Chapitre 68
PDV Lester
Je referme la porte de la salle de bain dans laquelle j'ai emmené Lyra, trempée. Avoir lui avoir donné une serviette et son sac de vêtement, qu'elle ne comptait sûrement pas utiliser dès ce soir, je m'enferme dans une autre pièce pour me sécher également.
Je m'arrête devant le miroir de cette nouvelle salle de bain -je ne saurai dire combien cette maison en contient- et passe les doigts sur l'une de mes mèches de cheveux.
Je n'aurai pas imaginé que cette soirée ressemblerait à ça. Mais je dois dire que je ne le regrette en rien. C'est sûrement... l'une de mes meilleures soirées depuis longtemps. Tous les moments que je passe avec elle semblent surpasser les autres sans trop de difficultés.
Hélène est le rayon de soleil de mon père. Je crois que je peux dire que Lyra est le mien. Quoi qu'elle est plus qu'un rayon, dans ma vie. Elle l'illumine complètement.
Je suppose qu'on a dû en choquer plus d'un, à nous comporter de cette façon. Elle n'a pas eu l'air de s'en soucier, et je dois dire que moi non plus. Ça m'a fait du bien. Et j'emmerde tout ces types coincés qui ont pu s'en trouver bouleversés. Parfois, je me demande comment mon père peut s'entourer de ce genre de personne. Et puis je me souviens qu'il ne s'agit pas d'amitié mais bien de business. Je le plains presque. Je ne pourrais pas vivre entourée de personne qui ne sont avec moi que pour le profit. Quand bien même leur présence m'en rapporte en même temps.
Mais suis-je bien placé pour parler ? Les personnes gravitent autour de moi pour ma popularité. Quand bien même ils ne représentent pas grand-chose, ils sont là. Et d'une certaine manière, ils sont essentiels. Je pourrais jouer sans eux. Mais je n'en serais pas où j'en suis aujourd'hui. Un échange de bons procédés, je les laisse graviter, et ils me permettent de jouer sur une scène avec Madness.
Au fond, je ne peux me retenir de vouloir savoir ce que mon père a pensé de ce moment. Je doute qu'il ne l'ait pas vu. M'en veut-il d'avoir donné une image « dépravée » lors de son anniversaire ? Il faut dire que tout ce qui touche de près ou de loin à l'amusement est une dépravation dans ce genre de milieu.
C'est bien ce qui ne me manque pas. Je ne veux pas retourner dans ce milieu. Mais... je ne peux pas nier que je voudrais que Lyra ait raison, et qu'il existe une façon de réintégrer ma famille à ma vie.
Je souffle un coup et essaye de penser à autre chose. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai peur d'y penser plus. Peut-être parce que je ne sais pas si cet espoir qui pourrait naître en moi est vain. Mais n'est-il pas déjà né, au fond ?
Je ne peux pas y répondre.
Je finis par quitter la pièce, sans avoir pu vraiment me changer. Contrairement à l'Ovni, je n'ai pas de sac avec des affaires neuves sur moi.
Je m'arrête dans un salon, pour attendre Lyra. Un « petit » salon. Ce genre de maison a un nombre incalculable de pièce en double, en triple, ou plus encore.
- Tu veux d'autres vêtements ?
Je sursaute presque, mais le camoufle derrière cette façade que je me taille depuis des années. Je pose mon regard sur mon père, qui se tient dans l'embrasure de la porte.
- Ça ira. On va y aller.
Je n'arrive pas à savoir ce qu'il en pense. J'ai presque l'impression qu'il est déçu de m'entendre dire que nous partons, mais son expression change trop vite pour que je ne puisse l'affirmer. Il s'approche de moi, et je remarque qu'il tient deux verres à la main. Il m'en tend un, que j'hésite à prendre. Devant ma moue sans doute réfractaire, il me rassure.
- C'est un cocktail sans alcool. Je sais que tu dois prendre le volant.
Je hoche la tête et j'accepte le verre, que je garde en main sans l'emmener à ma bouche. J'ai une certaine sensation d'inconfort, à me retrouver seul avec lui. Je ne sais pas quoi lui dire. Et en même temps, je ne suis pas réfractaire à l'idée de passer un moment avec lui, au contraire. Simplement, je ne sais pas comment agir. Il me facilite la tâche en entamant la conversation sur un sujet que j'apprécie, Lyra.
- Je dois avouer être surpris de te voir avec Lyra. Agréablement surpris, j'entends bien. C'est une jeune fille très intéressante.
Je ne peux pas le contredire. Il y a des millions de facettes chez elle, et je suis conscient de ne pas toutes les avoir encore découvertes.
- J'ai discuté avec elle, ce soir. Et elle m'a fait comprendre qu'il y a des choses que j'aurai dû te dire. Pour que tu évites de les interpréter d'une mauvaise façon.
- C'est-à-dire ?
- Je n'ai jamais voulu t'écarter de nos vies.
Je reste silencieux pendant un moment. Elle lui a dit. Est-ce que je lui en veux d'avoir confié mes doutes et mes peurs au principal concerné ? Non. Je ne l'aurai pas fait de moi-même. Et au fond, en l'emmenant ici, après lui avoir tout révélé, peut-être que je voulais qu'elle prenne ce genre d'initiative. Qu'elle fasse pour moi ce pas que je ne parvenais pas à faire.
Il s'écarte de moi et va s'asseoir, en baissant les yeux. Et pour une fois, je comprends ce qu'il ressent. De la tristesse, un sentiment d'accablement. Et de la colère. Pas contre moi, mais contre lui-même. De ne pas avoir su voir, de ne pas avoir compris. Mais comment aurait-il pu quand j'ai tout fait pour qu'il ne s'en rende pas compte ?
- Quand tu m'as demandé de partir... je ne savais pas quoi faire. Je voyais que tu étais mal. Je le comprenais mais je me sentais impuissant face à cela. Je me suis dis que si je te retenais à la maison, je te ferais peut-être encore plus de mal. Alors je t'ai laissé partir. Pas pour ne plus te voir, mais en espérant que cela te ferait du bien. J'aurai peut-être dû te l'expliquer dès le début, mais je ne savais pas comment te parler après tout ça.
Tout ça. Après que j'ai à petit feu détruit notre famille.
Comme si il entendait mes pensées, son visage se relève et ses yeux se plantent dans les miens.
- Tu ne dois pas t'en vouloir Lester. Tu n'es coupable de rien. Tu étais un enfant, rien de plus. La seule personne à blâmer, c'est ta mère.
Je me mords la lèvre, pour me retenir de dire quelque chose de mauvais. Ce n'est pas ma mère. Cela fait longtemps que j'ai cessé de penser à elle de cette manière.
- Si elle n'était pas partie, tu n'aurais pas rencontré Hélène.
- C'est vrai. Mais cela ne veut pas dire que tu n'as pas le droit d'avoir, ou d'avoir eu mal suite à son départ.
- J'ai été odieux.
- Et tu penses que l'on peut t'en vouloir ? Ce n'est pas le cas. Nous ne t'en voulons pas. Je sais que j'ai raté pas mal de chose, avec toi. Mais celle-ci non. Jamais je ne t'en ai voulu pour ton comportement. Et ça ne changera pas. Tu avais le droit d'être blessé, et de le montrer. Même si cette façon n'était pas la meilleure qui soit, cela ne change rien.
Je ne sais pas quoi lui répondre. Je sais que cette conversation me fait du bien. Je sais que mon cœur se met à battre d'un étrange façon. Ce ne sera sûrement pas suffisant pour combler des années de non-dits. Mais c'est un début qui fait du bien. Qui fait du bien là où auparavant j'avais mal.
- Je... je ne comprends pas pourquoi je lui en voulais.
Il fronce les sourcils, et c'est la dernière chose que je vois avant de ne plus pouvoir soutenir son regard. Je le détourne vers la fenêtre, et regarde à l'extérieur tout en attendant sa réponse.
- Tu es son fils. Elle est partie en te laissant, c'est normal que tu lui en veuilles.
- J'étais bien avec Hélène. Bien mieux qu'avec elle. Alors je n'aurai pas dû en avoir quelque chose à faire.
- Quand bien même elle était loin d'être une bonne mère... quand bien même tu as trouvé en Hélène ce que tu cherchais auparavant en elle... cela ne veut pas dire que ton cœur avait fait un trait sur elle. Aimer Hélène ne t'empêchait pas de ressentir des choses pour ta mère, bonnes ou mauvaises.
Peut-être qu'il a raison. Mais c'est dur d'admettre que je ne suis coupable de rien alors que j'ai passé des années à penser le contraire.
- Je vous ai fait du mal, avec tout ce que j'ai pu vous dire.
Il secoue la tête, en soufflant comme si il était déçu que je pense ce genre de chose.
- Ce qui nous a blessé, c'est de voir à quel point tu allais mal sans que nous ne puissions rien y faire.
Je ne réponds rien. Une nouvelle fois, je ne sais pas quoi. Cette discussion me fait du bien, mais elle n'en reste pas moins difficile. Parce qu'il n'est pas simple de faire un trait sur des années passées à se sentir coupable. C'est quelque chose qui prend du temps.
Mon père semble comprendre que c'est trop d'un coup. Qu'on ne peut pas tout réparer maintenant. Il a déjà fait tout ce qu'il pouvait pour aujourd'hui : il m'a fait comprendre que je n'avais rien perdu, et que tout pouvait se restaurer. C'est peut-être le pas le plus important.
Maintenant, il faut se laisser le temps de faire les autres comme il faut.
J'ai presque l'impression d'entendre Lyra, en pensant de cette manière. Et cela me fait sourire.
- Cela fait des années, que je ne t'avais pas vu sourire de cette façon.
Je me tourne presque étonné vers lui. Je ne devrais pas l'être, parce que j'en suis conscient moi aussi, au fond, mais c'est plus fort que moi.
- Ce soir... je t'ai vu heureux, grâce à cette jeune fille. Je crois... que tu as trouvé ta Hélène.
J'essaye de cacher mon sourire, et si je suis certain de ne pas y parvenir, il ne dit rien là-dessus. Il ne dit rien non plus sur le fait que je l'ai présentée comme une amie, et je l'en remercierais presque.
- Lyra... est un diamant brut. Le polir ne sera pas de tout repos. Mais ça en vaut la peine.
Je ne lui demande pas pourquoi il me dit cela. Je me doute qu'il a dû voir en Lyra ce que je vois chez elle. Et ses mots sont criants de vérité. Montrer à Lyra sa vraie valeur et la faire s'épanouir pleinement est loin d'être une tâche aisée. Car cela passe par la musique, et elle ne veut pas en entendre parler. Mais je compte bien y parvenir. Je vais y parvenir.
- Est-ce qu'elle t'a déjà vu jouer ?
Je hoche la tête.
- Elle a un don pour la musique.
- Tout comme toi. Il n'y a quoi voir ce que vous accomplissez, avec tes amis.
Je reste surpris et ne me retiens pas de le faire savoir.
- Tu sais ce que nous faisons ?
- J'ai toujours suivi ton groupe et ta carrière musicale.
Je n'ai pas le temps de répondre, qu'il enchaîne directement.
- Tu sais, je ne te montre peut-être pas assez ma présence. Mais je serais toujours là.
Et je ne sais pas si il s'en rend compte, mais il vient de me toucher en plein cœur.
Et bordel, ça fait du bien, autant que cela me chamboule.
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Désolée pour le petit retard, j'étais patraque hier alors j'ai préféré me reposer :)
La voilà, la conversation entre père et fils ! Ce n'est que le début... mais c'est un bon début non ?
Le prochain chapitre... je crois que vous allez aimer... des idées ?
A samedi !
Kiss :*
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