Chapitre 37
Hava aurait presque pu rire si elle en avait eu la force. Sa bonté venait encore de lui jouer des tours. Ena ne méritait pas son pardon et encore moins la confiance qu'elle venait de lui offrir.
Ignorant délibérément les vikings qui étaient dans la salle, Hava se dirigea vers son ennemie qui remplissait les gobelets d'hydromel.
- Tu es contente de toi ?
Une joie discrète emplissait son regard.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, dit-elle vaguement.
- Tu m'as fait croire qu'ils étaient partis et que j'étais appelé en bas, tu espères quoi Ena ?
- Ce que j'espère ? Répéta celle-ci d'une voix claire et mordante ; N'est-ce pas évident ? Regarde-toi, tu trembles comme une feuille. Voilà plusieurs semaines que je suis en quête de la vérité.
Hava exhala un soupir tremblant et croisa ses bras contre sa poitrine.
- Quelle vérité ?
- Gunard et toi vous essayez de cacher votre liaison, je le sais et pour en avoir la confirmation il fallait t'attirer ici. Dagmar est un viking assoiffé de pouvoir et je dois finir par l'admettre tu es désirable.
- Tu espères faire réagir Gunard, conclut-elle avec un rire amer.
Un rire discordant emplit la grande salle.
- Je l'espère bien !
- Comment peux-tu être aussi cruelle ? S'enquit-elle en lui faisant face avec hauteur ; Tu ne penses pas m'avoir fait assez de mal comme ça ?
- Non, répondit-elle avec nonchalance ; Au contraire ce n'est que le début des hostilités ma chère Hava.
Ena se rapprocha, la fureur dans les yeux.
- Gunard te voulait comme esclave, il a mit un terme à notre mariage pour toi ! Tu as brisé ma vie espèce de catin !
- Tu l'as brisé toute seule selon les dires qui courent au château, répliqua Hava sans ciller ; Tu as séduit le jarl, tu as tenté de briser le mariage d'Idy en essayant de posséder son mari, tu n'as aucune valeur Ena, tu es comme une mante religieuses tu essayes de séduire n'importe qui même des hommes en deuil.
Ena serra les lèvres si fort qu'elles devinrent bleues puis un sourire diabolique rehaussa sa lèvre supérieure.
- Méfie-toi Hava, peut-être que Gunard serra en deuil ce soir.
- La mort ne me fait pas peur au contraire de toi, murmura-t-elle en soutenant son regard ; Combien d'hommes veulent ta tête Ena ?
Hava s'en alla en posant ses mains sur son ventre.
Sa respiration s'accéléra subitement avec l'horrible sensation de revivre ce que sa mère avait vécue.
Non, la mort ne lui faisait pas peur surtout si elle mourrait par amour comme sa mère.
- Hava ! S'écria Idy en lui saisissant le bras ; Tu es folle ? Gunard va te tuer !
- Ena m'a tendu un piège, répondit-elle doucement.
Idy tiqua.
- Il va falloir te montrer très prudente Hava.
- J'en ai assez de me cacher Idy, murmura-t-elle en inspirant profondément.
- Non, je te parlais de Dagmar et de ces hommes, tâche de te montrer aussi discrète que tu le peux.
Hava retint son souffle en osant à peine se retourner.
Gunard sentait la fureur s'emparer de lui. Hava venait de pénétrer dans la grande salle sous le regard de Dagmar qui la dévisageait comme un nouveau jouet.
- Qui est-ce ? Demanda-t-il d'une voix délibérément lente.
- Elle est à moi, répondit Gunard sur un ton menaçant.
Dagmar se redressa lentement en tournant sa tête vers lui.
Un intérêt visible peignit ses traits.
- C'est ta femme ?
- Bientôt, j'attends impatiemment le retour du jarl pour notre union.
- Comme c'est intéressant, murmura-t-il en se frottant le menton ; Tu es chanceux elle m'a l'air absolument délicieuse.
À force de serrer ses mâchoires Gunard ne sentait plus son visage. Ses yeux étaient rivés sur sa future femme qui semblait piégée.
- Elle l'est, déclara-t-il avec une fermeté qui attira l'attention de son ennemi.
- Je serais ravi de la connaître, pourquoi ne pas lui demander de venir se joindre à nous ? Proposa-t-il alors qu'elle venait de tourner son regard vers lui.
Deux choix se présentaient à lui.
Soit il refusait et déclencherait un combat soit il acceptait au risque de mettre Hava en danger.
Gunard lui fit signe de s'approcher. Autant qu'elle soit proche de lui pour mieux la protéger songea-t-il en serrant les dents à nouveau.
La jeune se rapprocha de la longue table en portant un pichet en argent.
Comme promis elle portait une robe discrète et qui dissimulait ses formes. Cela n'avait pourtant pas suffit pour la cacher.
- Monsieur, déclara-t-elle en s'inclinant respectueusement.
- Quelle élégance ! Commenta Dagmar en se frottant les mains ; Comment ce nomme cette délicieuse créature ?
- Hava, je me nomme Hava.
Elle remplit son verre et le sien non sans trembler et Gunard s'en aperçut.
- Ainsi tu es la future femme de mon vieil ami ?
Les prunelles de sa belle se mirent à briller.
- Oui, je le suis.
Quand Haakon s'aperçut que les hommes de Dagmar commençaient à s'enivrer de bière il quitta le château en prenant la direction de la plage. Deux hommes gardaient les bateaux signe évident qu'il y avait des femmes à bord.
- Vous ne venez pas profiter de la fête ? S'enquit-il en avançant d'un pas déterminé.
Haakon n'attendit pas leur réponse il sortit son poignard et d'un geste vif, il leur trancha la gorge sous le regard égaré d'Aleston.
- Pourquoi ? S'écria ce dernier alors qu'il les jeta à l'eau.
- Ta soeur est en danger, déclara Haakon en essuyant la lame de son couteau ; Dagmar n'est pas ici par hasard, il est ici dans le but de se venger.
- Comment peux-tu en être aussi sûr ?
- Je le sais ! Va donc fouiller le bateau et si tu trouves des femmes va les mettre à l'abris dans les écuries.
Aleston s'empressa de s'exécuter tandis qu'il rejoignait l'enceinte du château.
Hava déglutit péniblement tout en détaillant l'avare personnage qui lui faisait face. Dagmar était habillé d'une tunique grossièrement tissé. Ses doigts étaient sales et son visage séché par quelques gouttes de sang. Un goût amer lui monta dans la gorge tandis que son amant semblait se battre contre ses démons intérieurs.
- Viens ici, ordonna Gunard d'une voix empreinte d'autorité.
Hava fit le tour de la grande table pour venir s'installer sur ses genoux.
- Hava...répéta Dagmar après un long silence.
Les doigts de Gunard se referma sur son ventre, crispant ses doigts sur sa peau.
- Quand dois-tu reprendre la mer ? S'informa Gunard en se tournant vers lui de façon à mettre Hava hors de sa portée.
- Je l'ignore encore peut-être bientôt.
Gunard fut sur le point de le chasser hors de son château avant que Haakon ne l'interrompe.
- Gunard ? Je dois te parler des enfants c'est très urgent.
Hava se tourna vers Gunard.
Ses yeux étaient fous, ses lèvres retroussées.
- Reste ici je reviens immédiatement.
Son corps quitta le sien et elle prit peur car l'odeur nauséabonde qui provenait de Dagmar lui donna la nausée. L'homme qu'elle aimait éperdument n'était qu'à quelques mètres d'elle, le regard rivé au sien.
- Jamais je n'aurais crû revoir Gunard avec une telle femme, lança Dagmar en prenant une gorgée de bière.
- C'est un très bel homme et il n'est pas ordinaire.
Un fugace rire quitta sa gorge.
- Oh que non ! J'espère qu'il t'a parlé de tout ce sang qu'il a sur les mains ?
Hava savait qu'il voulait la dégoûter en énumérant cette période sanglante.
- Oui, comme n'importe quel Danois dans cette salle.
- Tu n'es pas une viking tu viens d'ailleurs trésor, tu n'es pas de ce monde, comment se fait-il qu'une jeune femme aussi douce se retrouve ici ? Oh non ! Laisse-moi deviner !
Avec un sourire carnassier il la pointa du doigt.
- Il t'a enlevé ? Je me trompe ? Sacré Gunard !
- Pourquoi êtes-vous ici monsieur ? Pourquoi...
Dagmar darda sur elle un lourd regard empli de perversité.
- Peut-être pour lui prendre tous ce qu'il a ? Hasarda ce dernier d'un sourire machiavélique ; Je suis sûre que tu aimerais le Danemark ma douce, tu me rapporterais de l'or.
Hava frémit et fut envahie de colère lorsqu'il approcha son index pour lui caresser l'épaule.
Instinctivement elle s'empara de la carafe en argent et lui jeta le contenu au visage ainsi que la carafe.
Hava se leva précipitamment sous un brouhaha presque étouffé.
Dagmar toucha l'entaille sur son front, le regard noir.
- Sale petite....
Le viking n'eut pas le temps de finir qu'une masse noire se jeta sur lui.
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