Chapitre 7

PDV Lester

Si il y a bien une chose que je déteste dans ce bahut, c'est de devoir me mélanger aux autres. Quoi que, je déteste aussi les blondasses idiotes qui me courent après, les sportifs aux deux neurones, les devoirs, les cours longs à mourir... Ouai, en fait, à part les distributeurs automatiques, et la salle de musique souvent vide, je n'aime pas grand-chose.

Alors l'idée de devoir travailler en binôme, avec qui que ce soit, ça me barbe. Encore plus sur un exposé. Qui porte sur l'amour. J'ai l'impression que le prof a décidé de réunir tout ce que je déteste dans une seule et même chose.

Que voulez-vous que j'en dise de l'amour. A part ma guitare, mes potes, et peut-être mon père -ça reste en réflexion- je n'aime rien. Les filles, les mecs, les relations, je n'en ai rien à faire. Je ne cherche pas à être entouré, alors les personnes que j'ai déjà dans ma vie me suffisent. Je n'ai pas besoin de trouver l'amour. Pour ce que j'y crois, de toute façon.

Pour moi, l'amour, c'est uniquement une illusion. Un prétexte inventé par les personnes qui ont eu peur de passer leur vie seuls. D'affronter les obstacles qui mènent au bonheur. Alors ils se sont arrêtés, ont choisi de rester planter là, avec quelqu'un, et un simulacre de bonheur.

Moi je me fous bien d'être seul. La seule qualité que je reconnais à l'amour, c'est que cela fait de bonnes chansons. Et la seule chose qui me rend heureux, c'est de faire de la musique, avec mes potes, ou seul avec ma guitare.

Carter me répète souvent que je suis un glaçon, complètement froid. Il n'a pas tord. Il faut dire aussi que Carter tombe amoureux de toutes les filles qu'il croise dans la rue. Alors n'importe qui paraîtrait froid, à côté de lui. Je ne sais pas combien de fois il a essayé de me pousser vers des femmes, des hommes, même un lampadaire une fois, c'est dire à quel point il était désespéré. Quand je l'ai traité d'idiot, il m'a rétorqué qu'il préférait ramené l'objet à la maison plutôt que de me voir finir ma vie seul.

Heureusement, il semble avoir abandonné. Ou bien il est trop concentré par la vendeuse de la boulangerie, ou la caissière du supermarché pour se concentrer sur moi. Tant mieux.

Au final, pour cet exposé, je ne sais pas qui de moi ou de l'ovni est le plus désespéré. Elle n'est pas franchement bien tombée faut dire, parce que je n'ai aucune envie de faire cette exposé. Elle va devoir se débrouiller, et elle peut toujours essayer, je n'ai absolument pas prévu de changer d'avis. En un sens, ça m'emmerde pour elle. Pas de ne pas bosser, évidemment. Ce qui m'emmerde, c'est les blondasses, qui se foutent d'elle parce qu'elle essaye de me parler. D'un autre côté, j'en ai pas grand-chose à faire. Ça n'a pas l'air de plus la blesser que ça, et puis après tout, je n'ai pas envie de faire copain/copine. Elle devrait l'avoir compris maintenant. C'est mieux pour tout le monde. Je l'ai dis, je n'ai aucune intention de laisser de nouvelles personnes rentrer dans ma vie. Celles qui y sont me suffisent, alors l'ovni ne fait pas exception à la règle.

Je suppose qu'elle a demandé au prof de changer de binôme, pour se mettre avec l'arc-en-ciel sur patte. Mais je ne sais pas pourquoi, je me doute que ça a été infructueux. Un prof qui s'emmerde à faire lui-même les groupes, acceptent rarement de les changer. Peut-être que son esprit de philosophe a trouvé ça bien de mettre la nouvelle avec l'antipathique de service, sûrement en pensant pouvoir faire évoluer les deux, mais il se trouve que je ne compte pas évoluer. Ni la faire évoluer. La vie des autres, ça ne m'intéresse pas. La plupart du temps.

Je pousse la porte de l'appartement et la claque avec mon pied, un écouteur sur une oreille. Je laisse tomber mon sac sur la table, et celui-ci se renverse, mal fermé.

Arthur, à moitié endormi dans le canapé, sursaute et râle. Il n'a qu'à dormir la nuit. On le prendrait pour un vampire, avec son teint blafard et ses yeux rouges. Pas les pupilles, les yeux. On dirait qu'il est en permanence shooté, alors qu'en réalité, c'est juste qu'il ne dort jamais.

- Wouah mec, t'as l'air d'une super humeur !

Je ne réponds pas à Sam, qui est de toute façon trop concentré sur son jeu vidéo pour s'intéresser plus que ça à ce que je pourrais dire.

Ouai, je suis de mauvaise humeur. C'est paradoxale, parce que de toute façon, je ne compte pas le faire, cet exposé. Mais en même temps, ça me fait un peu chier pour l'ovni. Je n'aime pas particulièrement poser de problème aux gens, et je suppose que la laisser faire seule tout le taf en est un. En même temps, je lui demande pas de faire ma part. Elle a qu'à faire la sienne, et moi, tant pis, on s'en fout.

Hum, bonne idée, donc pas besoin de s'en faire pour elle. Même si c'est vrai que ça me dérange un peu plus du fait que ce soit elle, et pas une de ses filles que je déteste. Elle ne m'a rien fait, n'a pas l'air méchante, et a l'air de s'en foutre de ma vie. Mais ça ne change rien, je n'ai pas prévu pour autant de bosser avec elle, ou de paraître sympa.

Je vais juste continuer de l'ignorer un maximum, comme je l'ai fais aujourd'hui.

Je me dirige vers le frigo, attrape la bouteille de jus, et ne m'embarrasse pas de prendre un verre.

- Oh Les', c'est sale !

Je me tourne vers mon meilleur ami, qui arrive du couloir.

- Ça tombe bien, c'est la mienne. Comme ça je suis sûr que tu piques pas dedans, monsieur j'ai peur des microbes.

Il me tire la langue avant de se diriger vers la table et d'attraper la feuille d'exposé, qui en est sortie quand je l'ai lancé.

C'est fou comme Carter peut-être paradoxal. D'un côté, il refuse obstinément de boire ou manger après quelqu'un, et de l'autre, il peut embrasser trois filles par semaine. En fait, les microbes le dérangent, quand ça l'arrange.

- Ah !

Je sursaute, tout comme Arthur et Sam. Le premier se rendort vite, et l'autre, écoute d'une oreille pendant que je crie sur Cart', qui vient de me faire renverser la bouteille de jus.

- Putain mais pourquoi tu gueules !? Bordel !

- Tant de jolis mots dans ta bouche Les'.

- Ta gueule Sam.

J'attrape de quoi essuyer le désastre pendant que Carter s'explique.

- Mais tu vas faire un exposé sur l'amour ! Toi ! Je ne sais pas si c'est hilarant ou la meilleure nouvelle de la journée.

Sam se met à rire grassement tandis que l'idiot a vraiment l'air d'hésiter.

- Je ne vais rien faire du tout. Et je ne vois pas en quoi c'est une bonne nouvelle.

- Bah toi qui y connais rien, c'est juste la meilleure blague de l'année. Mais en même temps tu vas peut-être apprendre des choses qui sait ! Histoire que tu comprennes comme c'est cool. Je kiff ton prof.

C'est dingue comme il est heureux pour un simple exposé que je ne vais pas faire. Si y'a que ça, je vais lui faire des fausses feuilles de consignes pour Noël.

- C'est cool de tomber amoureux de chaque fille que tu croises ? Bah on a pas la même définition du mot. C'est qui en ce moment, la livreuse de pizza ?

C'est Sam, mort de rire sur le canapé, qui me répond.

- Laisse tomber, c'est de l'histoire ancienne ! Il a eu l'opératrice pour la box tout à l'heure, il s'en remet pas !

Je secoue la tête en levant les yeux au ciel. Irrécupérable.

- Non mais attends c'est du sérieux ! Clairement, ça s'entendait dans sa voix qu'il y avait un truc. Hein Sammy ?

- Mais oui mais oui. Et ne m'appelle pas comme ça, Cartichou.

- D'accord mon Sammy.

Pendant que je serpille, ils continuent de se chercher, jusqu'à ce que Carter se reconcentre sur moi. Dommage.

- Bon, et avec qui tu fais cet exposé ?

- Quelle importance ? Je ne compte pas le faire.

- Bah, tu as pas trop le choix.

Je le vois du coin de l'œil hausser les épaules, comme si effectivement, j'étais obligé de faire ce truc. Je ne vois pas trop en quoi je ne pourrais pas juste ne rien faire.

- Et pourquoi ça ?

- Tu as pas lu la feuille ? C'est la première phrase. En gras en plus.

Je fronce les sourcils et m'approche de lui, pour lui prendre la feuille des mains. Et je me sens me décomposer.

« Cet exposé est obligatoire. Si vous trichez, si vous ne faites rien, si seulement l'un des deux candidats travaille, vous avez 0. Et ce 0 est éliminatoire. En d'autres termes, vous n'aurez pas votre année, et je vous vous retrouverez une nouvelle fois en terminale l'an prochain. Choisissez bien. »

C'est une mauvaise blague ? Depuis quand avoir un 0 empêche de finir ses études !

Je froisse la feuille et la balance par terre, pendant que Carter sourit en coin.

- Il n'y a rien de drôle.

- Oh si, crois-moi. Mais au lieu de t'énerver sur un bout de papier et de ruminer alors que tu n'as pas le choix, dis-moi donc avec qui tu fais cet exposé.

Je râle dans la barbe que je n'ai pas. Ce n'était pas prévu. Mais alors pas du tout.

- L'ovni.

- C'est spéciale comme prénom. C'est une fille ?

Qui m'a collé un imbécile pareil comme ami ?

- Mais elle ne s'appelle pas comme ça voyons !

Carter se tourne vers le canapé.

- Qu'est-ce que tu en sais Sammy, tu connais tous les prénoms du monde ? Hein qu'elle s'appelle comme ça Les' !?

- Non. C'est juste que ça lui va bien.

Les deux me regardent en fronçant les sourcils, et pour la première fois, Sam laisse sa manette de côté pour se lever et nous rejoindre.

- Tu lui donnes un petit surnom ? Vous êtes proches ? Tu l'aimes bien ?

Je souffle un bon coup. Je suis déjà suffisamment énervé de me retrouver à devoir faire cet exposé, il faut en plus qu'ils s'y mettent.

- Mais bien sûr que non ! Je la connais même pas ! C'est juste une nouvelle, qui ressemble à un ovni.

- Pourquoi, elle est verte ?

- Bah non elle n'est pas verte Carter.

- Elle est mignonne ?

- Qu'est-ce que j'en sais ?

- T'as des yeux ?

- Cette conversation est stupide.

Ils ne lâcheront pas le morceau jusqu'à tout savoir d'elle, de toute façon. Je suppose qu'ils vont même aller voir sur facebook après. Alors je leur débite ce que je sais rapidement, histoire d'être tranquille.

- Elle s'appelle Lyra je crois, je l'appelle l'ovni parce qu'elle a l'air de tout découvrir comme si elle venait d'ailleurs, elle vient d'arriver, elle est rousse, je suppose que vous la trouveriez mignonne, et elle est sourde. Voilà, contents ?

Alors que je m'attendais à ce qu'ils relèvent la dernière information, ce n'est absolument pas ce qu'ils retiennent de ma tirade.

- Si tu penses qu'on la trouverait mignonne, ça veut dire que tu la trouves mignonne ?

Je fixe mon meilleur ami, blasé. Sam prend la relève, tandis que Carter murmure dans sa barbe qu'il est sûr que je la trouve mignonne.

Je ne la trouve pas mignonne. Elle est pas moche, de toute façon je ne considère pas que qui que ce soit soit moche. Mais étant donné que je me fous des relations, je n'ai aucun style particulier. Je n'ai jamais réfléchi à ce que je trouvais beau, et je ne compte pas m'y mettre maintenant.

- Tu vas la ramener ici pour travailler ?

- Certainement pas.

- Oh pourquoi ?

- Déjà parce que vous ne lui foutriez pas la paix, et ensuite, parce que je n'ai aucunement envie qu'elle fasse partie de ma vie. Alors pas question qu'elle vienne ici.

Déjà que je vais devoir me retrouver seul avec elle, il n'est en plus pas question qu'elle puisse s'immiscer d'une façon ou d'une autre dans mon monde.

Je sais qu'ils vont protester, alors je ne leur en laisse pas le temps et vais dans ma chambre en claquant la porte. J'étais déjà saoulé en rentrant, mais ce n'est rien comparé à maintenant. Et ça me saoule tout le reste de la soirée.

Quand je me réveille le lendemain matin, c'est la tête dans les pieds, pour rester poli, que j'avance jusqu'à la cuisine. Je salue à peine mes colocataires, déjà debout, sauf Arthur qui dors dans un fauteuil. J'attrape rapidement une pomme et prends mon sac sur mon épaule pour me rendre en cours. Pas de temps de sommeil à perdre, je me lève toujours au dernier moment.

Au moment où j'ouvre la porte, la voix de Carter résonne suivit du rire de Sam.

- Oublie pas d'inviter Lyra à la maison !

Je grogne pour toute réponse.

Au lycée, la repérer n'est pas difficile. Il suffit de suivre le look haut en couleur et la voix qui ne s'arrête jamais de son amie. L'ovni elle, est de dos, elle ne me voit donc pas arriver. Elle finit par se retourner quand les yeux de l'arc-en-ciel s'ouvre en grand en comprenant que je m'approche d'elles.

Elle me regarde sans comprendre tandis que j'arrive jusqu'à elle. Je ne m'embarrasse pas des banalités et rentre dans le vif du sujet.

- Pour l'exposé, on peut aller chez toi ?

Bah ouai, hors de question qu'on aille chez moi, et la bibliothèque est en réparation. Et, d'après ce que j'ai pu lire sur la feuille d'intro que j'ai défroissé un peu plus tard, on doit travailler de chez nous, avec les livres que nous pouvons trouver soit dans notre classe de philo, soit sur internet.

Je ne sais pas si elle est surprise que je lui parle, que je compte faire cet exposé, ou bien que je lui propose d'aller chez elle. Peut-être un peu de tout. Elle finit -enfin- par me répondre, d'une voix inégale, mais ce n'est pas dérangeant.

- Hum... oui je pense que...

- Ok.

Et je me barre. Je vois sur son visage qu'elle ne s'y attendait pas et elle me pose une question alors que j'avance. Elle crie, ne pouvant doser sa voix, ce qui fait se tourner bon nombre d'étudiants vers elle. Je ne me retourne pas et me contente de faire un signe de main, pour lui signifier qu'on verra plus tard.

Je continue d'avancer, et avant de tourner au prochain couloir, je jette un coup d'œil rapidement à l'ovni. Elle rougit, maintenant qu'elle remarque que tous la regarde.

Mouai, je suppose qu'on peut dire qu'elle est mignonne.  

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Alors, que pensez-vous de Lester ? Et de ses amis ?

J'espère que jusqu'ici cette histoire vous plait, n'hésitez pas à me le dire, 

A vendredi, 

Kiss :*

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