Chapitre 56
Les revoilà !
PDV Lyra
« Accélération du pouls, rougeurs, angoisses, désirs ardents, excitation, bonheur intense, apaisement complet... Une chose est sûre : l'amour échappe toujours à toute rationalité. »
Je déglutis avec difficulté et relis encore et encore cette phrase. Des symptômes, des ressentis, qui ne me sont pas inconnus, mais qui me font peur. Parce qu'ils sont ceux d'un mot que je ne connais que par son orthographe et non par sa profondeur.
L'amour.
J'ai parcouru des revues, des sites, des livres en tout genre. Chaque fois, malgré quelques différences, ces mots revenaient. Ces « signes » de l'amour. Tout le monde semble s'y être accordé.
Accélération du pouls. Difficile de nier que mon cœur s'emballe chaque fois que je le vois. Qu'il s'approche de moi. Qu'il plante son regard dans le mien, et pose ses lèvres sur les miennes. Mon organe vital se met à danser chaque fois avec un peu plus d'entrain.
Rougeurs. Y a-t-il quoi que ce soit à rajouter sur ce point ? Je pense passer plus de temps à rougir ces dernières semaines que dans tout le reste de ma vie. On pourrait presque croire qu'il s'agit de ma carnation naturelle, tant je l'affiche régulièrement quand il s'agit de lui. Toujours lui.
Angoisses. Elles sont si nombreuses. Mais je dois l'admettre, il y en a une qui surpasse les autres et que j'ai ressenti il y a peu de temps : la peur de le perdre. Qu'il s'éloigne pour ne pas revenir, qu'il laisse vide la place qu'il a pris dans ma vie. Je n'ai jamais ressenti le stress, avant de monter sur scène, avant un examen, ou tout autre chose. Et pourtant, il m'assaille chaque fois que l'idée qu'il disparaisse me passe par la tête. Je n'aime pas ça, mais je n'y peux rien.
Désir intense, excitation. Rien qu'en y pensant, mes joues rougissent fortement, et je préfère éviter d'y revenir, alors je passe rapidement à la suite.
Bonheur intense, apaisement complet. Y a-t-il quelque chose de plus vrai ? Depuis 5 ans, je vis dans un océan de remords, de regrets et de mal-être. Cela pèse sur mon cœur, sur mon âme, et m'entraîne vers le fond d'un océan qui m'a l'air bien trop noir. Mais quand il est là, depuis qu'il est là, c'est comme si je retrouvais la surface et arrêtais de boire la tasse. Il me ramène sur le rivage, m'entoure de ses bras, et me fait partager ce sentiment qui ne me paraissait pas accessible jusque là : le bonheur.
Et il n'y a rien de rationnel, dans tout ça. C'est inexplicable, mais c'est là. Pourquoi lui ? Pourquoi est-ce lui qui fait naître toutes ces choses en moi et pas un autre ? Je n'en sais rien. Et je confirme le dernier point.
Je me laisse tomber en arrière, contre le mur accolé à mon lit. Mon cœur bat, étrangement. Je ne sais pas quoi en penser. Je me sens étrange, et un peu apeurée. L'amour. En lisant ces quelques lignes, ces symptômes, ils semblent tous correspondre à la perfection à ma situation. Est-ce que je l'aime ? Est-ce qu'il m'aime ?
Je n'arrive pas à arrêter de me le demander. Partageons-nous ce sentiment qui semble pourtant nous dépasser l'un comme l'autre ? Aucun de nous n'a jamais été très positif sur l'amour. Y a-t-il ne serait-ce qu'une possibilité que nous nous retrouvions à le ressentir ?
Je me sens un peu apeurée, face à la réponse.
Et je ne sais pas pourquoi, j'essaye de me persuader que c'est faux. Que je ne l'aime pas, et que la réciproque est vraie. Ça paraît beaucoup plus simple, beaucoup moins douloureux. Parce que j'ai toujours pensé que l'amour pouvait être la plus douloureuse des maladies, et pas seulement le plus agréable des sentiments.
Je n'ai pas envie de souffrir, mais au fond, je sais bien que ce sera le cas, si cela se termine ou se passe mal. Alors au final, j'ai beau tenter de m'en convaincre, je ne trompe personne.
C'est trop rapide. Ça me déstabilise. Comment cela pourrait-il être possible de tomber amoureux de quelqu'un en si peu de temps ?
Nous ne sommes qu'en novembre, bordel. Je connais Lester depuis deux mois et demi, et je suis quasiment certaine que c'est impossible d'aimer une personne en si peu de temps.
Le soucis, c'est qu'il y a une petite voix au fond de moi qui me hurle le contraire. Une petite voix qui me cri que les coups de foudre, ce n'est pas que dans les films.
J'essaye de la faire taire. Mais elle continue de crier.
PDV Lester
- Moi ?
- Oui toi ?
- Tu veux mon aide à moi ?
Je lève les yeux au ciel, exaspéré. Bordel, je savais avant même de venir lui parler qu'elle allait me donner mal à la tête, et je ne me suis pas trompé. Je sens la migraine arriver d'ici, et j'avoue ne pas savoir si c'est à cause de la multitude de couleurs pétantes qui la recouvre, ou de son agaçante habitude à répéter tout ce que je dis. J'hésite presque à faire demi-tour et à laisser tomber, mais je me retiens en me rappelant de pourquoi je me retrouve ici. Évidemment, c'est pour elle. Rien d'autre ne pourrait me pousser à avoir l'air un minimum social, et à demander de l'aide à l'Arc-en-ciel.
- C'est à toi que je parle, pas au mur, alors oui !
Elle ouvre grand les yeux, mais ne semble pas se formaliser de la façon dont je lui parle. Déjà, je lui parle, c'est pas mal. Il ne faut pas m'en demander trop d'un coup. Un grand sourire s'affiche sur ses lèvres, et je sens avant même qu'elle n'ouvre la bouche qu'elle va réussir à être un peu plus fatigante encore.
- Tout ce que tu veux ! Sauf si cela consiste à tuer quelqu'un et à cacher le corps. Parce que je ne pense pas pouvoir porter un cadavre, je n'ai pas trop de force. Et puis je ne sais pas mentir, alors je nous ferais prendre tout de suite. Il y a quelqu'un que tu veux tuer ? Je pourrais le comprendre hein, il y a tellement de personne horripilante dans ce monde. Mais je me dois tout de même de te rappeler que c'est purement illégal, et que les risques de se faire attraper et jeter en prison sont lourds. Est-ce que tu es sûr de toi sur ce coup ? Je pense que tu devrais reconsidérer ton geste, on pourrait peut-être juste mettre de la crème d'épilatoire dans son shampooing ? C'est bien aussi.
Je reste silencieux un moment, impressionné d'une part par sa capacité à débiter un nombre de conneries incroyables en si peu de temps, et d'autre part, blasé de constater qu'elle a l'air de sérieusement croire à ce qu'elle vient de dire. Je ne sais pas ce qui est le pire, mais je décide de passer au dessus de ça, histoire de mettre un terme à cette conversation délirante au plus vite.
- Je ne veux tuer personne. Je veux parler de Lyra.
Elle affiche une expression de soudaine compréhension, avant de froncer les sourcils.
- Tu ne veux pas mettre de la crème d'épilatoire dans son shampooing n'est-ce pas ?
- Évidemment que non, Talia !
Je me retiens de lui crier dessus. Pourtant, je suis habitué à ce genre de personne totalement étrange, puisque je vis avec plusieurs d'entre elles. Mais malgré tout, elles parviennent encore à trouver comment m'affliger par leur bêtise. C'est assez impressionnant comme capacité.
- Je suis rassurée. De quoi il en retourne ?
Elle semble se calmer un peu sur les idées loufoques -voir carrément stupides pour être honnête- alors je me décide à en venir aux faits. Si cela avait pu arriver dès le début de cette conversation...
- Je veux la remettre à la musique.
- Oula.
- Quoi, oula ?
- Oula, ça va être compliqué. Je ne la connais pas depuis longtemps, aussi longtemps que toi en fait, mais je suis certaine qu'elle n'a aucune intention de se remettre au violon. Genre, aucune.
Ça, je le sais, elle ne m'apprend rien. Et nous avons beau la connaître depuis peu de temps, je suis persuadé que nous sommes les deux personnes qui en savent le plus sur elle. Alors si il y a bien deux êtres capable de réussir ça, c'est nous.
- Je ne veux pas qu'elle reprenne le violon. Je veux qu'elle reprenne la musique.
- C'est différent ?
Je commence un peu à regretter de lui avoir demandé de l'aide.
- Bien sûr que c'est différent ! La musique est constitué d'une multitude de facette. Ce n'est pas juste jouer des instruments, c'est un monde bien plus complexe que cela. Et cet univers, c'est le sien. Elle essaye de se dire que c'est faux, mais elle se fait du mal. Et je ne le supporte pas. Je suis certain que toi aussi, tu te préoccupes de ce qu'elle ressent. Elle ne pourra jamais être vraiment elle sans musique.
Elle semble comprendre, et son sourire revient, me donnant sa réponse : elle me suit dans ce combat que nous avons à mener. Car il faut le dire, nous allons devoir nous battre, contre cette partie de Lyra qui cherche à la couper de ce monde musical. Cette partie d'elle qui est persuadée qu'elle n'y a plus sa place, et qui la force à s'enfermer dans un silence qui la détruit à petit feu. Perdre l'ouïe, ce n'est pas être condamné au silence. Et je veux lui prouver.
- Alors comment on s'y prend ? Ça risque de ne pas être simple.
- Je ne sais pas encore. Il faut réussir à lui faire comprendre petit à petit, sans forcer. Il faut que je trouve exactement la voie dans laquelle elle pourra s'épanouir. Pour l'instant, je ne te demande qu'une chose : soutiens-moi si une situation comme celle des derniers jours se reproduisait.
Je ne veux pas que cela arrive à nouveau. Mais quelque chose au fond de moi me dit que ce n'est pas la dernière fois que ce sujet nous fera du mal. Peut-être même que cette fois-ci n'était rien comparé à ce qui nous attend.
Elle hoche la tête et alors que je m'apprête à partir, elle dit une dernière chose qui trouve un écho étrange en moi.
- Tu réussiras. Rien ne peut arrêter l'amour.
Je ne trouve rien à lui répondre. Mais je ne nies pas, et je ne sais même pas pourquoi. Alors que je m'éloigne, que j'enfourche ma moto et me dirige vers l'appartement, ses mots résonnent.
Et font naitre bien des questions en moi. L'amour ? Est-ce que je ressens pour elle ? Je ne saurais pas le dire. Mais je peux bien affirmer que je ne suis pas indifférent à cette fille, et qu'il y a des sentiments entre nous que je ne suis pas capable de définir pour l'instant.
Qu'est-ce que l'amour, exactement ? Le sujet même auquel nous devons trouver des réponses, mais qui reste toujours autant un mystère pour moi. Je peux effectivement dire que si je venais à le ressentir, ce serait pour elle. Mais qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas déjà le cas ? Le temps, sûrement. Ou peut-être que c'est plus facile de le nier. Je ne sais pas.
Et si je voudrais prendre plus de temps pour y penser sérieusement, je suis coupé dans mon élan par mon meilleur ami. Carter s'avance vers moi avec un visage contrit, comme si il ne savait pas comment aborder la chose. Et il n'y a qu'un sujet qui peut être concerné.
Il me tends une enveloppe, et je n'ai pas besoin de la prendre et de l'ouvrir pour savoir ce qu'elle contient. Ni de qui elle vient. Pourtant, il me le précise tout de même. Et je ne sais pas quoi lui répondre.
- Ton père t'a envoyé ça.
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Nos deux tourteraux commencent à se poser des questions... reste à savoir si ils vont trouver les réponses !
Que contient cette lettre, et que veut dire la réaction de Lester et Carter ? Mystère...
La suite mardi prochain. Pendant 3 semaines environ, on va rester sur un chapitre par semaine, tous les mardis, le temps que je me constitue une petite réserve de chapitre ^^
Allez, à mardi,
Kiss :*
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