Chapitre 63
PDV Lyra
Mon cœur bat la chamade alors que je relis pour la centième fois au moins cette petite phrase. C'est dingue comme des heures, des jours après, il parvient toujours à me faire le même effet que la première fois où je l'ai découvert. C'est comme une bouffée d'air frais. Vous la recevez en plein visage, et vous avez l'impression de respirer vraiment pour la première fois. Et sans que vous ne puissiez le contrôler, un énorme sourire naît sur vos lèvres.
C'est exactement l'effet que cela a eut, et a encore sur moi. Mes joues se colorent encore avec la même force, et j'ai presque envie de lui répondre à nouveau. Pourtant je l'ai déjà fait. J'ai accepté dans la minute qui a suivi. Mais chaque fois que je le relis, je retiens mes doigts de taper sur ces trois lettres, encore et encore.
Ce message me chamboule, dans le bon sens du terme. Il me montre toute la confiance qu'a Lester en moi. D'abord, il me parle de son histoire. Ensuite, il m'écoute et accepte de les revoir. Et enfin, il m'emmène chez ces personnes qu'il aime tant.
J'ai le cœur qui gonfle de bonheur, parce que je comprends l'importance que j'ai pour lui. Je comprends qu'elle égale celle qu'il a pour moi.
Et d'un autre côté, des questions tournent dans mon esprit, des questions dont les réponses me font peur. Et la plus importante de toute reste de savoir ce que cela signifie, qu'il m'emmène là-bas. Je pense que je cherche des explications trop loin, mais je ne peux m'empêcher de me demander si il souhaite sciemment que je rencontre sa famille.
Ce n'est pas rien, de rencontrer les parents de son petit-ami. Il connaît les miens... mais la rencontre n'a pas eu lieu alors que nous avions franchi ce cap.
Je me demande comment il va me présenter.
Et en même temps, je m'en fiche. Parce que je sais toute la difficulté qu'a Lester à reconnaître publiquement notre relation, et j'en comprends les raisons. Elles me touchent, même. Et je connais aussi la difficulté qu'il a à parler de ce qu'il ressent. Quand on sait qu'il a déjà peur de ne plus compter pour sa famille, je doute qu'il ne puisse s'ouvrir de cette façon, aussi rapidement.
Alors, je ne veux pas de présentation officielle. Je veux juste être là pour lui, dans un moment où je sais qu'il en aura besoin. Même si il ne l'admettra sûrement pas. Je crois que le simple fait qu'il m'emmène là-bas est déjà suffisant pour moi. Je n'ai pas besoin de plus, pas besoin qu'il révèle à tous notre relation. C'est sa façon à lui de me montrer les choses. Et ça me va.
- C'est tellement adorable !
Je pose les yeux sur mon amie en face de moi.
- Si il t'entend dire qu'il est adorable, je ne suis pas sûre de ce qu'il va advenir de toi.
Elle rit, et j'imagine qu'elle doit faire pas mal de bruit, car plusieurs clients du café lui lancent des coups d'œil. Je ne suis pas forcément à l'aise, mais cela n'a pas l'air de la déranger, alors je passe outre. Il faut dire que j'ai autre chose en tête.
Car je n'avais pas pensé qu'il me faudrait trouver une tenue pour aller à cet anniversaire. Il semble qu'il faille être bien habillée, et je n'ai pas participé à une cérémonie guindée depuis un paquet d'année. La seule robe que j'ai n'est pas forcément adaptée pour ce type d'évènements, et vu ce qu'il s'est produit la seule et unique fois où je l'ai mise, je ne me sens pas capable de la porter sans passer ma soirée à rougir.
Je dois déjà retenir mes joues de prendre des couleurs rien qu'en en évoquant l'idée.
Alors ni une ni deux, Talia m'a traînée en centre-ville, ravie d'avoir un nouveau prétexte pour me faire sortir. Au fond, je la remercie. Déjà parce que je ne me sentais pas capable de venir ici seule, et ensuite, parce que cette fille est un vrai rayon de soleil dans ma vie. Sa bonne humeur me fait du bien, et la voir déguster son muffin avec tant d'avidité est sûrement le plus beau spectacle de ma journée.
- Tu vas rencontrer tes beaux-parents tu te rends compte ?
Je rougis et lui balance un coup de pied léger sous la table. Elle ne semble pas avoir bien mal, et se contente de rire, manquant de recracher quelques pépites de chocolat. Je lève les yeux au ciel mais ne peut retenir un sourire. Je trouve que je souris beaucoup plus, ces derniers temps. Et je dois avouer que cela me fait du bien. Vraiment.
- Tu es stressée ?
Je réfléchis pendant un moment à la question. Un peu. J'ai peur de faire mauvaise impression, c'est vrai. Mais j'ai surtout peur que cela se passe mal pour Lester. Et je crois que cela surplombe le reste.
- Pas vraiment. J'ai seulement peur... que cela ne se passe pas bien.
Je ne lui en dis pas plus. Elle n'a pas besoin de savoir ce qui se passe dans la vie de Lester, ce n'est pas à moi de lui en parler. Et je doute qu'il veuille la mettre au courant un jour.
D'un coup, elle se met à jouer avec la paille de son thé glacé, et je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils. Elle est bien trop silencieuse et soucieuse pour que cela ne cache rien.
- Qu'est-ce que tu as ?
Je crains presque la réponse, et c'est comme si je connaissais déjà le sujet avant qu'elle n'en parle.
- Je me demandais... enfin... tu sais peut-être qu'on pourrait passer dans un magasin musique ?
Elle n'est pas assurée quand elle parle, et je n'ai pas besoin qu'elle en dise plus pour que je comprenne où elle veut en venir. Pourtant, je ne peux m'empêcher de lui demander.
- Pourquoi donc ?
- Je me disais que peut-être... tu aurais envie de retrouver un lien avec ce monde ?
C'est la première fois qu'elle évoque cette possibilité, depuis que je lui ai vaguement expliqué mon histoire. Je ne m'y suis pas attardée, et elle ne semblait pas vouloir revenir dessus, ayant compris ce que je pensais de tout ça. Alors je ne saisis pas bien pourquoi elle se décide à en parler maintenant. Je n'ai pas envie de me prendre la tête avec elle. J'ai bien vu ce que cela a donné la dernière fois qu'une personne, Lester en l'occurrence, a tenté d'avoir cette conversation avec moi. Et je ne veux pas que cela recommence.
- Je ne veux pas parler de cela, Talia.
Je ne m'entends pas, mais je sens que ma voix est plus assurée que d'habitude. Plus froide, et suffisamment sérieuse pour lui faire comprendre le fond de ma pensée.
Elle ne dit rien de plus là-dessus, et il me faut de longues minutes avant que je ne parvienne à me détendre.
- La bleue ou la rose ?
Je lui tends deux robes, similaires mais dans deux couleurs différentes. Déjà trois magasins, mais toujours rien de trouvé. Je commence à désespérer d'avoir l'air présentable à cet anniversaire.
- Honnêtement, peu importe la couleur, tu seras magnifique.
Je me demande ce que j'ai fait pour mériter une amie comme elle. Cette fille est une perle rare.
- Mais prends la bleue quand même.
Je ne peux retenir un rire et elle me rejoint vite. Nous passons d'allée en allée, avant qu'elle ne s'arrête soudainement, et ait les yeux qui brillent. Je ne mets pas longtemps à comprendre ce qui la met dans cet état, quand trois silhouettes s'approchent de nous.
Celle au centre nous fait des grands signes, en sautant presque sur place.
- Belle-sœur !
Je souris à Carter et réponds à son salut. J'ai arrêté de faire attention au surnom qu'il me donne. Je suppose que j'ai fini par m'y habituer et comprendre qu'il n'arrêterait pas de l'utiliser, malgré les menaces de Lester.
Sam passe un bras sur mes épaules et analyse ce que je porte entre mes mains.
- C'est pour l'anniversaire ?
Je hoche la tête, en me retenant de rougir. Par contre, je ne me suis toujours pas habituée à son côté tactile. Je salue Arthur d'un signe de tête, et me concentre sur Carter qui m'attrape les mains.
- Trop bien, on peut t'aider à chercher ? Allez dis-oui, dis-oui s'il-te-plaît !
Je ne retiens pas un sourire et cède bien vite devant son visage suppliant, un copié-collé de celui qu'affiche Talia à côté de moi.
Je ne peux m'empêcher de fixer l'endroit d'où ils viennent d'arriver, et Carter semble le comprendre.
- Il n'est pas là, il avait une course à faire ailleurs.
Une certaine déception m'habite, mais je l'oublie vite quand Sam part à toute vitesse vers les rayons. Ils me cantonnent dans une cabine d'essayage, pour me garder la surprise, soit disant. Si Arthur ne part pas à la recherche de tenue à mon attention, il est bien présent quand ils s'assoient tous les 4 devant ma cabine, attendant que j'en sorte. C'est un peu stressant.
J'enfile rapidement le premier bout de tissus, dans lequel je ne suis pas forcément à l'aise. Je passe seulement ma tête derrière le rideau, et rougis sous leurs regards attentifs.
- Je ne pense pas qu'elle m'aille.
- Le rideau ne te va pas, en effet. Sors si tu veux qu'on te dise ce qu'on en pense.
Je lève les yeux au ciel mais fini par accéder à la requête de mon amie. Carter lève les pouces en l'air avec un grand sourire, alors que les trois autres font non de la tête. Il les regarde, semblant ne pas comprendre leur choix. Je les laisse débattre en riant alors que je vais en enfiler une autre.
Le petit jeu se répète à plusieurs reprises, mais jamais ils ne tombent d'accord.
- Mais si elle est magnifique !
- Tu dis ça parce que c'est toi qui l'a trouvée Sam.
- Pas du tout. Et puis tu avais qu'à chercher des robes toi aussi.
Arthur fait fis de ne pas entendre son cousin et me regarde avant de secouer la tête une nouvelle fois. Les autres font pareil, et Sam se tourne vers eux.
- Elle est super cette robe !
Carter fait une grimace avant de me regarder.
- Bah... elle est très jaune quoi.
- Et alors ? C'est joli le jaune. Très solaire.
Talia pouffe et Sam décide de prendre directement mon avis.
- Et bien... je me sens un peu comme un poussin.
Ma réplique fait mouche et les trois éclatent de rire, tandis que Sam continue de défendre bec et ongle sa trouvaille. Il finit par croiser les bras et gonfler les joues, tandis qu'Arthur se moque de lui.
Je crois que je n'ai jamais trouvé aussi agréable de faire les magasins. Ça respire la bonne humeur, par ici. Certaines vendeuses et clientes s'arrêtent de temps en temps pour nous regarder et rient de bon cœur devant les scènes que nous leur offrons. Et pour la première fois, leurs regards ne me gênent pas.
Je retourne une nouvelle fois en cabine et mes joues rougissent quand je passe la robe choisie par l'un d'eux. Je ne peux pas sortir comme ça ? Si ?
Très moulante, et très courte, elle ne me paraît pas appropriée pour l'occasion. Je ne peux nier qu'elle est très belle mais...
Je me décide à sortir, et soudainement, Carter met une de ses mains devant ses yeux, avant de placer la seconde devant ceux de Sam. Arthur lui détourne la tête.
Leur réaction m'inquiète, et je me retourne rapidement pour vérifier que je ne l'ai pas mal mise et laissé apparent quelque chose qui ne devrait pas l'être. Mais rien.
- Quoi ?
Toujours sans retirer sa main, Carter me répond.
- Si Lester apprend qu'on t'a vu ainsi, il va nous percer les yeux. Garde là juste pour lui.
Mes joues rougissent subitement alors que Talia éclate de rire, et je rentre avec précipitation dans la cabine. Je respire un petit moment avant de me décider à enfiler la dernière, la bleue du début.
En me regardant dans le miroir, je ne peux m'empêcher de laisser un sourire monter sur mes lèvres. Je crois que je connais déjà leurs réponses. En tout cas, j'ai la mienne.
J'ouvre le rideau, et ils arrêtent de se chamailler pour se tourner vers moi. Personne ne dit rien pendant un instant, avant que Talia ne croise les bras et prenne un visage satisfait.
- Je savais que le bleu c'était mieux.
- Je croyais que toutes les couleurs m'allaient ?
Elle ne dit rien et lève les yeux au ciel, faisant mine de ne pas m'avoir entendu, ce qui me tire un rire.
- Alors ?
Pour toutes réponses, ils lèvent tous les quatre les pouces, et je souris. Enfin, nous avons trouvé ! Je suis tout de même bien contente que ce soit fini. Alors que je m'apprête à retourner me changer, l'un des garçons lève le doigt.
- Mais et sinon, la jaune était bien aussi non ?
Et en cœur, tout le monde lui répond.
- NON Sam !
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Petit moment amusant, histoire de mettre en avant un peu tous nos personnages. On aime ? Est-ce que Sam n'est pas excellent ? Vive les robes poussins après tout.
Prochain chapitre le 25 décembre, ça sera un cadeau de Noël x)
Alala je vous le dis j'ai hâte d'être en vacances ! Marre de ne pas pouvoir écrire, il ne me reste que des cours chiants à travailler, c'est déprimant x)
Allez, à bientôt,
Kiss :*
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