Chapitre 26



Hava restait encore sous le choc du défi que venait de lui suggérer Gunard. Cet homme était visiblement plein de surprises, seulement elle ignorait encore lesquelles. Prenant une bouffée d'air frais, Hava remit de l'ordre dans ses cheveux et dans sa robe avant de reprendre le chemin du camp. Le viking affichait un sourire vaguement diabolique tout en contemplant le feu. Secrètement, Hava avait espéré qu'il l'embrasse avec fougue et voilà qu'à présent il voulait jouer.

Hava se mit à rougir violemment car elle ne connaissait rien aux hommes et de comment se comporter avec eux. Elle n'avait aucune connaissance, elle ignorait même comment embrasser. Son seul maître à ce jour fut Gunard. Les paumes de mains moites elle s'installa à ses côtés non sans ressentir une étrange chaleur se loger entre ses cuisses. Elle avait l'impression d'être une apprentie en soif d'apprendre et la honte lui monta aux joues alors que son humeur s'était assombrie quand elle vit du coin de l'œil une femme du clan se rapprocher subtilement de l'homme qui lui faisait battre le cœur. Si sa mère était encore vivante elle lui affligerait une punition pour oser éprouver un tel désir pour un viking dont le sang paraissait glacial et à la fois chaud.

La jalousie la submergeait à mesure de leur bavardage. Le faisait-il exprès ?

Peut-être bien songea-t-elle en mordant dans un fruit juteux. Pour le punir Hava se leva pour rejoindre Fior et d'autres guerriers. Elle s'installa sur le tronçon de bois tout près de Fior.

- Alors jeune et tendre femme, commença Fior le regard rempli de malice ; Seriez-vous perdue ?

Hava secoua de la tête en faisant mine d'être passionné par la cuisson du poisson.

- Vous devriez être aux côtés de notre chef, déclara-t-il en la couvrant d'un regard de concupiscence.

Hava frémit de peur mais garda néanmoins la tête haut.

- Je ne suis pas sa femme, je peux aller où je veux, répondit-elle d'une voix voilée par l'angoisse de le mettre en colère.

Fior esquissa un sourire pincé.

- Vous êtes à lui femme, seulement vous ne le savez pas encore, déclara Fior avec amusement.

Il mordilla la brindille qu'il tenait entre ses dents tout en posant son coude sur l'herbe avec nonchalance.

- Mais je sens que l'on ne va pas tarder à le savoir, ajouta Fior le regard fixé sur quelque chose.

Une masse noire se mouvait dans leur direction. Hava frôla le malaise en découvrant le visage de Gunard, les traits tirés, le regard noir.

- Ai-je interrompu une conversation ? S'enquit-il d'une voix dont les intonations semblaient grave.

- Non, répondit Hava en réprimant son mécontentement ; Je demandais à Fior si le poisson serait bientôt prêt.

D'un regard torve dans la direction de Fior, le viking prit son bras d'une main ferme pour qu'elle se lève et le suive jusqu'à leur couche.

- Fior est un homme en soif de plaisir, ne l'approche pas sans que je sois près de toi est-ce que tu m'as bien compris Hava ?

Hava déglutit avec difficulté. Sa voix fut menaçante presque tranchante.

- Il ne m'a pas fait du mal Gunard, tu...

- Hava, murmura le viking en lui prenant le menton avec autorité ; Ne me pousse pas à bout.

- Qui pousse à bout l'autre Gunard ? Demanda Hava en se reculant.

Peine perdue il lui attrapa à nouveau le menton avec une agilité qui la laissa sans voix.

- Essayes-tu de me rendre jaloux ? Éluda le viking en plissant ses yeux comme deux fentes impénétrables.

- Est-ce que ça marche ? Osa-t-elle le défier en soutenant son regard d'acier.

Il haussa ses yeux sur ses lèvres entrouvertes.

- Ne joue pas à ça avec moi Hava, tu ignores ce que tu risques de réveiller, chuchota-t-il d'une voix rauque avant de relâcher son menton.

Hava frémit envahie par une myriade de frissons. D'un geste tendre il porta sa main près de son visage et lui caressa la joue avec une infinie tendresse qui contrastait avec la sombre lueur qui habitait ses yeux.

- Je n'ai pas la moindre envie de me mettre en colère ce soir et encore moins contre toi Hava, murmura-t-il d'une voix plus amène.

- Je sais, dit-elle en inspirant profondément ; Tu es si difficile à déceler Gunard...

Impassible, il lui prit la main pour l'entraîner à l'endroit où reposé leur couchage tout près d'un ruisseaux. Elle mangea en silence alors qu'une bouffée de déception lui nouait la gorge. Gunard la désirait et l'instant suivant il prenait ses distances comme s'il s'empêchait de la toucher.

Mais ce soir il lui serait difficile de se maintenir à distance car la couche de fortune qu'il avait préparé comportait deux places.

Hava s'y allongea en espérant secrètement qu'il vienne s'allonger à ses côtés.

Et c'est ce qu'il fit.

Son imposant corps s'allongea près du sien. D'une respiration bruyante il prit les fourrures pour les rabattre sur leur deux corps. Hava décelait à peine les voix des autres vikings car leur couche était à l'écart du camp.

Il se tourna de façon à planter ses yeux dans les siens. Son visage était si imposant, si dur, si effrayant et pourtant...

- Ton visage est...

- Terrifiant ?

Hava lui offrit l'esquisse d'un sourire et leva la main de façon à toucher la petite cicatrice sur son front. Il la laissa faire alors elle sillonnai son visage jusqu'à la base de son tatouage.

- Certains vikings se liment les dents pour paraître plus cruels, pas toi, pourquoi ?

Il sourire jusqu'à lui révéler ses dents parfaitement alignées.

- Je n'ai pas besoin de ça pour paraître cruel ma belle Hava, chuchota-t-il le visage adouci.

Il vint lui prendre le poignet pour qu'elle rabaisse sa main.

- C'est vrai, tu as raison tu n'en as guère besoin, murmura-t-elle en rapprochant sa tête vers la sienne ; Et les tatouages ? Ont-il une signification particulière ?

- Oui, ils signifient la force et le courage, expliqua-t-il en portant la naissance de ses doigts à ses lèvres.

Hava réprima un hoquet lorsqu'elle sentit ses lèvres dures toucher ses doigts.

- As-tu déjà perdu un combat ?

- Seulement deux...

Hava se pinça les lèvres tout en pliant ses genoux contre son ventre.

- Auriez-vous d'autres questions ma dame ? S'enquit-il d'une voix rauque sans quitter ses doigts de yeux.

- Pourquoi t'éloignes-tu de moi chaque fois que...

- Je ne veux pas te blesser, dit-il d'une voix chargée de regrets ; Soyons honnêtes l'un envers l'autre Hava, tu es jeune et tu ne connais rien des hommes et moi...je peine à réprimer le flux de désirs que j'éprouve pour toi.

Il marqua une pause dans laquelle Hava sentit sa main trembler.

- Un désir que je n'ai jamais éprouver pour une autre femme pas même Ena.

Il rapprocha son corps du sien brisant la dernière barrière qui la maintenait hors de danger.

Elle ne maîtrisait pas l'art de l'amour et il en avait pleinement conscience.

Il captura ses lèvres furtivement puis déposa un baiser sur les phalanges de sa main.

- J'ai peur de ne pas m'arrêter si je venais à t'embrasser comme l'autre jour.

Gunard sentait son ventre s'enflammer. Un soupçon de peur brillait dans ses yeux mais pourtant elle continuait à le regarder dans les yeux. La rose sans épines ne mesurait pas la gravité de son regard car à chaque fois qu'il se plongeait à l'intérieur, Gunard sentait ses efforts fléchir.

Il captura sa bouche avec force, étouffant son cri de surprise. Il plaqua sa main sur sa joue chaude pour presser ses lèvres exigeantes sur les siens. Incontrôlable, il rabattit les fourrures qui les protéger afin de les rendre invisible de tous pour accentuer son baiser. Il ôta sa bouche de la sienne pour humer son parfum à la base de son cou..sentant sa veine palpiter contre sa peau. Il se redressa, basculant sa jambe sur le côté de façon à l'avoir à sa merci. Elle était d'une rare beauté, ses respirations erratiques lui indiquaient qu'elle était toute proche de ressentir ses premières sensations.

- Tu es si...belle, murmura-t-il d'une voix à peine audible.

Étendue sur le sol de la forêt, les yeux brillants d'une émotion particulièrement révélatrice de ce qu'elle ressentait en ce moment, Gunard sourit intérieurement. Il l'embrassa à nouveau mais sut qu'il devait s'arrêter avant que le désir ne le submerge entièrement.

Il s'écarta doucement, frottant son nez contre le sien.

- Une longue traversée nous attends demain, il faut dormir ma belle Hava.

Hava aurait voulu ressentir de la déception mais ce qu'il venait de lui offrir l'effaça. Elle se contenta de reprendre ses esprits égarés par les émotions qui l'avaient possédées et ferma les yeux, le corps blotti contre le sien alors qu'un dangereux sentiment naissait en elle.

Un sentiment qui l'a terrifié...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top