Chapitre 47

PDV Lester

Je suis malade. Complètement malade. Ça doit faire un bon moment que je suis atteint d'ailleurs, et le pire, c'est que je m'y plais. Les palpitations dans ma poitrine quand je suis proche d'elle, mon corps qui chauffe, mes pupilles qui se dilatent. Si ce n'est pas le signe d'une sérieuse fièvre, je ne vois pas ce que cela peut être d'autre.

Et le virus qui m'infecte et fait sauter toutes mes défenses, il a de longs cheveux de feu, des yeux un peu particuliers, et actuellement, il parvient à me rendre fou juste en mordillant sa lèvre.

Si ma raison ne me retenait pas, j'aurai été prendre ses lèvres sur le champ, revendiquant ce qui m'appartient. Une putain de pensée égoïste, car c'est une personne, et pas un objet. Pourtant, mon esprit me souffle tout de même cette idée délirante qu'elle est à moi. Mon Ovni. Cela ne devrait même pas m'effleurer l'esprit, car au-delà d'être totalement détractée, cette idée ne me correspond pas. Pas du tout. Mais je dois avouer que j'ai du mal à définir ce qui est moi ou non ces derniers temps, car les comportements étranges se multiplient.

J'aime la taquiner. La faire rougir. Je déteste l'avoir loin des yeux, je veux la protéger. Je m'inquiète. Et par dessus tout, je l'embrasse, et j'aime ça. C'est quel genre de folie ça ? Ça me décontenance, et pourtant, je dois bien l'avouer, j'adore ça. Ce jeu entre nous. J'adore faire rougir ses joues, me rapprocher d'elle et poser mes lèvres sur les siennes. C'est foutrement insensé. C'est foutrement bon.

Un couple. J'ai accepté ce terme sans même y réfléchir. J'avoue que je ne pensais pas un jour pouvoir dire que je suis en couple. Je n'en avais pas envie, pour tout dire. Et pourtant, quand elle a voulu savoir, ça m'a paru la seule réponse possible. Parce qu'encore une fois, mon esprit a pensé un truc égoïste : de cette façon, elle est à moi et elle le sait. Qu'est-ce que diront mes amis, quand ils vont savoir ? Ils vont se foutre de ma gueule, déjà. Je ne sais pas si ils vont commencer par le choc ou par la joie, en revanche.

Qu'est-ce que cela signifie vraiment, être un couple ? Je crois qu'il y a la notion d'amour, qui s'y associe. Mais je ne peux pas affirmer que c'est le cas dans notre situation. Au contraire même, je ne veux pas l'affirmer. L'amour est un sentiment bien abstrait que je ne suis pas prêt à ressentir, même si je suis forcer d'admettre qu'il y a bien quelque chose entre elle et moi. Je suis un connard, mais pas au point de le nier en bloc. Les réactions de mon corps quand je la vois dans ce genre de position, rougissante en me regardant, parlent pour moi. Putain, si il n'y avait pas toutes ces personnes autour, elle serait déjà fermement enfermée dans mes bras.

J'essaye de me concentrer, un minimum. Mais à chaque heure qui passe, je sens son regard sur moi, et chaque fois que je cède et la regarde en retour, je suis à deux doigts de craquer. Pourtant, il ne faut pas. Pas que j'ai peur de perdre une pseudo réputation en l'affichant au grand jour. Mais il y a des choses que je ne veux pas qu'elle vive. Pas encore. C'est sûrement tordu, de garder ça secret. Cependant j'ai l'impression que c'est le seul moyen de la garder à l'abri.

Je ne sais pas ce qu'elle en pense. J'ai l'impression qu'elle a compris ce que je voulais dire, mais d'un autre côté, j'ai peur qu'elle ne parvienne pas à le supporter. Qu'est-ce que je ferais, si cela arrivait ?

Je n'en sais rien. Pour l'instant, je ne veux pas penser à cette éventualité. Parce qu'il n'y aurait que deux solutions : assumer et risquer qu'elle souffre, ou la laisser pour qu'elle ne soit pas une cible. Aucune de ces deux options ne me satisfait, c'est pour cela que je ne veux pas imaginer qu'elle me mette un jour devant le pied du mur.

La journée se termine enfin et j'ai cette satisfaction malsaine qui monte en moi en me disant que je vais pouvoir me retrouver seul avec elle. Elle s'approche de la voiture où je l'attends, faisant d'abord monter Note à l'arrière. Elle se retrouve assisse à côté de moi, mais n'ose pas poser son regard sur ma personne. Cela me tire un sourire, et si n'importe qui ne pouvait pas regarder par la fenêtre, j'aurai pris plaisir à la taquiner encore un peu. Voir plus que cela...

Je démarre, et appuie sur l'accélérateur. J'ai presque envie de rouler toujours plus vite pour arriver plus rapidement. Mais je me retiens. Je ne suis pas un putain d'adolescent qui ne sait pas se retenir, merde. Et pourtant, c'est un peu comme cela que je me suis senti aujourd'hui. Je dois dire que ça me fait chier. Sauf que je n'y peux rien, et que visiblement, mon comportement ne risque pas de s'arranger de si tôt, vu toutes les idées qui me montent dans la tête. Une amande pour quelques minutes de plus à l'embrasser ? J'envisage sérieusement cette option.

Je me demande encore une fois sérieusement ce qu'elle m'a fait. A-t-elle conscience de cet effet qu'elle a sur moi ? Je ne pense pas. Elle est bien trop innocente pour s'en rendre compte. Elle a sûrement compris que je n'agissais ainsi qu'avec elle. Mais elle ne doit pas bien se rendre compte d'à quel point c'est incroyable. Même pour moi.

Je crois que le pire moment de cette journée, c'est quand je me retrouve dans l'ascenseur, direction l'appartement. Mes yeux se posent sur la caméra dans un coin de la cabine. Si je n'avais pas conscience du gardien posté derrière ses écrans, je crois que toutes mes barrières auraient sauté. Je n'ai jamais pensé qu'un jour j'aurai envie d'embrasser une personne au point de ne plus en pouvoir après quelques heures sans le faire. Huit heures, et trente deux minutes, pour être précis. C'est exactement le temps qu'il s'est écoulé depuis que nos lèvres se sont touchées pour la dernière fois. Rien d'exceptionnel. Pourtant, cela me paraît beaucoup trop long.

Quand je disais que j'étais malade...

J'ai à peine ouvert la porte que Note se précipite à l'intérieur et se met à faire la fête à mon meilleur ami, qui semble tout autant heureux de retrouver le canidé. Qui du chien ou de sa maîtresse s'est le plus approprié l'appartement et ses occupants ? J'avoue ne pas être capable de répondre, tant ils semblent être à leur place ici, tous les deux.

Lyra s'avance dans le salon avec un sourire tandis qu'elle regarde son fidèle compagnon. Moi je ne parviens pas à la quitter des yeux, alors qu'elle rougit quand Carter lui demande si la journée s'est bien passée. Je suis certain quand se refaisant le fil du jour, elle ne pense qu'à deux choses, mon message, et la tension entre nous.

Je la quitte du regard uniquement quand Sam s'exclame en entrant dans la pièce, suivi de son cousin.

- Hey, belle-sœur !

Il s'avance vers elle, et je sais ce qu'il s'apprête à faire, quand il m'adresse un regard joueur. Sauf que cette fois, je l'arrête avant qu'il ne pose encore une fois ses lèvres sur sa joue. Ma main vient se poser sur sa bouche, et je le repousse en arrière, avant d'entraîner la jeune femme vers moi.

Elle bute contre mon torse, et la surprise éclaire son visage, avant que je ne me penche vers elle. Et colle ma bouche à la sienne, en lançant un regard possessif à Sam.

Les yeux de mon ami s'écarquillent, et je pari qu'il en est de même pour les deux autres, mais je m'en fous. Je me concentre sur elle, et sur les sensations que je retrouve. Est-ce possible de dire que cela m'a manqué durant le peu de temps où j'en ai été privé ?

Malgré la surprise, elle se laisse faire. Je n'y mets pas tout ce que j'y voudrais. Nos lèvres se contentent de se coller, sans chercher à danser ensemble. Ce genre de baiser, je ne veux pas l'exposer aux yeux des autres. Ils sont juste à nous. Mais celui-ci, c'est un baiser d'annonce. Un baiser de revendication. Et j'avoue que j'aimerais le montrer aux yeux de tous, pour qu'ils sachent. Cet Ovni est pris, on n'y touche pas.

Je finis par relâcher ses lèvres, et plonge mon regard dans le sien. Elle rougit violemment et cache son visage derrière ses mains, alors que Sam s'exclame un superbe « Oh putain ! ».

Je ne suis pas peu fier de mon effet, je dois dire.

Arthur reste de marbre, même si je vois son sourire en coin, Sam saute partout, mais c'est surtout la réaction de Carter qui m'intrigue. Il me fixe, et je comprends sans mal ce qu'il veut. Parler. Et si je voudrais remettre cette discussion à plus tard, je souffle en comprenant qu'il ne compte pas me laisser le choix. Je glisse à Lyra que je reviens et elle hoche la tête sans cesser de rougir, alors que Sam saisit ses mains et l'oblige à danser avec lui.

- Ne l'emmerde pas trop.

Il me tire la langue, et je vois un petit sourire s'afficher sur la visage de la jeune femme, qui me convainc que je peux quitter la pièce.

Carter referme la porte de ma chambre derrière nous, et j'attends qu'il se décide à parler, ce qu'il ne tarde pas à faire.

- Tu es sérieux, avec elle ?

Je fronce les sourcils en le regardant, mais me rend compte qu'il est vraiment sérieux dans son interrogation.

- Tu me prends pour un connard ou quoi ?

Il souffle, avant de s'asseoir sur le lit.

- Non. Pour un mec qui n'a jamais été intéressé par une fille, et qui ne sait pas comment s'y prendre.

- Parce que toi tu sais ? Cart', tu n'es jamais sorti avec personne. Et non, tomber amoureux tous les jours ne veut pas dire que tu t'y connais.

Il lève les yeux au ciel, mais sait que je n'ai pas tort, alors il ne cherche pas à se défendre.

- Mec, tu sais que je t'aime.

Je râle mais le laisse dire. Je ne suis pas trop fan des expositions de sentiment dans ce genre.

- Mais j'apprécie Lyra, aussi. Je n'ai pas lu tous les articles à son sujet mais je sais qu'elle en a bavé. Je ne voudrais pas... que tu lui fasses du mal sans le vouloir. Je crois qu'elle a eu sa dose.

- Je sais.

- Et tu sais dans quoi tu t'embarques ?

Je me dois d'être honnête avec lui, et avec moi-même. J'en ai foutrement aucune idée.

- Non. Mais ça me fait du bien. Et à elle aussi. C'est plus fort que moi. Écoute moi bien parce que je vais pas m'épancher sur le sujet deux fois. Depuis qu'elle est entrée dans ma vie, j'ai l'impression que rien ne va. Mon comportement change, elle chamboule tout, mais en même temps, je n'arrive pas à le regretter, ni à m'empêcher de ressentir un truc, une sorte d'attirance pour elle. C'est pas juste physique, c'est bien plus que ça. Et je crois qu'elle aussi, elle n'arrive pas à se retenir de m'approcher. Je ne sais pas où on va comme ça. Mais je sais que je veux y aller avec elle.

Il ne dit rien pendant un moment, et je crains presque ce qu'il va me dire.

- Tu vas assumer de sortir avec une fille ?

Je me retrouve comme un con face à sa question, et je sais que c'est particulièrement cette réponse qu'il attend. C'est sur celle-ci que tout se joue, comme on dit.

- J'assume d'être avec elle. Mais pour l'instant, je refuse de l'exposer. Parce que je sais ce qu'elle risque en se retrouvant projetée sur le devant de la scène. Je préfère attendre encore, pour ça. Et je ne pense pas que tu peux me contredire, vu ce qu'il s'est passé la dernière fois.

Il acquiesce, et fini par afficher un sourire en coin.

- Alors comme ça tu es en couple. Qui aurait pensé que tu serais le premier. J'ai toujours cru que tu finirais seul avec ta guitare et des chats errants.

Je lève les yeux au ciel et lui envoie une tape dans le bras, ce qui le fait rire.

La porte finie par s'ouvrir sur une Lyra toute timide, et Carter lui sourit.

- Je vais dans le salon, à plus tard les amoureux.

L'Ovni se met à rougir violemment et tente de répliquer mais il passe devant elle sans lui en laisser le temps. Cependant, avant de sortir, il se tourne vers moi. De dos, Lyra ne peut pas le voir et comprendre ce qu'il dit.

- Prends soin d'elle. Elle le mérite.

- Je sais.

Il quitte la pièce et elle m'interroge du regard mais je secoue la tête pour lui faire comprendre que ce n'est rien. Elle ne cherche pas plus loin, et se met à regarder partout dans la pièce pour éviter mon regard, ce qui me donne envie de la taquiner un peu. Je me lève et m'avance vers elle, cependant, avant que je n'ai le temps de m'approcher plus, ses sourcils se froncent alors qu'elle regarde une pile de vêtement. Les gars ont visiblement lancé une lessive, et ont fait un détour dans ma chambre pour laver mes fringues.

Elle va vers la pile, et se saisit du premier t-shirt sur celle-ci. Je comprends alors, quand je vois le fameux t-shirt noir que je lui ai donné entre ses mains. Il a été lavé. Ses mots me reviennent alors en tête « Il a ton odeur ». C'est pour cela qu'elle le portait. Je m'avance vers elle pour observer son visage.

Et je comprends bien vite qu'elle est plus que déçue. Elle se met à rougir quand elle voit que j'ai compris. Elle bégaye une excuse, qui ne prend pas avec moi.

- Ce n'est pas... enfin c'est rien... c'est juste un t-shirt...

Je lève les yeux au ciel et retire mon propre t-shirt, que je pose sur la pile. Elle rougit et détourne le regard de mon corps, ce qui fait naître un sourire sur mes lèvres, mais ne m'arrête pas. Je prends le t-shirt qu'elle tient et l'enfile, avant de lui relever le visage pour qu'elle me regarde.

- Demain, il aura mon odeur. En attendant...

Je reprends mon haut du jour et lui tends. Si ses joues ne perdent pas leur jolie teinte, elle attrape tout de même le tissus.

A peine a-t-elle refermé sa main sur celui-ci que je tire dessus, la forçant à venir vers moi, et je l'enferme entre mes bras. Je ne perds pas une minute. Mes lèvres fondent sur les siennes, et cette fois-ci, je ne me contente pas de les poser.

Je revendique sa bouche, et elle ne se fait pas prier pour me répondre.

Nos lèvres bougent ensemble, se caressent, dans un mélange de douceur et de passion.

Décidément, je suis malade. Fou de ses baisers. Et je n'ai pas du tout envie de me soigner.

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Le chapitre est enfin là x) promis le prochain sera à l'heure (il est déjà prêt donc je peux l'affirmer). 

Bon, est-ce qu'ils ne sont pas adorables ? Bah c'est pas fini x) 

J'ai du retard dans ce que j'avais annoncé sur Instagram, pour ceux qui l'ont vu. Je pensais avoir terminé d'écrire l'histoire en ce début de mois (et Contre le Destin aussi). Finalement, les choses ne se sont pas déroulées comme prévues, mais bon, c'est la vie x) En revanche j'ai fini les "descriptifs". Pour ceux qui ne le savent pas, j'écris un résumé de chaque chapitre dans des petits carnets. Ensuite, je construis la chapitre autour de ça. Donc j'ai tout fini pour cette histoire, ce qui est un bon point car ça prend beaucoup de temps. Si tout se passe comme prévu, cette histoire sera entièrement publiée fin novembre ou au plus tard en décembre en fonction de ma somme de travail quand les cours auront repris, et le tome 2 commencera sans attente. Pareil, j'avais fait l'annonce sur Instagram mais je le redis ici, il se nommera Amour Muet. Je vous laisse imaginer quels personnages le composeront :p

On se retrouve mardi pour la suite !

Kiss :*

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