Chapitre 20
Le soleil venait juste de tomber sur l'île quand Hava remonta dans sa chambre complètement épuisée. Elle referma la porte et s'y adossa en grimaçant sous l'odeur du sang séché qu'elle avait sur elle.
Meerya l'une des femmes viking venait de mettre au monde une petite fille en bonne santé et ce fut elle qui avait dû mettre au monde cet enfant sous les conseils précieux de Nessa qui n'avait pas pu l'aider. Pour cause, Nessa avait dû s'occuper d'une autre femme elle aussi sur le point de mettre au monde son enfant.
Les jambes tremblantes elle s'avança jusqu'à la bassine d'eau et y plongea un linge propre pour se laver.
Mais à peine eut-elle plongé le linge dans la bassine que la porte de sa chambre s'ouvrit à la volée pour laisser place à Gunard, le regard noir.
- Ainsi je suis obligé de venir à toi ! S'exclama le viking à travers ses dents serrées.
Hava fut d'abord envahie d'une chaleur abondante puis cilla avant de reprendre ses esprits.
- Je suis navrée Gunard, Meerya vient de mettre au monde son enfant et j'ai dû l'aider car Nessa ne pouvait pas le faire, expliqua-t-elle en le détaillant timidement.
Pour parfaire son explication Hava se releva, lui exposant sa robe tâchée de sang.
Immédiatement le regard du viking s'adoucit.
Il s'approche l'air inquiet pour elle et posa délicatement ses paumes de mains sur ses épaules.
- Tu vas bien ? Est-ce que...
- Le bébé était mal positionné mais grâce au ciel je suis parvenue à le faire sortir sans le mettre en danger.
Hava se souvenait encore de l'adorable petit paquet rose criant à plein poumons qu'elle avait tendu à Meerya.
- Tu es douée Hava, tu sembles avoir de grands dons.
Devant ce compliment inattendu elle se tourna pour refouler les larmes qui lui montaient aux yeux.
- Merci Gunard, murmura-t-elle en revenant vers la bassine pour se passer le linge sur son cou.
- Pourquoi sembles-tu aussi triste ? Cette naissance ne te fait pas plaisir.
- J'ai été prise à partie par certaines femmes, je suis un peu bouleversée.
- Sois plus précise Hava, exigea-t-il d'une voix étrangement calme.
Il lui prit le linge des mains et l'obligea à se relever en la saisissant par la taille. Hava sentit son pouls palpiter au creux de son cou lorsqu'il entreprit de la nettoyer.
- D'après-toi Gunard ? Tu penses sincèrement que Ena va te laisser tomber aussi facilement ? Je vais devenir sa proie.
Il ne répondit rien, poursuivant ses gestes au creux de son cou.
- Tu ne crains rien, je parlerais à ses femmes, dit-il simplement.
Hava chercha à se défaire de son emprise et se tourna pour le confronter.
- Ce n'est pas aussi facile que ça Gunard.
- Mon autorité sera suffisante pour les tenir éloignées de toi, rétorqua le viking d'une voix menaçante.
À présent, le bout de son nez touchait le sien, il s'était incliné de façon à atteindre son regard. Hava ignorait ce qu'il désirait d'elle et craignait pour sa vie. Merrya lui avait confié bien des choses au sujet de Gunard notamment sur les sombres côtés de sa personnalité.
- Est-ce que je vaut la peine Gunard ? Osa-t-elle demander en soutenant sa paire d'yeux sombre.
- Plus que tu ne le crois, répondit-il d'une voix ferme.
Hava exhala un soupir en n'osant y croire et pourtant elle était là...emprisonnée dans les bras de ce viking dont la beauté froide suffisait à lui faire battre le cœur.
Il s'éloigna, faisant vibrer le sol à chacun de ses pas.
- Viendras-tu dîner ? Je te veux vraiment à ma table,
Sa voix...lui parut démunie.
- Oui, laisse-moi le temps de passer une autre robe, déclara-t-elle d'une voix altérée par l'inquiétude qui l'a submergé.
Une lueur de satisfaction passa dans son regard. Il inclina sa tête sans un mot et quitta sa chambre.
Gunard referma la porte, submergé d'une colère rugissante. En agissant ainsi, laissant le désir parler pour lui Gunard en avait presque oublié son ex-femme qui vouait une haine contre Hava stimulée par la jalousie. Toute la journée Gunard avait repensé à cet instant passé dans la rivière avec Hava et de ses lèvres qu'il avait pu enfin posséder.
Pas un seul instant il aurait crû que ce baiser l'aurait rendu fou au point de vouloir recommencer. La douceur de ses lèvres, l'effluve de son parfum émanant de son corps...tout en elle lui inspirait ce que nulle autre était parvenue à lui faire ressentir. Seulement il savait qu'il devait se montrer prudent car Hava sortait d'une période difficile et il ne connaissait rien d'elle hormis le fait qu'elle avait de précieux dons et qu'elle s'était sacrifiée pour son frère.
Le cours de ses pensées se mit alors à dévier dans une torpeur sombre et inquiétante. Car Hava avait encore le choix de partir. Seul son frère l'en empêchait.
- Je suis prête...
Gunard quitta l'effroyable torpeur qui venait de le paralyser et lui fit face. Elle avait délié ses cheveux les laissant retomber contre ses épaules. Il ignorait si elle le voyait encore comme son ravisseur....celui qui lui avait ôté toute chance de bonheur. Gunard serra les mâchoires devant son propre égoïsme.
- Tu es très belle Hava, parvint-il à dire en s'empêchant de la toucher.
Par tous les dieux...il adorait la voir rougir adorablement, signe que malgré les horreurs qu'elle avait subi, Hava l'appréciait...
Mais était-ce suffisant ?
Le baiser qu'il lui avait donné serait-il suffisant pour effacer les coups de fouet ? Ses pleurs ? Ses hurlements ? L'humiliation ?
Gunard déglutit difficilement et lui tendit sa main.
Elle glissa ses doigts tremblants au creux de sa paume avec un mince sourire sur ses lèvres.
Sans plus attendre Gunard la guida à l'étage au-dessus et ouvrit la porte de ses nouveaux quartiers.
- Tu occupes d'autre appartement ? S'étonna la jeune femme.
- Oui en effet, il me serait difficile d'occuper les mêmes maintenant que je suis divorcé, lui fit-il remarquer en refermant la porte derrière elle.
Patiemment, il la laissa faire le tour de ses appartements sans la quitter des yeux.
- C'est très sombre...
- La cheminée semble avoir perdu de sa chaleur lors de mon absence, expliqua-t-il en allant immédiatement le raviver.
- Je peux aider à quelque chose ? Proposa la jeune femme en s'approchant du feu.
Gunard leva sa main sans se retourner, craignant d'être incapable de résister à cette envie de l'embrasser.
- Prends place autour de la table, tu es mon invité Hava.
- Je n'ai guère l'habitude de ne rien faire, avoua-t-elle d'une voix chargée de mauvais souvenirs.
Gunard fixa les flammes vacillantes de la cheminée en songeant à briser la glace...songeant à évoquer le passée au risque de la faire fuir définitivement.
- Tu parles de ta condition d'esclave ? Lâcha Gunard en se retournant.
Contre toute attente elle posa son regard sur lui en hocha de la tête silencieusement.
- Je suis navrée Hava.
- Pourquoi ? Ce n'est pas toi qui a pris cette décision si ?
- Non, mais j'ai pris la décision de t'enlever avec mes hommes.
- Pas directement, rétorqua-t-elle en fermant brièvement les yeux.
Un silence pesant s'ensuivit.
- Où sont tes parents ? Demanda-t-il le plus doucement possible.
Hava sentit son cœur se serrer de tristesse.
- Mon père est mort de la fièvre quant à ma mère, elle est tombée en amour pour un cavalier des années plus tard mais il s'avère qu'il était poursuivi par une autre femme avide de pouvoir.
Hava marqua une pause dans laquelle elle se mit à rire tristement.
- Celle-ci l'a tué sous les yeux de mon frère.
- Hava....je...
- N'est-ce pas risible quand on y pense Gunard ? Notre histoire si bien qu'il y en ai une n'est pas si différente de celle de ma mère.
Le viking fronça des sourcils. Alors elle se leva précipitamment pour se diriger vers la fenêtre.
- Toi, moi et Ena qui reste bien trop silencieuse à mon goût...
- Ena sait que trop bien ce qu'elle risque si jamais elle tentait quelque chose, déclara-t-il en posant ses mains sur ses épaules.
À ce contact, Hava frissonna.
- En es-tu aussi certain Gunard, elle a tente de tuer Nessa, tu sembles l'avoir oublié.
Gunard écarta ses cheveux blonds, fixant son cou délicat.
- Tu sembles oublié qui je suis Hava, murmura-t-il d'une voix rauque.
Elle se retourna, le regard incertain.
- Tu es le chef de l'armée mais cela ne fait pas de toi surhomme, dit-elle en se pinçant les lèvres.
Gunard lui prit la main, prudemment et l'attira jusqu'à sa bouche.
- Ma seul faiblesse c'est moi-même, mon ombre, je la crains plus que je crains la mort.
Il la sentit frémir.
- Et quelle est ta force guerrier ? Demanda-t-elle en le défiant du regard.
Gunard sourit puis songea à la question qu'elle venait de lui poser.
Car jusqu'ici c'était la peur de sa propre personne qui le faisait avancer.
Maintenant...Gunard avait l'intime conviction que sa force il la puisait dans les regards de cette jeune femme.
Une jeune femme qui semblait ignorer à quel point elle le bouleversait.
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