Chapitre 50
PDV Lyra
C'est presque comme un rêve, et je dois dire que je n'ai pas forcément envie de me réveiller. Je sais ce que je vais trouver en ouvrant les yeux, et pour une fois, cela me donne envie de le faire.
Mais avant, je profite des sensations qui naissent en moi. Je sens ses bras enroulés autour de mon corps, qui me serrent contre lui. Mes doigts qui sont posés sur son torse, et me laisse sans mal imaginer le contour de ses muscles. Son menton sur le sommet de mon crane, son odeur au creux de mes narines.
Si c'est un rêve, il est foutrement bien fait. Mais ce n'en est pas un, et cette affirmation me gonfle le cœur. Lester est dans mon lit. Lester est venu en pleine nuit parce que j'ai avoué qu'il me manquait. Est-ce que je lui manquais, aussi ? J'ai peur de la réponse, et pourtant, je ne peux m'empêcher d'y répondre par l'affirmative. Pourquoi aurait-il fait ce chemin si il ne voulait pas me voir, après tout ? Je ne dois donc pas prendre trop de risque en interprétant son action.
Ça me rassure, en un sens. Hier encore, je doutais qu'il soit impacté par mon départ. Je suppose que sa venue prouve le contraire. Il avait autant besoin de moi que j'avais besoin de lui.
Je le sens bouger contre moi et la seconde suivante, des lèvres chaudes se posent sur mon front, laissant un sourire monter sur mon visage. Qui imaginerait Lester si doux ? Sûrement personne, et je dois dire que j'aime savoir être la seule à y avoir droit. Je me sens un peu égoïste, mais en même temps, je n'ai pas envie que cela change.
Je papillonne des yeux et tombe bien vite dans son regard sombre. Je parviens à peine à retenir des frissons, mais ma gêne elle, perce sur mes joues. Une foutue habitude depuis qu'il a pris une place dans mon quotidien. Mais rien que pour son sourire, j'accepte sans mal de rougir pour le reste de ma vie.
Je ne sais pas quoi dire, mais en même temps, je suis contente qu'il soit là. Je m'imaginais me réveiller seule, dans l'optique où j'aurai fini par m'endormir, et je suis ravie que les choses aient changé.
Je lui offre un sourire timide, et passe mes yeux sur les courbes de son visage. Est-ce que ce type est vraiment mon copain ? Je veux dire, on parle tout de même d'un homme qui disons-le, fait clairement parti des plus beaux spécimens du monde. Qui est musicien et plutôt célèbre ici. Adulé de tous, et tout un tas d'autre chose. Et il est dans mon lit, pas dans celui d'une autre.
J'ai l'impression de ne pas le mériter, mais je sais ce qu'il me répondrait, si j'osais lui avouer. Alors je ne dis rien et me contente de l'observer, sans me rendre compte que je me mets à bouger distraitement mes doigts sur sa peau nue.
J'observe les frissons parcourir sa peau avec une satisfaction déconcertante, et je ne parviens pas à retenir un petit sourire de percer sur mon visage.
- Fière de toi ?
- Possible.
Il sourit lui aussi et avance son visage près du mien, collant nos nez ensemble. Je sens mes joues rougir au plus qu'elles le peuvent, dû à ce geste soudain, ce qui ne fait qu'agrandir son rictus. Je prends sur moi pour lui répondre, reprenant ses mots.
- Fier de toi ?
- Totalement.
Je lève les yeux au ciel mais n'est le temps de ne rien dire que déjà, ses lèvres s'accrochent aux miennes. Ça me paraît si naturel, comme contact. Logique presque, comme si sa bouche devait se trouver sur la mienne.
Il me serre un peu plus contre lui alors que mes doigts glissent de son torse à son dos, entourant son corps dans mon bras. Je voudrais me coller un peu plus à lui, mais je ne suis pas sûre que ce soit physiquement possible. Sa main dans ma nuque maintient nos bouches ensemble, mais même sans cela, je n'ai aucune envie de les séparer. C'est un baiser doux, de caresses sensuelles, gourmandes, un baiser rempli de mots qu'on ne dit pas.
C'est le genre de baiser que je ne veux recevoir que de lui. Et que je ne veux offrir qu'à lui.
Et si le souffle ne nous manquait pas, je crois que jamais il n'aurait eu de fin. Son front repose contre le mien tandis que nous cherchons tous les deux de l'air. Ses yeux sombres mais brillant d'un plaisir non dissimulé me font fondre.
Cependant, la réalité me rattrape bien vite, et mes yeux se dirigent vers le réveil. Le soleil a déjà pointé le bout de son nez depuis un moment, et je suppose que mes parents ne vont pas tarder à se lever. Je ne suis pas sûre de la réaction qu'ils auraient, en apprenant que Lester a passé la nuit ici. Dans mon lit. Je n'ai pas forcément envie de le découvrir, d'ailleurs, alors je me retourne vers lui.
- Tu devrais y aller, avant que mes parents ne se réveillent.
J'ai un peu l'impression de le foutre dehors, mais il ne semble pas le prendre mal. Il relève lui aussi le visage vers le réveil avant d'acquiescer, mais ne me libère pas de ses bras pour autant. Je n'ai pas forcément envie de m'en dégager non plus, il faut dire.
- Ton père est du genre à sortir un fusil ?
Il me tire un rire, alors que j'imagine mon père débarquer dans ma chambre avec un arme, prêt à tuer celui qui a touché à sa fille. Il me rejoint dans mon hilarité, mais je me demande si il pose seulement la question pour rire. Alors je décide d'y répondre.
- Au fond, je n'en sais rien, l'occasion ne s'est jamais présentée.
Je me sens rougir avant même qu'il m'ait répondu, quand un sourire satisfait apparaît sur ses lèvres. Satisfait que mon père n'est jamais eu à faire face à un homme qui serait avec moi.
- Tant mieux.
Je lui offre une tape gentille sur le bras avant de me lever et d'enfiler un short. Il sort du lit en remettant également son t-shirt, avant de se diriger comme si de rien était vers la sortie. J'écarquille les yeux et fonce vers lui, pour l'arrêter.
Il me regarde surpris avant de rire en me voyant ouvrir la porte au ralenti et passer juste ma tête dans l'encadrement, pour vérifier que la voix est libre.
A partir de là commence une mission qui semble l'amuser plus qu'autre chose, alors que je reste tout ce qu'il y a de plus concentrée. Je descends les marches le moins vite possible, regardant partout autour de moi pour vérifier que personne n'est présent. Je suppose que la mission serait bien plus simple si je pouvais entendre mes parents se déplacer ou parler, mais les choses sont ainsi. Je n'ai aucune idée de si ils sont levés, ou non.
Alors que je mets tout mon cœur dans cette expédition, Lester reste tout ce qu'il y a de plus normal derrière moi, un sourire amusé aux lèvres. Je lui fais signe de se pencher, et il lève les yeux au ciel avant d'accéder à ma requête.
Dans un sourire, il m'arrête alors que je suis enfin en bas des escaliers, en attrapant ma main.
- Ovni immatriculé 007.
Il semble fier de lui tandis que je me contente de lui tirer la langue dans un geste terriblement enfantin. Nous arrivons enfin à traverser l'entrée et à nous retrouver dehors, sans nous être fait prendre par qui que ce soit.
Je souffle un bon coup, et affiche un sourire, fière de ma réussite, alors que Lester me regarde les bras croisés, un sourire aux lèvres.
- Quoi ?
- Un Ovni, une espionne, que vais-je découvrir d'autre ?
- Idiot.
Il rit alors que je n'empêche pas un sourire de couler sur mes lèvres. Il fait tourner ses clés de moto entre ses doigts, et nous nous saluons.
Mais alors que je m'attends à ce qu'il s'éloigne, il fait un pas en avant, et plaque sa bouche sur la mienne avec force, juste le temps d'un instant.
- Comme ça je pourrais dire que j'ai embrassé Mme.Bond.
Il s'éloigne cette fois-ci pour de bon sans se départir de son sourire, et je dois avouer que je ne parviens pas non plus à retirer le mien de mon visage. Je finis par entrer plusieurs minutes après qu'il soit parti, et me dirige vers la cuisine.
Alors que je commence à me préparer de quoi manger, mes parents arrivent dans la pièce. Mon père embrasse mon front, se saisit d'une tasse de café et repart aussi sec vers son bureau, tandis que ma mère m'offre un sourire énigmatique.
Elle attend que mon père soit enfermé dans sa pièce, avant de se rapprocher de moi.
- Lester est parti tôt ce matin ?
J'écarquille les yeux et rougit, gênée. Je me mets à bégayer, trahissant malgré moi ma gêne.
- Je... je ne vois pas de quoi tu parles. Il... enfin il...
Elle me coupe d'un geste de la main, et son sourire me rassure. Elle n'a pas l'air en colère.
- Tu n'es pas bonne pour mentir jeune fille. Je ne vais pas te punir, si c'est ce qui t'inquiète. Et ton père n'a rien remarqué.
- Mais toi comment tu... ?
- J'ai entendu sa moto hier soir, et la porte d'entrée s'ouvrir. Il va falloir repasser niveau discrétion.
Elle m'attrape la poêle d'entre les mains et se met à faire elle-même les crêpes que je préparais. Je la regarde faire, ne sachant pas trop quoi faire. D'un côté, j'ai envie de discuter avec elle de ce qui se passe dans ma vie en ce moment. D'un autre, nous n'avons jamais eu ce genre de relation, et je ne sais pas vraiment comment m'y prendre.
Alors je me contente de rester silencieuse un moment pendant qu'elle finit sa préparation, et me racle la gorge quand nous nous asseyons à l'îlot central.
- Je... je sors avec lui.
- Je sais chérie.
Je manque de m'étouffer avec ma crêpe, et relève les yeux vers elle. Elle m'offre la réponse à mes questions avant même que je ne les pose.
- J'ai compris qu'il y a avait quelque chose entre vous le jour où tu as fini chez lui, après cette histoire au restaurant. Qu'il t'accueille pendant cette dernière semaine n'en était qu'une preuve supplémentaire.
- Nous n'étions pas...
- Pas encore ensemble, je m'en doute. Mais je suis ta mère, Lyra. Tu as commencé à paraître plus heureuse depuis que tu es dans ce lycée. Et ce n'était pas seulement dû à Talia. Je t'ai entendu rire, plusieurs fois quand je suis passée devant ta chambre. Je vous ai entendu discuter. Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas vu t'ouvrir à une autre personne. Hier soir, tu avais l'air triste. J'ai été ado avant toi. J'ai ressenti la même chose en étant loin de ton père, à l'époque. Il y a des signes qui ne trompent pas.
Je me mets à rougir en baissant le regard vers mon assiette, mais elle vient le relever de son pouce.
- Je suis vraiment heureuse pour toi ma puce. Parce que je sens que tu t'ouvres au bonheur, toi aussi.
Je lui offre un sourire, c'est le mieux que je puisse faire. Je suis gênée d'avoir cette discussion avec elle, mais en même temps, j'apprécie. J'ai toujours envié les relations mère/fille dans ce genre. Et c'est la première fois que j'ai la sensation de partager quelque chose avec elle. Du moins ces 5 dernières années.
- Il me fait du bien, tu sais... je ne comprends pas vraiment pourquoi, mais être avec lui m'apaise. C'est comme...
Je ne parviens pas à finir ma phrase, et c'est elle qui trouve la fin parfaite.
- Si tu étais réellement toi-même avec lui.
Oui, c'est exactement cela. Je suis moi, Lyra. Une Lyra que personne d'autre n'a vraiment l'occasion de voir, même si je m'ouvre doucement à certaines personnes. Mais avec lui, c'est naturel et instinctif.
- Tu comprendras bientôt ce que cela signifie.
Elle m'offre un dernier sourire et se lève, déposant un baiser sur mon front. Je voudrais qu'elle me dise ce que cela veut dire, mais je sens que je dois trouver la réponse par moi-même, pour qu'elle ait du sens. Alors je ne demande rien, et la regarde s'éloigner, avant qu'elle ne se retourne vers moi.
- Je dois aller travailler sur un dossier. Au fait, votre exposé avance bien ?
J'ouvre grand les yeux.
Merde, l'exposé. Je l'avais complètement oublié.
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Ah les mamans, ça comprend souvent avant nous.
Qui est le plus adorable, Lyra ou Lester ? J'avoue que je ne parviens pas à choisir. x)
A vendredi pour la suite,
Kiss :*
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