Chapitre 12



" En êtes-vous sûr Gunard ? "

La question que lui avait posé Hava n'avait de cesse de le hanter alors qu'elle reposait non loin de lui, endormie sur sa couche. Il revoyait encore son beau regard se perdre sur lui avec cet air terrifié lorsqu'une tempête les avaient tous surpris. Le calme était à présent revenu mais pas en lui...

Une tempête de questions tournoyait dans son esprit à mesure que le drakkar se rapprochait de l'île. Ces deux jours passés avec Hava lui avaient confirmés ses craintes les plus secrètes. Gunard se sentait terriblement attiré par Hava et sa beauté naturelle. Il avait crû pourtant être fou lorsqu'il s'était aventuré à tenté de la connaître.

La rose sans épines était plus qu'une divine créature...elle était belle intérieurement. De l'autre côté de la côte se trouvait sa femme, celle qui avait délibérément torturé cette belle âme. À ce souvenir il serra ses poings sans quitter Hava du regard. Au fond de lui, il espérait secrètement que Gilan lui ait dit la vérité. Et si Ena n'était pas enceinte ? Et si tout ceci n'était rien d'autre qu'un mensonge ?

Lui qui avait toujours désiré avoir un enfant ressentait un goût amer lui prendre la gorge. Il se souvenait encore du sentiment qui l'avait saisi lorsqu'elle lui avait annoncé.

Jadis des années plus tôt, Ena était parvenue grâce à son charme à le séduire et Gunard avait décidé de s'unir à elle sous la pression persistante de ces hommes. En tant que chef des armées Gunard se devait de montrer l'exemple mais à quel prix ?

Gunard quitta sa sombre torpeur lorsqu'il entendit la jeune femme murmurer quelques mots inaudibles. Peut-être un cauchemar en avait-il déduis lorsqu'elle fronça des sourcils en s'agitant sur la couche.

Gunard glissa sa main dans la sienne et resserra ses doigts autour de celle-ci jusqu'à la voir disparaître. Tendrement au grès des ordres qui lui hurlait son esprit Gunard glissa son pouce contre sa peau afin de la calmer. Le calme revenu, Gunard exhala un soupir en songeant à leur retour sur l'île. Reverrait-il Hava ? Elle qui n'avait de cesse d'essayer de l'éviter ?

Était-ce possible qu'elle ressente du désir pour lui ? Même le plus infime ?

Désireux de lire en elle jusqu'à pénétrer son âme Gunard se fit la promesse de ne jamais lui permettre de s'échapper ou de s'éloigner. Il songeait même à lui faire promettre cette sombre décision.

- La tempête se dissipe, annonça Mena en passant sa tête dans la cabine.

Gunard tourna sa tête vers elle sans quitter la main de la jeune femme. Après tout il n'en avait que faire des commérages ou des rumeurs qui courraient depuis qu'elle avait partagé sa couche.

- Je te remercie de m'en avoir informé Mena, déclara Gunard le plus doucement possible.

- Est-ce qu'elle va bien ?

Gunard dévia sa tête vers Hava allongée sur le côté.

- Elle ira mieux quand nous serons arrivés, lui répondit Gunard en se tournant vers Mena ; C'était sa première tempête, je pense qu'elle a eu très peur.

Mena sourit en inclinant sa tête.

- Malgré tout j'ai le sentiment qu'elle a aimé ce voyage, laissa tomber Mena en lui jetant un regard mystérieux.

Gunard préféra ne pas se pencher sur cette confidence par crainte de se faire des idées. Il ôta ses vêtements trempés et usés par la tempête et enfila sa tunique. Volontairement, il ferma sa main en poing pour l'appuyer sur la couche et s'allongea près d'elle.

Une dernière fois.

Ses doigts le brûlaient littéralement...résistant tant bien que mal à la tentation malsaine de la caresser, de toucher son visage. C'était probablement la dernière fois qu'il pourrait être aussi proche d'elle et au lieu d'en profiter, Gunard ferma les yeux, dans l'espoir de trouver un peu de repos intérieur.

Au rythme de vagues, Gunard se laissa bercer mais ses yeux s'ouvrirent subitement quand elle remua contre lui innocemment.

Elle se roula sur le côté et se retrouva en face de lui, exposant son beau visage endormi.

Par la foudre de Thor ! Songea-t-il en se massa les tempes. Un soupir de plus de sa part et Gunard n'y tiendrait plus !

Le jour se leva rapidement et Gunard n'avait quasiment pas fermé l'œil de la nuit, trop occupé à contempler une femme qui ne serait jamais sienne...

- Nous arrivons ! Enfin ! S'écria Mena.

Hava se lissa les cheveux nerveusement tout en s'éloignant de Gunard avant qu'ils atteignent le pont.

L'implacable viking était à l'avant du bateau, pressé de regagner ses terres. Ceux restés sur l'île s'étaient regroupés en criant avec triomphe leur retour.

Impatiente de quitter le Drakkar et la présence dangereuse du guerrier, Hava s'avança sur le côté et aperçut Ena, les bras croisés, le regard fixé sur son mari et semblait feindre la joie de son retour.

Au moment où elle posera son pied sur la plage, Hava savait qu'elle n'aurait plus de protection et qu'elle serait livrée à elle-même.

Une masse géante de vikings se formèrent sur le sable mouillé et cette vision lui fit froid dans le dos.

- Je vais vous aidé à descendre, déclara Walrik surgit de nulle part.

Hava réprima un hoquet et le dévisagea un instant avant d'accepter son aide. Gunard n'eut d'autre chose que de se montrer de marbre devant cette scène qui le fit bouillonner intérieurement. Walrik âgé de vingt-deux ans tenant dans ses bras la belle Hava. Tous ses efforts pour la maintenir éloigner d'eux n'auront servis à rien. L'impétueux Walrik faisait preuve de courtoisie pour la séduire. Rageusement, il sauta hors du bateau, la vision obscurci et ne put s'empêcher de la regarder se démener pour quitter les bras de Walrik.

- Bienvenu Gunard ! S'écria Haakon en lui tapant l'épaule ; Comment s'est passé ton voyage.

- Bien, grogna Gunard le regard ancré sur Hava.

Gunard s'arracha à cette scène et se tourna vers la foule pour y trouver Ena...toujours joliment vêtue de parures.

- Ravie de ton retour mon époux, déclara-t-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour poser un baiser sur sa bouche ; Néanmoins, j'aurai aimé en être informé.

- Il n'était pas prévu, et je suis certain que tu es parvenue à compenser mon départ par quelques amusements n'est-ce pas ? Hasarda Gunard avec froideur.

Ena éclata de rire.

- Je me suis ennuyée, lui dit-elle en esquissant une moue.

- Navré femme...

Brutalement, Gunard la contourna pour aller saluer Ivar. Au même instant, Hava rejoignit le château rapidement pour se réfugier dans sa chambre. Elle poussa un gémissement de dégoût en essuyant sa joue...là où Walrik l'avait embrassé tout en baladant ses mains sur son corps.

Elle ouvrit la porte lourde de sa chambre et s'agenouilla près du coffre pour prendre du linges propres. Ses cheveux étaient abîmés par la mer et le sel quant à son corps, Hava avait l'impression d'avoir été roulé dans du fumier.

Mais Hava oublia le bain dont elle rêvait quand elle découvrit avec horreur tous ses vêtements déchirés par la lame d'un couteau.

- Non...

Des larmes de désespoirs lui montèrent aux yeux. Elle sortit d'une main tremblante toutes ses robes qui tombaient en lambeaux à mesure qu'elle les sortait.

La colère se mêla à son chagrin mais elle ne pouvait rien y faire. Son ancien statut d'esclave ne lui permettait pas de réagir.

- Hava ? Tu as oublié...

Mena s'arrêta au seuil de sa chambre en dévisageant ses robes avec consternation et incrédulité. Hava chassa ses larmes et se releva pour échapper à une énième humiliation.

Elle put compter sur le silence de la femme viking et sur la grande sagesse qui se dessinait sur ses traits. Elle se contenta de poser son sac sur son lit et quitta sa chambre.

Hava se laissa tomber sur le lit et fouilla dans son sac pour prendre l'unique chemise qu'il lui restait...

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