Chapitre 59
Désolé, je n'avais pas vu qu'on était mardi hier x)
PDV Lyra
Oh mon dieu. Oh mon dieu.
Je fais les cents pas dans la pièce qui me sert de chambre, sans réussir à m'arrêter. Je crois que je fais ça depuis que Lester a franchi la porte pour rentrer chez lui. Je ne sais pas comment réagir. Je n'arrive pas à me calmer. C'est plus fort que moi, j'ai l'impression d'être branchée sur une prise électrique. Je sens mes joues rougir et mon cœur battre à mille à l'heure. On a... je veux dire on a...
Oh bordel, je n'arrive même pas à le penser. J'ai chaud, et j'ai presque l'impression d'être en hyper ventilation. Je dois me calmer, ou je vais finir par tomber dans les pommes.
Première étape, retirer cette robe. Si ma mère me voit comme ça... Je préfère ne pas y penser. Que dirait-elle en voyant que je me suis changée juste pour lui ? Passons, ce n'est pas le plus important.
Mes pensées sont en ébullition autant que mon corps. J'ai l'impression de réfléchir mille à l'heure, passant d'un sujet à l'autre. C'est exactement ce que je suis en train de faire, pas juste une impression.
Donc je disais, enlever la robe.
Mais vous vous rendez compte de ce qu'il vient de se passer ? Mon dieu, j'en reste toute retournée. Note me regarde faire, visiblement fatigué à ma place. Mes yeux passent partout dans la pièce, mais s'arrêtent toujours au même endroit, contre ce mur.
Il m'a touché. Et je l'ai touché. J'ai mis mes mains sur ses fesses ! J'ai envie de hurler de honte. J'ai envie de recommencer, aussi. Je dois être folle. Oui, c'est ça, je suis en train de devenir complètement folle. En même temps, est-ce que c'est étonnant ?
Bordel, je n'ai toujours pas retiré cette foutue robe !
Tout ça parce que je l'ai mise. Il m'a dit... qu'il ne voulait pas que d'autres hommes me voient comme ça. Je devrais trouver ça incroyablement macho, mais c'est loin d'être le cas. Non, j'ai aimé ça. J'aime ça parce que je sais qu'au fond, il ne m'empêchera jamais de sortir comme je le veux. Mais j'aime qu'il me montre à quel point il peut être... jaloux ? Je crois qu'on peut le dire, non ?
La question est maintenant de savoir si je regrette. La réponse est vite trouvée. Non. Non, je ne regrette rien. Et étrangement, ce qui me gêne le plus, ce n'est pas qu'il est touchée mes fesses, par mon fait, ou bien ma poitrine. Ce qui me fait tant rougir, c'est que j'aurai été capable d'aller plus loin. J'avais envie d'aller plus loin. Est-ce que c'est normal ? Je veux dire, je ne le connais pas depuis longtemps. Et oui, je ressens des choses pour lui, mais est-ce que ça peut vouloir dire que j'ai envie qu'il me touche aussi rapidement ?
Je me sens paumée. Je voudrais que quelqu'un soit capable de répondre à mes questions. Est-ce que je devrais demander à ma mère ? Je veux dire, c'est gênant...
Argh, je ne sais pas ! Je secoue la tête comme si cela allait m'aider à me remettre les idées en place, quand Note relève la tête attirant mon attention vers la porte. Je comprends que quelqu'un a dû frapper, et me dirige vers celle-ci, essayant de calmer la rougeur de mes joues pour ne pas paraître trop suspecte.
Quand je l'ouvre, je tombe sur ma mère, et ne comprends pas bien pourquoi elle paraît si étonnée avant de sourire.
- Jolie robe ma chérie.
J'écarquille les yeux, avant de me crier dessus en mon fort intérieur. J'avais dit que je devais l'enlever !
Ma mère rit un peu devant ma réaction avant d'entrer dans la pièce, et de refermer la porte derrière elle. Elle ne veut pas que mon père entende ? Je sens que cela va être embarrassant.
- Tu veux en parler ?
Je fais mine de ne pas comprendre, et au fond, je me demande si je cherche à la tromper elle ou bien moi-même.
- De la robe ? Il n'y a pas grand-chose à dire dessus.
- De Lester.
- Que veux-tu dire à propos de Lester ?
Elle lève les yeux au ciel sans se départir de son sourire. Je sens que mes joues commencent à nouveau à se colorer alors que la conversation se tourne vers le sujet que je craignais justement d'aborder.
- Écoute Lyra, tu as 18 ans, ton premier copain, et j'imagine que tu as des questions sur pas mal de choses. Il y a des sujets que nous n'avons jamais abordé, et vu la tenue que tu portes et la coloration de tes joues, peut-être que c'est le bon moment ?
Elle semble chercher mon approbation, pas certaine que je vais accepter de me confier. Et elle n'a pas tort. Je n'en ai pas envie, quand bien même tout ce qu'elle dit est vrai. Mais ma relation avec ma mère n'est pas au beau fixe depuis quelques années, et je ne suis pas une personne qui a l'habitude de se confier. Alors me demander de changer tout ça là maintenant, c'est peut-être précipité.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
Elle souffle un coup, et je vois qu'elle est un peu déçue. Elle aimerait sûrement avoir cette relation mère/fille fusionnelle qu'on nous vend dans pas mal de film. Mais on ne peut y parvenir du jour au lendemain. Surtout quand quelques heures auparavant, elle parlait encore de mon passé sans remarquer le mal que cela pouvait me faire. Certaines choses prennent du temps à se créer et à se réparer. Là, j'ai besoin de temps.
- En es-tu certaine ?
- C'est... trop tôt dans notre relation pour penser à ce que tu penses.
Je me mens à moi-même. Non, au fond, j'essaye surtout de savoir ce qu'elle en pense sans lui poser la question. Parce que si je ne veux pas avoir cette conversation maintenant, ce point continue de me travailler.
- Un jour, un mois, une année... le temps ne compte pas. Ce qui compte, c'est d'être prêt, et d'en avoir envie. Chacun le ressent quand il le souhaite. Il n'y a pas de bon ou de mauvais moment. Seulement celui qu'on choisit.
Je ne dis rien de plus et elle semble saisir que je ne veux pas faire durer cette discussion plus longtemps.
- Je comprends que tu n'es pas prête à avoir cette conversation. Je veux seulement que tu me promettes quelque chose : si jamais un jour tu ressens le besoin d'en savoir plus sur tout ça, viens m'en parler s'il-te-plaît. Ou bien demande moi de te prendre rendez-vous chez une personne habilitée, si tu préfères. Mais n'affronte pas ça toute seule.
Je me contente de hocher la tête, pour lui signifier que j'ai compris. Dans un sens, je suis contente qu'elle n'insiste pas, et qu'elle me propose même d'en parler à d'autres personnes qu'à elle. Dans ces moments là... j'ai l'impression de retrouver la mère qu'elle était il y a 5 ans. Celle qui me comprend.
- Tu sais ma puce, en amour, il faut parfois arrêter de se poser des questions. Et simplement le vivre.
Plus pour moi que pour elle, je marmonne que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais elle semble m'entendre et décide de lancer une dernière phrase avant de partir.
- L'amour, c'est une partition. Tu as toujours su lire les notes, pourquoi ça changerait ?
Elle me tourne le dos et s'en va, me laissant là à réfléchir à ce qu'elle vient de dire. Et du souvenir qu'elle fait remonter en moi.
Je regarde Aria, assisse en tailleur sur son lit, les yeux pétillants devant son écran de téléphone. Elle m'a l'air d'une extraterrestre ainsi, à offrir un sourire béat à ce petit appareil.
- On dirait que tu regardes la huitième merveille du monde.
Elle me fait un sourire que je n'arrive pas à comprendre, avant de reprendre sa contemplation.
- C'est un peu ça.
- Ce n'est qu'un téléphone. Il n'est même pas neuf d'ailleurs, tu viens seulement de remarquer que tu le possèdes depuis 1 an ?
Elle lève les yeux au ciel comme si j'étais idiote, et parvient à attirer ma curiosité. Elle a toujours été du genre enjouée, mais elle semble bien plus joyeuse depuis quelques jours. Qu'est-ce qui a bien pu se produire dont elle ne m'aurait pas parlé ?
- Ce n'est pas le téléphone, mais ce qu'il contient.
- Et quoi donc ?
- L'amour Lyra, l'amour.
Je manque de m'étouffer avec ma salive et me précipite vers elle pour lui prendre l'objet des mains. Elle râle un peu mais me laisse faire, et tandis que je découvre un nombre incalculable de SMS, je vois pour la première fois de ma vie ma sœur rougir.
- Tu as un copain !?
Elle pose sa main sur ma bouche et me fait les gros yeux, me demandant d'éviter de prévenir tout le quartier, et en particulier les parents.
- Tu croyais que j'allais finir vieille fille ? J'ai 16 ans petit monstre, il n'y a rien d'exceptionnel à ça.
- Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
Elle hausse les épaules, et finis par me faire entrer dans la confidence. Ils sont ensemble depuis quelques jours, mais de manière non officielle, cela fait plusieurs mois qu'ils se tournent autour. Elle me montre une photo d'eux, et je souris en la voyant avec un grand sourire aux lèvres.
J'ai toujours vu ma sœur sourire. Elle est bien plus expressive que moi, et elle n'a jamais eu de mal à montrer ce qu'elle ressentait. Mais c'est différent, cette fois-ci. C'est un sourire qui semble contenir bien plus de chose. Je ne saisis pas bien pourquoi être avec une autre personne la rend si heureuse. Peut-être parce que je n'en ai jamais fait l'expérience.
- C'est si bien que cela ?
- Tu comprendras quand tu trouveras la bonne personne.
J'avoue ne pas saisir ce qu'elle veut dire, et sa manière d'être m'intrigue. Peut-être parce qu'à 12 ans, les personnes autour de moi commence à s'intéresser à ce sentiment particulier. Mais bizarrement, mon intérêt pour la question n'égale pas le leur, et j'aimerais bien comprendre ce qu'ils trouvent tous de si attirant là-dedans. Aria a toujours eu des facilités à être entourée, tandis que je suis plus du genre à être solitaire. Difficile pour moi d'envisager de la même façon qu'elle l'hypothèse de ressentir de l'amour, quand l'amitié me paraît déjà inaccessible.
- C'est quoi, l'amour au fond ?
- Je ne pense pas que ce soit possible de le définir tu sais. Ou peut-être que si. Mais chacun a sa propre définition. Je pourrais toujours te dire la mienne, au final, tu en écriras une autre un jour.
- Je ne comprends pas. Et puis comment tu sais, si tu as trouvé la bonne personne ?
- Tu sais quoi petit monstre ? Aimer c'est comme jouer de la musique. Le moment venu, tu auras juste à lire la partition.
Mon cœur se serre alors que j'imagine une dernière fois ma sœur sourire à son téléphone, alors que je n'étais pas en mesure de comprendre ce qu'elle me disait, ce jour là. J'ai simplement pensé qu'elle était complètement droguée par l'amour et qu'elle ne savait plus bien ce qu'elle était en train de dire.
Mais et si elle avait raison ? Et si la partition dont elle parlait, c'est le rythme auquel bat mon cœur lorsque je suis avec lui ?
Alors j'ose enfin me le demander : Est-ce que j'aime Lester ?
Et dans le silence de la pièce, j'entends sa voix comme si elle était juste à côté de moi.
« Tu te poses vraiment la question ? »
J'entends son ironie et le timbre particulier qu'elle utilisait quand elle trouvait mon raisonnement absurde. Mais aussi cette pointe de bienveillance et d'amour qu'elle avait toujours en s'adressant à moi.
Avec un sourire, et une larme roulant sur ma joue, je me décide à lui répondre.
- Tu sais quoi Aria ? Je crois que j'ai trouvé ma partition. Et j'apprends à la jouer.
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Est-ce qu'on aimerait pas qu'Aria soit encore là ?
Lyra va-t-elle réussir à renouer une vraie relation avec sa mère ?
A mardi,
Kiss :*
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