Chapitre 74

 PDV Lyra

Il y a un trop plein d'émotion dans mon cœur. Ça déborde, ça pulse, mais étrangement, cela fait du bien. La tristesse est là, oui. D'avoir revu ces images de ma sœur, de cette vie que j'ai perdu en même temps qu'elle a disparu. C'est difficile, de se retrouver face à un passé qui nous manque, affiché sur écran géant. Alors elle est là, mais elle s'efface au profit que quelque chose de bien plus doux. De l'amour. C'est un sentiment que j'ai eu du mal à ressentir ces dernières années.

La barrière érigée entre mes parents et moi ne permettait pas à cette émotion de passer. Et elle a bien failli la retenir une nouvelle fois, au profit d'une certaine rancœur que je cultive depuis bien trop longtemps. Je leurs en veux d'avoir négligé mes sentiments au profit des leurs pendant des années. Je ne suis même pas sûre qu'ils se rendent compte de leurs agissements. Je leurs en veux de ne pas laisser de place à mon deuil face au leur. Mais aujourd'hui, c'est différent. Et j'aurai sûrement refusé de l'entendre si ce n'est pas Lester qui me l'avait dit.

Aujourd'hui, ils ont juste été maladroit. Ils ne pensaient pas à eux, mais à moi. Ils étaient vraiment persuadé de faire le bon choix. Ce n'était sûrement pas le meilleur. Mais au final je ne peux pas dire que c'était le pire.

J'ai eu mal, devant ces images. Mais l'espace d'un court instant, j'ai aimé voir son sourire. J'ai aimé me remémorer ces moments. La douleur n'est venue qu'après. Et je l'aurais probablement laissé prendre le dessus sans l'intervention du musicien.

Il m'a montré comment laisser passer ce sentiment si longtemps repoussé. Et maintenant, je le sens avec force. L'amour que mes parents éprouvent pour moi. Leur geste n'était que cela, peut-être maladroit mais pas négligeant envers ce que je ressens.

Je dois admettre que cela fait du bien. Dans leurs bras, l'espace d'un instant, je me suis sentie redevenir une petite fille. Je me suis sentie entourée de leurs présences, celles que j'aurais aimé sentir autour de moi quand j'ai ouvert les yeux dans cette chambre d'hôpital, il y a 5 ans. Je leurs ai reproché pendant toutes ces années de ne pas considérer mes sentiments. Peut-être qu'au final, je ne les ai même pas laissé essayer.

Je sais qu'il y a aura encore des incompréhensions entre nous. Des froids, des maladresses, peut-être même des sentiments encore plus négatifs. Mais j'ai l'impression de me rendre compte à ce moment précis que rien n'est perdu. Que rien ne l'a jamais été. Et que la muraille est en train de tomber. Doucement, elle se désagrège, elle disparaît, et bientôt, les ruines ne seront plus un obstacle. Seulement les vestiges d'un de ces nombreux bas dont la vie est remplie.

- Et si on passait aux cadeaux ?

L'excitation de Talia alors qu'elle me libère de ses bras est peut-être, voir très certainement plus grande que la mienne. J'ai presque l'impression que c'est son anniversaire, tant elle paraît investie. Le sourire qui s'est agrandi sur mes lèvres quand ils se sont tous jetés sur moi ne tari pas, bien que je me sentes mal à l'aise de l'attention portée sur ma personne.

- Je veux donner mon cadeau en dernier ! Le meilleur pour la fin !

Arthur lève les yeux au ciel devant la réplique de son cousin, ce qui me tire un rire. En particulier quand Carter réplique que le sien sera forcément mieux, et que la bataille entre eux recommence. Je jette un coup d'œil à Lester et m'amuse de voir son visage devant les agissements de ces deux amis. Il ne semble pas étonné, bien que blasé. Je suppose qu'il se demande comment il fait pour les supporter. Moi, je dois avouer que j'aime les voir agir ainsi. Ils mettent de la vie partout où ils passent. Et cela me fait du bien.

D'ailleurs, une autre personne n'est pas en reste, quand il s'agit de colorer le quotidien.

Talia est la première à me tendre un paquet aux milles couleurs, et je ne peux m'empêcher de me dire qu'il lui ressemble. J'ai presque peur de ce qu'il peut contenir, et m'imagine déjà affublée d'une tenue aux couleurs criardes.

Je suis rassurée dès que je l'ouvre, mais m'arrête un instant.

- Talia il ne fallait pas...

Je saisis entre mes mains le petit appareil polaroid d'un bleu pâle. Je sais que sa famille n'est pas à l'aise financièrement comparé à la mienne. Et je me sens mal à l'aise de savoir l'argent qu'elle a dépensé pour moi, alors qu'elle me connaît depuis si peu de temps.

Elle balaye mes préoccupations d'une main et me fait un clin d'œil.

- Il est temps qu'on habille les murs de ta chambre.

Je lui fais un sourire timide, la remerciant moins que je ne le voudrais. Je ne suis pas encore experte pour montrer ce que je ressens, et je ne suis pas capable de laisser paraître comme ce geste me touche. Ce n'est peut-être pas grand-chose pour la plupart des gens, mais la subtilité dans sa phrase ne m'échappe pas. Ma chambre est vide parce que je n'ai jamais rien eu qui mérite de la remplir. Vide, comme ce que j'étais à l'intérieur. Elle veut que cela change. Et au fond, cela a déjà changé depuis qu'elle a débarqué dans ma vie.

Je rougis un peu en ouvrant le paquet d'Arthur, une tasse, pour « quand tu déjeunes à l'appartement », sous-entendu qu'il compte que j'y revienne, et remercie mes parents devant la pile de livres qu'ils m'offrent.

Je ne retiens pas un rire en découvrant la couverture personnalisée de Carter, laissant apparaître une photographie géante du groupe. Avec évidemment son visage bien plus gros que celui des autres.

- Sérieusement Cart' ?

Le concerné regarde Lester sans comprendre d'où vient le problème.

- Quoi ?

- Le cadeau était déjà assez gênant sans que tu n'ai besoin de grossir ta tête de cette façon.

Carter pose une main sur sa poitrine et fait mine d'être profondément blessé. Lester lève les yeux au ciel et secoue la tête, tandis que je continue d'afficher mon hilarité. Décidément, être entourée de ces joyeux lurons est une vraie source de bien-être.

- Bah donne-lui le tien qu'on voit si tu as fait mieux !

Lester lève un sourcil, comme si il ne doutait pas une seconde de surpasser son meilleur ami. Ce dont je ne doute pas non plus, je dois dire. Il sort une boite de sa poche, toute petite, et me la tend. Je ne l'ai même pas ouverte que je me retrouve déjà rougissante, comme chaque fois qu'il s'agit de lui. Et il me suffit de poser les yeux sur ce que contient l'écrin pour que je ne le devienne encore plus.

Le pendentif discret mais magnifique brille devant mes pupilles. Une clé de sol. Et au centre, un rubis splendide, qui se détache de l'argent de la note.

J'ai beau répéter que la musique ne fait plus partie de ma vie... mon cœur qui bat face à ce bijou me hurle le contraire. Il est incroyable, et je ne peux m'empêcher de laisser mes doigts glisser doucement sur le métal froid.

Je relève doucement le regard vers lui. Mon petit-ami. J'ai encore du mal à m'y faire. Et pourtant, qu'est-ce que j'aime pouvoir utiliser ces deux mots pour le désigner. Je me mords la lèvre, devant la force de ses yeux. Je voudrais briser les quelques pas qui nous séparent et plaquer mes lèvres aux siennes. Pour lui montrer à quel point j'aime ce cadeau. Pour lui montrer à quel point les sentiments que je ressens pour lui sont forts.

Mais malgré cette envie, ma timidité m'empêche de faire ce pas. Devant nos amis, devant mes parents, je n'ose pas avoir cette marque d'affection qui pourtant m'emplit l'esprit.

Lester se tourne vers mon père, et ne dit rien, cependant il semble qu'ils se comprennent car mon géniteur hoche la tête. Je ne saisis pas bien ce qu'il se passe, jusqu'à ce que ce Mr.Cliché plus cliché du tout qui fait battre mon cœur, se retourne vers moi et s'avance. Sa main se pose dans mon cou et l'instant d'après, ses lèvres sont sur les miennes. Un baiser doux, chaste, un peu court, mais qui suffit à me rendre rouge comme jamais. Je pose mes mains sur mes joues pour les cacher, ce qui provoque une hilarité générale, qui me gêne un peu plus.

Et en même temps, je l'aime. J'aime voir toutes les personnes qui comptent pour moi en train de rire. Je voudrais les entendre, mais c'est presque comme si je le pouvais, quand je pose mon regard sur eux. Cette ambiance, c'est exactement ce dont j'avais besoin. Même si au fond, je ne peux que penser qu'il manque, et manquera toujours une personne.

- Elle est là.

Je sais qu'il ne parle pas suffisamment fort pour que les autres puissent l'entendre. Il n'y a que moi qui ait accès à ses paroles, qui me touchent bien plus quand je le regarde les prononcer plutôt que si je les entendais.

- Les notes qui la composent continueront toujours de se jouer en toi.

Je crois que jamais je n'ai vu plus belle façon de dire qu'une personne est toujours présente, malgré son absence. Alors j'oublie ma timidité et m'avance d'un pas, me blottissant contre lui. J'oublie presque toutes les personnes autour de nous. Jusqu'à ce que l'une d'elle pose sa main sur mon épaule et brise cette bulle dans laquelle j'aime tant m'enfermer.

Mes yeux tombent rapidement sur Sam, qui me tend un paquet.

- Le meilleur pour la fin !

Presque à contre-cœur, mais en même temps amusée par ce boute-en-train, je me détache de Lester pour saisir le présent.

J'ai à peine terminé de retirer le papier que je reste figée, incapable de savoir qu'elle est la bonne façon de réagir.

Carter s'avance pour voir ce que j'ai entre les doigts, et c'est lui qui dit tout haut ce que nous pensons sûrement tous intérieurement, faisant rire l'assemblée une nouvelle fois. Sam se met à bouder, ce qui renforce l'amusement de chacun.

- C'est pas vrai Sam ! Tu lui as vraiment acheté cette robe jaune ?!

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J'ai décidé de couper ce chapitre un peu plus tôt que prévu, car le moment qui va suivre mérite d'être détaillé, ce qui aurait été trop long à intégrer à la fin de celui-ci. Un moment mignon et nouveau pour Lyra. Des idées ? Indice : cela ne concerne pas Lester...

Le prochain chapitre sortira dimanche soir. 

Si hâte d'être définitivement (presque) en vacances et de ne faire qu'écrire ! Plus qu'un mois environ :D

Allez, à dimanche, 

Kiss :*

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