Chapitre 14



Après l'intense instant qu'elle avait vécu dans la maison des bains avec Gunard, Hava avait regagné sa chambre pour rassembler ses esprits. Dans cette robe en coton qui lui serrait la taille elle avait l'impression de sentir l'odeur du viking partout sur elle. Ses doigts, qui avaient frôlés sa peau semblaient comme ancré sur elle. À quoi jouait-il ? Que voulait-il ? Tant de questions sans réponses.

Son esprit se perdait. Son cœur battait à la chamade. Et dire qu'elle devait se joindre au banquet organisé en l'honneur de leur retour. Son estomac se noua à la simple idée de se retrouver en face en face avec Gunard. Hélas, Idy ne lui donna pas le choix lorsqu'elle vint la chercher en lui prenant la main ne lui laissant guère le choix de refuser. Habituée à ce genre de banquet, Hava parcourut la grande salle des yeux et s'arrêta sur Mena.

- Pourquoi lui as-tu dit pour mes vêtements ? Demanda-t-elle sans préambule en s'approchant.

La femme viking esquissa un sourire étrangement satisfait, comme si elle était fière de son action.

- Tu ne croyais tout de même pas que j'allais rester muette devant cette cruauté ?

- Pour être tout à fait franche, je le pensais oui...

Mena haussa un sourcil et s'appuya conte la colonne.

- Tu ne voulais pas parce que tu avais peur d'avoir honte ou parce que Gunard l'apprendrait ?

Hava réprima une émotion particulièrement révélatrice sur ce qu'elle ressentait et haussa des épaules.

- Les deux sans doute...

Mena esquissa un sourire énigmatique et regarda par dessus son épaule.

- Gunard vient de pénétrer dans la salle, la prévint-elle d'un sourire amusé.

Hava se sentit rougir jusqu'à la racine de ses cheveux.

- Son regard se glisse lentement sur toi, commenta Mena d'une voix chantante.

- Mena arrête par pitié...

- Soyons honnête Hava, Gunard est férocement attiré par toi, personne n'est dupe ici.

- C'est faux il est juste...très aimable, bredouilla-t-elle en tortillant ses doigts nerveusement.

Mena pouffa de rire.

- Aimable ? Répéta-t-elle en levant un sourcil faussement stupéfait ; Gunard ne s'est jamais comporté de cette façon avec une femme.

- Il est marié Mena, lui rappela-t-elle à voix basse.

- À la pire catin qui puisse exister dans ce bas monde, répliqua Mena en prenant une gorgée de vin.

Hava déglutit avec difficulté.

- Sais-tu qu'elle lui a fait croire qu'elle était enceinte ?

Hava releva brusquement de la tête en manquant de vaciller. Ena, enceinte ?

- Pourquoi lui aurait-elle fait...croire une telle chose, c'est peut-être vrai, parvint-elle à dire d'une voix qui laissait paraître une grande déception...

- Ena était en grande difficulté après la bataille, elle savait qu'elle était dans le viseur de nôtre Jarl, il était près à la tuer pour avoir risqué la vie de Nessa et de son enfant, expliqua-t-elle d'une voix sérieuse ; Annoncer être enceinte lui permettait d'être sauvée, je ne suis pas dupe contrairement à certaines femmes.

Mena marqua une pause dans laquelle elle posa sa main dans son dos pour la guider jusqu'à la grande table.

- Elle n'a même pas exigé voir Nessa, la seule sage-femme de notre peuple et qui a mis au monde sept enfants depuis qu'elle est ici.

Hava se mit à réfléchir même si au fond...cela lui coûté.

Mena ne lui laissa guère le temps de réfléchir et reprit ;

- Je pense qu'elle lui ment, conclut-elle en posant son gobelet sur la table ; Je pense qu'elle sait que personne ne peut l'atteindre.

- C'est très grave Mena...

- C'est pire que cela Hava, poursuivit Mena en tournant sa tête vers Gunard ; Il rêve d'avoir un fils depuis tant d'années que je refuse d'être là lorsqu'il découvrira la vérité.

Hava sentit son cœur se serrer mais n'osa pas le regarder. Elle avait bien trop peur de revivre la scène intense qui s'était déroulée dans la maison des bains. Lui comme elle savaient que c'était un dangereux péché.

- Je préfère ne pas y songer, déclara Hava d'un soupir tremblant.

Elle s'entoura de ses bras en jetant un regard circulaire dans la grande salle. Tous semblaient ravis et joyeux, même son frère avait trouvé de la compagnie dans les bras d'une jeune fille qui riait à gorge déployé.

- Je suis ravi de vous voir parmi nous...

Hava fit face à Walrik et ne cacha pas la gêne qu'elle ressentait.

- Je ne pouvais guère raté une telle fête, lui répondit-elle en faisant les gros yeux à Mena quand elle disparut.

Walrik posa subtilement sa main sur la colonne pour l'empêcher de partir. Hava n'eut d'autre choix que de lui sourire pour paraître détendue.

- Vous êtes très belle dans votre robe, commenta-t-il en dardant sur elle un regard qui lui donnait l'impression d'être nue.

- Merci Walrik, appréciez-vous ce banquet ? Demanda-t-elle poliment en évitant la grande table maladroitement.

- Davantage maintenant que vous êtes là, répondit le jeune viking avec un sourire révélateur sur ses intentions.

Hava détestait ce genre d'homme, il lui donnait l'impression d'être objet que l'on pouvait s'acquérir sans vergogne. Voilà pourquoi elle fuyait les hommes.

- Wakrik, commença-t-elle d'une voix calme afin de ne pas attiser sa colère ; Vous êtes un jeune homme très charmant mais je crains devoir me refuser à poursuivre avec vous.

Le visage du viking se creusa subitement alors Hava s'empressa de poursuivre ;

- La raison pour laquelle je m'y refuse c'est parce que vous semblez ignorer les sentiments qui animent Fellyss.

Walrik se détendit soudain en fronçant des sourcils.

- Fellyss ? Répéta-t-il l'air abasourdi.

- Enfin, ne voyez-vous pas la façon dont elle vous regarde ? Êtes-vous si insensible à ses regards ?

Hava se mordit la langue pour s'empêcher de rire devant les rougeurs apparentes sur le visage du viking qui s'empressa de chercher la jeune Fellyss.

Celle-ci les regardait depuis bien trop longtemps. Elle baissa les yeux timidement tout en se détournant.

- J'ignorais....que...enfin elle comment...

Hava gloussa devant le malaise du jeune homme.

- En êtes-vous certaine Hava ? S'enquit-il d'une voix tendue.

Hava acquiesça.

- J'en suis sûre Walrik, le regard d'une femme ne trompe jamais.

Déstabilisé, le jeune viking se racla la gorge en partant dans sa direction avant de revenir sur ses pas pour prendre un deuxième gobelet qu'il offrit à la jeune femme.

Immédiatement le sourire de Fellyss raviva l'espoir du guerrier.

Heureuse et enfin libre, elle se laissa tomber contre la colonne en poussant un soupir de soulagement.

- Ainsi voilà votre méthode pour vous débarrasser d'un homme ? Lança une voix rocailleuse.

Surgit de nulle part, Gunard émergea de derrière la colonne, la main appuyé sur le bois.

- Vous les poussez dans les bras d'une autre ?

Hava sentit une chaleur noyer ses joues. Elle lui fit face, rejetant sa tête en arrière pour atteindre son regard d'acier. Il semblait amusé.

- Vous avez délibérément écouté notre conversation, lui fit-elle remarquer.

- Oui, avoua-t-il en haussa des épaules.

- Je ne l'ai pas poussé dans les bras d'une autre femme, je l'ai poussé dans les bras de la femme qui désespère d'attirer son attention.

- C'est très généreux de votre part Hava...

Elle fronça des sourcils, intriguée par la lueur qui perçait son regard dur. Elle aurait pu jurer qu'il semblait heureux de la situation !

- Pourquoi ai-je l'impression que cette situation vous ravi ?

- Parce que c'est peut-être le cas, répondit-il les yeux fixés sur son épaule...là où ses doigts s'étaient posés tantôt dans la journée.

Hava peinait à reprendre sa respiration. Il leva sa main pour poser son pouce sur son épaule. Hava réprima un sursaut, incapable de résister aux sensations qui s'emparaient d'elle.

Une flamme intense voilait le regard de l'homme qui riva son regard féroce au sien puis déclara ;

- Parce que peut-être ai-je le désir et le souhait d'être le seul à pouvoir oser vous courtiser...

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