Chapitre 17
Hava se retourna pour lui faire face, une chaleur combla ses joues en le voyant les yeux fixés sur elle. Alors elle se recula pour gagner un peu d'espace.
- Elle est parfaite Gunard, je ne sais comment vous remercier, déclara-t-elle en esquissant un mince sourire.
Il déposa ses affaires sur le grand lit et se tourna vers elle avec un sourire étrange aux lèvres.
- Je songe à quelque chose en particulier, répondit-il en avançant vers elle.
Hava sentit son pouls s'accélérer. Sans le vouloir elle venait de lui tendre le bâton pour se faire battre. Il avait de nombreuses idées en tête elle le savait et à présent elle ignorait ce qu'il allait lui demander.
- Quelle chose ?
Il haussa des épaules en dardant son regard sur son épaule gauche laissée nue par les bretelles de sa robe.
- Acceptez d'être à ma table ce soir.
Sa table ?
Hava réprima un hoquet de surprise. Il la voulait à sa table et cela signifiait qu'elle allait devoir entrer dans ses quartiers. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il espérait d'elle, Gunard était un homme si énigmatique qu'elle avait l'impression d'être devant un mur de pierre.
- Pourquoi ? Qu'est-ce que cela signifie ?
Sans un mot il avança davantage vers elle, la laissant impuissante devant son imposante carrure.
- Parce que je le veux, répondit le viking d'une voix étrangement calme ; J'aimerais passer la journée avec vous pour vous montrer le quotidien d'un viking.
Eberluée, Hava battit lentement des cils la bouche entrouverte.
- Toute la journée ? Répéta-t-elle le souffle coupé.
- Ma présence vous est-elle si insupportable que ça ? S'enquit-il d'une voix grave et irritée.
Hava s'empressa de secouer négativement de la tête par crainte de représailles.
- Je n'ai jamais pensé une telle chose Gunard, murmura-t-elle d'une voix chevrotante.
- Alors acceptez !
Hava déglutit péniblement incapable de contrôler les chaleurs inconfortables qui se propageaient en elle. Si elle venait à accepter Hava savait qu'elle n'y survivrait pas.
- Venez, ordonna-t-il sans lui laisser le temps de lui répondre.
Sa main forte et musclée captura la sienne si vite qu'elle n'eut pas le temps de réagir.
- Avez-vous déjà assisté à un entraînement ?
- Non, je trouve cela trop brutal...
Poussant un juron en danois, le viking lâcha sa main pour venir encercler sa taille. Ses deux mains entouraient presque sa taille, elle les sentit se resserrer sur sa robe. Ses traits ciseler n'étaient plus que des reliefs sombre.
- Hava, commença l'homme d'une sombre voix ; J'ai passé une désagréable nuit, je viens de me défaire d'un mariage qui a duré bien trop longtemps et tout ce que je désire c'est de vous avoir pour moi seul le temps d'une journée.
- Où cette journée nous mènera Gunard ? Lâcha Hava en lui faisant face sans ciller ; Qu'espérez-vous obtenir de moi hormis ma compagnie ?
Hava réprima un hoquet lorsqu'il pressa ses doigts autour de sa taille, les mâchoires serrées. De toute sa vie et même lors de son enlèvement Hava n'avait jamais eu aussi peur qu'à cet instant.
- Venez, le temps nous le dira bien assez tôt...
Sans attendre il l'entraîna dans les marches puis à l'extérieur. Les guerriers étaient en plein entraînement et tous s'écartèrent à leur passage.
- Alors c'est vrai, lança Haakon en s'approchant d'eux ; Tu as divorcé de Ena ?
Hava décela dans la voix de ce dernier de la joie comme si tous se ravissaient de la nouvelle.
Timidement elle baissa la tête car certains regards étaient tournés vers elle comme s'ils la soupçonnaient d'être la raison de cette décision.
- Oui, Ivar me l'a accordé sans le moindre regret, répondit Gunard en pressant ses doigts sur les siens.
- Jamais je n'aurai crû dire ça mais...félicitations mon ami ! S'exclama Haakon en lui tapant l'épaule avec un sourire élargis.
S'ensuivit bon nombre de rires de d'accolades dans lesquels Hava perdit le contact de Gunard. Celui-ci lâcha sa main et Hava se perdit de cette foule de vikings armés et luisants de sueurs. Et alors qu'elle s'apprêtait à faire demi-tour une main s'empara de son bras.
- Pourquoi s'enfuir Hava, je vous rattraperai quoi qu'il puisse arriver, déclara-t-il un éclat de mécontentement dans les yeux.
Il était si proche que son souffle souleva quelques mèches de ses cheveux.
- Je ne m'enfuyais pas, dit-elle en reculant.
- Dans ce cas, je vous propose de venir dans les sous-bois et...
Gunard éclata de rire devant la mine déconfite de la jeune Hava. Cet éclat de rire souleva de nombreuses interrogations auxquelles il n'avait pas de réponses. Depuis quand n'avait-il pas éclater de rire devant une femme. Une tension électrique se figea dans ses veines. À présent libre Gunard n'avait qu'un seul souhait...capturer ses lèvres pleines et roses dont il devinait un goût délicieusement sucrée.
Comment avait-il fait pour ne pas la remarquer plus tôt, songea-t-il en la dévisageant longuement.
- Je n'ai pas l'intention de vous faire du mal...
Il n'attendit pas que sa douce voix s'élève dans la forêt, il la guida jusqu'à la pente raide et l'aida à descendre.
- Où va-t-on ? Demanda la jeune femme en agrippant son bras pour descendre.
- Dans un endroit où je me sens apaisé, expliqua Gunard en faisant attention à elle au point de lui saisir la taille d'un geste presque possessif.
Une fois qu'elle eut posé son pied à terre il posa une main délicate dans son dos pour la guider au plus profond de la forêt. On pouvait entendre la mer frappait les parois rocheuses, sentir l'odeur des écorces et des plantes médicinales que Nessa utilisaient pour ses remèdes.
- Qui d'autre connaît cet endroit ? Demanda-t-elle d'une voix plus douce.
- Personne jusqu'ici, révéla Gunard en posant son regard sur elle.
Elle se mit à rougir et il s'en délectait à chaque fois. Il écarta les feuillages qui bloquaient le passage et de là, un magnifique cours d'eau se révéla...
Gunard ne la quitta pas des yeux afin de découvrir sa réaction. Ses yeux de biche se mirent alors à briller de merveille, sa bouche rose s'ouvrit en grand là où un souffle d'admiration s'exprima pour elle.
Gunard parvint même à toucher ses cheveux sans qu'elle ne se recule brusquement.
- C'est absolument magnifique ! S'exclama la jeune femme en avançant jusqu'à la rivière.
Gunard exhala un soupir de soulagement tout en la suivant des yeux. Elle se baissa pour toucher l'eau en manquant de perdre l'équilibre.
C'était presque un supplice de devoir garder ses distances, de ne pas pouvoir la toucher sans craindre qu'elle se recule brusquement.
Hava était l'une des raisons pour lesquelles il avait demandé le divorce. À présent il était libre de l'approcher quand il le voulait.
Mais fallait-il déjà qu'elle le laisse faire sans le craindre.
- Vous pouvez vous baigner si vous le souhaitez, proposa-t-il sans s'approcher.
Lentement elle se redressa et se tourna vers lui, le regard brillant.
- Avec votre chemise, ajouta Gunard en pointant sa robe du doigt.
- J'aurai l'impression d'être nue...
Gunard sentit une vague de chaleur déferler en lui...
- Non, vous ne le serez pas Hava, comme l'autre jour, vous vous rappelez ? Ai-je abusé de la situation ? Est-ce que vous vous êtes sentie en danger ?
- Non, avoua-t-elle après avoir gardé le silence un instant.
Satisfait qu'elle reconnaisse au moins ça, Gunard sourit intérieurement.
- Alors vous n'avez rien à craindre Hava...vous êtes en sécurité avec moi.
Les mains jointes devant son ventre, ses yeux de perdirent sur le sol avant qu'elle relève la tête.
- C'est d'accord, je veux bien me baigner, accepta la jeune femme en tirant sur les lacets de sa robe.
Gunard déglutit difficilement jusqu'à en perdre ses mots. Mais très vite il se reprit et ôta sa tunique en profitant qu'elle soit tournée. Entièrement nu, il plongea dans la rivière en sachant qu'elle refuserait de se jeter à l'eau en le sachant nu.
Mais Gunard n'avait pas prévu qu'elle se retourne dans sa chemise blanche et qu'elle s'avance jusqu'à la rivière profonde avec le rire d'une petite fille émerveillée.
L'hésitation et la peur de se tromper se lisaient dans ses yeux d'or alors il s'approcha d'elle en se redressant dans l'eau et lui tendit sa main dans l'espoir qu'elle la saisisse.
Enfin d'elle-même...
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