Chapitre 44

Pensez aux gens autour de vous avant de hurler x)

PDV Lester

- Carter bordel, concentre-toi !

Trois fois. Cela fait trois fois que nous devons recommencer cette chanson parce que cet idiot se trompe dans les paroles. Paroles qu'il a écrite lui-même, pourtant. Mais rien n'y fait, il finit toujours par se gourer. Nous aurions dû finir de répéter cette chanson depuis une bonne heure, et être passés aux arrangements de la prochaine, que nous sommes en train de composer. Cependant rien n'y fait, et ce n'est pas faute de lui avoir refait lire les paroles. Il a même le texte sous les yeux, ma parole et il arrive encore à se tromper.

Je souffle un bon coup alors qu'il jette sa tête en arrière. Il est agacé. Et il a plutôt intérêt à être agacé contre lui-même, car le reste ne serait pas acceptable.

Je pose ma guitare, fatigué de jouer ce morceau. J'ai l'impression qu'il ne va pas réussir aujourd'hui, et ça me met en rogne.

- Qu'est-ce que tu fous ? Tu ne sais plus lire ?

Il me regarde blasé, mais ce serait plutôt à moi de faire ce genre de regard.

- J'arrive pas à me concentrer.

- Et on peut savoir pourquoi ?

- Un mauvais pressentiment. On n'aurait pas dû laisser les filles partir toutes seules.

Je voudrais lui dire qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter, mais je ne peux pas. Parce que je suis toujours inquiet, dès l'instant où je ne l'ai pas sous les yeux. Le monde est rempli de connards, et elle a déjà eu l'occasion d'en rencontrer. Je ne veux pas que cela recommence. Alors c'est Arthur, qui se charge de lui exposer des arguments à ma place.

- Elles sont grandes Cart'. Et parties dans un centre-ville bondé, en plein après-midi. Que veux-tu qu'elles risquent ?

- On ne sait jamais.

D'un côté, j'aime voir cette attention particulière qu'il porte à Lyra. Il veut la protéger, tout comme moi. D'un autre, j'ai cet instinct mauvais en moi qui me souffle que je suis le seul qui devrait le faire. C'est très étrange, mais je ne compte plus le nombre de pensées de ce genre qui me traversent l'esprit récemment.

Malgré les arguments de notre ami, Carter se refuse à céder. Il a un mauvais pressentiment, il l'affirme, et je commence à le ressentir moi aussi. Sûrement mon esprit qui se met à l'imaginer à force de l'entendre le répéter. Mais c'est suffisamment dérangeant pour que j'annonce une pause, et attrape mon paquet de clope. Je me laisse tomber dans le canapé de la salle de répétition et allume le précieux sésame, tandis que mon meilleur ami me fusille du regard.

- Si Lyra était là, tu ne fumerais pas.

- Elle n'est pas là.

- Et ça ne te dérange pas ?

Non. Si. Je ne sais pas. Je ne sais plus rien, quand il s'agit d'elle. Je commence à me demander sérieusement si je ne suis pas malade. Merde, comment cette fille a-t-elle réussi à se faire une place dans ma vie à cette vitesse ? Quelques semaines à peine, et elle dort chez moi, dans mon lit, et dans mes bras. Elle connaît mes amis, qui l'adorent, et ne parlons pas de mon comportement. Et le pire, dans tout ça, c'est que rien ne me dérange.

Au contraire, je multiplie les comportements incohérents. Comme accrocher cette putain de photo dans ma chambre, juste parce que je la trouve incroyable, dessus. Pourtant, je n'accroche jamais rien. Carter est responsable de toute la décoration de la pièce. Mais celle-là, c'est moi qui l'ait mise. Comment réagirait-elle, en le sachant ? J'imagine ses joues rougissantes. Et malgré moi, ça me fait sourire.

Un sourire qui se fane bien vite quand mon téléphone sonne, et que le nom de l'Arc-en-ciel s'affiche. Elle a beau être fan, elle ne m'appellerait pas sans raison. Et le pressentiment de Carter commence à devenir réel.

Je décroche et lui demande ce qui ne va pas sans prendre le temps de répondre poliment. Mon cœur s'affole. Ça, ce n'est pas normal. Et ça me fait une fois de plus prendre conscience de la place que prend l'Ovni dans ma vie.

Elle déblatère ce qu'il s'est passé à une vitesse incroyable, pourtant je n'en loupe pas un mot. La rage monte en moi. La colère, mais surtout, la peur. Putain, comment est-ce qu'elle va ?

Je comprends tout, mais j'ai du mal à m'y faire. Du mal à imaginer.

- Ce type a fait quoi à l'Ovni ?

J'ai très bien entendu la première fois, mais je crois que j'ai besoin qu'elle me le répète pour vraiment l'assimiler. Ma voix est dure, glaciale. Reflet des sentiments qui m'assaillent. Les gars relèvent la tête et s'approchent de moi. Ils sont inquiets. Rien à côté de ce que je peux ressentir, là maintenant.

- Il l'a embrassé.

C'est un coup de massue, une nouvelle fois. Je vois Carter écarquiller les yeux. Le son était suffisamment fort pour qu'il capte. Moi, je me contente d'un vague « OK », et je raccroche. Je n'ai pas de temps à perdre à discuter avec elle. Je sais ce que j'ai à faire.

Je n'écoute pas les gars qui cherchent à comprendre, à en savoir plus. Je laisse toutes mes affaires en plan. J'attrape seulement mon casque, mes clés, et je fonce dehors sans un regard en arrière, sans me soucier de Carter qui cri mon prénom. Non, décidément, je n'ai pas le temps d'attendre.

Je passe la porte de ce fichu appartement et passe mes yeux dans le salon. Elle n'est pas là. Note me regarde, mais cette fois, il n'a pas besoin de m'indiquer où elle se trouve. Je le sais. Je me dirige à toute vitesse vers ma chambre et l'ouvre violemment. Son petit corps sursaute. Ses yeux se posent sur moi. Remplis d'affliction. Je ne réfléchis pas. Je fonce sur elle, et je saisis son visage entre mes mains.

J'ai besoin de m'assurer qu'elle va bien. Mais je sais en la regardant que c'est loin d'être le cas. Elle peut peut-être mentir à d'autres. Mais je crois qu'elle ne parviendra jamais à me duper, moi. Je vois tout, à travers ses iris. Ce n'est pas normal, mais je m'en fous. Je connais chaque façon qu'ils ont de briller en fonction des sentiments qu'elles éprouvent. Et là, cette lumière si, je ne l'aime pas du tout.

- C'est fini.

Elle me regarde, sans rien dire. Je sais ce qu'elle va faire avant même qu'elle n'ouvre la bouche. Alors elle ne me surprend pas quand elle tente de garder bonne figure. Pense-t-elle vraiment que cela va fonctionner ? Non. Elle essaye plus de se convaincre elle-même que moi. Mais c'est tout aussi inutile.

- Ce n'est rien. Ce n'est pas important.

Elle ment. Elle me ment, et elle se ment. Et le pire c'est qu'elle même n'arrive pas à croire à son mensonge. Sa bouche me dit une chose, mais son corps et ses yeux me crient le contraire. Elle en est parfaitement consciente. Putain, je voudrais retrouver ce type et le tailler en mille morceaux. Pourquoi faut-il qu'autant de merdes lui arrivent ? On dirait un film. D'abord ces types devant la salle de concert, et maintenant ça ? Elle n'a pas assez donné dans sa vie, pour devoir encore en endurer ?

- Pas important ? Petit Ovni, tu n'y crois pas toi-même.

- Je t'assure, c'était juste un type bourré, il ne doit même pas s'en souvenir.

Elle n'arrive pas à soutenir mon regard. Parce qu'elle sait ce que j'y vois.

Être bourré n'est pas une excuse. Jamais. Ce serait bien trop simple, de tout excuser aux personnes ayant consommé de l'alcool. « Il a prit la voiture et a renversé quelqu'un ? Ce n'est rien, il était saoul, et pas conscient de ses actes ». Non. Ça ne fonctionne pas comme ça. Peu importe ce que ce type a ingéré. Il l'a touché. Il l'a agressé. C'est ce qu'il a fait, et rien ne peut le minimiser. Alors ouai, il ne s'en souvient probablement déjà plus, et c'est sûrement ce qui me met le plus en rogne. Parce que ce type vient de faire du mal à une personne et ne sentira jamais le poids du remord. C'est trop facile.

Je pose mes doigts sous son menton, et la force à regarder mes lèvres.

- Mais toi, tu t'en souviens.

Je la vois se mordre la lèvre, et elle pose son regard dans le mien. Et il brille encore d'une nouvelle façon. Que j'aime encore moins. Il brille de larme, qu'elle tente de retenir. Ma main droite vient caresser ses cheveux, tandis que l'autre reste sur sa joue. Je veux lui enlever cette peine. Mais je ne sais même pas comment faire.

- C'était... c'était mon premier.

Putain. Je crois que j'ai encore plus envie de le tuer, maintenant. Le premier baiser n'est pas forcément une chose à laquelle j'accorde de l'importance. Mais j'ai suffisamment côtoyé et appris à connaître Lyra pour savoir que ce n'est pas son cas. Et que ça la touche d'autant plus parce que ce type a osé lui prendre ce qu'elle gardait précieusement. Ce qu'elle aurait dû décidé de donner à la personne de son choix.

Égoïstement, je ne veux pas l'imaginer le donner à quelqu'un.

Mais surtout, je ne veux pas qu'elle pense que ce baiser compte. Parce que ce n'est pas le cas.

- Note bien ce que je vais dire. Ça ne compte pas, d'accord ? Ça ne peut absolument pas compter.

Mais je sais que je ne la convainc pas. Alors j'essaye encore.

- Ce n'était pas un baiser. Un baiser, c'est quelque chose de désiré. A partir du moment où tu n'en voulais pas, ce n'en est pas un.

- Deux lèvres qui se rencontrent, c'en est forcément un.

- Évidemment que non.

Elle détourne le regard, et je comprends que je ne parviens pas à la faire changer d'avis. Et putain ça m'emmerde, parce que je vois à quel point tout ça la touche.

Alors je fais un truc fou. Un truc qui est sûrement con. Mais c'est plus fort que moi. J'ai l'impression que c'est la seule chose à faire.

Mes mains encore sur sa peau la ramène vers moi. Son corps se colle contre le mien. Ses yeux s'écarquillent, alors qu'elle les plonge à nouveau dans les miens. Je vois son étonnement. Et puis je vois qu'elle comprend.

Mes lèvres se posent sur les siennes.

Et j'ai l'impression d'exploser de l'intérieur. Je la garde contre moi, je ne la lâche pas, je ne libère pas ses lèvres. Et je sens son corps se détendre. Ses mains s'agripper à mes hanches, comme à une bouée. Ses yeux se ferment, et elle appuie un peu plus ses lèvres contre les miennes. Alors je ferme aussi les yeux. Et je ne pense qu'à elle.

Alors c'est ça, un premier baiser ? Putain, je crois que je commence à comprendre, le mythe qu'il y a autour de ça. Est-ce que c'est toujours aussi bon ? Non. Mon esprit me souffle que c'est uniquement parce que c'est elle.

Je finis par m'écarter, un peu. Juste pour voir son visage. Juste pour qu'elle voit mes lèvres bouger. Mais je la garde contre moi, et je n'ai aucune envie de la libérer de mes bras.

- Ça, c'est ton premier baiser.

Ses joues rougissent, et je crois que c'est ce qui fait sauter ma dernière dose de bon sens.

- Et ça c'est ton deuxième.

Je refonds sur ses lèvres, et elle n'oppose aucune résistance. Elle se rapproche un peu plus de moi, alors que mes mains quittent son visage, et viennent entourer son corps. Cette fois-ci, je ne garde pas les lèvres immobiles. Je ne sais même pas comment faire, je n'ai jamais embrassé personne. Mais c'est naturel. C'est agréable. Ma bouche caresse la sienne, avec douceur. Mais avec envie. Et elle me rend ces caresses. Elle entre dans la danse, acceptant d'être ma partenaire. Je n'ai jamais autant aimé danser. Et je ne veux aucune autre cavalière.

Quand nous nous séparons une nouvelle fois, je plonge mes yeux dans les siens, et retiens un sourire. C'est exactement le genre de lueur que j'aime y voir.

Et son visage... bon dieu je croyais fondre en la voyant rougissante. Mais rajoutez à ça les lèvres gonflées, le souffle court, et les yeux brillant d'un désir qu'elle ne parvient pas à cacher, et vous obtenez une véritable bombe prête à me faire exploser.

Et quand sa petite voix s'élève, un seul mot dans un souffle, je sais que je suis incapable de lui résister.

- Encore.

Alors j'accède à sa requête, et je pose une nouvelle fois ma bouche sur la sienne. J'aime ça. J'aime beaucoup trop ça.

Ça me fait peur, en quelque sorte. Et puis en même temps, je n'ai pas envie de me poser de questions. C'est comme tout le reste. Je ne comprends pas. Mais j'aime bien trop pour m'en passer.

Nous nous séparons quand j'entends la porte claquer. Ils ont mis plus de temps à rentrer que je ne le pensais. Mais pas assez, selon ma conscience. J'aurai voulu... rester seul avec elle un moment encore. Et vu le visage qu'elle aborde, je dois me faire violence pour ne pas l'entraîner à nouveau contre moi.

J'essaye de me convaincre que j'ai fait ça uniquement pour elle. Pour qu'elle ne pense plus à ce type. Mais j'ai affreusement envie de recommencer.

La tête de Carter est la première à se montrer dans la chambre. Il nous regarde tour à tour, inquiet. Et quand il pose son regard sur elle, rougissante, puis qu'il revient sur moi, je sais qu'il a comprit ce qu'il vient de se produire. Je sais qu'il veut qu'on en parle.

Parce qu'il a peur pour elle, et qu'il a peur pour moi. Il se demande dans quoi on s'embarque, tous les deux.

Sauf que même-moi, je ne le sais pas.  

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Est-ce que j'ai vraiment besoin de dire quoi que ce soit sur ce chapitre ? Vous l'attendiez ce baiser hein x) beaucoup avait compris qu'il arriverait maintenant. C'est un peu cliché, il faut dire. Mais y'a des clichés qu'on aime, et celui-là, je l'aime x)

Allez, à vendredi, 

Kiss :*

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