Chapitre 5



Hava n'aurait jamais cru dire ça un jour mais elle avait apprécié la brève conversation qu'elle avait eu avec Gunard. Bien qu'elle fut portée sur elle, Hava devait admettre en avoir savouré chaque minute sans prendre en compte les risques qu'elle avait prit en le laissant la toucher ainsi. Dès l'aube, alors que le silence était tombée que tard dans la nuit, Hava se leva en se passant une laine autour des épaules. Profitant des rares privilèges que lui offraient sa chambre elle s'avança jusqu'à la petite fenêtre pour admirer le soleil se lever au-dessus des mers. Le vent était frais et elle pouvait sentir le parfum des premières fleurs se diffuser dans l'air. Cette journée s'annonçait radieuse du moins elle l'espérait. Sur cette île, tout pouvait arriver même le pire. Fallait-il déjà reconnaître le danger, songea-t-elle en se mordant la lèvre tout en observant la maison des bains depuis sa fenêtre.

Maintes fois Hava s'était laissée tenter par l'envie irrésistible de y aller pour jouir des privilèges de se laver avec de l'eau bien chaude. Mais sa condition d'ancienne esclave ne lui permettait pas le droit d'y entrer.

Elle ramassa ses vêtements soigneusement pliés sur le lit et les plaqua contre son ventre tout en maintenant sa laine autour de ses épaules. Chaque matin, Hava profitait du calme pour allez se laver dans la rivière située au cœur de la foret et malgré le froid qui parfois entaillait sa peau fragile Hava continuait ce rituel de façon s'offrir un peu de paix, loin du château.

Arrivant jusqu'à la bordure de chemin qu'elle empruntait chaque matin, Hava referma ses mains sur son linges tout en contournant la maison des bains. Elle pensait être seule avant qu'une ombre parvienne à lui barrer le passage.

Les yeux écarquillés de peur, Hava releva lentement la tête vers son agresseur tout en examinant chaque muscle qui pulsait sur sa peau tannée par le soleil.

- Où allez-vous donc de si bon matin ?

Un frisson recouvrit sa peau sensible. Elle reconnut la voix grave de Gunard et ne sut si elle devait en être soulagée ou au contraire en être inquiété.

Hava sursauta lorsqu'elle lui fit face et découvrit un visage sombre et gravé d'un sang vif.

Instinctivement elle tourna la tête vers les vaisseaux amarrés.

- Je reviens de la chasse, expliqua-t-il en jetant un coup d'oeil derrière lui.

Le souffle coupé, Hava distinguait en effet deux gros sangliers à terre dont l'odeur affligeante lui monta au cœur.

- Si tôt ? Êtes-vous seul ? S'enquit-elle en serrant sa laine contre sa chemise.

Il baissa les yeux sur la laine qu'elle serrait autour d'elle puis sourit lentement.

- Je suis seul, j'aime chasser seul...

- Oh...je...

- Et vous ma dame ? Que faites-vous dehors de si bon matin vêtue d'une fine chemise blanche ?

Hava se mit à rougir aussitôt.

- Je...j'allais me laver dans la rivière comme chaque matin.

- Seule ? N'est-ce pas dangereux ? Depuis combien de temps faites-vous cela ? Vous balader en tenue légère dès l'aube ?

La gravité dans sa voix était presque menaçante. Le coeur de Hava palpitait sauvagement dans sa poitrine.

- Quelques jours, répondit-elle en s'empressant de reprendre sa route.

- Ce n'est guère prudent ! J'espère que vous en avait conscience ?

Plus elle avançait plus Hava avait l'impression de s'enfoncer dans les ténèbres.

- Oui j'en suis consciente mais il faut bien que je me lave non ? Ainsi voilà pourquoi je me lève avant l'aube pour jouir d'un silence qui m'indique que je suis seule !

L'instant d'après, la main sale du viking agrippa son bras.

- Aujourd'hui vous ne l'êtes pas ! Gronda-t-il une lueur menaçante au fond des yeux : Aussi je vous demanderais de retourner au château immédiatement.

Hava résistait pourtant et n'avait pas l'intention de céder.

- Je regrette mais je dois y aller ! Suffit ! Je suis assez grande !

La colère de Gunard redoublait d'intensité à mesure qu'elle se débattait pour échapper à son emprise. Désireux et incapable de comprendre pourquoi, Gunard ne parvenait pas à réduire cette jeune femme innocente à néant pour enfin cesser de penser à elle. Il la relâcha et dans un craquement de branche elle se mit à courir en direction de la rivière, laissant flotter derrière elle un parfum de miel délicieusement exquis.

Resserrant la lanière de son poignard, Gunard ne la quitta pas des yeux jusqu'à ce que disparaisse de son champs de vision. De là, Gunard marcha dans son sens à pas de loup, car croyait-elle sincèrement qu'il en resterait là ?

Il fallait le reconnaître, Gunard se sentait happé par cette mystérieuse jeune femme.

- J'étais presque certaine que vous alliez me suivre, déclara-t-elle cachée à la lisière de la forêt.

Surpris, il s'arrêta en déviant son regard vers elle. Parsemée de feuillages dans ses cheveux, main appuyé sur une branche de l'arbre elle le regardait farouchement, lèvres pincées.

- Je n'ai pas l'intention de vous faire du mal, murmura-t-il d'une voix qu'il aurait voulu moins sombre.

- Vous êtes un viking dont l'instinct est bien plus meurtrier que pourvu de douceur, comment pourrais-je vous croire ?

- Je vous ai sauvé la vie ! Gronda Gunard en l'obligeant à sortir de sa cachette ; Dois-je vous le rappeler ?

Elle hoqueta, lèvres entrouvertes, ses grands yeux de biche écarquillés révélant l'éclat d'or de ses iris.

- C'est inutile en effet, dit-elle d'un souffle court ; Mais m'avez-vous sauvé par pure bonté ou c'est la pitié qui vous a motivé ?

Sous le choc par l'audace dont elle faisait preuve Gunard serra les dents. Par la foudre de Thor !

- Aucun des deux, déclara Gunard en s'inclinant vers elle, le regard menaçant.

Ses yeux reflétaient de la peur et pourtant elle gardait ses yeux dans les siens.

- Lâchez-moi, supplia-t-elle d'un murmure à peine audible.

Hava se tenait sur la pointe des pieds craignant avoir déclencher la colère du viking.

- Je vais rester jusqu'à ce que vous ayez fini votre bain, déclara le viking d'une voix qui ne souffrait d'aucune réplique possible.

Il la relâcha pour mieux reprendre son bras afin de l'obliger à avancer. Tétanisée à l'idée de devoir se baigner devant lui, Hava songea s'enfuir.

- Je refuse de prendre mon bain devant vous !

- Je me retournerais si cela pour vous apaiser ma dame...

- Cela ne m'apaise pas du tout !

Un rire grave et puissant découla de sa gorge comme une vague tempétueuse frappant un rocher.

- Que craignez-vous Hava ? Que j'abuse de mon pouvoir sur vous ?

Il s'arrêta près de la rivière, la laissant dépourvue de réponses. Elle se tendit entièrement, réalisant qu'elle était incapable de se défendre quelques soient ses intentions.

- Allons, soyez tranquille, reprit-il d'une voix plus amène ; Je tiens juste à m'assurer que vous n'êtes pas en danger.

Hava exhala un soupir tremblant et releva les yeux vers lui seulement après qu'il eut tenu sa parole.

Il se retourna comme promis, croisant les bras contre son torse. Alors sans plus attendre Hava posa son linge sur le rocher le plus proche et se glissa dans l'eau vêtu de sa chemise. L'eau était bien plus froide qu'elle ne l'aurait crû. Elle s'y plongea pour mouiller ses cheveux tout en se passant de l'eau sur le visage gardant précieusement un œil sur le guerrier...

Après quelques hésitations Gunard finit par tourner la tête vers sa droite de façon à l'apercevoir. Nimbée de lumière, la jeune Hava lui projeta une image d'elle qui à présent, le hanterait pendant des jours. Il en venait même à regrettait à s'être retourné.

- Par tout les dieux, murmura-t-il en se passant une main derrière la nuque.

- Qu'avez-vous dit ?

Comme elle portait toujours sa chemise, Gunard s'autorisa à se retourner. Elle fit un bond en arrière en cachant son corps dans l'eau.

- Puis-je ? Mon visage...

Après une brève hésitation elle acquiesça silencieusement. Alors il s'approcha près de la rivière et s'agenouilla pour se laver le visage habité par un violent désir inconnu.

Un désir qu'il ne parvenait pas à maîtriser...

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