Le Ball se tient à la faculté. Les étudiants devraient pour une soirée transformer le gigantesque bâtiment en blanc et bleu en une salle à danser, à manger, de jeux et bien d'autre façon créative pour entretenir les invités.

Dans un silence époustouflant je gigotais dans ma tenue inconfortable , en position assise, elle remontait au point de déranger ma pudeur.

Je réfléchissais.

Captivée par les couleurs qui se confondaient sous la vitesse inouïe du véhicule. Le soleil commençait à se coucher laissant pour une dernière fois voguer ses rayons rouges.

Le ciel était entrain de changer ses habilles, désormais un voilet brûlant pour accueillir sa maîtresse , la lune . Et sous le vent humide et chaud du crépuscule, les êtres humains vivaient, respiraient.

Ces derniers temps, je ne suis plus fidèle à mes principes . Je m'étais juré de ne me préoccuper que de mes problèmes, les autres n'étaient en aucun moment dans ma liste mais...

Je me trouve , pour une raison quelconque, concernée par Sandra et d'un autre côté Clara. Enfin William qui me tourmente depuis que je suis devenue consciente de sa présence.

Ce qui me perturbe et m'énerve le plus, il a seulement suffit d'un mois pour que je me retrouve dans cet état équivoque , un moi qui ne me correspond pas.

Tous les interrupteurs de mon cerveau sont éteints .

Je ne vois que lui, cette lumière inatteignable et outrageusement cachée derrière une montagne d' obstacles.

S'il me voyait ce soir, il a certainement vu plus jolie, penseras-t-il que je suis belle? Voilà le genre de questions idiotes qui me passent par la tête.

J'ai même commencé à me maquiller, à vouloir mettre des vêtements neufs, plus féminins . Mais ma pauvreté ne me le permet pas . Pour la première fois de ma vie, j'ai commencé à me comparer surtout à Yenica et à ensuite me dévaloriser et me prendre pour un déchet.

_Sandra. T'as déjà aimé? Je quitte enfin ma bulle pour ne pas sombrer dans une dépression avant une fête. C'est mon premier ball alors autant en profiter.

_Oui . Une fois.

Les fenêtres étaient fermées pour ne pas éparpiller nos coiffures . J'avais son visage de profil, atonique et indéchiffrable.

_Quand ?

_Au lycée. On était en terminale.

_C'est comment? Ça fait mal d'aimer ?

_T'es amoureuse ?

Je soupir.

_T'as soupiré, t'es amoureuse. Elle déduit avec un sourire curieux.

_Tu n'as pas répondu à ma question. Je l'évite .

Elle me regarde avec des yeux arqués me rappelant Hisoka dans hunterxhunter. Et comme ce personnage d'animé , ma camarade est une damnée capable de vous faire dire la vérité.

_Narie! Elle s'écrie et je bouche mes oreilles

_Pourquoi tu cris bon sang!

_Narie si je te parle de ma vie amoureuse, on devient des amies? Des vraies?

Depuis notre première année, elle ne cessait de me renouveler sa proposition. Je ne l'ai jamais prise au sérieux car je n'ai pas pu voir la sincérité qui me pique les yeux en ce moment même . Son visage brillait. J'avais le sentiment que j'étais la méchante en la repoussant toutes ces années.

Mais pourquoi, pourquoi moi? Où avez-vous vu une personne insister autant à devenir votre amie avec zero fierté sans vous méfiez?

_Sandra, je vais être sincère avec toi.

Je ne peux plus lui sortir mon non habituel car je lui dois au moins des explications ou des vraies excuses. C'est pourquoi autant que ma robe serrée ,mon visage revêt une mine sérieuse.

_J'aimerai accepté vonlotier ton amitié mais crois moi. J'ai un passé et des secrets qui te feront changer d'avis. C'est pourquoi tout ce temps, je n'ai pas pu te considèrer comme une amie. Parce que moi même je peine à m'accepter.

_Je sais, je sais tout ça. Si je te dis que tu comptes pour moi, tu me croirais ?

_Je ne vois pas pourquoi je compterai pour toi? Sincèrement, je ne te comprends pas et tes demandes répétitives m'inquiètent.

Elle racle sa gorge nerveuse.

_Narie...

Elle prononce mon non avec une accent étrange.

_Tu te rappelles pas de moi non ?

_Tu délires?

_Il y'a 6 ans. La fille sur la rivière. Tu t'en souviens?

Les énigmes coule dans le sang de cette famille.

_Un soir avec la tempête de neige. La fille qui voulait se noyer.. Tu te souviens? Elle continue rêveuse.

_Tu m'avais sauvé. J'avais commencé à atteindre le fond et il faisait très froid. Tu n'as pas hésité à me prendre la main. Même si j'ai débattu. Même si ce jour là je voulais mourir.

Elle sourit chaleureusement en plongeant ses yeux dans les miens. C'est alors que les cris, l'eau froide, et la jeune fille toute trempée me revint comme une foudre à l'esprit.

Elle pleurait, grelotait, son visage bleu et ses cheveux plaqué la dessus ne me permettait pas de distinguer ses traits.

C'était le premier jour que j'avais quitté l'orphelinat. J'avais trouvé un refuge sous le pont. On a failli crever ensemble ce jour là. J'avais froid et j'avais nul part où aller.

_C'était toi ,L'idiote de la rivière ? Je m'exclame

Elle sourit.

_Enfin! Tu me reconnais ?

_Bon Dieu! Je pensais que t'étais morte! Tu t'es évanoui immédiatement .

_Tu as appelé l'ambulance pour moi mais tu t'es sauvée sans te laisser traiter. Pourquoi? Je t'ai cherché partout!

Je m'effondre sur le siège et respire trillée . Elle sait que je suis une sans domicile! Je me fige.

_ Dès que je t'ai vu à la fac, je t'ai reconnu. Depuis, j'ai toujours souhaiter être ton amie, Narie.

Elle tremble en attendant ma réponse, je remarque qu'elle est aussi stressée que moi.

Je garde mon calme sans trop savoir quoi dire .

Ses mains allégent leur prise sur le volant avec une expression triste.

_Je comprends .T'en fais pas, après le Ball , je te laisserai tranquille.

Ce n'est pas ce que je veux, je ne sais pas ce que je désire même. Si elle sait ce que je suis , si même après ça elle veut de mon amitié. Alors moi aussi, je veux une amie à qui je ne cache rien .

Je la regarde frissonner.

Et si comme l'amour je donnais la chance à l'amitié?

Cette situation me rappelle le jour que William m'avait pris dans sa voiture et de comment il a réussi à me calmer par un câlin. Je sens encore sa chaleur, son parfum, sa voix. Au moindre de ces souvenirs, mon coeur part dans un rituel et enflamme mon être.

_Sandra je dis avec une voix douce.

Je me debrouille pour atteindre l'autre partie du siège et la prends délicatement dans mes bras. Je ne sais froutement pas ce qui m'a pris pour faire ça. Je dépose ma tête sur son épaule alors que son petit et pulpeux corps se rigidifiat.

J'étais émue. Toutes ses années, t'as été à mes côtés. J'étais égoïste.

_Devons amies . J'aimerai vraiment devenir ton amie .

Je lui murmure pour implorer son pardon.

_Merci.

Je l'entend renifler avec une voix tremblante . Lorsque je m'apprête pour lever la tête et vérifier qu'elle ne pleurait pas pour une chose aussi banale, elle me serre et m'etouffe contre sa poitrine .

_Peux tu garder mon secret?

_Jusqu'à la tombe.

Je la sens sourire. Je suis émue. Hah. Je renifle pour ne pas laisser mon nez couler aussi .

Une chaleur m'englobe,je n'ai pas peur d'être vulnérable et d'être vu sous mon vrai jour . Au contraire,je me sens en sécurité. C'est tellement agréable.

Comme d'habitude, je vois le visage de mon professeur surgir de nul part.

J'omets un battement en me remomerant de sa réaction lorsque je l'ai pris dans mes bras , il s'était littéralement figé comme Sandra tout à l'heure. Ça veut dire quoi ?

Je tourne ma tête de droite à gauche en bredouillant .

_Ça ne veut rien dire. Te fais pas des idées! M'échappe.

_Quelles idées ?

Je vois ses gros yeux quitter leurs orbites .

_Rien! Absolument rien ! Je rougis.

_Narie admets-le t'es amoureuse!

_Non !

_Oh si si ! C'est clair, t'inquiète c'est normale d'avoir l'utérus frustré à cet âge .

_Sandra arrête avec tes grossièretés !

Elle rit alors que je voulais seulement disparaître de la surface de la terre.

_Tu veux savoir mon histoire? Tu m'as demandé si ça faisait mal d'aimer.

Je confirme par un geste.

_Bah prends un couteau et plante le dans ton coeur. Ça fait une putain de douleur!

_Vous avez rompu?

_Non. On n'a jamais été ensemble de toute façon. C'était à sens unique. Mon meilleur ami, il ne m'a jamais considéré comme une femme même si j'ai fini par lui avouer mes sentiments.

_Il t'a répondu quoi?

Je me sens soudainement concernée comme si ça allait m'arriver .

_Il a coupé nos liens et m'a simplement ignoré comme si je n'existe pas. On était amis d'enfance, on a grandi ensemble mais sous la petite demande de sa copine, il m'a abonné.

_Cet enfoiré! Je crache .

Elle sourit en guise d'un merci.

_C'est du passé maintenant. Je veux William chéri dans mon lit pour me consoler.

J'avale ma salive de travers et tousse.

_Dans ton lit ?

_On fait un plan à trois?

J'ai la dévisage bleue de dégoût.

_T'es dégoûtante Sandra !

_Alors il est pour moi seule , ne le regrette pas!

_Pourquoi t'es comme ça? Tu étais plus réservée il y'a pas longtemps.

_Je vais profiter au maximum. On ne sait jamais quand nous allons mourir. Elle formule avec la même tristesse inhabituelle.

_Qu'est ce qu'il y'a? Je dis perplexe.

Elle sourit péniblement et contemple à travers le vitre en face d'elle . Après un instant de silence qui ne faisait que m'angoisser ,elle ouvre sa bouche.

_J'ai un kyste de l'ovaire . On va m'operer à la gynéco quand vous irez à la caravane médicale.

Je soupir de soulagement.

_Sandra, tu dramatise. Je pensais que t'avais une tumeur au cerveau et que t'allais vraiment mourir!

On éclate de rire.

_L'opération n'est pas dénudée de risque. Elle lève les épaules naïvement . Une fole envie me prend de lui pincer les joues mais je m'arrête en voyant que nous sommes déjà à la faculté.

Nous nous regardons et avalons nos salves nerveusement .

_Narie, le plan, n'oublie pas.

_C'est idiot je grogne en deverouillant la portail.

_C'est mon dernier voeux de mourante.

_Drama Queen!

_Dis Narie.

_Quoi ?

_T'es amoureuse de qui? Elle me surprend.

_Je suis amoureuse d'un Médecin.

_Tu vas finir par cracher le morceau. Elle cligne son oeil. Sans insister , nous allons vers l'entrée.

Je me suis faite une amie, une, qui ne sais pas encore que je suis une saleté délaissée par ses parents et que je vis avec l'homme qu'elle veut séduire .