Chapitre 15: Le souffle

« Pardon, quel est votre nom » je demande à la patiente.

« Rana . » Je souris et elle me répond. Sa force me surprend, même dans un tel état d'insuffisance cardiaque claire, elle arrive à sourire. À me sourire? Je suis touchée et je peux déjà sentir que je vais rapidement m'attacher à elle.

« Rana, pour éviter toute interférence avec les bruits de votre cœur, pouvez-vous arrêter quelques secondes de respirer. » J'explique. Aussitôt,elle bloc sa respiration.

« Merci, vous pouvez respirer maintenant. »

Elle prend une grande bouffée d'air puis me gratifie d'un large sourire. Mon cœur se réchauffe. Je sens que je n'ai plus peur de rien car pour elle, je dois trouver la bonne réponse.

J'ai remarqué qu'elle avait le battement rapide, je mets deux doigts sur son poignet tout au long du trajet de son artère radiale. Effectivement. Puis à l'approche du bon diagnostic, je baisse son collet pour accéder à son cou. Je m'y attendais! Je souris, c'est ça!

« Mademoiselle Narie, pouvez-vous nous faire part de votre de découverte? »

Je pose mes yeux sur la source de la voix, mes lèvres montent la pente de mon visage.

« Il s'agit d'un souffle diastolique au foyer aortique irradiant aux carotides, stade 3 . Les autres foyers sont libres. C'est une insuffisance aortique et non un rétrécissement. » Dis-je fièrement.

Le calme fut installé dans la salle. Le médecin sort les mains de ses poches et les croise. Il incline légèrement sa tête tandis que son aura se dissipe lentement. Dans cette posture et avec les jambes écartées, il était extrêmement viril, totalement envoûtant.

« Comment? Pouvez-vous nous expliquer? » ajoute-t-il avec un regard encourageant comme s'il savait que je détenais les bonnes informations.

« Tout d'abord j'étais sur le point de conclure la même chose que mes camarades. Puis j'ai remarqué que la patiente présentait une tachycardie. Il est difficile dans ce contexte de préciser si le souffle apparaissait en diastole ou en systole. Il suffit de palper le pouls , la systole coïncide avec un battement or le souffle survenait après. On est donc en diastole, au foyer aortique. »

Je pivote vers la patiente et montre l'artère palpiter sur son cou . « Une dancing carotide. C'est une insuffisance aortique évidente » Je clôture avec enthousiasme.

Je voyais mes camarades prendre des notes sur ce que j'ai expliqué. Je me sens au ciel.

« Bien. C'était aussi simple que ça. Retenez une chose. Lorsque vous auscultez un souffle, la constations est subjective. » Il pointe son indexe

. « De un : Faîtes attention au piège d'une tachycardie ou d'une quelconque arythmie et de deux vous êtes médecin! Regarder le patient dans sa globalité, vous trouverez des signes qui orientent votre diagnostic! »

Je prends un stylo et note ses remarques en or sur mon bloc note et les souligne en fluo.

« Mademoiselle Steadman, la patiente est à vous. Je vais l'opérer à 10h . La visite près anesthésique lui a été déjà faite. Consultez son dossier, vous allez assister à l'opération. »

« Très bien » je réponds en redressant mon dos.

« Faîtes-moi une liste de vos chambres et de votre roulement de garde . »

« .... » Personne ne réplique.

« Je ne vous entends pas ! »

Oui professeur! » Nous hurlons.

« Bien. »

Nous terminons la visite rapidement et à chaque fois, il nous posait des questions dont on avait souvent tord y compris moi. Son humeur jouait l'accordéon entre satisfait et mécontent. Je pense que je peux m'adapter à lui. On apprend à la manière dure mais sûre.

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Il est 9h45 . Je suis dans la merde car je ne trouve pas ma tenue de bloc dans mon sac. Je savais qu'il y'avait quelque chose de manquante! Malédiction! Que dois-je faire.

Je lâche mon sac et accoure vers Sandra.

« Sandra! J'ai pas ma tenue de bloc! »

Elle m'analyse alors qu'un malicieux sourire étirait ses lèvres.

« Dommage! »

« Dommage quoi! Passe-moi la tienne. »

Elle était assise sur une chaise et lisait les bilans de ses patients. Des dossiers en bleu pour les hommes et en rose pour les femmes étaient entassés sur la table près d'elle. Je n'ai pas fini de consulter tous mes patients et je compte en continuer après la chirurgie de Rana .

La salle de staff dans laquelle nous étions est large, les murs sont blancs et une énorme table ronde servait d'un champ de bataille scientifique à chaque réunion.

Les réunions ont lieu deux fois par semaine et alors lors de la présentation de dossier de garde, l'externe doit se tenir au fond pour affronter les questions de ceux qui se croient plus intelligents , les regards et critiques d'au moins 30 personnes. Ils sont tous médecins, infirmiers, techniciens et bien-sûr la panoplie d'externes de , internes et résidents. Généralement, il y'a une collaboration entre l'unité de chirurgie cardiovasculaire et la pneumologie, la traumatologie thoracique et l'oncologie.

Je tressaillis, fébrile d'excitation. N'est-ce pas les élites qui se réunissent dans cette salle? Et j'ai le privilège de les voir en action et les assister. Mais avant tout, je dois gagner la guerre contre Sandra.

« Narie, tu penses qu'après ma défaite je te laisserai gagner le cœur de mon~ Prof cheri~ en te sauvant? »

« Défaite? »

« Tu as trouvé la réponse. La prochaine fois ça sera moi ! »

Son visage devint écarlate et ses narines se dilatent comme celle d'un cheval.

« Bien-sûr. Je n'ose pas voler ce qui t'appartient! Il est tout à toi! » J'essaie de l'amadouer . Je m'en fiche de lui après tout...je crois.

« Pas si facilement. Tu dois faire ce que je t'avais demandé. » Lance-t-elle après avoir regagné son expression faussement sérieuse. Je soupire.

« Sandra. Tu sais que c'est difficile. »

« Rien d'impossible sur terre. Tu n'as qu'à la glisser dans la poche de sa blouse ou sa cartable. Enfin peu importe, il faut qu'il voit cette lettre. »

« Ce n'est pas une simple lettre. C'est une déclaration d'amour à la limite un harcèlement! »

« Les filles de la promotion étaient claires. Qui es-tu pour t'opposer à ce consensus de sages ?! »

Elle se lève et fait sortir sa tenue de bloc et la lettre en rose décoré par des gros coeurs rouges et outrageusement parfumée.

« Vous n'êtes pas normales! Il suffit de l'inviter à la cérémonie des internes. On n'a pas besoin de tous ces bisous, on-vous aime-vous-adore, notre chère charmant-envoûtant-séduisant professeurs . Tous ces blablas stupides ! »

« Tu n'as rien à foutre de nos blablas espèces d'asexuelle! Tu ne peux pas comprendre! »

Elle devient terrifiante sans prévenir. J'avale ma salive et tente de faire un choix.

« Alors, tu préfères un stage invalide ou tu vas accomplir ce pourquoi tu existes? »

« Tu es une tarée! »

« Et j'en suis fière ! »

Je prends la tenue en bleu et l'enveloppe rose. Je vois un sourire triomphant creuser son visage chelou. Et c'est parti pour l'un de ses fantasmes.

Je m'habille non sans galérer. Moi et elle avons la morphologie différente. Je suis grande de taille avec des rondeurs alors qu'elle est ronde et mignonne. J'ai réussi à entrer dedans mais c'est serré. Au moindre mouvement, on pouvait voir la peau de mon abdomen. Je sentais une plus grande tension sur mes seins et les fesses. Honteux!

Je croise Read sur mon chemin, j'aurai pu emprunter sa tenue à la place. Je le vois me détailler un moment avant que ses délicates pommettes ne tournent en rouge. Je voulais le saluer mais il semblait vouloir m'éviter. Ai-je fais une erreur sans le savoir?

Au bloc, je fais la connaissance des infirmiers et des résidents. Rana était déjà anesthésiée et son corps nu se trouvait allongé sans vie sur le lit. Les éclairs la surplombaient, ses poumons respiraient artificiellement, les bruits des machines résonnaient dans la salle aux murs blancs.

« Écarte-toi . » Une voix magnétique résonne dans mon dos. Je me tourne pour tomber sur mon professeur dans une tenue stérile et mains humides dans l'air. Je le laisse passer. Il était suivi d'une jolie rousse.

« Passes-moi les gants » m'ordonne-t-il mais avant que je ne les atteigne, la rousse les lui tend .

« Merci » dit-il en hésitant. C'était bien à moi qu'il a demandé les gants ou je me trompe?

« L'interne . »

« Oui. »Je rétorque.

« Je m'appelle Yenica. Résidente en 4 ème de CCVT . Enchantée . » Annonce la rousse m'hypnotisant non seulement de sa beauté mais de sa gentillesse aussi. « J'espère que tu aimes le sang car il y'aura plein aujourd'hui. »

Je souris.

« Je m'appelle Narie, interne en 6eme année. J'aimerai faire la CCVT comme spécialité alors je n'ai aucun problème avec le sang. »

À ma phrase je sens le regard de William me sculpter brièvement avant de m'ignorer pendant toute l'intervention chirurgicale.

Je le regardais agir dans la subtilité la plus majestueuse, ses doigts savaient manier le bistouri, les fils de sutures très fins. Les sang de Rana coulait dans des énormes tubes de circulation extracorporelle . Son cœur était inerte.

Une magie de la science, celle qui arrête votre cœur, le soigne en une caresse puis vous ramène à la vie. J'étais impressionnée, captivée par lui, cet homme qui avait le visage si concentré, calme et gracieux.

Après 3 heures sans relâche, Rana fut mis en salle post opératoire, saine et sauve. Désormais, son cœur se rétablira doucement et la santé lui reviendra.

Je note la procédure sur le dossier et m'apprête à quitter. Mes jambes sont engourdies. Je jette un dernier coup d'œil à mon professeur et constate qu'il m'observait avec insistance. Il détourne son regard lorsqu'il croise le mien. Ça veut dire quoi ça? Pourtant je sens les battement de ma poitrine s'élever. Pourquoi je virevolte à cause d'un simple regard ? Voulait il me dire un truc ?

Je n'y pense pas longtemps, et me dirige vers notre salle de staff quand une voix m'intercède.

« Narie.. viens par ici ».

CCVT*:chirurgie cardiovasculaire et thoracique

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