Chapitre 51
PDV Lyra
Sa personne m'apparaît bien vite quand je passe les portes du lycée. Je dirai même qu'il est le premier que je vois, comme si mes yeux étaient irrémédiablement attirés vers lui. Comme des aimants. Il me tourne le dos, et même ainsi, j'aime le contempler. J'aime imaginer la peau qui se cache sous son pull, et je sens déjà sa douceur sous mes doigts.
Une sensation qui paraît si réelle, mais qui à la fois me manque. Il est si proche, et à la fois si loin. Parce qu'ici, je ne peux pas le toucher. Ici, je ne peux pas être avec lui comme je voudrais l'être. J'aimerais que ce soit aussi facile que pour Note, qui court vers lui et lui saute dessus. Il réclame des caresses qui viennent rapidement sur le haut de son crâne. Jalouse de mon chien. Je tombe bien bas, et pourtant... je voudrais que ce soit comme ça, pour moi aussi. Je ne parle pas de réclamer des caresses, évidemment. Mais l'approcher avec une telle aisance.
Son regard se tourne vers moi, et il me déstabilise. Il est si profond, comme d'habitude. Il m'attire inexorablement, mais tout autour de moi me rappelle que je dois garder une certaine distance. Je ne peux pas simplement venir lui voler un baiser, comme je le voudrais. Je ne peux pas me glisser dans ses bras non plus. Je dois me contenter de paraître comme ce que le monde nous voit : deux partenaires de philosophie. Rien de plus. Pourtant nous sommes plus, et je dois dire que peu importe les raisons, j'ai du mal à me dire que nous devons le cacher. Je comprends pourquoi. Ça ne change rien au fait que je n'apprécie pas.
Surtout quand il me regarde ainsi. Ses yeux me promettent milles choses que je ne peux pas avoir maintenant. C'est difficile à supporter. Je m'avance doucement vers lui. Je sens mes joues rougir, parce qu'il ne cesse de me fixer avec la même intensité.
Je repense à ce que j'ai dis à ma mère. Être moi-même avec lui. Oui, mais pas ici.
Je m'arrête à un mètre de lui. Ma conscience me souffle que je suis encore trop loin. Mon cœur me cri de me rapprocher, et mon corps ressent le manque du sien. Mais ma raison me retient. J'ai l'impression d'être tiraillée à l'intérieur. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable.
- Salut.
Je ne peux pas entendre le ton de sa voix. Je l'imagine plutôt bien. Rauque, tiraillée, mais affreusement attirante. Je me sens rougir encore un peu plus. Qu'est-ce que j'aimerais l'entendre, mais en même temps, je sais que je finirais sûrement plus cramoisie que je ne le suis déjà.
- Salut. Je voulais...
Il lève un sourcil, mais je n'ai pas le temps de finir qu'une fille débarque à côté de nous. Je ne me rappelle pas d'elle, et en conclu qu'elle n'est pas dans notre classe. Mais son uniforme m'indique à quel groupe elle appartient. Elle mâchouille un chewing-gum, avec un air hautain, tout en entortillant une mèche de ses impeccables cheveux blonds entre ses doigts. La personnification du cliché de la pom-pom girl est là. Je mettrais ma main à couper qu'elle a trois neurones qui se battent en duel, et une voix aiguë absolument horripilante. Je ne pourrais malheureusement, ou heureusement, pas vérifier le dernier point.
- Lester.
Rien qu'à sa façon de rouler la langue et de pencher son corps vers lui pour lui offrir une vue plongeante sur son décolleté, je peux affirmer pourquoi elle se trouve là. Et ça ne me plaît pas. Une pointe d'énervement perce dans mon cœur, et je voudrais avoir le cran de lui dire de dégager. Mais quelle légitimité aurais-je à faire cela ici ? Aux yeux de tout le monde, aucune, et je risquerais plus de me ridiculiser qu'autre chose.
Il ne lui répond même pas, lui lançant un regard agacé qui n'arrête pas la blonde. Je commence à bouillir quand elle pose une main sur son torse, et sers le poing. Elle le touche, sans aucun complexe, alors que moi je ne peux pas me le permettre. Elle ne le sait même pas, mais elle parvient à me faire sentir comme une moins que rien alors que putain, c'est moi qui sors avec lui.
- J'ai vu ton concert vendredi, c'était incroyable. Je voudrais tellement découvrir les coulisses...
Quelque chose me souffle que ce n'est pas les coulisses, qui l'intéresse, mais bien autre chose, et ça ne me plaît pas. Je glisse mon regard sur lui, et ses yeux croisent les miens. Parvient-il à comprendre ce que je pense ? Je ne peux pas l'affirmer. Mais je crois qu'il me connaît suffisamment pour que cela soit le cas.
D'un geste, il repousse sa main.
- Me touche pas.
Si elle semble piquée, elle ne se démonte pas, et bombe le torse. Pense-t-elle que le fait de voir sa poitrine va faire naître un désir en lui ? Je crois pouvoir affirmer que ce genre de fille ne trouvera jamais grâce aux yeux de Lester, peu importe son bonnet. Et c'est sûrement la première information qui me fait du bien.
Alors qu'elle s'apprête à répliquer, Note lui met un coup de queue inopiné. Elle sursaute, posant ses yeux sur lui, puis sur moi, comme si elle me découvrait.
- Tu veux quelque chose ?
Je ne sais même pas quoi lui répondre. Elle pose sérieusement la question ? C'est elle qui nous interrompt, et c'est moi qui devrait m'expliquer sur ma présence ? Je crois n'avoir jamais été exaspérée autant par une personne. Et d'un autre côté, j'en suis presque blessée, alors que les paroles d'une telle personne ne devraient pas m'atteindre. C'est plutôt le fait qu'elle s'approche si facilement de lui, qui me touche. Je crois que c'est de la jalousie. J'en suis sûre, en fait.
- Tu nous déranges. Bouge.
La jeune femme lui fait un grand sourire, avant de se retourner une nouvelle fois vers moi.
- Tu as entendu ?
Je suis pas suffisamment stupide pour penser qu'il s'adressait à moi, et c'est avec satisfaction que je l'observe se décomposer quand Lester prend une nouvelle fois la parole.
- C'est à toi que je parle.
Elle se tourne vers lui, presque avec honte, bégayant une phrase que je ne saisis pas. Le guitariste lève les yeux au ciel et s'avance vers moi sans la laisser finir. Il se saisit de mon poignet et me tire à sa suite, jusque dans la salle de musique.
- Qu'est-ce que tu voulais me dire ?
Je mets quelques instants à comprendre, et me retiens de revenir sur la jeune femme qui vient de l'aborder.
- L'exposé... on a rien fait cette semaine.
- C'est vrai. Ce soir chez toi ?
Je hoche la tête, et avance d'un pas vers lui. Je ne sais pas d'où me vient cette confiance, mais j'ai envie de l'embrasser, et nous sommes seuls. Il m'offre un sourire en coin quand il saisit ce que je compte faire, mais quelques instants avant que nos lèvres se touchent, il s'écarte rapidement de moi et dirige son regard vers la porte.
Une dizaine d'élèves, instruments en main, entre dans la pièce, sans forcément faire attention à nous. Je comprends qu'il est temps d'aller en classe, mais ne parviens pas à retenir un sourire triste de percer sur mon visage. Je ne suis dans ce lycée que depuis quelques minutes, et pourtant, je trouve déjà compliqué de devoir faire comme si de rien n'était avec lui. Parce que cette fois je sais que je ne vais pas le retrouver pour passer la nuit avec lui.
Et cette sensation ne fait que se renforcer au fil des heures, alors que je le vois de loin sans pouvoir m'approcher de trop près. J'ai envie d'être avec lui. Contre lui. Je l'ai déjà dit, je le répète, mais ce type est ma drogue. Je suis devenu accro bien trop vite, et je me retrouve incapable de me sevrer. Je n'en ai aucune envie, d'ailleurs.
A l'autre bout du couloir, appuyé contre des casiers, il semble concentré sur la feuille qu'il tient entre ses mains, une partition. Moi, je garde le regard fixé sur lui, ne faisant absolument pas attention à mon amie qui parle à côté de moi. Il semble sentir mon regard sur lui, car il relève le visage. Malgré les nombreux mètres qui nous séparent, je peux saisir tout ce qui passe dans ses yeux. Une forme d'étonnement, mais surtout, beaucoup d'interrogations. Ses pupilles détaillent mon visage, et je suis incapable de cacher ce que je ressens, là maintenant. Il fronce les sourcils, et attrape son téléphone dans sa poche. Le mien ne met pas longtemps à vibrer entre mes mains.
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
Quoi lui répondre ? Qu'être loin de lui me fait du mal ? Que de voir les autres le toucher m'agace ? Que faire semblant de cette façon ne me satisfait pas ? Tout ça serait égoïste. Parce que si la situation est telle qu'elle est, c'est pour moi. Pour me protéger. Alors je me contente de lui dire la vérité, encore : il me manque.
Il relève le visage vers moi et nos regards s'accrochent. Il ne regarde même pas son téléphone quand il tape la réponse, et disparaît de mon champ de vision alors que je lis ce qu'il vient d'écrire.
« Le patio, maintenant »
Je sais ce qu'il veut dire par là, et je ne perds pas une seconde. J'indique rapidement à Talia que je reviens, et malgré son étonnement, elle me laisse partir, gardant Note avec elle. Je ne mets pas longtemps à arriver à l'endroit indiqué. Celui où il m'a donné son t-shirt, le premier geste qu'il a fait pour moi. Son endroit à lui, qu'il m'a laissé envahir.
Il est appuyé contre le mur, les bras croisés, et me regarde refermer la porte derrière moi. Mes joues se mettent à rougir instantanément, en particulier quand il tend le bras, attrape mon poignet, et me tire jusqu'à lui. Ses bras s'enroulent autour de moi et je n'ai le temps de rien dire que ses lèvres me volent mon souffle.
Et c'est comme une renaissance. Je me rapproche un peu plus de lui, savoure ses lèvres qui se mouvent sur les miennes. C'est presque si j'étais en apnée toute la journée et que je retrouverais de l'air. Sa main dans ma nuque me maintient contre lui, et ses dents mordillent ma lèvre inférieure, me tirant un rire. Il détache ses lèvres des miennes, et pose son front contre le mien.
- Je préfère largement te voir ainsi.
Son pouce caresse ma joue alors que je ne dis rien. Il me force à relever les yeux vers lui, alors que son pouce passe sur mes lèvres.
- J'en ai eu envie toute la journée.
Je baisse les yeux, n'arrivant pas à maintenir son regard tandis que je bégaye pour lui répondre.
- Moi... moi aussi.
- Tu pouvais me le dire, tu sais. Je t'aurai fait venir ici bien avant.
Je ne lui réponds pas, et ses sourcils se froncent.
- Il y a autre chose, n'est-ce pas ?
Évidemment, qu'il n'y a pas que cela. Et si j'ai du mal à lui avouer tant je me trouve égoïste et honteuse, ma bouche ne perd pas de temps à lui expliquer.
- C'est agaçant de voir d'autres filles te toucher... et moi non.
Un sourire moqueur et à la fois adorable s'affiche sur son visage. Je me rends compte de ce que je viens de lui avouer et ne peux m'empêcher de rougir.
- Tu es jalouse ?
Je grogne un espèce de mot qui ne doit ressembler à rien, ce qui le fait rire, mais il me ramène contre lui avec force.
- Il n'y a que ton touché qui compte, mon petit Ovni. Mais j'adore te voir jalouse.
Je lui tire la langue, en le traitant d'idiot, et son regard change. Il devient... empli de désir. Et je n'ai pas le temps de réagir que ses lèvres fondent à nouveau sur les miennes. Et alors qu'il m'embrasse, je ne peux retenir un sourire. Là, je suis bien.
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La situation est difficile à vivre pour Lyra... Lester va-t-il s'en rendre compte ? Que va-t-il faire pour y remédier ?
La réponse mardi,
Kiss :*
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