Chapitre 86
Désolée pour le petit retard, j'ai été occupée ^^
PDV Lyra
Au milieu de la foule pourtant dense, mes yeux ne mettent que quelques secondes à se poser sur lui. Il se détache des autres. C'est plus qu'un physique, c'est une aura, une prestance, qui le démarque. Mon cœur rate un battement, quand je l'aperçois. Je m'arrête, et je sens mon père se cogner les pieds contre ma valise. Je ne l'entends pas, mais je l'imagine très bien lâcher un juron, et cette phrase que nos parents nous ont tous déjà dit « on ne s'arrête pas sans prévenir ». J'ai mille questions dans la tête, mais surtout, je me demande pourquoi il est ici. Devant moi, son regard fermement campé dans le mien.
Il est venu me chercher à l'aéroport. Pourtant, je ne pense pas lui avoir donné mon heure d'arrivée. Un rapide coup d'œil au sourire de ma mère m'indique qui a pu lui transmettre cette information.
Il est là, et alors que je ne l'ai pas vu depuis seulement une semaine, il me paraît encore plus attirant qu'auparavant. Est-ce possible ?
Plusieurs mètres nous séparent, et pourtant, je sens mes joues rougir, alors que ses yeux me détaillent avec cette intensité que j'aime tant. Je capte son sourire en coin, celui qui me fait fondre de l'intérieur. C'est une arme bien trop puissante.
Ces mètres, j'ai envie de les franchir en courant. J'ai envie de faire ce mouvement affreusement cliché, que l'on voit dans tous les films romantiques : lui sauter dans les bras. Il me ferait tourner en riant, et les gens nous regarderaient avec envie, en poussant des « oh », les mêmes qui nous échappe devant un chaton mignon.
Mais la vie n'est pas un film, et je n'aurai jamais le courage de faire un tel geste.
Il fait un pas pour avancer vers moi, quand trois jeunes filles se placent devant lui. Je ne vois que les carnets tendus, les téléphones, et le regard de Lester qui se décroche de moi pour se poser sur celles qui lui bloquent la route. Je comprends sans mal que ce doit être des fans, mais les voir ainsi formant une sorte de barrière entre nous, j'en ressens un petit pincement au cœur. Je n'ose pas m'avancer, pas le rejoindre. Que penseraient-elles ? Et lui ? Il ne veut pas qu'on sache pour nous. Je peux en comprendre les raisons, quand bien même cela ne rend pas la situation agréable.
J'ai cette part de moi qui voudrait y aller, me plaquer contre lui et leurs dire de partir. D'arrêter de se coller ainsi à son corps, alors même qu'il est connu pour ne pas l'apprécier. Et qu'il montre en ce moment même ne pas aimer cette proximité qu'elles créent. Pourtant, je ne le ferais jamais. Cela ne me ressemble pas.
Je ressens une pointe de jalousie, en les regardant interagirent et l'approcher si facilement. J'ai mis bien plus de temps à me faire à sa présence. A être naturelle devant lui. Voir que d'autres filles, d'autres femmes en sont capable sans difficulté, je dois admettre ressentir une part d'inquiétude. L'une d'elle est sûrement plus intéressante. Plus jolie. Et pas sourde.
J'oublie ses pensées qu'il n'aimerait pas me savoir avoir quand il les écarte sur le côté pour reprendre son chemin. Je ne vois pas le visage déçu des jeunes femmes. Seulement le sien, qui s'avance, encore et encore, et finit par se planter là, juste devant moi. La foule s'est refermée autour de nous, plus personne ne semble faire attention à notre échange. Pourtant, je ne vois rien d'autre que lui. Les milliers de personnes qui courent avec leurs valises ont disparu, son regard est le seul point d'ancrage de mon esprit.
- Tu es là ?
Pas vraiment une question, ni une affirmation. Juste les premiers mots qui me viennent. Il sourit, et il n'a pas besoin de dire quoi que ce soit, pour que j'imagine la pique qu'il veut m'envoyer, devant cette phrase si idiote. Cela suffit à me faire rougir. Et à lui plaire.
La main de ma mère se pose sur mon épaule, ramenant mon regard vers elle. Elle salut rapidement l'homme en face de moi, avant de me donner les raisons de sa présence.
- Ton père et moi avons décidé de prendre deux jours juste pour nous, dans une station thermale. J'ai proposé à Lester de venir te chercher... et de rester avec toi à la maison.
Il me faut un moment pour réaliser. Un moment pour comprendre réellement ce qu'elle vient de m'annoncer. Lester et moi. Seuls. Je me sens affreusement honteuse, et pourtant, je ne peux m'empêcher de penser à tout ce qui pourrait arriver, durant ce week-end. C'est plus fort que moi, et j'essaye de cacher ma gêne, en particulier à mes parents. Je n'ose pas imaginer ce que je ressentirais si mon père comprenait les pensées qui peuvent m'assaillir à cet instant là.
Ce dernier m'embrasse sur la tempe avant de se diriger vers la sortie. Je crois que ma mère donne quelques indications sur le fonctionnement de la maison à Lester, mais je n'en suis pas certaine. Je suis perdue dans cet océan de pensées obscènes que je ne parviens pas à réfréner. Que je n'ai pas vraiment envie de réfréner d'ailleurs.
Elle se tourne une dernière fois vers moi, et se penche un peu. Je comprends qu'elle chuchote, pour que moi seule ait accès à ce qu'elle va me dire. Je retiens mon poing de s'abattre sur son bras en intégrant ses mots, mais un « Maman » horrifié et gêné ne peut que s'échapper de mes lèvres.
- J'ai mis des préservatifs dans le tiroir de ta table de chevet.
Devant mon exclamation, elle se contente d'un « on est jamais trop prudent », avant de rejoindre mon père. Lester ne dit rien, et je prie pour qu'il n'ait pas entendu ce qu'elle vient de me souffler. Est-ce que toutes les mères ont un mode « gênant » similaire à celui de la mienne ? J'espère ne pas être la seule à vivre ce genre de moment.
- Alors comme ça tu échanges des messages avec mes parents ?
Son sourire en coin me répond, et je m'interroge sur sa signification. Il n'a pas le temps de m'en dire plus que les trois jeunes femmes fendent la foule une nouvelle fois, pour se diriger vers nous. Je crois que si je pouvais entendre, mes oreilles saigneraient devant les jurons que semble lâcher le guitariste. Sans que je ne puisse réagir, il se saisit de ma main, et attrape ma valise, pour nous tirer tous les deux vers les ascenseurs. Je crois bien qu'elles nous suivent un moment, avant de se retrouver bloquées par les arrivées d'un nouveau vol.
Nous nous engouffrons dans la cabine et les portes se referment avant qu'elles n'aient pu apercevoir dans laquelle nous avons disparu.
Je prends quelques minutes pour retrouver mon souffle, puis, c'est plus fort que moi, j'éclate de rire. Moi qui disais que nous n'étions pas dans un film, finalement, cela y ressemble.
Il me regarde en souriant, et cela me fait rougir, comme d'habitude. Je ne devrais même plus m'en apercevoir, tant c'est naturel lorsque je suis avec lui. Ou que je pense à lui. Ou qu'il y a ne serait-ce qu'un rapport avec lui.
J'arrête de rire, et je me plonge dans ses yeux noirs, qui n'ont pourtant rien d'effrayant. Bien au contraire. La main qui me tient toujours me tire vers lui. Nos torses butent l'un contre l'autre, et dans un souffle ses lèvres se plaquent aux miennes. C'est comme une bouffée d'air frais. Réapprendre à respirer après de longues minutes en apnée. Je me rends compte, encore plus que je ne le pensais, à quel point il pouvait m'avoir manqué.
Son front se pose sur le mien, alors que nos bouches se séparent. Je me fais violence pour ne pas les poser à nouveau, tandis que mes yeux ne parviennent à se décrocher de la sienne.
- Encore plus belle qu'en photo.
- Quoi ?
Il s'écarte un peu, et sous mes yeux, sa bouche est remplacée par l'écran de son téléphone. Je ne mets pas longtemps à réaliser que s'étalent dans sa galerie une multitude de photographies de moi, et je comprends enfin le comportement étrange de ma mère.
- Elle n'est pas croyable.
Sa bouche qui se retrousse me laisse entrevoir ce qu'il va me répondre, pourtant, je ne peux pas m'empêcher de m'en retrouver étonnée et légèrement honteuse.
- Comme lorsqu'elle cache des préservatifs dans ton tiroir ?
Ma main vient recouvrir mon visage rouge, tandis que je le supplie de ne pas en dire plus. Je suppose qu'il rit, avant de me serrer contre lui. Je redécouvre son odeur, de laquelle je n'avais oublié aucune des fragrances.
Je voudrais rester dans ses bras, ne plus les quitter, et c'est peut-être pour cela que le trajet jusqu'à mon domicile me paraît si long. Pas suffisamment pour que mes yeux ne se posent pas sur le fameux tiroir dès que j'entre dans ma chambre, en revanche. Je crois qu'il se moque un peu de moi, mais je l'oublie vite, quand il laisse tomber son sac sur mon lit, et s'approche de la fenêtre pour fumer une cigarette. D'habitude, je l'aurai regardé jusqu'à ce qu'il se décide à la ranger. Mais cette fois-ci, mes yeux ne parviennent à se détacher du sac.
Légèrement ouvert, suffisamment pour que quelques affaires en sortent. Pour que je comprenne de quoi il s'agit.
Mon absence de réaction face à sa clope doit l'interroger, puisqu'il se plante devant moi, et attrape les prospectus qui sont sous mes yeux. Je lève les yeux vers lui. Contrariée, stressée.
La joie d'être seuls n'est plus là. C'est dingue comme il aura suffit d'une seconde pour qu'elle se dissipe. Pour qu'elle soit remplacée par une vague de sentiments beaucoup moins agréables.
- Je voulais t'en parler.
- Je n'ai pas envie d'en parler.
Parce que je vois bien ce que c'est. Des écoles de musique. Et je doute qu'elles soient pour lui. Je suis à peu près certaine qu'il n'a pas l'intention de poursuivre ses études. Et tout autant qu'il ne se baladerait pas avec ce genre de document dans son sac pour venir jusqu'ici sans aucune raison.
Je pensais qu'il avait abandonné. Non, qu'il avait compris. Mais il semble que je me sois trompée sur ce point.
- Alors ne parle pas, mais laisse moi le faire.
Mais je n'ai pas envie d'écouter, façon de parler. Je veux juste détourner le regard, parce que je sais que cette conversation ne va pas me plaire. Je me braque sans vraiment le vouloir, mais je voulais profiter de ces retrouvailles, de ce moment à deux, et je n'imaginais pas un instant qu'il pourrait ressembler à ça.
- Lyra, je ne te demande pas d'aller dans une de ces écoles.
- Encore heureux.
- En revanche je veux que tu y réfléchisses.
Mais je n'ai pas besoin de le faire. Parce qu'il est hors de question que je me remette à la musique, et il le sait. En particulier quand sur le premier prospectus qu'il tient, c'est un violon que je vois en premier.
Malgré tout, malgré cette envie de simplement quitter la pièce pour mettre fin à ce moment, je ne détourne pas le regard. Je lis chacune de ses paroles. Je le laisse m'exposer ce qu'il voulait, alors même que je n'en ai pas envie. Ou peut-être qu'une partie de moi le veut, mais je préfère le nier. C'est plus facile.
- Je n'ai pas choisi ces écoles pour le violon. Mais pour la section composition. Écoute, je sais que tu ne veux plus faire de musique, mais je sais aussi que tu en as besoin, au fond. C'est ton oxygène, et je l'ai remarqué dès que tu as commencé à gratter ces notes sur le papier de ma musique. C'était comme si tu respirais à nouveau. C'est ça, qu'il te faut. Remettre un pied dans ce monde, sans recommencer la même chose. Alors j'ai cherché les universités qui proposent une section composition de musique. Carter m'a aidé. Elles sont toutes supers. Bon cours, bon profs, campus sympa.
Je ne sais pas quoi en penser. Je n'ose pas lui dire qu'il a fait tout cela pour rien. Pourtant, c'est ce que je ressens, au fond. Aucune envie de me pencher sur les bouts de papier qu'il tient.
- Alors je ne te demande pas de les lire devant moi, de me donner une réponse maintenant, et de commencer à chercher une chambre sur le campus. Simplement, de penser à l'hypothèse d'aller dans un de ses endroits. Qu'est-ce que tu perds à au moins regarder ces brochures ?
Je me mords la lèvre. Qu'est-ce que j'y perds ? 5 minutes de ma vie, je pense que je peux les accorder à cette tâche. En particulier quand cela semble compter autant pour lui.
Je n'ai pas l'intention d'aller dans une de ces écoles. Mais si jeter un œil à ces documents peut lui suffire, alors je le ferais. Si cela peut faire cesser cette conversation aussi. Je me contente de hocher la tête, pour lui signifier que j'accepte. Et j'essaye de ne pas rougir devant le regard qu'il me lance. Je n'y parviens pas quand il ajoute un dernier argument, en revanche.
- Elles sont toutes à portée de route pour moi.
Il les a choisit parce qu'elles sont proches de lui. Et cette révélation, qui ne veut peut-être pas dire grand-chose, me bouleverse plus qu'elle devrait.
Ses doigts se tendent vers moi, et attrapent le collier qu'il m'a offert, que je ne retire jamais. Il ne tire pas dessus, mais le tend suffisamment vers lui pour me faire avancer. Quelques centimètres avant que nos lèvres se rencontrent, penché vers moi, je capte ses dernières paroles avant qu'il ne m'embrasse.
- Tu m'as manqué cette semaine, ma petite musicienne.
Et là, alors que mon être se consume de son baiser, mon cœur me hurle ce que jusqu'à lors je ne voulais pas m'avouer : je suis profondément amoureuse de Lester.
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Lyra comprend enfin ses sentiments ! Quand Lester va-t-il suivre le même chemin ? Parviendra-t-il à la faire changer d'avis sur les écoles ?
Si vous vous demandez, il reste environ 15/20 chapitres avant la fin ^^ Ensuite viendra le tome 2 :)
Moi qui voulait profiter de ces vacances pour écrire un max, je me retrouve débordée et en retard x) Dire que mon planning devait me permettre d'avoir fini les deux histoires en cours, commencer les suites et la réécriture+suite de OPBB... on en est loin x) Je ne sais pas tenir un planning c'est incroyable x)
A dimanche, j'espère x)
Kiss :*
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