Chapitre 48
PDV Lyra
Je ne veux pas ouvrir les yeux. Je veux rester là, dans ses bras, que je sens fermement entourés autour de moi. Je suis bien ici, et je sais ce qu'il m'attend, quand je vais me décider à me lever. C'est le dernier jour. Le dernier réveil. Nous sommes vendredi, et mes parents reviennent aujourd'hui. Ce soir je m'endormirais seule, chez moi.
C'est sûrement difficile à comprendre. Pourtant je suis triste de devoir rentrer, parce que je n'arrive pas à imaginer une chambre qui ne soit pas celle-ci. Un lit où il n'est pas, une pièce qui n'a pas son odeur. Je ne veux pas me réveiller chez moi, et simplement prendre mon petit déjeuner seule, au mieux avec ma mère. Je veux la vie qui règne dans cet appartement chaque jour. Je veux sourire autant que je souris ici, en leur compagnie. En sa compagnie. C'est sûrement ce que je veux le moins quitter. Lui.
J'ai l'impression d'être accro à sa présence. Parce qu'elle me fait du bien. Jamais être avec quelqu'un n'a été aussi libérateur pour moi. Et je sais que si il ne sort pas de ma vie au moment où je vais quitter cet endroit, les choses seront tout de même différentes. Au lycée, aux yeux de tous, nous ne sommes rien d'autre que des partenaires d'exposé. Et le soir, il n'y aura plus ces moments. Ceux où nous sommes seuls.
Des doigts viennent caresser mes cheveux, avec une douceur qu'il ne semble réserver qu'à moi. Un privilège qui me rend confuse, mais heureuse, bien trop pour ma santé mentale. Alors malgré les sentiments négatifs qui m'assaillent ce matin, je finis par ouvrir les yeux et plonger mon regard dans le sien. Il est si sombre, et à la fois si lumineux. Un contraste qui ne le rend que plus intrigant. Il me scrute pendant de longues secondes, et je le laisse faire. Je sais qu'il va comprendre. Il semble lire en moi comme dans un livre ouvert.
Je n'arrive pas à afficher de sourire sur mon visage, alors il en profite, alors que ses doigts pincent gentiment ma joue.
- Tu as une tête affreuse.
Je lève les yeux au ciel et lui assène une tape sur l'épaule, comprenant sans mal ses intentions. Me taquiner est son jeu préféré, et ce matin, il s'en sert pour me faire décompresser.
Il me serre un peu plus contre lui, et je passe distraitement mes doigts sur la peau de ses bras. Est-ce possible de s'accrocher autant à une personne en si peu de temps ? Il faut croire que oui.
Ses lèvres se posent avec douceur sur mon front, avant qu'il ne me permette de les voir bouger.
- Tu voudrais passer le reste de ta vie dans mes bras, je comprends.
Son sourire en coin me fait rougir du plus que je le peux, et j'enfouis ma tête dans son cou, en le traitant d'idiot. Je le sens rire contre moi, et malgré ma tristesse évidente, il parvient à me tirer un sourire. Et à me tirer du lit, par la même occasion.
Je rougis quand il passe son regard sur mon corps. J'ai beau ne pas porter le t-shirt qu'il m'a donné, je reste habillée de ses vêtements. Et mes jambes sont toujours offertes à sa vue.
D'ailleurs, mes yeux se posent sur le vêtement qu'il porte, et il les suit. C'est la première fois qu'il dort avec un t-shirt, et je dois dire que malgré la raison, je préfère quand il n'en a pas. Une idée qui me rend honteuse, mais que je ne parviens pas à faire disparaître de mon esprit.
J'écarquille les yeux quand il le retire et me laisse son torse nu exposé, avant de me lancer le bout de tissus que je rattrape maladroitement.
- Tu as l'air de préférer cette vision.
Il ricane en sortant de la pièce, me laissant là-dessus, tandis que je cache mon visage dans une de mes mains. Je finis par lever la seconde, pour porter le t-shirt à mon visage. Il a raison, il a retrouvé son odeur... mon dieu mais à quoi je pense !
Je secoue la tête pour tenter de me remettre les idées en place et me prépare rapidement, refermant mon sac avec un poids sur le cœur.
Je sors ensuite de la pièce, et tombe sur un Carter la moue tirée, les bras croisés dans le canapé.
- Ce n'est pas juste.
Lester répond à son ami en se contentant de le traiter d'enfant, alors que j'avance sans comprendre, et interroge mon « petit ami » du regard. Bon dieu rien que de penser ces deux mots, mon cœur se met à battre à un rythme effréné. Pourtant, c'est ce qu'il est, non ? Je tente de ne pas trop y penser et me concentre sur la réponse de Lester.
- Cet idiot boude parce que tu t'en vas.
Le concerné le fusille du regard, en gardant son visage enfantin, les joues gonflées.
- Parce que toi t'es pas triste ? Sans cœur !
Il ne lui répond même pas et me fait signe de venir m'installer pour manger, alors que le chanteur maugréé dans sa barbe. Au fond, je ne peux m'empêcher de me poser la question... est-ce qu'il s'en fiche que je reparte chez moi ? Il aurait raison, après tout. Ce n'est pas comme si je partais à l'autre bout du pays. Il y a quoi, quinze minutes entre nos deux lieux de vie.
J'essaye de ne pas trop me focaliser sur ce qu'il pourrait penser, car j'ai peur de la réponse. Mais le fait de quitter cet endroit, la tristesse que cela déclenche chez moi me ronge de l'intérieur et ne me quitte pas, même quand nous passons les portes du lycée.
Un mal qui semble sauter aux yeux de mon amie, qui pourtant, parvient à se retenir de poser des questions durant toute la matinée. Avant de craquer à l'heure du déjeuner.
Elle m'entraîne à une table loin de la foule, et plonge son regard dans le mien. J'ai rarement vu Talia aussi sérieuse, et cela en serait presque risible.
- Bon, qu'est-ce qui t'arrive ?
Si quelques semaines en arrière, j'aurai hésité à lui parler, c'est loin d'être le cas à présent, et les mots franchissent la barrière de ma bouche dans la seconde qui suit.
- Je sors avec Lester.
L'information a de quoi surprendre. Et a le mérite de la bloquer complètement. Je crois ne jamais l'avoir vu déstabilisée de cette manière, mais elle se reprend vite, et se met à hurler. Je pose rapidement les mains sur sa bouche, sentant les regards qui se déplacent déjà sur nous. Bon dieu, mais quelle discrétion !
Je lui fais signe de parler moins fort, et regarde au tour de nous, pour m'assurer que tout le monde retourne à ses occupations.
- Personne ne doit le savoir, d'accord ? Garde ça pour toi.
Elle hoche vigoureusement la tête avant de froncer les sourcils. Le petit nuage sur lequel elle semblait se trouver à la suite de cette information semble redescendre sur terre.
- Attends, pourquoi tu es dans cet état alors ? C'est plutôt une bonne nouvelle, non ?
Je souffle, avant de lui répondre.
- Oui mais... aujourd'hui, je rentre chez moi. Je ne sais pas pourquoi, mais l'idée de ne plus être avec lui tous les jours... ça me blesse. Surtout qu'il a l'air beaucoup moins impacté que moi par cette idée.
- Dis moi si je me trompe, mais Lester n'est pas franchement le genre de type à montrer ce qu'il ressent. Alors je ne pense pas qu'on puisse affirmer que cela ne lui fait rien.
Dans un sens, elle n'a pas tort. Mais cette idée me turlupine tout de même.
- Qu'est-ce que tu ressens pour lui ?
Je m'étouffe presque avec le verre d'eau que je venais de saisir, et mets un moment avant de reprendre une respiration normale. Elle ne pouvait pas attendre que j'ai terminé de boire pour me poser ce genre de question ?
- On en a parlé mercredi, déjà...
Elle me fait un sourire qui veut tout dire et se penche en avant pour pointer mon cœur.
- Oui, mais je suis sûr qu'il a commencé à t'envoyer de nouveaux signaux, celui-ci.
Je ne peux m'empêcher de poser une main sur mon cœur, alors que je réfléchis à ce qu'elle vient de me dire. Est-ce qu'en deux jours, je suis capable d'en dire plus sur ce que je ressens ? Assurément. Parce que j'ai l'impression qu'il s'est passé un milliard de chose, durant ce laps de temps.
- Je crois que j'ai des sentiments.
Elle sourit, mais moi, je n'y parviens pas car ce constat me fait peur. Je pense que j'aurai toujours peur de me rendre compte que je ressens des choses pour Lester. Parce que je n'ai pas assez confiance en moi pour assurer qu'il ressent la même chose.
- De l'amour ?
- Je ne sais pas. Je ne peux pas le dire pour l'instant... je sais juste que oui, il y a quelque chose. Peut-être... le premier pas vers l'amour.
Elle m'offre un sourire énigmatique, comme si elle avait saisi quelque chose avant moi. Je me demande ce que c'est, mais je préfère ne pas lui demander pour l'instant. Je crois n'être pas prête à l'entendre, ou l'accepter.
- Pourquoi tu crains de rentrer chez toi ? Par peur que cela vous éloigne ?
- Oui, non. Un mélange des deux. J'ai peur de retrouver le calme d'une grande maison sans réelle vie pour la rendre joyeuse. D'être seule... sans lui. De dormir seule.
Alors qu'elle hochait la tête de façon compréhensive, elle s'arrête sur ma dernière phrase et je vois qu'elle se retiens de hurler. Je souris alors qu'elle se met à déblatérer mille et une chose, trouvant cette information incroyable. Autrement dit, elle est folle de joie.
Moi, je suis dans la lune. Je crains encore cette soirée seule. Je crains de retourner à l'ennui. Et je n'avais pas tort.
Passé le moment de mes retrouvailles avec mes parents, un dîner où ils ont été plutôt enjoués sans voir que je ne les suivais pas dans cet euphorie, je me retrouve bien vite dans une chambre que je trouve fade comparée à celle où j'ai passé mes dernières nuits.
Le lit n'a pas son odeur. Les murs ne sont pas recouverts de photo. De notre photo. Et surtout il n'est pas là. Tout est calme. Il n'y a pas le moindre bruit de chamailleries venant du salon. Pas de crainte que Carter ouvre la porte pour nous trouver enlacer. Il n'y a rien, c'est le mot.
J'aurai voulu les suivre à leur concert, ce soir. Le voir jouer encore, sentir cette excitation monter en moi au milieu d'une foule en délire. Que ses yeux se plongent dans les miens alors qu'il joue, qu'ils me crient que chaque note est pour moi.
Et puis l'attendre alors qu'il range ses affaires. Monter à l'arrière de sa moto, les bras solidement accrochés autour de lui. Me coller un peu plus contre son corps, alors qu'il accélère dans ce but précis. Retrouver ses bras alors qu'il m'entraîne dans son lit. Et ses baisers alors qu'il me sourit...
Mais je n'ai rien de tout ça. Je me tourne et me retourne dans ce lit où il n'est pas. Je n'arrive pas à m'endormir. Il me manque quelque chose. Sa chaleur, son souffle sur ma peau, ses bras autour de moi... et même son t-shirt, que j'ai oublié en partant ce matin. Il me manque sa présence, tout simplement.
Les chiffres rouges défilent sur le réveil et chaque minute qui passe est une nouvelle occasion de me rendre compte qu'il n'est pas là. Ou plutôt que je ne suis plus là-bas. Note déserte mon lit, je bouge trop pour lui. Je me retrouve encore plus seule, encore plus plongée dans mes pensées qui me rappellent la triste vérité : je suis loin de lui.
A cette heure-ci, il doit être rentré. Est-ce qu'il dort ? Non, pas déjà. Est-ce qu'il pense à moi, lui aussi ? Je ne veux pas avoir la réponse, sauf si celle-ci est positive. Mais comment pourrait-il se lamenter comme je le fais... j'en suis à un point qui me surprend moi-même. Mais après tout, je l'ai déjà dit... je suis une camée, et Lester est ma drogue. Une drogue qui vient de m'être retirée, et je commence à sentir le manque monter.
Je saisis mon téléphone et tape le message sans vraiment y réfléchir. Ce n'est que quand j'appuie sur envoyer que je réalise ce que je viens de lui avouer.
« Tu me manques. »
Je ne sais pas comment réagir. Je ne bouge plus, comme si cela allait aider. Je crois que j'arrête de respirer pendant un moment aussi, mais je dois me rendre à l'évidence, je l'ai envoyé, et c'est trop tard. Je ne peux qu'attendre une réponse.
Qui ne vient pas. Je sens le poids sur mon cœur s'alourdir au fil des minutes. Peut-être qu'il dort ? Non, je sais que non. Il n'a plus de batterie ? Son téléphone est resté dans le salon ?
J'essaye de trouver toutes les excuses possible, mais ne parviens pas à retenir la déception de monter en moi.
Jusqu'à ce que mon cœur arrête de battre, alors que le téléphone vibre entre mes mains. Puis il se met à battre fortement, pendant que j'ouvre le message.
« Viens m'ouvrir la porte ».
Et cette fois, mon cœur explose.
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Et votre cœur à vous, il explose ?
Rassurez-vous, malgré le départ de Lyra de l'appartement, il reste encore beaucoup de scènes mignonnes en réserve x)
Alors à vendredi pour la prochaine à faire fondre votre cœur,
Kiss :*
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