Chapitre 16:Papillons

« Narie ,viens par ici.. »

On m'attire vers le bas, j'ai eu le temps de comprendre que c'est l'une des folies de Sandra. On se trouve alors cachées à espionner son prof et futur mari.

Yenica s'était littéralement jetée sur lui, ses bras entouraient la nuque de William. Ils s'embrassaient avec fougue au point de me donner la nausée.

« Tu connais cette idiote? Mon Prof chéri! Comment ose-t-elle? »

Sandra était toute rouge, prise par un sentiment qu'elle seule sait. Quant à moi, j'avais le cœur lourd comme écrasé par une main invisible.

« Sandra, il a quelqu'un tu dois arrêter d'être obsédée par lui. »

« Tu ne comprends rien Narie, j'ai dépassé l'obsession. Je vais étrangler cette fille et l'enterrer à l'amphi. »

Je la regarde comploter, engloutie dans un halo sombre et glacial avec un sourire de vilains sur le point de conquérir le monde.

« Tu me fais peur Sandra.. »

Ses dents s'affichent alors qu'elle serre les mains.

« Aides moi, on réussira à deux ! »

« À trois c'est mieux ajoute une voix dans notre dos. »

On tourne la tête, prises au flagrant délit.

« Docteur David! »

Il était assis sur ses jambes et caché comme nous. C'était ridicule de monitorer la vie privée des autres.

« Qu'est-ce que vous faites ici » je questionne en même temps que mon amie.

Il nous bloque la bouche et étouffe tous nos autres questions. Il avait le menton posé sur ma tête et fixait les deux amoureux avec la même surprise. Enfin pour ne pas nous achever par manque d'oxygène, il nous lâche .

« Shut ... »

« Mais qu'est-ce que vous faites ici » reprend Sandra en chuchotant .

Même dans cette situation, je suis contente de le voir. Il est un type sympa et facile à vivre contrairement au chat noir et je l'apprécie beaucoup.

Ses yeux bleus descendent sur nous , un énorme sourire étire ses lèvres. Il est beau.

« Je suis là pour voir mon cousin mais il semble qu'il est occupé » annonce-t-il avec une voix taquine.

« Votre cousin!? » Je m'exclame . Bien-sûr, ça ne doit pas me surprendre. Ils sont venus ensemble à l'hostel quand j'ai rencontré William pour la première fois.

Je ne réalise pas que ma main avait glissé et perdu son appuie. J'entends le son d'un tissu qui se déchire avant de tomber à renverse sur mon arrière. J'émets un petit cri et attire Sandra dans ma chute, cette dernière s'agrippe au docteur David. Bientôt, nous nous trouvons par terre dans une position inconfortable, entassés l'un sur l'autre. Et au-dessus de tout, le pantalon de la tenue de Sandra avait lâché , j'avais un joli trou sur le milieu des fesses.

Magnifique!

« Qu'est-ce que vous foutez là ! » Il écarte Yenica et se dirige vers nous à grands-pas . Sa compagne avait le visage réchauffé et respirait amplement. Elle semblait excité. Après un tel baisé avec William, sa réaction est normale . Je détourne les yeux à sa vue. Une rage inexpliquée monte en moi, dans cette état, elle était belle, excitante, sexy. Cette Yenica . Tous ce qu'un homme désire, contrairement à moi .

<<Salut cousin! Tu m'as manqué alors comme tu ne viendrais jamais me voir, j'ai décidé de te visiter. >>Je suis reconnaissante que David aie pris la parole.

Cependant, William semblait vouloir avoir une réponse de ma part. Il avait ses yeux d'aigles ancrés dans les miens et sa colère était palpable. Je n'aime pas quand il me regarde ainsi , je n'aime pas l'idée qu'il puisse me haïr. Comment regarde-t-il Yenica?

Son ombre nous couvrait, ses cheveux d'ébène pendaient sous l'effet de la gravité.

Ne me regarde pas quand je suis dans mes mauvais états. Mon esprit le supplie .

« David, c'est quoi ce bordel que tu viens de foutre? Que fais-tu au-dessus de mes étudiantes? »

Il s'arrête en réalisant la réalité puis poursuit .

« Vous étiez en train de nous espionner? »

« Vraiment? Ce n'est pas gentil les petites » s'adresse Yenica en notre intention avec un sourire malicieux.Je sens le poids de Sandra et David quitter mon corps. Je ne veux pas me relever. Ils vont tous voir le trou, je suis pathétique.

« Je m'appelle Sandra, interne en 6ème année et vous ? » Interroge mon amie avec des yeux flambants , elle tend une main vers Yenica. On sent le défi.

« Yenica, résidente en CCVT . Votre camarade me connais. » Elle me sourit mais je l'ignore royalement. Je ne l'aime pas .

« Je m'appelle David, neurochirurgien et le cousin de William. » S'empresse d'ajouter le médecin, heureux de sa rencontre.

Je suis restée à me relever graduellement. Un mélange d'émotion faisait ses marées dans mon être. Je me sentais à l'écart, humiliée et rien du tout.

« Enchantée docteur David. Ravie de faire votre connaissance. »

« C'est à moi le plaisir, belle demoiselle. »

Oui , elle est belle, intelligente. Et moi...

Pourquoi je me compare à elle? Ça n'a aucun sens. Elle avait toute l'attention des présents. Je peux calmement me retirer sans qu'on me remarque et aller rapidement à la Salle de staff. Au contraire, je devrais la remercier pour la distraction qu'elle est ..

Enfin, c'était ce que je pensais. William avait toujours son attention accrochée à moi. Il ne branchait pas, m'analysant dans toute mon intégrité avec son regard intense et profond. Mon cœur n'a jamais été si affolé et frustré par un être humain. Pourquoi ? Avait-il compris que j'étais en détresse?

Je voulais qu'il ignore ma présence alors pourquoi continue-t-il à balader sa vue sur moi?

Il s'abaisse à mon niveau. Je me fige en constatant la proximité de son visage.

« Ça va? » Sa voix magnétique et inquiète provoque des frissons sur tout mon organisme. Je le regarde consternée.

« Mademoiselle Steadman, vous êtes toute pale. » Murmure-t-il . Je vois ses fines et roses lèvres se mouvementer, elles étaient gonflées par le baiser de tout à l'heure. Il avait effectivement compris. Quelqu'un d'aussi froid comme lui était finalement capable de décerner les émotions des autres ?

Je cligne les yeux pour voir Clair et instinctivement, je m'approche de lui.

Protège-moi échoe une faible voix dans ma tête.

Je m'arrête à côté de son oreille et lui murmure mon problème, le mal qui m'a atteint. Je le supplie à me secourir.

« William, aides-moi. Je ne peux pas me relever car... » j'hésite.. Ses traits deviennent dures. « Mon pantalon est déchiré, ils vont me voir. J'ai honte. »

« Ah .. »réplique-t-il non sans gêne avant de me prendre par la main. Il me relève sans effort et enlève rapidement sa blouse pour la déposer sur mes épaules. Elle était grande pour me couvrir jusqu'aux genoux.

« Que y'a-t-il ? » questionne David alors qu'une expression inquiète animait les visages des deux autres filles.

« Narie, ça va ,t'as quoi ? »

« Rien, mademoiselle Sandra, je lui prête ma blouse. Vous n'avez pas besoin de savoir pourquoi » prévient fermement mon sauveur.

« Tant que ça va » insiste le neurochirurgien et je le gratifie d'un sourire rassurant. J'enfile la large blouse de mon professeur, son parfum m'inonde, intriqué avec une légère odeur d'hormones masculines. Je sens des papillons virevolter dans mon estomac.

« Merci, professeur » . Ma voix était tremblante, je cours vers la salle de staff sans attendre la réponse des autres.

Que m'arrive-t-il? Merde!

💉💉💉💉💉

« Sandra. Viens voir , t'en penses quoi? »

Cet après-midi, je suis allée avec Sandra pour notre séance de shopping.

Elle écarte les rideaux et pénètre dans le cabinet d'essayage. Elle pose les mains sur ses hanches et me décortique de la tête aux orteils. Je stresse.

« Non, ça ne te va pas du tout! On dirait une mamie des années 30 avec ces dentelles. Et puis ton teint  halé ne sort pas avec la couleur rouge. »

Je roule les yeux. Ça fait deux heures qu'on traine d'un magasin à l'autre et 10 robes déjà essayées. Elle avait toujours un commentaire à faire. La cérémonie d'au revoir aux internes se tiendra ce weekend et je suis en train de me procurer une robe de soirée pour la première fois de toute ma vie .

« Essais celle-ci » Elle me passe une robe beige avec une ceinture maronne sur la taille. Les manches sont courtes et transparentes. Le dos est exposé sur sa moitié supérieure avec un fin nœud qui se noue sur la nuque. Elle tombait exactement à hauteur de mes genoux.

« Je pense qu'elle est un peu exposée , non? »

Je la prends et la tourne dans tous les directions.

« Non, la mienne est pire. Je pense qu'il faut te mettre une robe de la même couleur que tes yeux . Tu seras un soleil et Read ne prendra jamais ses yeux de toi. Il sera captif de ta beauté. »

Mes joues deviennent roses. Elle a dit Read mais toutes mes pensées sont virées sur William. Je secoue la tête pour l'oublier. Ces idées parasites n'ont pas de places. Pour lui je suis Eulma, sa sœur. Pense à Read.. Il n'allait pas bien aujourd'hui. J'espère qu'il regagnera vite la morale.

« Tada tada ! » Je sors du cabinet et fais un tour sur moi-même comme une princesse.

Hah,princesse, moi?

« Je te l'avais dit non? T'es magnifiques Narie! »

Elle me fait un clin d'œil et nous rigolons .

Je lui avais expliqué pourquoi son prof chéri m'avait passé sa blouse. Elle avait peté un câble pour deux raisons. La première était comment j'ai osé lui parler sans gêne de mon trou sur les fesses et la deuxième le trou lui-même car c'était comme même sa tenue.

Elle m'en a pas voulu pour longtemps, toute sa haine était pour le moment canalisée sur Yenica . Elle lui avait même donné un surnom. Yersenia ,le nom d'une bactérie qui donne la diarrhée .

Son obsession m'inquiète. Elle est allée jusqu' à élaborer une stratégie. William pour elle ne doit jamais appartenir à Yersenia. Soit il se mariera d'elle soit de moi. Elle veut que l'une de nous deux le possède.

J'ai la chair de poule car elle le traite comme un objet et que je suis déjà dans ses calculs. C'est pourquoi notre destination après le shopping sera chez elle là où nous devons réfléchir à comment réaliser cet objectif, le lieu où les plus dangereux des complots vont naître.

« Allons-y Narie, nous avons un lourd travail à accomplir. » Balance-t-elle avec determination.

Je soupire et la suis par force.

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