Chapitre 23



Hava suivait Gunard prudemment dans la forêt tout en gardant une allure raisonnable. En réalité elle n'était pas très douée pour guider un cheval, un mensonge qu'elle s'était gardée de révéler au Viking. Seulement, le viking en question semblait l'avoir remarqué car ses lèvres tremblaient d'un sourire à peine contenu. Irritée, Hava donna une caresse à son cheval blanc dans l'espoir qu'il se calme mais à son plus grand regret il se cabra légèrement, l'obligeant à s'agripper aux rênes. Une main musclée s'interposa et immédiatement le cheval reprit son chemin comme s'il obéissait à une seule personne.

Son maître.

- Gunard, ne me dites pas que ce cheval est...

- Sous mes ordres ? Hasarda-t-il en levant un sourcil mystérieux ; Oui il l'est.

Consternée Hava ouvrit la bouche en grand mais aucun son parvint à en sortir, alors elle la referma pour mieux serrer les dents.

- Tu m'avais dit que ce cheval ne t'appartenait pas !

- C'est exact, affirma-t-il les yeux percés d'une lueur moqueuse ; Je me sers que très rarement de celui-ci mais il m'appartient parce que c'est moi qui l'aie ramené à mes hommes.

- Oh donc si je suis ton raisonnement, tu m'as donné ce cheval qui t'appartient qu'à moitié sans m'avertir que néanmoins tu l'avais dressé pour qu'il t'obéisse, toi et seulement toi ?

Le viking fronça des sourcils en faisant mine de réfléchir tandis qu'elle se débattait pour que son cheval ne cesse de tourner sur lui-même sous une pluie de rire provenant des guerriers juste derrière elle.

- C'est à peu près ça en effet, finit-il par dire en fermant son poing devant sa bouche pour se retenir de rire.

Hava le foudroya du regard et attendit patiemment que le Danois ordonne à son cheval d'arrêter de tourner. Une fois chose faite, il prit ses rênes pour la guider.

- Je suppose que cela t'a amusé, lui dit-elle en étudiant son profil inquiétant.

Hava devait le reconnaitre, pas un seul instant ne passait sans qu'elle ressente des frissons parcourir sa peau.

- Un peu je dois l'admettre, avoua-t-il les yeux fixés sur l'horizon.

Hava se passa la langue sur ses lèvres, détaillant la courbe de sa mâchoire qui se serrait convulsivement. Il avait l'air si fort et si peu inquiet du danger.

- Peut-être que je voulais simplement que tu viennes derrière moi et que je l'ai fait exprès, lâcha le viking en tournant que brièvement sa tête vers elle.

Il lui avait suffi d'un seul regard dans sa direction pour qu'elle se sente intimidé.

- Est-ce le cas Gunard ? Tu as fait ça dans l'unique but que je vienne derrière toi ?

Une fois de plus son cœur se mit à battre à coups précipités et elle dut rester ainsi pendant un temps qui lui parut infini avant qu'il lui donne sa réponse.

- Je ne voulais pas que tu aies ton cheval à toi pour ce voyage, je te voulais derrière ou devant moi, afin d'être plus intime, Finit-il par avouer d'une voix couvée de regrets.

Hava baissa les yeux timidement et s'aperçut que son pouce n'était qu'à quelques centimètres du sien. Elle se retourna pour regarder le reste des hommes qui les accompagnaient et compris ce qu'il voulait dire. Les hommes étaient tous rassemblés en un bloc fermé juste à côté d'elle et derrière elle. Ainsi entourée, ni lui ni elle était libre de parler en toute intimité. Le chef devait toujours se trouvait à l'avant pour avertir du danger, Gunard s'était volontairement reculé de façon à pouvoir l'aider à avancer. Hava hoqueta quand il parvint à faire grimper leur chevaux au sommet de l'escarpement boueux et dangereux.

- Est-il trop tard pour changer d'avis ?

Enfin, elle eut droit à un regard assez long pour découvrir dans ses prunelles sombres une naissante satisfaction.

- Teshiya pourrais éventuellement prendre le tien en effet, déclara-t-il de se voix rocailleuse.

- Teshiya ? Répéta Hava en fronçant des sourcils.

Le viking fit basculer sa tête sur le côté pour désigner la jeune fille sur sa droite.

- C'est la fille de l'un de mes hommes, elle se trouve derrière son père mais peut-être voudrai-t-elle prendre le tien pour être libre....

- Libre ? Répéta à nouveau Hava en regarder la fille et son père sur le même cheval.

- Hava, dois-je t'esquisser mes dires ? Demanda-t-il tout bas en se penchant en avant.

Incrédule, Hava reporta son attention sur le père et sa fille et vit celle-ci esquisser une grimace. De ce fait, Hava porta discrètement une main sur sa bouche en détaillant son père. En effet ce dernier de par son imposante carrure et un éventuel excès d'ale, prenait toute la place et la pauvre jeune fille était sur le point de finir à terre.

Gunard rit, guère inquiété d'attirer les regards, Hava quant à elle ne put s'empêcher de rire tout bas.

- Je comprends mieux à présent et je serais ravie de pouvoir lui offrir mon cheval.

Le viking ne perdit pas de temps pour l'expliquer à la jeune fille dont le visage s'étira de soulagement accompagné d'un remerciement joyeux. Gunard attrapa sa taille et la souleva son effort pour la faire passer à l'avant. Cette fois-ci, Hava perdit son sourire et inspira imperceptiblement quand les doigts chauds du guerrier se refermèrent sur les siens avec une extrême douceur. Le cheval battit son sabot sur la terre fraîche comme pour s'habituer à leurs deux poids.

- Merci mademoiselle pour le cheval, déclara la jeune fille.

Trop paralysée pour répondre, Hava esquissa un sourire pour lui répondre. Une chaleur intense l'empêchait de produire le moindre son. Le torse de Gunard touchait son dos et elle pouvait sentir la dureté de ses muscles. Il lui ôta sa capuche qui dissimulait ses rougeurs. Le souffle coupé, elle vit son visage sur sa gauche...sa joue rugueuse frottant contre la sienne. Hava resta droite comme piquer, les lèvres nerveusement pincées.

Il replaça la capuche sans un mot ce qui attira son attention.

- Mais enfin...que...

- Je voulais seulement voir si tu étais toujours fiévreuse...

- Fiévr...

Hava poussa un faible cri offusqué et n'eut aucun mal à découvrir qu'il se moquait d'elle sans être obligée de se retourner.

- Tu aimes te moquer de moi ? Demanda-t-elle en le défiant.

Il talonna son cheval noir et celui-ci avança au devant des autres guerriers.

- Je voulais te rendre un peu le sourire, répondit-il d'une voix douce qui pourtant n'enlever rien de sa force implacable.

- Pour quelle raison ? Je vais bien.

- C'est faux, ce qu'il s'est passé hier a éveille en toi de mauvais souvenirs.

Hava ferma brièvement les yeux car elle avait tout fait pour éviter cette conversation.

- Quelques uns en effet, murmura-t-elle d'une voix voilée par l'émotions.

Les doigts de l'homme se resserrèrent autour des siens.

- Je n'aurais pas dû te laisser seule.

- Ce n'est pas de ta faute, rétorqua Hava en ravalant un hoquet quand le cheval monta difficilement une pente.

- Je n'ai pas été prudent, je connais Ena, j'aurai dû savoir qu'elle allait tenter de t'approcher.

- Pourquoi a-t-elle besoin de séduire ainsi ? Demanda-t-elle curieuse ; Elle n'a pas confiance en elle ?

Il poussa un rire amer, enroulant avec autorité son bras autour de sa taille pour la maintenir contre lui.

- Ena aime séduire, c'est tout ce qu'elle a pour elle, expliqua le viking amèrement.

Hava ouvrit la bouche mais il posa sa main dessus.

- J'ai besoin de silence pour passer les côtes, expliqua-t-il en retirant sa main.

- Oh...pardon...je...

Il talonna à nouveau son cheval s'ensuivit des autres guerriers. Hava pouvait entendre la mer se déchainer, les roches semblaient abîmées et pourtant il les passa sans difficultés.

- Avant notre attaque, elle était mariée à un lord qu'elle a trompé avec un chevalier de l'armée ennemi, reprit-il sans aucun sentiment dans la voix.

Hava garda le silence pour l'écouter attentivement.

- Elle venait d'être punie pour cette trahison elle son mari avait donné pour ordre de l'expédier par bateau.

- Pourquoi l'as-tu demandé en mariage ? Ne put s'empêcher de demander Hava.

Elle s'attendait à une réponse brève mais il répondit ;

- Parce que je cherchais l'amour, je pensais que ce sentiment était quelque part en une personne qui pouvait me prouver que je pouvais être aimé.

Hava sentit son cœur se serrer. Cette confidence semblait venir du tréfonds de son âme.

- Alors tu n'aimeras plus à présent ?

- L'amour que je portais à Ena m'a rendu faible, alors qu'il est censé rendre puissant.

Subtilement, le viking n'avait pas répondu à sa question.

- Je suis sur que tu le trouveras Danois, murmura-t-elle faiblement comme si cette certitude lui noué l'estomac.

- J'en ai bien l'intention oui, affirma le guerrier d'une voix rauque.

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