Chapitre 21
Hava brisa leur étreinte pour rejoindre la table garnie de nourritures délicieuses et qui lui donnaient envie. Il fallait à tout prix qu'elle en termine avec cette conversation qui lui faisait presque mal au cœur. Après tout ils se connaissaient à peine et peu à peu Hava avait l'impression de développer des sentiments pour cet homme qui pourraient causer sa propre perte. C'était un viking, un homme capable du pire comme du meilleur et Ena qui l'avait si longtemps gardé à ses côtés ne reculerait devant rien pour le récupérer. Immédiatement Hava songea à sa mère qui elle aussi avait subi cette situation qui lui avait coûté la vie. Hava se revoyait la prévenir les larmes aux yeux que les sombres pensées qui habitaient sa rivale causeraient sa perte. À présent orpheline et seule Hava s'aidait de cette histoire pour tenir bon chaque fois que le soleil se levait. Elle ignorait si un jour elle accéderait au bonheur mais ce qu'elle savait aujourd'hui c'est qu'il lui était impossible de développer des sentiments pour Gunard.
Elle ne connaissait rien des hommes et de leurs désirs. Elle avait passé une partie de sa jeune vie à les fuir....sauf un.
Et il se tenait juste derrière elle.
Sa bouche exigeante sur la sienne l'avait plongé dans l'inconscience, dans une sorte de torpeur qu'elle avait secrètement aimé. Mais ce baiser valait-il la peine de poursuivre avec cet homme ?
Sa conscience lui criait que non en revanche son coeur lui...battait follement pour lui.
- Tu as faim, nota-t-il en s'approchant ; Je suis heureux de le constater.
Hava se heurta à cette voix chaude et sombre à la fois et fut parcourut de milliers de frissons.
- Pour quelle raison ?
- Tu es maigre, commenta le viking en plaquant son torse contre son dos afin de passer sa tête au-dessus de son épaule.
Hava ne put lui mentir sur cette constatation. Depuis son enlèvement et sa condition d'esclave pour enfin redevenir la Hava d'autrefois, elle peinait à accepter qu'elle pouvait à nouveau se restaurer sans avoir peur qu'on lui arrache sa nourriture.
D'un geste lent elle porta ses doigts à ses lèvres non sans trembler à ce souvenir.
- Hava j'aimerais te demander une chose qui est importante.
Hava se figea alors qu'il s'était détaché d'elle pour se glisser sur son fauteuil. De là, son regard se glissa dans le sien et elle se sentit immédiatement happée par sa paire d'yeux sombre.
- Je dois partir demain matin pour un voyage de deux jours.
Hava déglutit car au-delà de toutes raisons qui la poussaient à s'éloigner de lui elle accueillit cette nouvelle avec un goût amer au fond de la gorge. Pire encore ! Elle espérait secrètement qu'il envisage de l'emmener avec lui.
- Par la mer ? Demanda-t-elle en essayant de raffermir sa voix afin qu'il ne découvre pas à qu'elle point elle était déçue.
- Non, car selon ton frère nous pouvons parvenir à l'autre village sans passer par la mer.
Hava écarquilla les yeux car cela lui semblait impossible.
- Après tout nous somme sur une côte rocheuse, cette île n'a peut-être pas livré tous ses secrets.
- Mais ça te conduirais à des jours de marches, dit-elle en s'empêchant de montrer son inquiétude.
Un sourire moqueur rehaussa les lèvres exigeantes du guerrier.
- Hava nous avons des chevaux...
Quelle idiote !
- Quelle étourdie je fais, bredouilla-t-elle en posant ses mains à plat sur la table.
- J'aimerais que tu viennes Hava, reprit-il le visage subitement fermé.
Il l'avait dit, ça y est...
À présent elle devait prendre une décision. Son cœur se mit à battre à la chamade.
- Pour quelle raison ? La dernière fois que tu as exigé ma présence tu m'as enfermé dans ta cabine.
Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres comme s'il voulait secrètement recommencer. Hava plissa des yeux devant l'énigme qui flottait dans son regard.
- Tu désirais être courtisé ce jour-là de façon à te trouver une bonne raison de quitter l'île.
Non, il se trompait, songea-t-elle en soutenant son regard mécontent. Ce jour-là si elle s'était comportée ainsi c'était pour le rendre jaloux...
- Tu n'as pas peur que je veuille recommencer ? Le défia-t-elle avec un sourire en coin qui restait néanmoins timide.
L'expression amusé du viking s'envola aussitôt...remplacé par une expression grave.
- Aucun risque ma tendre Hava puisque je ne te quitterais pas, tu resteras auprès de moi à chaque instant.
Hava ne sut quoi répondre lorsqu'elle vit ses yeux devenir aussi sombre que de l'encre.
- Je plaisante même si j'ignore pourquoi tu es jaloux, murmura-t-elle en soutenant son regard ; Tu me connais à peine et je...
- Je n'ai pas besoin de te connaitre pour ressentir ce que je ressens car tout ce passe dans le regard Hava.
Perplexe, Hava plissa du front.
- Il m'a suffit de te regarder, d'essayer de lire dans tes yeux pour comprendre que j'étais attiré Hava.
Hava baissa les yeux timidement afin qu'il ne parvienne pas à lire ce qu'elle ressentait.
- Regarde-moi Hava, n'aie pas peur de me regarder s'il te plaît.
- Je n'ai pas peur de te regarder Gunard.
Pour appuyer son affirmation Hava leva la tête et planta son regard dans le sien.
Tout était si mystérieux avec lui qu'elle avait l'impression de basculer dans l'inconnu chaque fois qu'il posait son regard sur elle. Était-ce ce mystère qui l'a poussé inévitablement vers lui ?
- Alors ? Veux-tu venir avec moi pour ce voyage ou vais-je devoir t'enlever en pleine nuit ?
Une chaleur intense heurta son corps déjà brûlant.
- Je te mets au défi de le faire Danois, s'exclama Hava en se pinçant les lèvres.
Gunard esquissa un sourire machiavélique en imaginant la jeune femme hissée sur son épaule...
- Ne me tente pas jeune femme, je pourrais te prendre au sérieux...
La jeune femme sourit...enfin...un beau et large sourire. Gunard serra convulsivement ses mâchoires car il sentait ses défenses faiblir devant cette divine créature aux cheveux d'or. Il distinguait en elle un refus d'éprouver un infime désir pour lui et il savait pour quelle raison elle agissait ainsi. Elle ignorait tout des hommes et encore moins les croyances et les désirs d'un viking. Gunard le savait plus que quiconque...cette pure et douce jeune femme craignait les hommes alors pourquoi avait-elle décidé de lui ouvrir une brèche ?
Pourquoi acceptait-elle qu'il la touche, la désire, l'embrasse ?
Gunard était bien décidé à le découvrir pendant ce voyage.
- J'accepte de venir, à la condition d'avoir mon propre cheval.
Gunard se redressa en tiquant dans l'intention de refuser car il l'imaginait sur son cheval au plus près de lui. Mais lorsqu'il se risqua à la regarder, son innocence le fit flancher.
- C'est d'accord, tu auras ton cheval.
Elle lui esquissa un sourire triomphal et se mit enfin à manger. D'une respiration bruyante il se recula contre le dossier du fauteuil et agrippa les accoudoirs si fort que ses phalanges devinrent bleues. Le désir allait le tuer ! Songea-t-il en serrant les dents. Ainsi voilà la mort que lui réservaient les dieux ?
Gunard aurait presque pu en rire s'il n'était pas au bord du gouffre.
Afin de calmer ses nerfs il prétexta un ennui qui nécessitait son aide et quitta ses propres appartements pour s'éloigner de cette dangereuse tentation.
Hava n'eut guère le temps de songer au voyage qui l'attendait que la porte se rouvrit sur Ena dont l'expression grave ne laissait rien présager de bon et pourtant, Hava ne quitta pas sa chaise. Elle refusait d'avoir peur. Elle refusait de se sentir coupable.
- Tu n'as pas perdue de temps esclave, siffla-t-elle rageusement.
- Gunard est un ami, déclara-t-elle en se levant lentement.
- Tu me prends pour une idiote ! S'écria celle-ci en s'avançant dangereusement : Tu penses pouvoir me devancer de la sortes tout en pensant que...
- Vous devancer ? Seigneur qui pourrait vous devancer ? Coupa-t-elle en faisant mine d'être sérieuse.
Les lèvres bleutées, Ena s'approcha d'elle mais une ombre menaçante surgit derrière elle.
- Sors de mes appartements ! Siffla le viking en agrippant Ena par le bras.
- Alors tu as choisi cette esclave pour me remplacer ? Lança Ena d'une voix rieuse.
Hava expira brutalement devant la noirceur qui venait de posséder les yeux du viking.
- Si je te revois tourner autour d'elle je te ferais expédier pour l'Angleterre, rugit-il d'une voix tranchante.
Pour la première fois de sa vie, la grande Ena écarquilla les yeux en ramenant ses mains à son ventre. Avec brutalité, il referma la porte puis s'empressa de la rejoindre.
- Il vaut mieux que tu restes ici cette nuit, je dormirais sur une couche de fortune, annonça-t-il sur un ton sans réplique.
Abasourdie, Hava ne trouva pas la force de réagir et le laissa la blottir contre son torse.
À travers son bras qui l'empêchait de voir, Hava le vit reposer un couteau sur la table. Un couteau que sa rivale avait surement saisie pendant leur brève confrontation.
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