Chapitre 16
Lorsque Hava ouvrit la porte dans l'espoir de trouver le jarl en personne elle ne s'était guère attendue à voir Gunard...
Hier, elle s'était littéralement enfuie après qu'il ait eu déclaré que lui seul pouvait la courtiser. Elle ignorait encore ce qui l'avait poussé à partir comme une petite fille apeurée.
Peut-être avait-elle eu peur de céder à ses avances...songea-t-elle en osant à peine le regarder. Et maintenant voilà qu'encore une fois elle devait lui faire face. Elle pouvait déjà sentir le poids de son regard sur elle.
- Oh...veuillez m'excuser mon seigneur je pensais que vous étiez seul, bafouilla-t-elle en s'apprêtant à refermer la lourde porte.
- Allons, nous en avions fini, puis-je vous aider Hava ? S'enquit Ivar d'une voix neutre.
C'était pourtant simple, Hava avait une requête à lui soumettre et espérait au fond d'elle qu'il ne la lui refuse pas.
Une nouvelle chambre.
La sienne était miteuse et le froid s'insinuait chaque nuit entre les murs de pierres abîmés. Elle avait froid et craignait la fièvre. À présent le problème qui se dressait devant elle était de devoir en parler devant le mari de celle qui lui avait attribué cette chambre froide.
Elle se racla la gorge, décidée à se lancer.
- Je souhaiterais vous émettre une requête et je...
- Vous n'êtes pas marié alors je suppose que cela ne concerne pas un divorce, coupa le jarl en levant sa main pour interrompre sa demande ; Aussi je suppose que Gunard peut s'en occuper je dois rejoindre ma femme.
Hava déglutit avec difficulté en regardant tour à tour les deux vikings.
Gunard acquiesça silencieusement sans la quitter des yeux. Le jarl la contourna pour quitter la pièce.
Alors un lourd silence tomba dans la salle avant qu'il ne saisisse son coude pour qu'elle entre et referma la porte.
Les doigts entremêlés, Hava ne savait plus comment se défaire de cette étrange et embarrassante situation.
- Ivar a raison, commença-t-il de sa voix sombre ; Vous n'êtes ni marié ni en demande de divorce alors quelle requête avez-vous à me soumettre ?
Une requête ! Gunard peinait à se contenir. La seule requête qu'elle pouvait lui soumettre était de quitter l'île, Gunard en était persuadé.
- Vous désirez partir ? S'enquit-il d'une voix rêche.
La jeune femme cilla en battant énergiquement des paupières.
- Non, je ne souhaite pas partir, répondit-elle en mettant ses mains dans le dos.
Impassible, Gunard la dévisagea longuement en essayant vainement de lire en elle. Rien. Son regard était difficile à décelé, en revanche sa respiration était erratique.
- Alors que voulez-vous Hava ? Demanda Gunard en se pressant pour combler l'espace qui les séparait.
- Je...j'espérais demander au jarl s'il était possible de m'attribuer une autre chambre, bredouilla-t-elle en se reculant à mesure qu'il avançait ; Celle que j'ai me convient certes mais le froid passe entre les murs abîmés et je...j'ai froid et...pourquoi diable avancez-vous vers moi avec cet air menaçant ?
Gunard se stoppa non sans ressentir un soulagement inouï s'emparer de lui.
- Parce que vous n'avez de cesse de reculer Hava...
Devant son sourire de mâle Hava se sentit rougir instantanément.
- Je recule parce que vous avancer !
Sans se départir de son sourire le viking parvint à la rendre prisonnière contre le mur de pierre. Hava fit alors tout son possible pour lui exposer son mécontentement. En vain, le viking la maintenait à son aise contre le mur, le regard subitement grave.
- Est-ce là votre requête ? Demanda le viking d'une voix grave.
- Oui, répondit-elle en se pinçant les lèvres ; Mais si ce n'est pas possible je me contenterais de cette chambre.
- Il est évident que je vais accéder à votre requête Hava, dit-il en se redressant ; Allons suivez-moi.
Hava exhala un soupir imperceptible et le suivit hors de la salle en espérant pouvoir survivre à cette proximité...encore une fois.
- Où se trouve vôtre chambre ? Questionna-t-il en pressant le pas.
Hava fronça des sourcils en étouffant un rire nerveux.
- Je pensais que vous le saviez, du moins l'autre jour j'ai crû que...
- Que quoi ? Coupa-t-il en se retournant pour lui faire face ; Que je vous espionnez ? Que chaque soir à la tombée de la nuit je rentrais dans votre chambre pendant votre sommeil ?
- N...non mais je pensais que depuis le temps vous saviez où je demeurais.
- Je suis au regret de vous dire que non, répondit le viking en plissant des yeux ; Alors Hava ? Où se trouve votre chambre ?
Hava eut peine à se ressaisir et lui indiqua l'étage. Honteuse et troublée elle passa devant lui afin de parvenir au plus vite jusqu'à sa chambre. Une fois devant elle tourna faiblement la poignée et dut usée de la force pour la pousser.
- Elle se bloque de temps à autre, expliqua-t-elle avec un sourire en coin.
Il examina la porte en jurant dans sa langue puis jeta un regard circulaire dans la petite chambre. De là une grimace déforma ses traits. Elle n'avait ni besoin de son avis et encore moins de pitié ! Elle rassembla le peu de biens qu'il lui restait en enveloppa le tout dans un paquet.
- Qui vous a attribué cette chambre ? Question l'homme en lui arrachant le paquet des mains.
Hava hoqueta en cherchant à récupérer son bien en vain...
- Votre femme, finit-elle par répondre en croisant les bras contre sa poitrine.
- Ce n'est plus ma femme, lâcha-t-il froidement.
Interdite, Hava releva la tête lentement pour cacher le trouble qui venait de s'emparer d'elle et lorsqu'elle croisa son regard, elle lut dans ses yeux une affirmation ferme et il ne semblait pas en souffrir.
- Que voulez-vous dire par-là ?
Sans un mot il passa le pas de la porte en allongeant son bras de façon à ce qu'elle le suive.
- Je viens de demander le divorce, Ena ne sera bientôt plus ma femme.
Hava cilla, incapable de réagir devant cette nouvelle qui lui figea le sang. Elle espérait qu'il n'ait pas fait ça pour elle ! Car si c'était le cas, Ena lui ferait sans aucun doute payer !
Sa tête se mit subitement à tourner.
- Mais elle est enceinte non ?
- Qui vous a dit ça ? Comment le savez-vous ?
Sa voix fut sombre si bien qu'elle préféra mentir.
- Des ragots courent souvent dans le château et celui-ci en particulier.
Le viking soupira en secouant de la tête comme si la situation commençait à le lasser.
- Elle n'est pas enceinte, ceci n'est qu'un mensonge.
Hava demeurait perplexe quant à sa réponse, mais ses explications semblaient rejoindre celles de Mena.
- En êtes-vous sûr ? Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?
Un rire plein d'amertume quitta ses lèvres, Hava se risqua à lever les yeux vers son imposante carrure et sentit son estomac se nouer devant sa grandeur qui n'avait de cesse de l'impressionner.
- Elle n'a pas désiré l'intervention de Nessa qui aurait pu lui apporter une grande aide, de plus nous savons tous qu'elle a tenté de la tué, alors quoi de mieux que de feindre une grossesse pour assurer sa survie ? Elle aurait probablement gagné du temps pour améliorer ses relations de façon à regagner la confiance du jarl.
Hava se pinça les lèvres nerveusement. Mena n'avait pas menti, en revanche elle s'était trompée sur un détail...
Il ne semblait pas en colère.
- Et cela ne vous attriste pas ?
Il arrima son regard dans le sien et elle put y lire une lueur indéchiffrable passer dans ses yeux.
- J'aurais été attristé si cet enfant aurait été né dans un mariage sans amour, sans confiance basé sur des mensonges et des tromperies.
Hava détourna la tête, gênée par cette déclaration qui laissait penser qu'elle l'avait trompé.
- Je tiens tout de même à vous exprimer mon chagrin d'apprendre votre divorce.
Gunard éclata de rire...un rire sans aucune saveur.
- Ne le soyez pas, à présent je me sens libre.
Libre...Hava aurait voulu en dire autant.
Elle le suivit dans un couloir basé sur les hauteurs du château jusqu'au fond du couloir.
- Je pense que celle-ci vous plaira.
Timidement elle attendit qu'il ouvre la porte et fut émerveillée par la chambre. Tout était parfait jusqu'à la finition des tentures sur les murs.
- Est-ce qu'elle vous plaît ? S'informa Gunard en leva sa main pour attraper une mèche de ses cheveux.
Elle ne semblait pas l'avoir sentie, trop occupée à admirer sa nouvelle chambre.
- Elle est vraiment magnifique, murmura-t-elle d'une voix presque émue.
Gunard glissa son index sur la mèche aux reflets cuivrés, le souffle court.
- Absolument magnifique, répéta Gunard d'une voix rauque.
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