Chapitre 64
Chapitre non corrigé.
PDV Lyra
Mes mains tremblent presque alors que je tente de faire correctement mon chignon. Mes cheveux refusent de se discipliner, et le stress qui m'envahit ne m'aide pas à rester sereine. Je ne devrais sûrement pas me faire toute une montagne de cette rencontre, et pourtant, je ne peux pas m'en empêcher. Et si je n'étais pas assez bien habillée ? Et si je ne plaisais pas à Lester ? Et si sa famille ne m'appréciait pas ? Des « et si », j'en ai encore des milliers qui me tournent dans la tête. Je crois qu'à chaque battement de cils, un nouveau vient se rajouter à l'immense collection déjà existante.
Est-ce que c'est normal, de ressentir ce genre de chose ? Je suppose qu'il y a toujours une certaine angoisse à rencontrer la famille de la personne avec qui l'on est. Et avec ce que m'a dit Lester, ça ne fait qu'augmenter mon angoisse. J'ai peur de m'être trompée sur leur compte. Peut-être avait-il raison sur le fait qu'ils sont contents de ne plus le voir. Ou peut-être pas. Mais je ne peux m'empêcher d'angoisser, comme si je n'étais pas capable de penser que cette soirée puisse bien se passer.
Je râle une énième fois en constatant que ce que je fais ne tiens pas du tout, quand j'aperçois ma mère dans le reflet du miroir. Elle me sourit, amusée, avant de s'avancer vers moi. Sans rien dire, elle me fait un signe de main et j'y dépose les pinces et autres élastiques.
Je la laisse réunir ma tignasse rebelle, tandis que je continue de me faire des films. Vont-ils se disputer ? Est-ce que Lester va être capable de se détendre ? Je veux être là pour lui. Je veux qu'il passe un bon moment, parce qu'au fond de lui, je sais qu'il voulait y aller. Qu'il voudrait que tout soit comme à cette époque où leur famille allait encore bien. Je veux qu'il voit que sa famille l'aime, que sa famille ne lui en veut pas.
Mais je ne peux pas affirmer que j'ai raison sur ce point. Je peux seulement me l'imaginer, parce que je n'ai pas envie que quoi que ce soit qui puisse lui faire du mal existe. Je n'aime pas l'idée qu'il souffre, quand bien même il pourra affirmer autant qu'il veut qu'il s'en fiche.
Je sais qu'en vérité, il a du mal avec le fait d'être aussi distant de sa famille. Mais il n'est pas plus doué que moi avec les sentiments, alors il ne risque pas de parvenir à l'avouer.
A travers le reflet, je vois les lèvres de ma mère bouger. Si c'est bien plus compliqué pour moi de la comprendre de cette façon, j'y parviens tout de même.
- Tu es magnifique ma puce. Il va être épaté.
Mes joues rougissent et si elle ne me tenait pas les cheveux, je me serais cachée sous la masse qu'ils représentent.
Est-ce que j'ai envie qu'elle ait raison ? Oui. Et cela me fait encore plus rougir que de ne l'admettre. Mais je veux que Lester me trouve belle. Alors que je n'accorde plus d'importance à l'avis des autres depuis des années, le sien semble devenir vital. Je veux voir son regard briller encore une fois alors qu'il est posé sur moi. C'est plus fort que moi, et cela me fait un peu peur. Mais d'un autre côté, ça me paraît naturel. Parce que j'ai enfin fini par m'avouer ce que je ressentais pour lui. Même si pour l'instant, je suis incapable de le partager à d'autres.
- Comment tu te sens ?
- Sur le point d'exploser.
Elle rit, et je me dis que j'aimerais entendre à quoi cela ressemble. J'ai fini par l'oublier, avec les années. Un constat qui me blesse un peu.
- J'étais dans le même état que toi lorsque j'ai rencontré mes beaux-parents.
Je ne pense pas que l'on puisse dire que ce sont mes beaux-parents. C'est peut-être un peu tôt, non ? Mais au fond est-ce que cela change quelque chose à la façon dont je me sens ? Pas du tout. Je ne peux pas dire ma mère que ce qui m'angoisse le plus n'est pas de les rencontrer. C'est peut-être d'ailleurs ce qui me dérange le moins. Je ne me stresse pas pour moi, mais pour lui. Et c'est bien plus puissant que toute l'angoisse que j'ai pu ressentir pour moi jusqu'à présent.
- Dis maman... comment on fait pour soutenir quelqu'un ?
Elle semble étonnée un instant, mais ne fait pas mine de vouloir poser des questions. Je pense qu'elle comprend que c'est déjà une grande avancée, que je commence à m'ouvrir à elle, ces derniers temps. Il ne faudrait pas qu'elle m'en demande trop d'un coup. Une relation, cela met du temps à se réparer. Et chaque nouvelle erreur est une fissure qui risque de ne jamais se refermer.
Ma question n'est pas la plus simple. Je suis presque certaine qu'il n'y a pas de réponse unique. Mais elle m'étonne lorsqu'elle me sourit tendrement.
- Tu sais chérie, je pense qu'il n'y a qu'une seule chose à faire : être soi-même. Parce que c'est ainsi qu'on fait du bien aux personnes que l'on aime.
Être moi-même ? Comment je fais ? J'ai l'impression d'avoir déjà du mal à comprendre comment je suis, alors le rester... Elle semble voir mon trouble car elle rit un peu avant de poser ses mains sur mes épaules. J'admire le résultat de la coiffure avant de me concentrer sur ses lèvres.
- Tu réfléchis trop. Ne pense juste pas à la situation, aux gens qui vous entourent. Juste à lui.
Elle me fait un clin d'œil avant de s'éloigner.
- Je crois qu'il est arrivé. Tu devrais descendre avant que ton père ne le fasse fuir.
- Il ferait ça ?
Elle rit une nouvelle fois avant de secouer la tête.
- Je ne sais pas. C'est la première fois qu'il fait face à un petit ami, alors on peut s'attendre à tout. Heureusement, nous n'avons pas d'arme à la maison.
Je grimace mais cache un petit sourire. Elle m'ouvre la porte et me fait un signe de tête, qui se veut sûrement rassurant. Je souffle un bon coup, avant d'avancer. Mais sur le pas de la porte, je m'arrête un instant.
- Merci.
Je vois sa gorge se contracter un instant, et ses yeux briller. Mon cœur s'arrête de battre pendant quelques millisecondes. Un simple petit mot, qui semble pourtant avoir fait naître de pures émotions en elle. Si j'avais su... je l'aurais peut-être dis plus tôt. Quoi que l'intérêt est que ce mot soit une conséquence de quelque chose. Sinon l'effet est moindre.
Je me trouve un peu de courage et descend doucement les escaliers. Au moins, il n'est pas en bas à me regarder descendre. J'aurai été capable de louper une marche, sous la force de son regard. Quand je pose le pied en bas, son corps m'apparaît, avec mon père dans le salon. Il se retourne enfin vers moi.
Et dans son regard... Je vois exactement tout ce que je voulais y voir.
PDV Lester
Je dois avouer que cette situation n'est pas la plus confortable. Le père de Lyra me regarde, les mains dans le dos sans rien dire. Je me sens scruté, analysé, bien plus que la dernière fois où je me suis retrouvé devant lui. Je suppose que la nature de ma relation avec sa fille joue dans ce changement.
J'ai même presque l'impression que ce moment est plus désagréable que celui qui va suivre. Et pourtant, je ne suis pas très optimiste concernant la soirée dans la demeure familiale.
Il finit par me tourner le dos et s'avancer vers la cheminée, et plus particulièrement vers une bouteille de stock au-dessus de celle-ci.
- Un verre ?
Il me présente le liquide ambré, son regard me défiant presque. Je ne suis pas dupe, il ne me propose pas de boire. Il me teste.
Alors je secoue la tête de gauche à droite.
- Je dois conduire.
- Bonne réponse.
Il s'en sert un avant de s'avancer vers moi, et de retourner dans son mutisme pour un petit moment.
- Tu sais Lester...
Est-ce normal de ne pas être serein face à cette approche ?
- Je crois que je dois te remercier.
Je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil, tant il me prend de court. Et pourtant, tout le monde sait comme je déteste exprimer quoi que ce soit. Même si je dois avouer avoir du mal à les retenir depuis que ce petit Ovni a débarqué dans ma vie.
- Vois-tu... je suis bien conscient d'avoir raté pas mal de chose avec Lyra depuis...
Il n'en dit pas plus, mais je comprends aisément de quoi, ou plutôt de qui il parle.
- Mais je suis certain d'autre chose en revanche. Cela fait des années que je n'ai pas vu ma petite fille reprendre goût à la vie. Et aux gens qui l'entourent.
J'ai la sensation que ma gorge s'assèche. Je ne sais pas quoi dire. Et je crois que rarement je ne me suis senti touché de cette façon.
- Je n'ai pas fait grand-chose.
- Tu as fait plus que tu ne crois. Tu as été le soutien dont elle avait besoin.
Je ne réponds rien, et le laisse poursuivre, sentant qu'il a autre chose à me dire.
- Je voudrais que tu m'aides, Lester. Lyra... peu importe ce qu'elle en dit, elle a besoin de musique.
Je ne peux qu'être d'accord avec lui. Je sais qu'elle ne veut pas en entendre parler pour le moment, mais il y a bien un moment où elle se rendra compte de la nécessité pour elle de rentrer de nouveau dans ce monde. Parce qu'elle en fait partie, et qu'en s'en privant, elle se détruit petit à petit.
Alors quand il me demande de l'aider, je ne peux qu'accepter. Parce que j'ai déjà prévu de tout faire pour lui faire accepter qu'elle a besoin des notes autant que les partitions ont besoin d'elle. Elle est une clé essentielle pour ces lignes. Et tant qu'elle n'est pas là, la musique est incomplète.
- Prends soin d'elle tu veux ?
Ce n'est pas vraiment une question, mais ma tête acquiesce d'elle-même.
Il me rend un sourire avant de diriger son regard derrière moi. Je me tourne, et je la vois.
Elle.
Et je me rends compte d'à quel point cette fille là, elle me fait perdre la tête.
Et je m'en fous de montrer ce que je ressens. Parce que tous mes sentiments, ils sont pour elle.
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Le prochain chapitre sortira aux alentours du 17 janvier. C'est dans longtemps, mais c'est la date de fin de mes partiels ^^ Je sais que vous comprenez mes raisons ;)
D'ici là, je devrais pouvoir écrire un peu au milieu de mes révisions et de mes examens. Et à partie de là, on reprend 1 chapitre par semaine, comme avant :)
Hâte que ces examens soient finis, parce que bordel c'est chiant.
Allez, à bientôt,
Kiss :*
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