Chapitre 88
PDV Lester
Ses cheveux chatouillent la peau de mon cou, et son odeur me monte aux narines. Bien calée dans mes bras, les yeux de Lyra ne se décollent pas de la télévision du salon. Je ne l'ai pas lâchée une seconde, je crois. Depuis que nos corps n'ont fait qu'un, hier soir, je la garde contre moi. Je ne saurai dire ce que j'ai pu ressentir. Ce que je ressens encore. C'est comme trouver la pièce manquante à un puzzle. Une sensation incroyable, celle d'être enfin complet, comme si toute ma vie, il m'avait manqué quelque chose. Ce n'était pas foncièrement faux. Il me manquait cette lumière qu'elle est pour moi.
Carter et Sam m'ont vanté à mille reprises les bienfaits du sexe. J'ai l'impression qu'ils sont loin du compte. Qu'ils n'ont jamais expérimenté un tel amas de sentiments. C'est bien au dessus de tout ce qu'ils ont pu me présenter.
Peut-être parce que c'était avec elle. Je n'imagine pas comment cela aurait pu être, avec une autre. Sûrement moins bien. Ou bien cela ne serait jamais arrivé. Car jamais je n'ai eu envie d'une femme comme j'ai envie d'elle.
Mes lèvres se déposent sur le sommet de son crâne, et je la vois sourire sans pour autant qu'elle ne me regarde. Tant pis. L'observer me suffit. Ses yeux qui lisent à toute vitesse les sous-titres, ses sourcils qui se froncent quand la scène ne lui plaît pas, ses joues qui rougissent quand les protagonistes s'embrassent. Sa façon de secouer la tête et de râler, comme si ils pouvaient l'entendre. Elle est bien plus intéressante que n'importe quel film.
Mes doigts caressent distraitement son bras, seule partie encore découverte de son corps. Et peu importe combien j'aime la vision de son être nu dans mes bras, je ne cherche pas à lui retirer ce t-shirt à moi. Parce que j'apprécie autant ce genre de moment avec elle que ceux où nos désirs prennent le contrôle de notre esprit. Chaque minute passée avec l'ovni est importante. Unique et spéciale. Aucune n'en surpasse une autre.
C'est niais. Tout ce que je déteste être. Tout ce que je suis depuis qu'elle fait partie de ma vie, sans que cela ne me dérange le moins du monde.
Et j'ai déjà profité de son corps hier. Et ce matin. Quand elle a voulu ressentir tout le plaisir qu'elle n'a pas pu avoir la première fois, que je n'ai pu lui offrir qu'après. J'évite de penser plus longtemps à la vision que j'ai d'elle, à ce moment là. A ce que j'ai ressenti en m'ancrant en elle. Mes limites sauteraient une nouvelle fois. Elle ne verrait certainement pas la fin de ce film, et on devrait le regarder une nouvelle fois.
Peut-être qu'au final, ça ne me dérangerait pas tant que cela...
Cependant l'idée naissante qui s'infiltre en moi est coupée par la sonnette qui retentit. Je sais déjà qui je vais trouver derrière la porte, et je ne sais pas si j'ai très envie de dire à Lyra que son invitée est là. D'une part parce que je n'ai pas envie d'avoir mal au crâne, et d'autre, parce que rester seul avec elle encore quelques heures -jours ou semaines- ne me dérangerait absolument pas. Je doute en revanche qu'elle apprécie que je passe sous silence l'arrivée de Talia. De toute façon, je suis prêt à parier qu'elle aurait fini par faire le tour de la maison pour essayer de nous apercevoir à travers une fenêtre. Autant éviter.
Je fais un signe de tête à l'ovni entre mes bras qui ne tarde pas à se lever et ouvrir la porte.
Je ne sais pas qui saute sur elle en premier, l'Arc-en-ciel, ou bien Note, qui vient de passer une semaine chez elle ? J'espère qu'il ne va pas en ressortir aussi excité qu'elle.
Après avoir quémandé quelques caresses à sa maîtresse, ce dernier se dirige vers moi pour poser son museau sur ma cuisse. Je lui caresse la tête, en observant les interactions entre Talia et Lyra. Enfin, surtout le monologue de la première, qui fait à la fois les questions et les réponses. Je ne sais pas si c'est agaçant ou amusant. Je dirais que c'est un peu comme Carter, cela dépend des jours. Bien que ce soit emmerdant la plupart du temps.
Je ne sais pas quand elle se rend compte que je suis là, mais elle finit par tourner la tête vers moi. Elle paraît un instant étonnée, subjuguée presque, comme si elle ne connaissait pas chacun des membres du groupe depuis des semaines. Ça ne m'étonnerait même pas venant d'elle qu'elle oublie régulièrement l'information.
- Oh, Lester.
Je me contente d'un signe de tête en guise de salutation, ne réservant mon côté chaleureux -que je découvre- qu'à Lyra. Eventuellement à Note, aussi. Et je ne crois pas que quelqu'un d'autre y aura accès un jour. Pas l'Arc-en-ciel, en tout cas. Il ne faut pas pousser mémé dans les orties.
Je m'étouffe presque avec ma salive, pestant contre Sam et ses expressions douteuses, que je fini malgré moi par réutiliser.
- Je vous dérange peut-être ?
Oui. Lyra m'en voudrait si je donnais cette réponse ? Peut-être. Mais je suis persuadé que je me ferai vite pardonner.
Elle ne nous laisse pas le temps de répondre, qu'elle enchaîne déjà. Je ne comprends pas l'intérêt d'avoir posé la question.
- Vous êtes libre samedi prochain? On pourrait faire un bowling !
Je râle en silence, détestant prodigieusement cette activité. Je n'y trouve aucun intérêt, aucun amusement. Et je préfère voir Lyra sur une patinoire avec un bonnet adorable sur elle, que pârée de chaussures rouge et bleu, dix fois trop grande peu importe la taille que l'on prend.
Mais comme à son habitude, Talia ne nous laisse pas le temps de lui offrir une réponse, qu'elle s'éloigne déjà, lançant un « Super, on fait comme ça », comme si nous avions sauté de joie à sa proposition. Proposition ou ordre ?
Lyra ferme la porte, et se tourne vers moi, les yeux grand ouvert, presque étonnée.
- Je ne sais pas si un jour je m'habituerais.
Pour en faire l'expérience depuis un paquet d'année avec Carter, on ne s'habitue pas. On fini seulement par ne plus faire attention.
Elle se jette presque sur le canapé, contre moi.
- Quel poids plume.
Sa main s'abat sur mon torse, et je souris en déposant un baiser dans son cou. Ce genre d'interaction... ce n'est ni moi, ni elle. Mais c'est tellement naturel, quand il s'agit de nous. Comme si une nouvelle personnalité se développait uniquement en la présence de l'autre. Ça pourrait être inquiétant, dit de cette façon.
Elle se blottit dans mes bras, reprenant plus ou moins sa position initiale, celle que nous avons à peine quittée depuis des heures. Tels des aimants qui s'attirent, et ne supportent pas d'être séparés.
Le film est relancé, mais elle est bien moins concentrée. Elle me lance régulièrement des coups d'œil, et d'un coup, elle décolle, plaque ses lèvres sur les miennes, et se replace comme si de rien n'était. Le petit jeu dure un moment, me tirant des sourires amusés, mais ils se transforment en d'autres sourires, quand je sens ses mains se faufiler sous mon t-shirt. Elle se dit rien, et se contente de faire glisser ses doigts sur ma peau.
Je me retiens de grogner, tandis que ses caresses me rappellent des souvenirs encore plus que frais dans mon esprit. Si elle veut finir ce film, elle a plutôt intérêt à cesser ce jeu là.
- Si tu n'arrêtes pas, je te mange.
Elle me lance un regard innocent, mais ses mains continuent leur chemin sur mon torse, cette fois bien près de mon bas ventre.
La retenue saute, et je la plaque contre le canapé, mon corps pesant sur le sien, trouvant sans difficulté ses lèvres, me rassasiant autant de son rire que de ses baisers.
Il semble qu'elle veuille une troisième fois. Ça tombe bien, je suis totalement pour qu'on arrête de compter.
**
- Dommage, un chouia plus à droite et je faisais un strike !
- Qui dis encore un chouia Sam ?
Il se tourne vers Carter, levant les yeux au ciel comme si il s'adressait à un idiot. Ce qui n'est pas faux, mais il faut dire que Sam n'est pas le mieux placé pour ce genre de constatation.
- Plein de monde. Ma grand-mère par exemple.
- Je ne suis pas sûr que ta grand-mère soit le meilleur des exemples justement.
- Je ne vois pas pourquoi.
Je cesse d'écouter leur débat et me dirige pour prendre une boule, et l'envoyer vers les quilles sans vraiment y faire attention. Finalement, on y aura été, à ce bowling. J'ai bien tenté d'y échapper, mais Lyra avait l'air d'en avoir envie. Alors j'ai cédé. Sans trop de difficulté, je dois bien l'avouer.
Mais je ne suis pas à l'aise, ici. Déjà, je n'aime pas le bowling. C'est un fait. Et surtout, malgré notre déplacement dans une ville voisine, je me sens observé. Pourtant, j'ai vérifié, personne ne semble faire attention à notre présence. Mais c'est plus fort que moi. Si on nous prenait en photo, les filles seraient la cible de certaines fans extrémistes. Comme se fut déjà le cas pour Lyra. Je ne veux pas que cela recommence. Pourtant je suis là. Et je ne peux me retenir de poser les yeux sur elle toutes les minutes. De rire lorsqu'elle met la boule dans la rigole et fait une moue adorable. De jouer avec l'une de ses mèches de cheveux presque inconsciemment chaque fois qu'elle s'assoit près de moi. De la faire rougir en buvant à sa paille quand elle s'apprête à le faire.
Et je n'ai pas pu résister non plus à la prendre en photo avec ces affreuses chaussures.
Ce sont des attentions qui ne passeraient pas inaperçues, si elles se retrouvaient sur internet. Et Cart' a eut beau me dire une dizaine de fois en douce qu'il n'y avait aucun risque ici, je ne me sens pas plus à l'aise pour autant.
Ils sont trop détendus. Pas assez conscient des risques. Ou peut-être suis-je trop sur la défensive. Mais je préfère penser que le problème n'est pas moi.
- Et si on faisait des paris ?
Je suis persuadé que c'est une très mauvaise idée, surtout quand Carter jette un regard malicieux à Sam. Quand ces deux-là s'y mettent, le résultat est souvent catastrophique. J'espère me tromper.
- Bon, alors Talia, si je renverse plus de quilles que toi à ce tour, tu montes sur la table, et fais la danse des canards en chantant bien fort.
- Et si j'en fais tomber plus ?
- Je fais le gage à ta place.
- Vendu !
Je ne m'étonne pas de la voir enthousiaste à cette idée, et quelques minutes après, debout sur une table en chantant à tue tête. Les regards de la foule sur place se tournent vers elle, les gens rient quelques minutes avant de se détourner du spectacle. Elle ne semble pas s'en soucier le moins du monde, descendant de sa scène improvisée en riant. Je souris en voyant Lyra s'amuser, rattrapant son amie qui manque de tomber en retrouvant le sol.
Les gages aussi idiots que celui-ci s'enchaînent, et même Arthur, qui a bien tenté de s'enfoncer dans son siège pour être oublié, n'a pas le choix. Je crois bien que c'est la première fois que je le vois s'agenouiller devant son cousin qui se tient tel un empereur. C'est une photographie que je compte garder précieusement.
- Lester, à toi !
Je me doutais que mon tour allait venir, et je souffle en levant les yeux au ciel, en imaginant l'idiotie qu'ils vont me demander de réaliser.
- Alors, mon gage ?
- Joue d'abord. Si tu fais tomber plus de 7 quilles, tu n'as rien.
Je fronce les sourcils, ne voyant pas pourquoi je ne peux pas savoir avant comme tous les autres, mais je n'ai pas la force -ni l'envie- de batailler avec Carter.
Je lance la boule, sans plus d'intérêt que les fois précédentes, et ne vois que 6 quilles s'effondrer. Dire qu'à une près, j'étais tranquille.
Je me retourne vers eux en attendant la sentence, certain qu'ils seront ravis de m'humilier pendant quelques minutes.
Mais je ne m'attendais pas à ce gage-ci, que Sam se fait un plaisir d'annoncer. Je savais que ça allait mal finir.
- Embrasse belle-sœur.
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Un moment mignon, et un retour sur la terre ferme... décidemment, Sam et Carter ont le chic pour les gages ! Lester va-t-il le faire ? A-t-il raison de s'inquiéter des regards autour d'eux ?
La suite dimanche prochain,
Kiss:*
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