Chapitre 76
PDV Lester
Son rire. Au milieu du brouhaha qui emplit l'espace, il se détache. Il surplombe tous les autres sons, il ne reste que lui, comme une délicieuse mélodie. C'est un chant que je pourrais écouter toute la journée, dont jamais je ne saurais me lasser. Chaque note qu'elle émet, chaque variation de tons s'infiltre en moi et gonfle mon cœur.
C'est si niais. Pourtant, c'est exactement ce que je ressens. Et ces sensations ne sont qu'exacerbées par son image. Ce sourire sur sa peau pâle. Ses cils qui se rabattent sur ses yeux incroyables. Aujourd'hui encore, elle a caché l'un d'eux sous une lentille de couleur. Pourtant, j'arrive parfaitement à imager à quoi il ressemble. Et combien elle est merveilleuse quand elle ne se cache pas.
Mon regard dévie un instant sur ce qui la fait rire. Carter est là, un peu plus loin, battant des bras et des jambes. Les patins qu'il a aux pieds ne semblent pas lui réussir, et son corps se moue dans une danse plus amusante qu'attirante. Il perd irrémédiablement de son charme, dans cette situation. Je me demande si ce n'est pas ce point qui le fait râler, plutôt que l'impact de son postérieur sur la glace.
Je ne sais plus vraiment pourquoi nous avons accepté de faire ces trois heures de route alors qu'aucun de nous n'aime cette activité. Et puis quand la voix de Lyra me parvient, tout devient plus clair. C'est évidemment pour elle. Pour la voir aborder ce sourire, ce rire.
Et puis c'est un choix un peu égoïste, aussi. D'être à un endroit où je n'ai pas besoin de faire attention aux autres. Où je ne crains pas qu'on nous prenne en photo et qu'elle finisse sur un de ces blogs, assaillies d'insultes qui aujourd'hui encore me font bouillir le sang.
Mes yeux sont attirés de façon irrésistibles par elle. Ses cheveux rayonnant paraissent incroyable, dans cet environnement froid et blanc. Elle illumine l'espace, et j'y trouve une métaphore de l'effet qu'elle a sur ma vie.
Bordel, si niais, encore une fois.
Toujours quand il s'agit d'elle, en réalité. Je ne me reconnais pas. Peut-être parce que je suis une facette de moi que je n'ai jamais exploitée aux côtés de cette jeune femme si particulière.
L'Arc-en-ciel courre, ou plutôt patine à la rescousse de mon idiot d'ami, qui essaie en vain de se relever depuis de longues minutes. Je crois qu'il m'insulte, une ou deux fois, en remarquant que je n'ai pas l'intention de bouger pour l'aider.
Sam passe à côté de lui en riant, le pointant du doigt, et Carter lui envoie un gant, qui sans surprise manque sa cible.
- Je vais te tuer Sam !
- Il faudrait déjà que tu arrives à te lever !
Un cri peu définissable lui répond, et le chanteur continu de pester en s'accrochant comme il peut à Talia, qui n'a pas la force suffisante pour le soulever. Je me demande combien de temps va passer avant qu'elle ne finisse à terre elle aussi.
- Tu ne comptes pas l'aider ?
Lyra s'approche de moi et s'accoude à la rambarde contre laquelle je suis appuyé. Je hausse les épaules, et affiche un sourire en coin que je sais la faire rougir en toute situation. Je ne suis pas peu fier de mon effet, et dois me retenir de l'entraîner à l'abri des regards en constatant à quel point cette rougeur la rend irrésistible.
- Il n'apprendra jamais si on le fait à sa place.
- N'aurais-tu pas plutôt peur de finir dans la même situation si tu t'écartais un peu trop du bord ?
Je reste silencieux un instant, sans afficher l'étonnement qui m'envahit. Ce n'est pas la première fois qu'elle me lance des piques. Mais chaque fois qu'elle le fait, l'effet est le même. Je suis étonné par son audace, mais ravi et attiré. Y a-t-il ne serait-ce une chose chez elle qui ne m'attire pas ? Je commence à en douter sérieusement. Si, peut-être sa manière de se dévaloriser. Mais c'est encore autre chose, puisqu'elle me donne envie de la serrer fort puis de la secouer pour lui prouver qu'elle a tort.
Voyant mon regard rempli de promesse, elle s'écarte de moi avec un large sourire. Ses paupières papillonnent et c'est presque comme si elle me défiait d'avancer. Et de l'attraper. Je jure dans ce cas de ne plus jamais la lâcher.
Il ne faut qu'une seconde de plus, lorsque sa langue s'affiche devant moi dans une provocation supplémentaire pour que je m'élance.
Ses yeux s'ouvrent tout rond un instant quand elle saisit que je n'ai aucun mal à patiner, puis elle se retourne et glisse le plus vite possible sur la glace.
Mais elle n'a pas mes jambes. Je suis plus grand, plus rapide. Pourtant, je laisse le moment durer un instant. Juste pour l'entendre rire encore un peu. Elle jette parfois un coup d'œil en arrière, et laisse sa voix porter un peu plus à chaque fois.
C'est son hilarité qui finit par lui faire perdre sa vitesse, et mes bras s'enroulent bientôt autour de son corps pour la faire tourner avec moi.
La ronde ralentit doucement, et son rire se tait, tandis que son regard se plonge dans le mien. Brillant, joueur, heureux. Exactement comme j'aime qu'il soit.
Je ne la lâche pas, et je n'ai pas l'impression qu'elle ait l'intention ou même l'envie de se détacher de moi. Je voudrais qu'il n'y ait personne d'autre, dans cette patinoire. Juste elle et moi. Mais au fond, les autres personnes me sont bien éphémères. Leurs présences passent inaperçues, à côté de la sienne. Je ne vois pas cet enfant qui tombe, un peu plus loin. J'oublie Arthur qui reste assis à l'extérieur de la glace, Sam qui raille une nouvelle fois Carter, et ce dernier toujours au sol, cette fois-ci en compagnie de Talia qui a fini par chuter. Il n'y a que Lyra, son regard brillant, ses joues rouges, ses cheveux de feu. Son cœur que je sens battre contre le mien même au travers de nos pulls épais et sa respiration saccadée qui tombent pile sur mes lèvres.
- Ne me regarde pas comme ça.
Je reviens à la réalité un instant, même si sa voix est le seul son que je perçois. Le reste est hors de portée. Hors de cette bulle qu'elle est la seule à composer.
- Comment ?
Ses joues rougissent avant qu'elle ne me réponde. Je comprends ce qu'elle a en tête. Mon cœur cesse de battre un instant, juste une seconde, quand elle a l'audace de le formuler. Je n'aurais jamais pensé qu'elle le ferait.
- Comme si tu allais me manger.
Je me mords la langue un instant, pas certain qu'il soit opportun de continuer le jeu dangereux auquel nous commençons à nous livrer. Et puis finalement, je décide que je m'en fous.
- Tu n'aimes pas ?
- Pas si tu ne le fais pas.
Et cette fois-ci, je ne sais pas bien si mon cœur s'arrête, ou se décroche de ma poitrine.
PDV Lyra
Une audace que je ne me connais pas. Pas autant, pas si crûe, pas sur ce sujet. Et pourtant les mots me viennent, miroir des envies qui naissent en moi.
J'ai honte de moi. Et puis non.
J'ai honte de vouloir ce genre de chose. Mais pas tellement.
J'ai honte d'imaginer ce que nous avons déjà fait ensemble, ce que nous pourrions faire encore. Cependant je continue.
J'ai honte de me ficher du lieu où nous nous trouvons. Pourtant, l'envie n'en est que plus forte.
Son regard change. Il me brûle, en surface comme à l'intérieur. J'ai presque du mal à respirer. Le froid des lieux ne m'atteint plus. Au contraire, je suis en surchauffe, prête à exploser.
Sans que je n'ai besoin de bouger, il m'entraîne à l'extérieur de la piste. J'ai dû mal à marcher avec mes patins, mais je presse le pas en le suivant. Un couloir, un autre, la foule qui disparaît au profit du silence, de l'intimité.
Une porte qui s'ouvre, et qui se referme. Le clic sonore du verrou qui nous enferme seuls, juste nous, dans ce vestiaire. Impersonnel, et pourtant rempli d'une salvatrice atmosphère.
Et enfin sa bouche sur la mienne. Elle dévore, elle ravage. Elle me possède autant que je me donne à elle, à lui et ses baisers brûlants, ses caresses irrésistibles.
Ses mains cherchent, trouvent ma peau sous mon pull, et à l'instant où sa peau entre en contact avec la mienne, c'est piquant, et doux à la fois. Enivrant, je suis incapable d'y résister. Et je n'en ai pas envie.
Je ne sais pas bien quelles sortes de bruits sortent de ma bouche quand il me mordille le cou, et que ses mains passent sous mon soutien-gorge. Je ne me demande même pas si de l'autre côté de cette porte, quelqu'un peu nous entendre. Je m'en fiche. Je ne réfléchis à rien, sauf à ses doigts, qui pincent mes petits bouts de chair, me faisant sursauter. A sa bouche, qui imprime des baisers sur la fine peau de mon cou. A son corps, qui pèse sur le mien, et que j'imagine allongé au-dessus de moi, dans un lit. Dans une tout autre tenue.
Je rougis, malgré moi. Suis-je trop perverse ? Je n'en sais rien. Je suppose que non. Que je découvre juste une part de la vie que je ne connaissais pas. J'apprends à en saisir tous les tenants et aboutissants, en même temps que lui. J'apprends à me connaître moi. Et j'aime ce qui se révèle à moi, autant que j'aime que ce soit avec lui.
Parce qu'apprendre avec une personne qui compte, ça fait toute la différence.
Je veux passer mes mains sous son pull, mais il les retient, me les plaque contre le mur derrière moi.
- Aujourd'hui, c'est moi qui te mange.
Je voudrais me cacher au fond d'un trou, tant je sais à quel point ses mots me rendent rouge. Mais je reste là devant lui, le regard fixé dans le sien. Parce que je sais à quel point me voir ainsi le rend fou. Et que j'aime avoir cet effet sur lui, quand bien même je m'en retrouve gênée. C'est un paradoxe que je ne saisis pas. Que je n'ai pas envie de comprendre, car je ne souhaite pas qu'il s'arrête.
Il replonge sur mes lèvres et je laisse échapper un souffle court quand sa main se faufile sous mon pantalon. Juste là. Comme la dernière fois. Et les sensations sont tout aussi fortes, prenantes, puissantes. Dévastatrices. Je ne contrôle rien, ni mon souffle, ni mes sentiments, ni les mouvements de mon corps. Je suis à sa merci, et je n'ai aucune envie d'y opposer de la résistance. Au contraire, je me jette corps et âme dans cet échange.
Ses doigts sur mon intimité jouent de moi. Ils font monter le plaisir, puis le laissent redescendre. Les yeux fermés, incapable de soutenir son regard maintenant, incapable même de les garder ouverts sous cette vague de sensations, je sais pertinemment que ce jeu lui plaît. Que me sentir haletante entre ses bras est un sentiment qu'il aime.
Il fait durer le moment. Encore et encore, m'emmenant toujours plus près de ce précipice dans lequel j'ai envie de sauter.
Il m'empêche pourtant de le faire, m'éloignant du bord à chaque fois. Je n'arrive pas à lui dire d'arrêter. Parce que je n'en ai pas envie.
Quand bien même mes jambes ont du mal à me porter, quand bien même ma respiration se fait de plus en plus courte, et les battements de mon cœur plus accélérés à chaque minute, je n'ai pas envie qu'il arrête.
Je suis peut-être gênée de faire cela ici, à quelques mètres d'une foule immense, mais pas honteuse finalement.
Et quand le plaisir explose enfin, et qu'il avale ce que je suppose être un cri en m'embrassant, je me dis que je suis comblée.
Est-ce que je deviens quelqu'un d'autre, à faire ce genre de chose ?
Non. Définitivement pas.
Je deviens moi-même. Et bordel, qu'est-ce que ça fait du bien.
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Sont-ils pas mignons ? Quoi que ce n'est peut-être pas le mot qui vous vient en premier après cette fin de chapitre x)
On pourrait croire que tout va bien dans le meilleur des mondes, mais ce n'est pas ça, la vie. Et ils ont encore quelques trucs à découvrir ensemble, des bons comme des moins bons...
A dimanche prochain pour la suite !
Kiss :*
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