Chapitre 42

 PDV Lyra

- Est-ce que tu es sûre que je peux porter ça ?

Talia me regarde comme si je venais de dire la chose la plus idiote qui soit. Pourtant, je trouve ma question plutôt logique, alors que mon reflet m'apparaît dans le miroir. Le haut qu'elle m'a ramené est magnifique, oui. Court, il laisse entrevoir la peau blanche de mon ventre, et sa couleur verdoyante fait ressortir à merveille mes cheveux. Mais ce haut, associé au pantalon slim et aux talons qu'elle m'a fait enfiler, je ne peux que douter. Sans parler du maquillage. J'ai peur que ce soit trop. Trop osé. Pourtant, je sais que personne ne devrait être jugée sur sa façon de s'habiller. Chacun est libre de mettre des hauts, des shorts courts, ou bien de longs pulls.

C'est juste que cette tenue... elle me met en valeur. Et ça, je n'ai pas l'habitude. Au contraire, je cherche en général à passer inaperçu. Et cette fois-ci, encore plus que lors du dernier concert, mon amie me fait sortir des sentiers battus.

- Comment tu peux en douter ? Tu es à tomber. Crois-moi, si Lester ne tombe pas raide dingue de toi, je ne m'appelle plus Talia.

Je lui fais un sourire, amusée par sa franchise. Je crois que personne ne m'a fait autant de compliments dans toute ma vie que cette fille depuis que je l'ai rencontrée. C'est agréable, je dois dire. Elle place un collier dorée autour de mon cou, et se recule pour apprécier le résultat final.

- J'aimerais être aussi jolie que toi, vraiment.

Je secoue la tête.

- Tu es très belle, Tal'.

Elle m'affiche un joli sourire, et je pari qu'il est autant là pour le compliment que pour le surnom. Je n'ai même pas fait exprès. C'était naturel. Je suppose que c'est un signe de notre rapprochement. Elle fait de plus en plus partie de vie, et tout dans mon comportement le prouve.

- Tu penses vraiment... qu'il va aimer ?

Je me mets à rougir. J'ai vraiment osé lui poser cette question. Je me sens gênée, parce que je viens en quelque sorte, non totalement, de lui avouer une chose : je veux que Lester me trouve belle. Il me l'a déjà dit, une fois. Je veux qu'il me le dise encore. C'est plus fort que moi. Ou au moins, que je vois dans ses yeux ce qu'il pense. Car j'ai remarqué que depuis quelques temps, son regard d'ordinaire si froid laisse apparaître de plus en plus ses pensées.

- Je pense qu'il va devoir se retenir de t'embrasser.

J'écarquille les yeux et lui lance le coussin qui se trouve à côté de moi.

- Idiote.

Elle se met à rire, tandis que je reste rouge rien que d'y penser. L'embrasser. C'est... enfin je... Non, je ne veux pas y penser. Elle n'arrête pas de rire quand elle me dit qu'on devrait y aller, vu l'heure. Le chauffeur doit déjà nous attendre. Pour elle, c'est encore une aventure exceptionnelle. Je me rappelle de sa tête quand Martin nous avait ramené à la maison. Mais là, c'est celui de Carter. Je ne sais pas combien de fois elle s'est extasiée depuis qu'ils sont parti. Et combien de fois elle a regardé son téléphone avant de danser toute seule. Mais je ne vais rien dire, sur ce dernier point, car moi aussi, mon cœur se gonfle de joie quand je fais un tour dans mon répertoire. Mais pas à cause de quatre prénoms. Seulement d'un seul.

Je caresse la tête de Note avant de sortir, m'assurant une dernière fois qu'il a suffisamment de quoi manger et boire jusqu'à ce que l'on rentre. Et qu'aucune tablette de chocolat ne traîne.

Une vieil homme nous attend en bas, et moi qui suis pourtant habituée à avoir un chauffeur, et une belle voiture, je dois admettre que le niveau est supérieur. A quel point les parents de Carter ont-ils de l'argent ? Je ne saurais pas le dire. Mais en même temps, quand on voit la taille de l'appartement des garçons, on se doute que leurs familles n'ont pas de difficultés.

Il me rappelle un peu Martin. Il a ce même regard bienveillant, qui montre que son travail, ce n'est pas seulement de conduire une voiture. Il fait sûrement parti de la vie de Carter depuis tout petit. Martin est avec nous depuis la naissance d'Aria. Quand nous avons déménagé, il est venu avec nous, de son propre chef. Ce n'est pas un chauffeur. C'est l'homme qui m'emmenait à l'école, au conservatoire, qui s'assurait que je prenais mes goûters. Le premier qui me demandait comment c'était passé ma journée. Le regard qu'il a sur moi n'est pas juste celui d'un employé sur son employeur, mais plus d'un grand-père sur sa petite fille.

Les personnages qui ont ce regard et dégagent cette aura, je sais assurément que je peux leur faire confiance. Et ça fait du bien, de se sentir en sécurité, surtout après ce qu'il s'est passé il y a quelques jours.

Il ne faut pas longtemps pour arriver à la salle. J'essaye de me forcer à ne pas penser à ces types, autour de moi. C'est difficile, mais l'excitation de Talia à côté de moi me permet de m'en détourner. Elle me prend le bras et me tire vers l'intérieur. Il y a déjà une foule de personnes qui font la queue, dehors. Je crois apercevoir quelques regards envieux, et d'autres mauvais, quand nous présentons nos PASS à l'un des vigils, et qu'il nous laisse entrer. Voir la salle vide la rend encore plus impressionnante. Dire que d'ici quelques minutes, les corps et les cœurs vont s'entasser et danser ensemble. Un ballet que j'aime voir, où les limites sautent, et ne reste que la musique, et sa façon de nous transporter.

Je voudrais pouvoir l'être autant qu'eux, et entendre leurs musiques. Mais je le suis à ma façon, en imaginant les notes qu'ils produisent.

Il nous emmène dans des couloirs privés, et nous ouvre une porte. Mon regard s'accroche bien vite au sien. Je n'ai pas besoin de le chercher, c'est comme si je savais toujours où il se trouve. Et son regard... bon dieu qu'il est puissant. Je sens mon ventre remuer, alors qu'il s'approche de moi. Et quand il ne finit pas sa phrase, je comprends ce qu'il veut dire, et mes joues rougissent violemment. Il n'aime pas que d'autres hommes puissent me regarder. Cette information fait battre mon cœur, et j'ai presque envie de lui dire que son regard est le seul qui compte pour moi.

Et son regard, il me cri qu'il me trouve belle. Et bordel comme j'aime ça !

Quand nos regards s'accrochent, après que Sam ait fait en sortes de l'agacer un peu, un flash me fait sursauter. Nous nous tournons tous les deux vers l'origine, pour découvrir Carter, un appareil à la main et un grand sourire aux lèvres.

- Tu fais chier. Efface ça.

Il tire la langue à Lester, et n'accède pas à sa requête.

- Jamais de la vie, vous êtes trop mignon dessus.

Je les laisse se chamailler un peu avant que Lester ne laisse tomber. Je crois qu'il n'a pas la patience nécessaire pour parvenir à faire changer d'avis son meilleur ami. Je ne le connais pas énormément, mais il semble être du genre buté. Et enfantin. Le contraire du guitariste, donc.

Ils finissent par devoir se rendre sur scène, et Talia m'entraîne dans la foule. Comme la dernière fois, nous ne cherchons pas à nous coller à la scène, et prenons du recul. A peine les garçons font-ils leur entrée que nos yeux tombent les uns dans les autres. Et ne se quittent plus sauf quand mon regard descend pour me laisser entrevoir les notes.

Alors que les musiques s'enchaînent, parfois douces, parfois entraînantes, les notes dansent autour de moi et m'entourent. Je me sens bien. Je voudrais les entendre pour de vrai, oui. Mais là, c'est comme si les notes de Lester n'étaient que pour moi. Jouées uniquement dans mon esprit, dans mon corps et mon cœur. Et son regard qui ne me lâche me laisse penser que j'ai peut-être raison. Je suis heureuse. Parce que j'ai l'impression que rien ne peut m'empêcher de passer une bonne soirée, même pas les souvenirs de ma sœur. Ce n'est pas elle que je vois sur scène. C'est lui. Et comme il l'avait dit le matin même, je ne vois que lui. Je voudrais pouvoir dire que j'ai assisté à un concert des Madness, mais pour moi, ce n'est pas le cas. C'est son concert à lui, que j'ai vu. Que j'ai vécu. Et ça me va très bien comme ça.

Ils sortent de scène et disparaissent dans les coulisses, pour ranger leurs instruments. Comme ils nous l'ont demandé, nous attendons tranquillement sur place, alors que Talia me dit à quel point c'était génial. Je le pense aussi, seulement, je suis persuadée que notre expérience n'est pas la même. Ça ne veut pas dire que l'une était meilleure que l'autre, évidemment.

- Ils sont tellement doués !

- C'est vrai.

- Ah bon ? Tu as réussi à le remarquer ou tu sais seulement que Lester est doué ?

Je rougis en lui tapant gentiment sur le bras, alors qu'elle rit en se moquant de moi. De toute façon, elle n'a pas tort.

Je passe mon regard dans la foule, en particulier sur la porte des coulisses, en espérant les voir sortir rapidement. Je finis par me tourner vers le bar, pour attraper la cannette que Talia nous a commandé mais un corps me barre le passage, et je me retrouve face à un type que je ne connais pas. Si au début, une vague d'angoisse m'envahit, je me rappelle vite que je suis au milieu d'une salle bondée, à côté de mon amie, et pas seule dans la rue. Et puis son visage n'inspire pas la peur. Au contraire, il affiche un petit sourire nerveux, mais mignon.

- Salut. Je sais que c'est un peu déstabilisant comme approche mais voilà, je voulais te dire que tu es vraiment très jolie.

- Merci.

Je ne sais pas vraiment comment réagir. Il faut dire que ce genre de situation ne m'est jamais arrivé. Je comprends facilement qu'il tente de me draguer, quand il enchaîne maladroitement les compliments, et tente de m'expliquer qu'il m'a vu depuis le début sans oser m'aborder. Il n'est pas méchant, pas relou non plus, mais je suis mal à l'aise et un peu gênée. Je le trouve quand même plutôt gentil, et au fond, c'est tout de même agréable quand un gars vient nous faire un compliment sans être insistant.

Mais il s'arrête de parler et fixe un point derrière moi. Un bras vient s'entourer autour de ma taille, et mon dos se retrouve collé contre un torse. Je n'ai pas besoin de regarder pour savoir qui a ce geste, et mes joues rougissent. Je lève un peu la tête, suffisamment pour comprendre ce qu'il dit au type au face de moi.

- Tu peux partir.

Le jeune homme s'excuse, et nous laisse, ce qui confirme mon impression, il n'était pas un mauvais type. Je me tourne vers Lester, qui garde tout de même son bras autour de moi, un geste qui me rend toute chose.

- Il n'était pas méchant.

- Je ne l'ai pas été non plus.

Je laisse échapper un rire, et je garde pour moi le fait que j'ai apprécié son geste. Protecteur, et possessif. Jaloux ? J'aimerai. Sans comprendre pourquoi, toute fois. Quoi que... je comprends peut-être, au final. J'ai surtout du mal à l'avouer. Peur de l'avouer.

Quand mon rire se calme, je laisse paraître ma fatigue et baille. Il n'en faut pas plus pour que Lester décide qu'il est temps de rentrer, et que nous filions vers l'extérieur.

- Tu veux monter avec les gars dans la voiture ? Pour te reposer.

Je comprends qu'il cherche à bien faire. Sans le vouloir, je pince les lèvres, et il relève les siennes dans un rictus, comprenant que je préfère rester avec lui. Il ne dit rien, mais son regard suffit à me faire monter le rouge aux joues.

C'est Carter qui se tourne le premier vers mon amie, pour lui demander si elle dort chez eux. Malgré l'envie qui s'affiche sur son visage, elle décline l'invitation, et celui-ci lui propose de la déposer.

C'est égoïste, mais je dois le dire, je suis contente qu'elle rentre. Pas que je ne voudrais pas passer une soirée avec elle. Mais si elle était là, Lester aurait dormi dans le salon. Et... je veux dormir avec lui.

Et je dois bien avouer que si ce constat s'impose moi, il me trouble plus que je ne le suis déjà.

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Un brin possessif le petit Lester x) 

Ça ne risque pas de se calmer d'ailleurs x)

A vendredi pour la suite, 

Kiss :*

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