Chapitre 19



Hava trembla de tout son corps quand ses lèvres s'écrasèrent sur les siens. Mêlé à la force qui émanait de lui, la pression de ses lèvres était douce et prudente. Quelque chose d'indicible l'envahit entièrement. Ses mains fermes capturèrent ses bras afin de la hisser à son bon vouloir...afin que la pression de leur lèvres devienne intense. Pour Hava, ce baiser était le tout premier et elle se surprit à l'apprécier au point de fermer les yeux. Elle avait l'impression que le monde avait disparu, elle entendait à peine la chute d'eau de la rivière. Sa barbe rugueuse agaçait sa peau sensible, elle frissonna lorsqu'il se mit à bouger ses lèvres avec force, cherchant désespérément à briser le barrage de ses lèvres. Hava posa ses mains sur ses avant-bras craignant qu'il la relâche brutalement. Un son gutturale vibra dans la gorge du viking qui enroula son bras autour de sa taille afin de la maintenir contre lui...pressant son corps contre son large torse.

Hava sentait ses forces la quitter au point qu'elle ouvrit ses lèvres le laissant ainsi capturer sa bouche. Et c'est avec curiosité qu'il explora sa bouche avec une ardeur qui la figea intérieurement. Son cœur se mit à battre à vive allure, la main ferme de Gunard se posa sur son visage, elle pouvait sentir la naissance de ses doigts se creuser sur sa joue comme s'il voulait s'en emparer. Le rythme était si intense qu'elle peinait à s'ajuster aux mouvement précipités de ses lèvres sur les siennes qu'il dévorait littéralement.

Une chaleur inexpliquée vint échauffer ses sens alors que la peur s'emparait d'elle. La peur d'aimer davantage ce baiser.

Subitement, il s'arracha de ses lèvres accompagné d'un son rauque alors qu'il glissait ses doigts dans ses cheveux tout en la dévisageant.

Hava baissa les yeux timidement. La honte se mit à la submerger. Difficile d'en être autrement alors qu'elle avait l'impression d'être encore l'esclave ennuyeuse et humiliée d'autre fois. Et pourtant, une voix intérieure lui criait qu'elle ne faisait rien de mal. Alors pourquoi avait-elle si peur ?

Soudain, un violent souvenir lui revint en mémoire. Lui, le visage ensanglanté, la rage inscrite sur ses traits pendant la bataille contre les saxons et elle suspendue dans le vide appelant presque la mort pour en finir.

Il attrapa sa lèvre intérieure avec fièvre et ce souvenir disparut dans une brume épaisse.

- Gunard j'ai...vingt-deux ans, parvint-elle à dire comme pour lui faire comprendre que c'était impossible.

Au lieu d'en être irrité ou bien même blessé, il plaqua son visage dans ses cheveux faisant courir sa bouche contre sa joue, le souffle chaud, un son rauque toujours logé dans le creux de sa gorge.

- Peu m'importe...chuchota-t-il à son oreille avant de revenir explorer sa bouche.

Hava réprima un hoquet, cherchant vainement à résister au désir qui l'envahissait.

- Gunard !

Hava ouvrit brusquement les yeux en reconnaissant la voix de Haakon. Le viking grogna dans sa barbe et la relâcha subitement, brisant leur étreinte.

- Je viens tout de suite ! Cria le viking d'une voix mécontente.

Hava sursauta et se retourna afin d'éviter de le voir nu lorsqu'il remonta la pente pour récupérer ses vêtements. Les lèvres enflées par ses baisers voraces, elle s'aida des rochers pour quitter la rivière tout en cherchant désespérément à cacher sa poitrine.

Elle se risqua un coup d'œil dans sa direction et s'aperçut qu'il avait remis ses braies. Alors seulement là elle s'autorisa à se retourner. En un large pas il fut près d'elle, lui tendant sa robe le regard encore enflammé par leur baiser.

Hava ignorait ce que ce baiser signifiait pour lui et s'il avait l'intention de recommencer mais une chose était certaine, Hava refusait de se montrer proche de lui au risque d'attiser la fureur de son ancienne femme.

Qui plus est depuis hier !

Seigneur ! Qu'avait-elle fait ?

Lui qui venait tout juste de divorcer !

Mais c'est lui qui l'avait embrassé en premier, songea-t-elle en se tournant pour enfiler sa robe.

- Ne fait pas cette tête Hava, lui dit-il en s'emparant des lacets à sa place pour attacher sa robe ; Je n'ai pas l'intention de revenir au château en t'exposant...

- Merci Gunard, lui dit-elle en fermant les yeux brièvement.

Il referma les lacets en les nouant ensemble.

- Je veux te protéger, expliqua-t-il d'une sombre voix ; Si ça ne tenait qu'à moi, je...

Hava rompit sa respiration, le coeur battant sauvagement contre sa poitrine.

- Voilà, tu es prête, dit-il en s'écartant brusquement sans terminer sa phrase.

Les lèvres sèches elle se tourna lentement vers lui et le Gunard froid et impassible était de retour.

- Viens...

Il passa sa main dans son dos et elle fut prise d'une soudaine fatigue. Elle n'avait aucune envie de retourner au château et encore moins devoir faire face aux regards curieux de ses compagnons d'armes.

- Certains vont se poser des questions, déclara-t-elle d'une voix inquiète.

- Peu m'importe, je suis un homme libre et vieux d'après tes dires jeune femme.

Hava déglutit en sentant ses joues s'enflammer.

- No...non ce n'est pas ce que je voulais dire, tu n'es pas si vieux que...enfin tu as tren...

- Si, bien-sûr que si, affirma-t-il en la tenant fermement contre son flanc ; Ne me mens jamais Hava, je déteste les mensonges.

Il s'arrêta à mi-chemin pour la plaquer contre un arbre. Son épaisse silhouette assombrit alors l'horizon. Elle fut forcée de relever la tête pour atteindre son regard.

- J'ignore tout de toi, j'ignore même ce que tu penses de moi mais je sais une chose...

Il posa sa main sur sa joue, dévisageant chaque parcelle de son visage.

- Tu es unique et désirée, mais tu refuses d'être courtisée.

Son souffle chaud caressait son visage, sa voix lui parut si sombre qu'elle manqua vaciller.

- Je n'ai rien désirable, répondit-elle en soutenant son regard.

- Modeste en plus...chuchota-t-il avec un mince sourire.

- Je ne fais que dire ce que je ressens Gunard, d'ailleurs je peine à comprendre pourquoi me remarquer que maintenant ?

- Parce que j'étais trop occupé à venger mon ami, trop occupé à assagir mes guerriers les plus dangereux.

Il marqua une pause dans laquelle sa bouche forma un rictus amer.

- Jusqu'au jour où certains de mes hommes ont commencé à parler de toi comme une sorte de créature infiniment belle, reprit-il sur un ton où perçait le regret.

Il se redressa pour mieux poser son bras au-dessus de sa tête dans une position nonchalante.

- Je ne peux le nier, tu m'étais totalement indifférente avant que je pose réellement mon regard sur toi.

- C'est pour ça que tu as exigé ma présence sur le bateau ? Demanda Hava maintenant que tout devenait plus clair ; Parce que tu ne voulais pas que Walrik et Borjk me courtisent ?

Un rire amer quitta ses lèvres tremblantes.

- Peut-être...laissa-t-il tomber en se redressant.

Hava se mordit la lèvre secrètement troublée par la jalousie du viking qui pouvait avoir n'importe quelle femme et qui était connu pour sa grande sagesse et sa force redoutable. Seulement, il n'y avait rien de sage en lui.

- Viens, sinon Haakon va finir par s'inquiéter pour toi.

- Pour moi ? Répéta Hava en le suivant.

- Je t'emmène en pleine forêt au milieu de nulle part et je viens de divorcer, que crois-tu qu'il pense de moi ? Il crois sûrement que j'ai fait de toi ma maîtresse.

Hava rougit si violemment qu'elle sentit les poils de sa nuque se hérisser.

- C'est ridicule et grotesque ! Un homme ne peut-il pas se trouver en compagnie d'une femme sans qu'elle soit jugé de la sorte ?

- Ce n'est pas toi qu'ils jugent c'est moi Hava...

Il se tourna à l'orée du bois, avant qu'ils entrent sur la plage.

- Il est temps pour nous de nous séparer Hava, mais ce soir je veux toujours te voir à ma table.

Il plaqua son pouce sur ses lèvres comme pour l'interdire de protester.

- Viens à moi, murmura-t-il le visage crispé ; Ne m'oblige pas à venir à toi...

Sur ce dernier murmure qui ne souffrait d'aucune réplique, il s'éloigna sur la plage...

La laissant désemparée quant à la suite de cette histoire dont le cours lui semblait étrangement flou.

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