Chapitre III : Ratée...
Quelques instants plus tard qui furent bien longs, nous nous quittâmes doucement en souriant. Il s'assit sur le canapé et je le rejoignis en me collant à lui. J'observais nos jambes se toucher, satisfaite.
Je fis mine d'être fatiguée : je me forçai à bailler et je laissai ma tête se déposer sur son épaule. Je le sentis légèrement sursauter avant que ses bras ne m'entourent. Je l'enlaçai à mon tour et nous restâmes ainsi, l'un contre l'autre pendant plusieurs minutes. Il ne faisait rien d'autre ? J'avais déjà fait un grand pas...
Cette fois, je m'osai de m'asseoir sur ses cuisses, en amazone. Il semblait surpris ; mes yeux chocolat continuaient de le fixer passionnément, attendant qu'il fasse le premier pas. Évidemment, mis à part continuer de me regarder dans les yeux, il ne faisait rien.
J'entourai son cou, cette fois, et mon regard glissa furtivement sur ses lèvres bombées que je rêvais d'embrasser. Jellal semblait toujours autant étonné ; il finit par me demander d'une voix peu assurée :
- Tu es fatiguée ? Si tu veux, je peux partir, tu sais...
- Non, ce n'est pas ça, répliquai-je avec un calme divin.
- Alors qu'est-ce qu'il y a, Scarlet ? m'interrogea-t-il en passant une mèche de cheveux derrière mon oreille.
- Quelque chose...
Je voulais vraiment que ce soit lui qui fasse quelque chose, mais il ne semblait pas de cet avis-là. Moi, la célèbre Titania, la célèbre reine des fées ; j'étais connue pour ma force, pour mon courage, pour les nombreux combats que j'avais gagnés. Mais contre Jellal, j'avais autant de chance de perdre que de gagner cette partie de sentiment. S'il ne le souhaitait pas, nous ne pourrions pas nous aimer.
Celui-ci me proposa :
- Tu veux que l'on revienne à la guilde ?
- Mes amis doivent s'inquiéter, donc oui.
Je sautai de ses genoux, bien malgré moi, et laissai ma veste exprès ici. Jellal, lui, prit la sienne et la rajouta sur la noire qu'il avait gardée. Nous sortîmes ensemble de Fairy Hill ; je remarquai pendant que nous descendions les escaliers :
- Hé, mais tu n'as pas le droit d'être ici ! Non seulement c'est réservé aux membres de Fairy Tail, mais plus particulièrement aux femmes !
- Je le sais bien mais j'avais envie de te voir... De toute façon, tu es la seule du bâtiment je crois bien ; toutes les autres sont à la fête.
- Oui...
Lorsque le froid s'attaqua à moi, je le montrai en caressant mes bras nus - ma robe étant un bustier - , et ce, bien contre ma volonté. Jellal le remarqua comme je l'avais prédit :
- Tu dois avoir froid comme ça... Tu veux ma veste ?
- Ça ira, non merci, répondis-je, frustrée.
Zut, zut, zut et re zut ! Il était censé me prendre dans ses bras pour me réchauffer ! Quel idiot... Mais s'il n'y avait pas pensé, il ne devait pas en avoir envie, non ? Je ne savais pas... C'était pourtant illogique vu qu'il m'aimait. Enfin, je crois...
Une douce chaleur m'entoura : il m'avait posé sa veste sur les épaules. Il me demanda :
- Là, ça va mieux ?
- À peine, mentis-je en faisant mon regard le plus pitoyable possible.
Il sembla surpris ; quelques instants plus tard, il m'enlaça doucement, comme s'il avait peur que je ne m'échappe, ce que je ne ferai pas. Satisfaite, je passai mes bras autour de sa taille et je posai ma tête sur son thorax chaud et musclé. Je m'y sentis mieux, tellement mieux... Il me déclara alors :
- Tu sais Erza, j'ai compris ton petit stratagème.
- Pardon ?
- Tu sais aussi bien que moi de quoi je parle... Dois-je te rappeler que je te connais sur le bout des doigts ?
- Jellal...
- Erza, je suis un fugitif. Tu le sais ça, non ?
- Évidemment.
- Alors pourquoi t'entêtes-tu à vouloir...
- À vouloir ?
- À vouloir être avec moi...
- La réponse est pourtant simple...
- Dis-moi...
- Non, je n'en ai pas le courage. J'ai peur.
Oui, je ne m'en étais rarement aussi inquiétée, de ces tremblements, de ces pieux qui me perforaient l'estomac, de ces imaginations pessimistes de ce qu'il pourrait arriver si jamais je lui avouais mes sentiments. Je ne pouvais pas lui dire... Je venais pourtant de lui laisser une faille, là, dans mon cœur. Je venais de lui avouer que j'étais effrayée, moi la dure avec les autres... Oui, avec les autres. Avec Jellal, tout était si différent...
- Erza...
- Hum ? murmurai-je en relevant la tête avec hésitation.
- Certes, le passé commence à perdre en intensité mais il est toujours là. Je ne sais pas si tu peux le comprendre, mais j'ai l'impression d'être un monstre. J'ai peur de moi-même. J'ai peur de ce que je pourrais faire aux autres. Je me déteste...
- Ce n'était pas toi...
- C'est ce dont j'essaie de me persuader, mais l'horreur que je porte pour moi ne baisse pas vraiment... Quand je repense à ce que j'ai fait à la tour du Paradis, à ce que je t'ai fait, j'ai envie de mourir... J'ai peur de te blesser encore...
- Jellal ! m'exclamai-je. Arrête de dire n'importe quoi ! Tu penses vraiment que tu peux me faire du mal avec ce que tu me dis là ? Tu penses vraiment qu'un homme mauvais aurait aussi honte de lui, se préoccuperait autant de la sécurité des autres et se repentirait à longueur de journée ? Pas moi.
- Tu as sans doute raison mais j'ai tellement peur de te faire encore du mal... Tu as déjà trop souffert par ma faute, murmura-t-il en prenant mon menton du bout des doigts.
- Je t'ai pardonné, tu sais, lui déclarai-je en posant ma main sur la sienne pour la lui caresser.
- Je ne vois pas comment...
- Eh bien, commençai-je en rapprochant mon visage du sien. Je me dis que ce n'était pas toi, que ce n'était qu'un accident... Tel que je te connais, tu n'aurais jamais fait ça... lui chuchotai-je.
- Tu es décidément trop gentille...
- C'était la pure vérité, pourtant... Tiens, pour ce soir, j'aimerai que tu me fasses un cadeau de Noël spécial.
- Je t'en ai déjà pris, mais tout ce que tu voudras...
- Je veux que tu arrêtes de penser à ça ce soir, je veux que tu laisses ça dans un coin de ta tête, je veux que tu vives sans te demander si ta place est vraiment là parce que oui, elle est bien là, tu la mérites !
- Je... Je ne m'attendais pas à ça, mais je le ferai.
- Merci, lui souris-je avant de le serrer dans mes bras.
Il m'étreignit assez fortement, les lèvres sur mon crâne, me faisant clore les yeux de bonheur. Nous continuâmes à marcher l'un contre l'autre, comme j'en avais tant rêvé. Il reprit alors :
- Je n'avais pas fini de t'expliquer pour tout à l'heure...
- Je t'écoute.
- Donc, oui, je suis un fugitif...
- Mais ça, je m'en fiche, le coupai-je. C'est seulement le nom que l'on attribue à un évadé de prison.
- Non, pas seulement... On me recherche, on veut m'arrêter, je dois tout le temps m'enfuir, me cacher... Je sais comment il faut vivre avec ce titre et je ne veux pas qu'il t'arrive la même chose.
- Ça ne me dérangerait pas...
- Erza... Si jamais nous avions une relation et qu'ils le savaient, alors tu serais toi aussi recherchée. Tu ne serais plus adulée de tous, tu ne pourrais plus te balader comme tu le faisais avant... Je ne veux pas te nuire...
- Seulement s'ils le savent... murmurai-je en posant ma main sur celle, chaude, qui était posée sur mon ventre. Il faut savoir être discret, c'est tout.
- Mais... Le jour où ils sauront...
- Ils ne sauront jamais.
- Tu ne pourras plus faire partie de Fairy Tail.
J'eus un léger pincement au cœur mais je lui répliquai :
- Alors je viendrai à Crime Sorcière.
- Cette guilde est faite pour ceux qui ont fait des crimes, qui se repentissent, comme moi, comme Meldy, comme les Oracion Seis... Tu n'as jamais rien fait de mal, tu es dans la voie lumière alors que nous sommes dans celle des ténèbres...
- J'en aurai un seul à cet instant-là.
- Lequel ? me demanda-t-il en se mettant devant moi pour m'arrêter.
J'attrapai ses poignets et lui déclarai sincèrement en le regardant dans les yeux :
- Être amoureuse d'un fugitif.
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Je pense poster un chapitre au mieux par jour, ou alors tous les deux trois/jours ou une fois par semaine !
J'espère que l'histoire vous plait, bonne lecture !
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