Je dégage ma frange et asperge de l'eau sur mon visage. Il y'avait un grand miroir dans la toilette de l'hôpital. Dernièrement, le nombre de filles qui se maquillent devant lui a augmenté. Toute la gente féminine est agitée, prise par une folie nommée Docteur William.

Elles lui ont même trouvé un surnom, "Chat doux ". Chat parce qu' il est beau, froid et griffe comme un félin. Par contre le mot "Doux "n'a aucune place , je l'ai remplacé par "Noir " . Le chat noir, un abruti au premier degré , un enfoiré qui vient directement des ténèbres. J'irai jusqu'à le qualifier de démon , le plus méchant d'entre eux .

J'approche mon visage du verre et m'analyse. Si je me regarde, c'est pour vérifier que j'ai bien appliqué mon maquillage et que je ne risque pas d'être reconnue. J'ai tellement œuvré pour paraître différente que mon vrai visage me semble étrange. Plus je m'observe et plus je découvre des nouveaux détails .

Les cernes au-dessous de mes yeux à la couleur de miel, mon nez avec ses tâches de rousseurs plus marqués par le soleil de l'été. Je passe une main et caresse ma joue, touche la commissure de mes lèvres légèrement entrouvertes. Je me demande à quoi ressemble un baiser? La sensation des lèvres d'un homme sur les miennes. Ça fait longtemps que j'ai eu ce genre de sensations. Ces idées me téléportent à son portrait. Le fait que j'ai pensé à lui dans ce contexte me surprend, j'ai la nausée. Jamais lui, cet enfoiré .

J'ai fini ma garde et je ne l'ai heureusement pas croisé depuis trois jours. Tout de même, Je ne cesse d'avoir des signes de sa présence .Il n'y eu aucun externe ni d'ailleurs interne sans se faire grogner par lui. Beaucoup des larmes ont coulés et certains sont même traumatisés .

Avec ce tempérament de tonnerre, il trouverait facilement une place dans l'armé. Il a mené ses études générales en même temps que sa spécialité. C'est bien grandiose, les études de bases étant déjà difficiles à gérer. En passant par un groupe de ces fans, je les ai entendu dire qu'il aurait 30 ans . Pour ça, elles l'avaient cherché sur les réseaux sociaux et des qu'elles réussirent à le trouver , les invitations s'enchainèrent . Il n'a accepté aucune.

Résumons, un génie issu d'une famille riche avec un physique d'athlète et un visage de Dieu . Il a tout pour nous regarder d'en haut et surtout l'ensemble clichés des choses que j'exècre.

J'enlève ma blouse et la remplace par une chemise rose quadrillée. J'applique un hydratant sur mon visage et mes mains, un léger glosse et ajuste mes cheveux. J'enlève un livre de mon sac à dos et le remplace par la blouse. J'ai le même sac depuis cinq ans . Il a certe perdu ses couleurs mais reste encore en service . J'évite d'aller dans ma cachette à chaque fois qu'il est possible alors pour les cours à la faculté, je me change ici. J'avais des boules de riz qui restaient de la veille, elles me serviront de déjeuner.

💊💊💊💊

J'ai eu 4h de physiologie cardiaque. Bien plus détaillée que celle du premier cycle. J'ai perdu le fils du raisonnement à un moment. Il va falloir que  je révise bien.  Le professeur devrait quitter pour un congrès médical.Il a donc condensé les cours et survolé des chapitres. On ne s'ennuie jamais avec lui.

Je pousse la porte du restaurant en soupirant. Ma deuxième journée de la semaine au travail. Quel psychopathe m'attendra ce soir ? Le ciel répond à ma question et mon regard tombe alors sur lui . Je me plaque, surprise ,contre le mur, une main sur ma poitrine. Mon coeur bat, je ne me suis pas déguisée avant de venir ici. Il va me reconnaître à coup sûr.Je fais glisser légèrement ma tête pour vérifier s'il s'agit vraiment de lui. L'aura noir qui l'entoure ne trempe pas.

<<Merde! >>

Je savais que je devais arrêter de travailler ici, je le savais! Si je suis exposée, avec lui, c'est foutu. Déjà qu'il est ce qu'il est à l'hôpital, il détruira toute la réputation que je me suis forgée et la faculté me mettra à la porte . Tout mon effort ira en l'air et je serais le clown de l'année . Je suis assez fragile pour supporter tout ça. J'oeuvre en cachette, l'exposition me tue.

<<Natie? >>

Je sursaute et regarde derrière moi. Le patron.

<<Qu'est ce que tu fais là ? Arrête de perdre ton temps et dépêche toi, tu es déjà en retard!>>

<<Patron....je .. je >>

Je bégaie alors que tout mon corps tremble. Il porte un Shirt bleu surmenté d'une veste rose. Une veste,c'est ça !

<<Grouille toi ou je te ...>>

Je l'attrape par l'épaule et le secoue ,de ma haute taille, je le vois se figer. Il arrête de macher son chewing-gum et me toise pétrifié.

<<Patron passez moi votre veste .>>

<< Pourquoi? À quoi tu joue petite! >>

<<Il y'a une personne qui me connait, je veux l'utiliser pour me cacher. >>

Il me regarde de haut en bas et grimace. Je vous jure qu'il avait l'air plus femme que moi. Il prend ma main et me la rend.

<<Je vais trancher ça de ta rémunération >>

Je fronce les sourcils, ce connard. Il fait tout pour m'énerver. Une nouvelle stratégie qu'il adopte pour que je démissionne de mon propre gré.

<<C'est injuste !>>

<<Si si , notre revenu a chuté depuis que t'es venue.>>

Il ne se fiche que des profits, les pourritures qui m'ont harcelés sont plus importants que moi. Dès mon enfance, j'ai grandi en me sentant inutile et indésirable. Comme si les humains n'ont plus aucune valeur. Un monde de matérialiste dirigé par les plus  ingrats et avares .

<<Faites ce que vous voulez et passez moi la veste. >>

J'entoure ma tête avec le tissu rose, mes yeux clignent à travers un espace libre. Je lui jete un coup d'oeil , il manipulait son téléphone .Je profite donc de son instant de distraction. L'air ridicule, j'avance en rentrant la tête dans les épaules telle une voleuse . Je trébuche puis me rattrape difficilement. J'ai senti son regard me suivre avant de littéralement courir et m'engouffrer dans le vestiaire. Je tombe sur Pino qui hurle comme une sirène. Les mains serant un soutif contre sa poitrine.

<<Natie ! Mon Dieu!  Tu m'as effrayé. Qu'est-ce tu fais , on dirait un crapaud rose !>>

Je mets ma main sur mon coeur pour le calmer, j'ai échappé belle.

<<Oh , désolée!  Tu vas bien? >>

<<Bien, tu fuis qui comme ça? >>

Elle monte des longues chaussettes striées blanc-noir. Je vérifie ma case horrifiée. Non! Pas cette tenue!

<<Ne me dis pas que nous allons nous ridiculiser avec cette tenue de lapin encore une fois! >>

<<C'est très cute!  Natie, arrête de te plaindre. Les costplays te vont bien. >>

Elle ris en fermant sa zipe, je l'aide pour la complèter .Elle depose deux oreilles de lapins sur sa tête , aussi fière qu'une reine lors de son couronnement  .

<<Tu dois sourire, tu feras moins peur. La dernière fois, tu ressemblais plus à un sanglier sauvage qu' à un chiot! Tu travestis les déguisements .>>

Je roule les yeux. J'enlève mes habilles un par un et lorsque j'arrive à ma chemise, je lui demande de tourner la tête. À la place, elle ouvre grand ses yeux me rendant toute rouge d'embarras.

<<Je suis une fille comme toi, t'as peur de quoi?  Par hasard , tu n'es pas Le...>>

<<Non! Je n'aime simplement pas me déshabiller devant les autres .>>

J'enfille ma robe blanc-noire au style du "Coffee Maid " , j'opte pour une perruque rouge. Je complete le tout par des gants blancs et les oreilles de lapins. Ridicule.

<<Pourquoi? >>

<<Je sens que je suis vulnérable et qu'on peut lire en moi. >>

<<Je ne comprends pas >>

<<N'essaie même pas>>

Je la regarde et souris. Elle traverse la porte que je lui ai ouverte en tournant sa tête de gauche à droite, je la ferme après avoir sortie à mon tour.

<<Clara va bien? >> chuchote-t-elle

Je repond à voix basse.

<<Elle est en forme >>

<<Salut la pour moi >>

<<Entendu>>

J'ai été demandée par un employé . Je pose le diagnostic de dépression et commence à pratiquer mes cours de psychiatrie sur lui. Au lieu de le consoler, mes nombreuses questions mélangées à l'alcool l'ont fit pleurer. J'ai galéré a lui faire regagner son calme. Il m'a donc raconté toute sa vie jusqu'à titiller ma migraine.

Quant à William, il ne faisait que m'obsever en évitant mon regard. Entouré de ses flammes, brûlantes, il avait commandé la compagnie de Pino. Elle fut grillée de peur et de passion. Il était resté des heures à me regarder jusqu'à me rendre complètement dingue de colère. J' étais sur le point de lui demander d'arrêter mais le patron était à ma trousse .

Pourquoi, bon sang, était-il revenu? Je pensais qu'il avait eu une mauvaise impression de cet endroit. Le Ô grand Docteur William ne devrait pas se trouver dans un lieu pareil. Où est son fichu honneur pour lequel il m'a sermenté la dernière fois? Est-ce pour me faire payer mon insolence ?  

Il a enchaîné les cafés jusqu'à une heure proche de la fin de mon shift. J'étais heureuse qu'il ait enfin parti mais la peur qu'il revienne m'hante déjà. Mon client n'était pas uniquement déprimé mais aussi maniaque. Je l'ai découvert vers la fin lorsqu'il s'est mis à rigoler sans raison. Il est donc rentré heureux et mon patron était satisfait.

Je me demaquile et quitte le lieu de mon travail. On m'avait charger de jeter la poubelle. Je me dirige vers ma bicyclette,la lumiere de la porte projetait mon ombre.  Je me baisse pour ajuster mes baskets .Une sillouhaite me surplombe. Dans mon dos,  j'entends une voix métallique qui me glace sur place.