Chapitre XXX : Visite chez Polyussica

   Nous toquâmes à une porte, et une voix éraillée hurla :

— Quoi ?

— C'est moi ! m'exclamai-je. Je suis accompagnée !

— Entrez !

   Nous l'écoutâmes, entrant dans la vieille maison de bois de Polyussica. Jellal retira sa capuche, et nous observâmes la vieille femme aux cheveux roses s'affairer dans ses potions. Quand elle se retourna, elle observa mon petit ami attentivement avant de rire franchement :

— Alors voici l'heureux élu... Je m'en doutais, bien sûr, mais on ne sait jamais... Ah, Jellal, je n'aurais jamais crû que tu réussirais à te lancer... Qui sait si notre demoiselle n'aurait pas tourné la page...

— Je ne pense... commença Jellal.

— Chut, on ne me répond pas.

   Je lui souris malicieusement et approchai de Polyussica qui me demandait :

— Alors ? Des problèmes ?

— Non, aucun. Tout se passe bien.

— Quels symptômes ?

— Parfois, j'ai mal à la poitrine... Le matin, nausées et vomissements. Je suis très sensible. De temps en temps, j'ai chaud, ça me provoque des sueurs...

— Tout est normal. Maintenant, on va regarder ça de plus près... Viens là ma grande ! Quand j'y pense, je t'ai vue la première fois quand tu avais dix ans, pour ton œil, et là, je te revois dix ans après, enceinte... Ah, que les enfants grandissent vite...

   Je la rejoignis vers un lit de soins, et elle me tendit un vêtement de patient blanc... Elle m'expliqua :

— Déshabille-toi. Ne garde que ton soutien-gorge.

— Donc, même ma culotte...

— Oui, oui, oui !

   Un peu gênée, je retirai mes sandales et ma robe, mis le vêtement après que Polyussica ait tâté ma poitrine, légèrement douloureux par ailleurs, puis mon ventre, et fis glisser mon sous-vêtement sur le sol. Jellal regardait ce petit ménage, amusé. Je lui lançai un regard noir avant de m'allonger sur le lit... Elle s'exclama :

— Allez Erza, on écarte les jambes !

— C-C'est gênant... bafouillai-je en le faisant tout de même.

— Voyons Erza ! Si tu es intimidée par ça...

   J'implorai Jellal du regard qui vint s'asseoir à côté de moi pour me prendre la main. Polyussica, elle, avec ses gants blancs, observait et tâtait sous le vêtement qu'elle avait soulevé, en murmurant des "c'est normal". Elle en termina enfin, et je me dépêchai de me rhabiller tandis qu'elle nous demandait :

— Vu la situation de Jellal, j'imagine que ce bébé n'était pas... prévu ?

    Nous acquiesçâmes. Elle ajouta :

— Vous souhaitez vraiment le garder ?

— Moi, oui... répondis-je. Je tiens à lui... Après, j'ai dû convaincre Jellal... Lui aussi le veut, mais comme vous le dites, vu sa situation, c'est un peu impossible, donc il ne souhaitait pas prendre ce risque...

— Je vois... Comment comptez-vous procéder à sa naissance ?

— On ne sait pas... On y réfléchit, mais on n'en sait rien... J'aimerais aller à Crime Sorcière, mais Jellal pense que ce ne serait pas bon pour la discrétion de la guilde, moi et le bébé.

— Il n'a pas tort... Dans une guilde clandestine, ils doivent être discrets... Et un bébé pleure... De plus, se cacher... Ce ne serait pas bon pour lui. Vous avez d'autres idées ?

— Erza avait pensé à aller dans la prairie, dans une maison, loin des autres, mais je préfèrerais qu'elle soit près de ses amis.

   Polyussica était bien embarrassée... Elle tâta doucement son menton après avoir retiré ses gants, et elle finit par nous déclarer :

— Il va falloir que vous réfléchissiez bien à ce qu'il faudra faire, car à la moindre ressemblance, on soupçonnera directement Jellal comme étant le père. Erza pourrait être arrêtée d'avoir une relation avec un criminel... Franchement, vous auriez dû vous protéger... acquiesça-t-elle finalement. Vous n'auriez pas été dans ce pétrin...

— C'est vrai...

— Mais j'aimerais maintenant vous parler de la grossesse.

   J'acquiesçai en me rasseyant sur le lit. Elle nous expliqua :

— Vous devez savoir qu'une grossesse est assez dure... Eh bien, pour Erza, ce sera pire...

— Pardon ? m'étonnai-je. Qu'est-ce que j'ai ?

— Ne t'inquiète pas, calme-toi...

   Je me tus, attendant ce qu'elle avait à me dire. Elle me répondit calmement :

— Tu es une magicienne très puissante, Erza... Jellal aussi... Je vous laisse imaginer le potentiel de votre bébé...

   Un peu surpris, nous acquiesçâmes. Elle continua :

— Donc, ce sera une grossesse assez dure... D'ailleurs, à partir de sa naissance, il faudra faire très attention à votre bébé étant donné qu'il détiendra un énorme potentiel... Cela pourrait être dangereux pour lui... Très dangereux...

— Comment ça, dangereux ? questionna Jellal.

— Trop de magie pour un si petit être...

— Oh...

   J'acquiesçai simplement, prenant peur... Je lui demandai :

— Comment éviter ça ?

— Il faudra l'initier à la magie très jeune... Il faut qu'il sache la contrôler, sinon, qui sait ce qui pourrait arriver...

— Mais à un nourrisson... On ne peut pas...

— Il ne sera capable d'utiliser la magie qu'à ses deux ans, environ... Vous serez tranquilles jusque là.

    Je soupirai, soulagée. Je revins alors sur le sujet :

— Mais vous avez dit de faire attention...

— Oui... S'il est trop fiévreux, vous me l'emmènerez, je m'en occuperai.

— Je vois... Merci beaucoup Polyussica...

— Oui, un grand merci à vous de nous guider...

— C'est normal, sourit la vieille dame. Maintenant, passons à l'épreuve de l'accouchement...

— Douloureux ? la questionnai-je, sourcils froncés d'appréhension.

— Plutôt, oui... Mais tu es une femme forte, et vu tous les combats que tu as menés auparavant, cet accouchement ne devrait pas tant te faire mal...

— D'accord...

— Avant l'accouchement, tu viendras ici plusieurs fois pour que tu saches comment faire le jour où tu le feras vraiment... Il serait d'ailleurs préférable que ton garnement de copain soit là les fois où tu t'entraîneras pour lui aussi savoir quoi faire.

— Vous nous donnerez les dates en avance et je serai présent, acquiesça mon "garnement de copain".

— D'accord.

— Et donc, quand tu seras sur le point d'accoucher, quelques jours avant, tu resteras chez toi, avec Jellal.

— On ne vient pas ici ? m'étonnai-je.

— Oui, nous avons beau être dans la forêt, il vaut mieux que tu sois dans une chambre chauffée et agréable. Pour une vieille femme comme moi, l'endroit est plus que convenable, mais pour une femme qui accouche...

   Elle secoua la tête de droite à gauche, puis elle reprit :

— Quand tu perdras les eaux, Jellal viendra et m'emmènera... Il me semble qu'avec Météore, tu es très rapide, n'est-ce pas ?

— Oui.

— Et donc, tu accoucheras dans ta chambre... Est-ce que ça vous convient à tous les deux ?

— Oui, répondîmes-nous en chœur.

— Dégagez maintenant ! J'ai des choses à faire !

— D'accord, merci pour tout, au revoir !

   Nous la saluâmes néanmoins de la main, et nous partîmes rapidement de chez elle avant qu'elle ne nous tape avec son balai. Il me demanda tandis que nous marchions dans les bois, l'un contre l'autre :

— Alors, qu'est-ce que tu en penses ?

— Rassurant... Mais pas trop...

— Bien ce que je pensais... acquiesça-t-il. Ne t'inquiète pas, tout se passera bien, j'en suis certain... me sourit-il.

— Je veux bien te croire... murmurai-je en l'embrassant sur la joue.

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Voilà voilà !


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