Chapitre 30



Hava ouvrit les yeux sous les douces caresses de son amant. Ce qu'elle venait de vivre la bouleversait si fort qu'elle sentit des larmes de bonheur rouler ses joues. La fièvre et l'urgence de leur union se reflétaient dans les yeux du viking. Fugace mais visible, une lueur d'inquiétude passa dans le regard de Gunard. Il passa son bras sous elle afin de la ramener près de lui.

- Tu vas bien ? Est-ce que....

- Je vais bien, je me sens bien Gunard, répondit-elle en posant sa main sur son bras.

En vain, son regard demeurait toujours inquiet.

- J'ai l'impression de ne pas avoir fait les choses comme je le devais, murmura-t-il d'une voix à peine audible.

- Ne gâche pas tout ou je ne te le pardonnerais jamais, déclara Hava en pressant ses doigts sur son biceps.

Hava savait que trop bien de quoi il voulait parler. Elle l'avait choisi sans le moindre regrets. La promesse qu'elle s'était faites il y a des années résonnait encore au creux de son oreille. Trouver l'homme qui saura lui faire battre le cœur et il était là devant elle, robuste, fort, combattant. Non, elle n'avait pas de regrets.

Elle se redressa subitement, posant ses pieds nus sur le sol froid, lui tournant le dos.

- Je t'ai choisi sans le moindre regrets, dit-elle fermement ; J'ai protégé ma vertu pendant des années, songeant un jour au mariage avec jeune fermier dont l'amour n'aurait eu aucune importance.

Gunard déglutit difficilement gardant le silence pendant cette confession inattendue.

- Ma captivité m'a fait comprendre que j'aurais pu tout perdre si mon frère ne m'avait retrouvé...si Nessa n'était pas intervenue en ma faveur.

Une sourde culpabilité s'empara de lui qu'il mura dans son gorge.

- Puis...j'ai senti tous ces regards sur moi, Walrik et Borjk qui se livraient bataille pour me courtiser et j'ai pris peur car j'avais l'impression d'être regardée comme une morceau de viande que l'on veut uniquement pour l'avoir.

Elle se tourna vers lui, les yeux brillants.

- Puis tu es entré dans ma vie de manière brutale, reprit-elle doucement ; tu me terrifies Gunard, tu es si fort, si sombre et à la fois si protecteur.

Gunard serra son poing dans un lourd silence dans lequel elle baissa les yeux timidement.

- Et j'aime ça, dit-elle d'un souffle tremblant ; Peut-être que c'est mal d'éprouver de telles sentiments je ne sais pas...je....peut-être que c'est mal.

Gunard prit ses poignets pour l'empêcher de cacher sa nudité.

- Ce n'est pas mal Hava, tu ne fais rien de mal, tu te découvre simplement.

Ses yeux d'or furent traverser d'une lueur d'espoir.

- Tu apprends à te connaître, à découvrir tes envies et tes désirs les plus secrets, reprit-il en déposant un baiser sur son poignet ; Tu n'as pas à t'en excuser c'est moi qui devrais être blâmé pour avoir été si vite sans même savoir si...

- Je ne regrette rien, coupa-t-elle fermement.

Elle agita sa tête nerveusement tout en lui souriant.

- C'était la plus belle expérience de toute ma vie Gunard, bafouilla-t-elle en remettant une mèche de ses cheveux blond derrière son oreille.

Et après ? Songea-t-il en regardant cette belle jeune femme dont le sourire semblait joyeux. Que pouvait-il lui apporter ?

Lorsqu'ils reviendront au château, Gunard savait qu'il devrait affronter son passé et refusait de mettre Hava en danger. Retenu prisonnier par les démons qui possédaient son cœur et son âme meurtrie Gunard craignait qu'un jour cette âme pure et belle prenne peur tant par sa cruauté que par ses actions futurs et celle qui avait joué un rôle important dans sa captivité. Un goût amer lui monta dans la gorge.

Était-il capable de la laisser partir après ce qu'il venait de vivre ? Après avoir senti son cœur reconnaître ?

La simple pensée qu'elle puisse appartenir à un autre le rendait fou. Il l'imaginait loin de lui, prisée par d'autres hommes...son corps parcourut par les mains paresseuses d'un villageois ou d'un chevalier qui le prendrait à son bon vouloir comme une marchandise sans aucune valeur.

Sans s'en rendre compte, Gunard affichait un regard sombre et dangereux qui la fit reculer.

- Gunard ? Est-ce que tout va bien ? S'informa la jeune femme en osant à peine l'approcher.

Au bord de la folie il releva précipitamment les yeux vers les siens.

" Tu m'appartiens "

Ces mots prononcés tantôt dans la soirée prirent alors tous leurs sens. Gunard refusait de la laisser dans les mains d'un autre et refusait de la briser...

Car dans ses yeux d'or il pouvait voir de l'amour y naître...

- Une fois de retour au château, nous garderons notre relation secrète jusqu'à ce que je trouve un moyen de bannir Ena, déclara-t-il subitement.

La jeune femme écarquilla les yeux.

- Mais...

Hava sentit son cœur s'accélérer subitement. Elle s'était imaginé quitter le village sans aucun avenir à dessiner. Elle pensait que cette étreinte prendrait fin dès ce soir. Alors quand il posa son index sur ses lèvres pour la faire taire une myriade de sensations s'empara d'elle.

- Fais-moi confiance Hava, laisse-moi faire.

- Tu désires que l'on fasse semblant qu'il ne s'est rien passé entre nous ?

- Non parce que tu n'es pas une honte pour moi mais plutôt un cadeau, une chance inestimable mais je ne veux pas te mettre en danger, je dois me débarrasser de Ena avant.

C'était de la folie et pourtant...

Il plaqua sa bouche contre la sien avec une ardeur qui la figea intérieurement. Tout son être se mit à vibrer...

- Je n'ai pas la moindre envie de franchir cette porte et faire comme s'il ne s'était rien passé entre nous Hava, déclara-t-il avec une fermeté qui ne souffrait d'aucune réplique.

Hava était sur le point de répondre quand on frappa à la porte.

Avec une rapidité déconcertante il lui passa sa chemise propre pour cacher sa nudité et enfila ses braies le visage grave.

- Qui est-ce ? S'enquit-il d'une voix rude.

- C'est moi, Fior, ouvre je dois te parler.

Hava se leva précipitamment pour se positionner loin du lit.

Gunard ouvrit la porte avec humeur alors que son corps était encore tendu de plaisir.

Fior lui apparut alors, le bras positionné sur le chambranle bancal de la porte.

- Que veux-tu ? Il fait nuit Fior ne l'as-tu pas remarqué ?

- Si, mais je voulais te mettre en garde sur ton ex-femme.

Gunard dévia son regard vers Hava puis referma la porte derrière lui.

- Si tu as l'intention de me parler des péripéties de mon ex-femme je suis déjà au courant, lâcha-t-il avec humeur.

- Je m'inquiète surtout pour la femme qu'il y a dans cette maisonnette, rétorqua Fior d'une voix grave ; Si j'ai un conseil à te donner, tu devrais mettre fin au pouvoir de Ena avant qu'elle l'utilise contre toi.

- Elle ne peut rien contre moi Fior...

- Dans chaque village se trouve une traitresse et il se pourrait que la nôtre soit plus futée que tu ne le crois.

Gunard serra les lèvres furieusement en détournant son regard sur l'épaisse brume qui noyait le village dans la pénombre.

- Je sais pour toi et Hava, lâcha Fior d'une voix étrangement calme.

- Tu sais quoi ? S'enquit-il durement.

- Ne me prend pas pour un imbécile Gunard, tu as le regard d'un homme qui vient de toucher les portes des valhalla.

Gunard grogna doucement en le fusillant du regard.

- C'est bien ce qu'il me semblait, conclut-il en croisant les bras.

- Où mène cette conversation Fior ? Que cherches-tu à me dire ? Gronda-t-il dans l'obscurité.

- Je ne veux pas que tu perdes le contrôle, répondit Fior d'une voix dure ; Je te connais et je sais que tu cherches à refouler tes vieux démons.

- Je suis capable de me contrôler !

- Je t'ai observé toute la journée et bien avant ce voyage, ton comportement envers Hava dépasse de loin l'entendement.

- Est-ce un crime ! Siffla-t-il entre ses dents.

- Pas si tu parviens à te contrôler, répondit Fior en le confrontant sans fléchir.

Une sourde colère s'empara de lui.

- Rappelle-toi ce qu'il s'est passé pendant la bataille contre Gareth, a-t-elle la moindre idée de ce que tu as fait ?

Sous le choc Gunard se recula.

- Ne le dis pas Fior ou je t'arrache la gorge, le menaça-t-il entre ses dents.

En vain, Fior s'avança pour le confronter au choix qui avait changé le destin d'Hava.


  - Est-ce qu'elle sait que tu es en partie responsable de son enlèvement ?

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