoirs lui piquèrent les yeux à l'instant même où elle posa son regard sur le géant non loin d'elle, immobile comme une rocher, laissant paraître une indifférence totale à la situation. Qui voudrait éprouver du désir pour elle après l'ignoble humiliation publique qu'elle avait reçu de la part de sa femme ?
Hélas, elle n'avait guère le choix de quémander son aide. Il n'y avait aucun autre choix possible car elle ne se voyait pas rentrer jusqu'au château en tenant sa robe contre sa poitrine et exposer ainsi son dos.
- En avez-vous terminé ? Demanda Gunard en se frottant la joue dans l'impatience de pouvoir se retourner.
Il entendit ses pieds glisser contre la terre fraiche, visiblement en perte d'équilibre. Au diable ses promesses ! Gunard se retourna et la vit se redresser maladroitement contre un rocher, main serrée contre les coutures de sa robe. À présent hors de l'eau, Gunard pouvoir contempler ses cheveux détachés et mouillés révélant une chevelure allant se nicher au creux de sa poitrine. Un sentiment de soulagement se figea au creux de ses reins.
- Je ne peux pas attacher ma robe, déclara-t-elle en se passant les doigts derrière son oreille afin de cacher son embarras.
Inutile de l'effrayer davantage, conclut-il en inclinant sa tête, le regard légèrement adouci.
Elle se retourna pour lui exposer le problème. Gunard resta immobile lorsqu'il baissa les yeux sur son dos pour y découvrir de légères balafres parsemés sur sa peau pâle.
Il déglutit avec difficulté, sachant de qui provenait ces marques.
Ena.
De sa position, il pouvait entendre la respiration de la jeune femme devenir lourde et inquiète. Alors il se rapprocha et agrippa les lacets en peinant à quitter les cicatrices des yeux. Il effleura sa peau tout en la recouvrant du tissu qu'il serrait à mesure du temps.
- Dites-moi si je serre trop fort.
- No...non ça va pour le moment, murmura-t-elle sans bouger.
Gunard s'empressa de couvrir sa peau avant que son désir ne le détruise et que son instinct sauvage ressurgisse des ténèbres.
Il se recula, pour prévenir la jeune femme qu'il en avait terminé.
- Merci infiniment...
Sans plus attendre elle récupéra son linges sales et reprit le chemin qui menait au château. Mais Gunard ne l'entendait pas de cette oreille. Il la rattrapa sans effort et fit claquer sa langue entre ses dents.
- C'est à mon tour et vous allez m'attendre sagement, ordonna-t-il en glissant son pouce sur sa joue humide et douce.
Elle se recula pour échapper à son contact.
- Je crains ne pas comprendre vos attentes Gunard, dit-elle en cherchant désespérément ses mots.
Gunard esquissa un sourire amusé ce qui la fit rougir aussitôt.
- Je dois prendre mon bain et c'est à votre tour d'attendre.
Les yeux de biches de la jeune femme s'écarquillèrent de stupeur.
- Êtes-vous sérieux ? Lança-t-elle d'un souffle.
Gunard aurait été ravi de prolonger cette plaisanterie mais n'eut pas le cœur de poursuivre.
- Non je ne suis pas sérieux Hava, déclara-t-il l'air renfrogner ; Il est temps de rentrer à présent.
Elle battit énergiquement des cils pour reprendre ses esprits et le suivit jusqu'au château sans prononcer le moindre mot. Alors Gunard l'observa s'éloigner les épaules affaissées, la tête timidement baissé, et Gunard était conscient qu'elle avait honte de lui avoir exposé ses blessures d'esclave. Une rage presque sourde lui monta à la tête. Il jeta les sangliers non loin de la maison des bains sous le regard inquiet de Haakon.
- Étais-ce bien Hava qui...
- Oui, c'était bien Hava, coupa-t-il brutalement dans un soupir de lassitude.
Haakon le dévisagea longuement avant de déclarer ;
- Elle chassait ? Hasarda-t-il les yeux rieurs.
Gunard leva les yeux au ciel en soupirant à nouveau.
- Non elle ne chassait pas elle se rendait à la rivière pour y prendre son bain.
Il marqua une pause dans laquelle il s'approcha de Haakon, le regard sévèrement plissé.
- D'ailleurs j'aimerai comprendre pourquoi elle ne peut pas utiliser la maison des bains.
Haakon croisa les bras en retrouvant son sérieux.
- L'accès lui a été interdit et devine un peu qui est l'auteur de cette interdiction.
Gunard grogna dans sa barbe en baissant les yeux un instant. Manifestement Ena peinait à comprendre qui était les chefs ici.
- Dis-moi Gunard serais-tu en train de développer des désirs inavouables pour Hava ? Questionna Haakon une lueur amusée au fond de son regard pourtant sérieux.
- Je ne vois pas de quoi tu parles Haakon, répondit-il en feignant l'indifférence alors que ses mains portaient encore la douceur de la jeune femme.
- Depuis la bataille contre les saxons tu n'as de cesse de la regarder avec une intensité qui ne passe pas inaperçu si tu vois ce que je veux dire...
Gunard poursuivit à feindre l'indifférence en fronçant des sourcils.
- Tu divagues mon ami, déclara Gunard en croisant les bras ; Je n'ai aucun désir pour Hava et si tel était le cas, elle me déteste et je la répugne.
- Hum...c'est vrai qu'elle avait l'air très répugnée en parvenant au château les joues complètement embrasées, commenta Haakon en feignant d'être sérieux.
- Je l'intimide, rectifia Gunard de plus en plus agacé par les suppositions de son ami.
- Bien-sûr....c'est évidement que tu l'intimides, mais tu peux continuer de nier Gunard, je ne suis pas dupe et Idy non plus.
Haakon croqua dans sa pomme avec un sourire taquin aux bords des lèvres.
- Il faut dire que cette jeune fille est tout à fait ravissante suscitant l'intérêt de bien des guerriers.
Gunard réprima un accès de colère car il savait sans mal que Haakon essayait de lui faire ressentir de la jalousie.
- Je le sais, j'ai entendu les bruits qui cours mais elle ne désire pas prendre un époux donc la question est ainsi réglée.
- Elle changera d'avis lorsqu'elle sera courtisé ce n'est qu'une question de temps.
Gunard sentit une dangereuse froideur naître dans ses iris.
- Walrik et Borjk se livrent bataille depuis plusieurs jours, c'est au premier qui la séduira, ajouta Haakon en le regardant sérieusement.
De marbre, Gunard sentit ses lèvres frémir de colère. Sans rien rajouter, laissant le trouble se diffuser dans l'air Haakon le quitta pour rejoindre sa femme. Gunard serra les poings sans bouger, saisi par une implacable jalousie qu'il ne parvenait pas à comprendre.
Il secoua de la tête pour l'arracher de ses pensées en vain !
Manifestement la rose sans épines semblait avoir pris possession de son esprit au point qu'il se demandait s'il ne devenait pas fou. De plus, les informations que venait de lui transmette Haakon ne le ravissaient guère.
Au point de songer à y mettre un terme définitif.
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