Chapitre 1:L'interne
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Je marchais en baillant dans les couloirs blancs de l'hôpital. Le détergent et l'alcool surchargeaint l'air.
Sur les bords, les accompagnants des patients faisaient les milles tours , la tête baissée et doigts enchevêtrés. Devant la porte du bloc opératoire, un chirurgien muni d'un tablier bleu , d'un calot et dont le visage totalement dévoré par un masque s'avance.
À sa vu l'anxiété monte , les membres de la famille se dirigent vers lui le souffle coupé.
J'avance ,pas très curieuse à découvrir la nouvelle que le chirurgien s'apprête à annoncer. Il fera suivre ses excuses et doléances par des explications aux termes médicals qui lui donneront un semblant de pertinence.
La passion fiévreuse au début du cursus médical s'envole vite. Le premier décès d'un patient nous bouleverse toujours puis lorsque les tragédies s'enchaînent, on apprend à s'en détacher. La seule chose qui m'effraie c'est de manquer à mon devoir et ce pourquoi je m'acharne jusqu'au bout, parfois indifféremment .
Je passe devant la chambre d'un patient qui m'interpelle pour le débarrasser de la tubulure d'une perfusion tarie, le sang avait commencé à remonter.
Je souffle et m'exécute, ses remerciements n' aidaient pas à ma morose humeur.
J'étais Fatiguée, irritée . je viens d'assister à un transfert médicalisé des urgences d'un patient en choc septique suite à une péritonite stercorale. Ce dernier, père de famille et pris par ses responsabilités avait t négligé les symptôme d'une tumeur du colon . Bien sûr fallait-il qu'il vienne au stade de complications , le colon dilaté en amant d'une tumeur surinfectée avait explosé dans l'abdomen du patient laissant ses anses baigner dans des matières fécales.
je passe le salut aux personnels du bloc opératoire , laissant le relais au réanimateur et chirurgien . Le taux de survie d'une telle pathologie est quasi rare , et même si le cadre aigu est passée , sa maladie l'emportera dans les quelques mois qui suivent .Non , les quelques jours , la panoplies des complications post opératoires n'epargnent surtout pas .
il faisait 5 heure du matin , c'était le dernier patient que j'ai eu aux box des urgences . Je suis interne en première année de la médecine d'urgence , chaque garde me fait toujours regretter mon choix .
J'erre dans les couloirs infinis, sans but précis . je ne pouvait pas dormir , à une telle heure , les patient sont rare mais ceux qui viennent sont des bombes imprévisibles .
J'insère le croissant que j'avais acheté hier dans ma bouche et pilote mon téléphone. Une goutte de larmes quitte le coin de mon œil tandis-que je m'étire lacement.
Je portais ma tenue de bloc, un assorti de tissu bleu. Une blouse blanche ouverte au-dessus et dont les poches contiennent un cahier de note, des stylos et marqueurs fluorescents. On peut trouver aussi des gants que j'avais utilisé la veille et que j'ai gardé par paresse.
Mes sabots cognent sur le sol en marbre, le reflet des lampes en néons m'irrite. Une de mes gardes les plus infernales.
Quarante-huit heures d'affilées sans mettre le nez à l'extérieur de ce bâtiment. Une dose toxique de caféine et d'antalgiques coulaient dans mon sang. Je suis raide, stressée et assaillie par des courbatures .
Les battements dans mes tempes prévoient une migraine qui m'empêchera de me reposer en ma post-garde.
Je soupire et crève pour un nouveau verre de café. Je me retiens en sentant les battements de mon coeur fouetté par l'anxiété .
Une anxiété qui devient pathologique , je me réveille avec des nausées, une gorge nouée sans en identifier une cause évidente.
Je m'accoude au cadre d'une fenêtre et observe le paysage mélancolique de la ville sous la pluie . Les rues sont désertées, l'orage se déchaîne.
Une sensation de peur m'envahit et s'en prend à tout mes sens . La nature m'époustoufle sans faille, j'admire cette grandeur qu'elle dégage .
Je décide de faire un dernier check-up sur les malades avant la visite.
L'agent de propriété , matinal comme toujours me salut et je lui réponds par un signe de la tête avec un sourire qui tombe aussi vite que l'éclair qui me fait sauter.
Un bienveillant rire arque ses vieilles prunelles.
_Mademoiselle Steadman , Comment ça va ?
_À merveille comme vous le voyez. Je pointe mes horribles cernes et ajoute. Juste un peu fatiguée et vous ?
_Bien merci . Vous étiez de garde hier ?
_Oui .
_Très bien . Eh bah tout à l'heure monsieur Louis avait quelques propos bizarres , je me suis dis qu'il ne va peut-être pas bien .
Je mords une lèvre en remplaçant le peut-être de sa phrase par sûrement.
_Merci .Je vais aller vérifier , passez une bonne journée !
_Vous aussi !
j'accélère les pas, inquiète et dés que j'ouvre la porte de la chambre , je suis stupéfaite par la vision .
_Merde ! Non ! Non ! Non !
Les échos de mes pas battent rapidement pour atteindre le souffrant.
_Louis! Louis !
Sa main pendait sur le bord de son lit. Comme tout son corps, elle était secouée par des contractions, se fléchissait et se relâchait. Ses yeux sont renversés , sa tête déjetée et il mâchonnait sa langue.
<<....>>
Je n'ai eu aucune réponse. Sa respiration stertoreuse indiquait l'encombrement de ses voix aériennes .
Il convulsait et c'est mal !
Louis a 25 ans , il est amené ici suite à un accident de la voie publique au décours d'une soirée arrosée . Un traumatisme crânien sévère avec une perte de connaissance initiale, et une belle fracture déplacée du tibia. Il est resté au déchocage par manque de place en neurochirurgie .
Le scanner fait en urgence était revenu normal alors après réduction de sa fracture désormais plâtrée et stabilisation de ses fonctions vitales, je l'avais gardé pour surveillance. Et bingo, salutations aux complications .
<<Elena! Une ampoule de valium, à la chambre 6 ! Louis convulse!>>
Une voix endormie résonne en un "tout de suite "de l'autre bout et je lâche le bouton.
Je mets le patient en position latérale de sécurité pour l'empêcher de faire une fosse route, déboutonne sa chemise. J'écarte tout objet possible de blesser .
Je l'observe dans cet état, pensive.
Que s'est-il passé? Seigneur !
Il allait bien deux heures auparavant.Selon un raisonnement lucide, je parviens à toucher au diagnostic le plus probable.
Mon cœur se sert .
Je cherche mon téléphone nerveusement et le fais sortir d'une poche puis tape sur le numéro du neurochirurgien en charge aujourd'hui. Un type que j'apprécie bien .
<<Oui, Allô >>
<<Docteur David, j'ai une urgence venez vite >>
<<Je viens de me servir un verre de vin rouge. Ça peut attendre un peu? >>
<<du vin ? Rouge? >> je bégaie
<<Oui rouge, je ne suis pas partisan du vin blanc, je n'en ai jamais repris depuis la première fois que je l'ai goûté .Mon dieu, c'était une horreur !>>
Il prend une gorgée et soupire d'extase.
<<t'en veux ? C'est bien pour la digestion.>>
<<Digestion à 5h du matin ? >>Je bégaie étonnée. J'avale ma salive et aborde immédiatement le sujet.
<<Un hématome extradural installé en deux heures. Le patient convulse . >>
<< T'as une image au scanner?
-Non
-fais un scanner puis appel moi
Cet attitude des médecins des autres spécialités à temporiser le tout m'irrite , je serre le téléphone.
Je fais un saut rapide et analyse les pupilles de Louis. L'une était dilatée . Mes yeux tremblent dans leurs blancs quand ils se posent sur le scope. Sa tension artérielle jouait l'accordéon. Elle montait à des chiffres graves puis chutait brutalement. Je tremble, ma voix aussi.
<<Il a une mydriase gauche, sa tension artérielle est instable. Je crois qu'il ...>>
<<Merde! >> j'étends sa voix retentir. <<J'ai taché ma blouse ! >
<<Le patient engage , docteur! >>J'insiste.
<<Oui,oui j'arrive. Ca n'empeche ,propose le à une TDM cerebrale >>
Il souffle puis raccroche .
Je reste un instant à regarder au ralenti le jeune homme agoniser. Ses mouvements de lutte, sa respiration bruyante, les bruits des machines me renversent l'estomac.
Je maintiens mon calme difficilement.
Elena arrive avec un plateau et une seringue remplie de valium. Je me précipite vers elle et prends le médicament.je décapuchonne sa voix veineuse puis lui injecte progressivement le produit.
Les contractions cessent, ses yeux se plafonnent, se referment et il mouille son lit. Temporairement .Il recommence à trembler et cette fois ci malgré une deuxième dose valium . un état de mal épileptique, réfractaire .
Ce n'est plus qu'une question de temps. Il fit transféré au bloc opératoire, là où le neurochirurgien l'attendait. J'ai la très mauvaise habitude de m'agiter face à une urgence .
À chaque décès, je suis prise de panique et de remords maladifs. J'allais donc me sanctionner en me surchargeant de gardes ou de bouquins parce-que les jours suivants je suis hantée de cauchemars. Je suis une incapable et ce n'est pas à quoi j'aspire.
Je déteste quand une personne qui a placé tout son espoir en moi meurt devant mes yeux.
_Il est coriace ce Louis, il va s'en sortir Narie. Ne t'en fais pas! Nous sommes arrivés à temps. lance Elena en remarquant mon malaise.
Je souffle et plonge mes mains dans les poches de ma blouse froissée. Un triste sourire étire mes lèvres .
Je suis arrivée à la conclusion que les humains sans exception sont les vrais démons. Un cancer qui détruit la terre et qui ne cesse de se répondre avec méchanceté, orgueil et arrogance.
Cependant, les malades sont différents. Ils sont l'éloquence d'une souffrance et d'une douleur. C'est eux qui me ressemblent le plus.
<<Tu veux dire en retard? >> je dis
<<Un peu moins en retard >>
Elle dépose une main sur mon épaule. Son léger sourire ne me contredit pas .
Le soleil s'est levé, et je suis en proie pour toutes sortes d'hostilités qui sévissent dans l'hôpital . Ce côté noir que la blouse blanche réussit parfaitement à camoufler n'est moins éprouvant qu'une jungles infestées de monstres et d'hiérarchie.
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