Chapitre 40

PDV Lyra

Je suis presque déçue quand nous arrivons au lycée, et que je me rends compte que je vais devoir le lâcher et descendre. Cette pensée me rend étrange, mais en même temps, tout ce qui me passe par la tête et qui a un rapport avec lui me fait le même effet. Un peu comme si la température de mon corps dépassait soudain les 40 degrés, que mon estomac se retournait et ma tête surchauffait. En fait, c'est un peu comme une gastro. Sauf que dans ce cas là, c'est agréable. Je ne devrais sûrement pas lui dire que je le compare à une maladie peu charmante. Je pense qu'il le prendrait mal. Surtout que je ne vois pas les symptômes comme un inconvénient, dans ce cas là.

Il arrête l'engin et si j'aimerais rester contre lui encore quelques instants, comme devant chez moi samedi, les regards que je sens déjà posés sur nous m'en dissuadent. J'imagine très bien tout ce qui se passe dans leurs têtes maintenant. Après les rumeurs qui m'ont déjà secouées quand Lester m'a donné son t-shirt, j'espère que de me voir arriver avec lui ne va pas causer de nouveaux problèmes. Je n'ai pas envie de supporter ça en ce moment, encore moins aujourd'hui, alors que mon plus fidèle compagnon n'a pas l'air dans son assiette. Si j'avais pu, je serai restée prêt de lui. Mais Sam et Lester ont raison, je peux lui faire confiance, et je me doute qu'il va vite me tenir au courant de ce qui se trame. Même si en attendant, tout mon esprit est tourné vers ma boule d'amour à quatre pattes. Et tout ce qui ne tourne pas autour de Note tourne autour de Lester.

Je descends et spontanément, il avance ses mains vers moi, pour m'aider à retirer le casque. Il le tient d'une main, avant de passer la seconde dans mes cheveux, qu'il recoiffe avec attention. Je me sens rougir, et j'imagine de là les exclamations de stupeur qui doivent se faire entendre. Il lève les yeux au ciel, avant de me tendre mon casque. « Mon ». C'est presque bizarre à utiliser. Mais c'est le cas, pourtant. Il l'a acheté pour moi. Le savoir fait battre mon cœur de manière étrange. Je commence à me demander si je ne devrais pas consulter un médecin, à cause de tous ces changements de rythmes cardiaques qui m'arrivent quand je suis près de lui.

- Mets le dans ton casier.

Il glisse un regard sur le côté avant de me lancer un vague « à ce soir », et de disparaître vers le lycée. Son corps est vite remplacé par un autre, moins grand, mais bien plus haut en couleur. Et elle ne saute même pas sur place, pour une fois. Elle me regarde les yeux grand ouvert, et la bouche tout autant. Je laisse échapper un petit rire, avant de lui saisir le bras et de l'emmener vers l'intérieur. Elle me laisse faire, mais ne cesse de me regarder de cette façon particulièrement bizarre et amusante.

Elle me laisse poser le casque dans mon casier avant de se débloquer, et le saisit entre ses mains.

- Un casque. Personnalisé. Toi avec Lester, dès le matin. Qu'est-ce que ?

Je lui reprends le casque des mains en affichant un sourire. Je me doute de la réaction qu'elle va avoir, et j'ai presque envie de faire durer le suspens tant je trouve ça amusant. Mais devant sa bouille, je finis par céder.

- Je... dors chez lui. Jusqu'à vendredi.

Elle se laisse tomber contre les casiers, en posant ses deux mains sur son cœur, en bonne comédienne. Elle parvient à me détendre, même si la plupart de ma conscience reste loin d'ici, aux côtés de Note. Je finis de lui expliquer ce que je fais là-bas, et je crois qu'elle est encore plus excitée que moi de ma présence dans cet appartement. Elle déblatère des dizaines de situations qui n'arriveront jamais, basées sur des faits qui me font grandement rougir, et que je préfère ne pas redire.

- Votre histoire est incroyable. Je devrais en faire un livre, tiens.

Je laisse un rire m'échapper et lui demande quel en serait le titre.

- C'est quoi déjà votre exposé ? Ah oui : Amour Sourd. Ça sonne bien pour un titre non ?

Elle me fait monter un nouveau sourire aux lèvres alors que je ne peux m'empêcher de repenser au moment où Lester a trouvé cette idée. C'était pendant que nous écrivions des notes ensemble, après qu'il m'ait écrit toutes les informations sur lui qu'il pouvait.

- En parlant d'exposé et de philo, le prof est absent aujourd'hui.

Je reste déçue de cette information et pour une seule et unique raison : c'est le seul moment de la semaine où je partage ma table avec lui. Et depuis quelques temps, je ressens ce besoin d'être le plus possible auprès de lui, ce qui est sûrement un brin malsain, mais je ne peux pas m'en empêcher. Je ne laisse rien paraître et continue de sourire alors qu'elle se met à parler, et parler, et parler... sans fin. Jusqu'à ce qu'elle s'arrête et regarde autour de nous.

- Où est Note ? Tu ne l'as pas pris à cause de la moto ?

Mon sourire se fane alors que je lui fais part de notre mésaventure de la matinée, et de notre inquiétude. En particulier de la mienne. Elle pose une main sur mon épaule, et tente de me rassurer, mais devant son échec, elle se décide à faire ce qu'elle fait de mieux : me faire rire. Sa joie de vivre est contagieuse, même si elle ne me permet pas d'oublier ce qui se passe le reste de la matinée. Je ne fais que penser à mon chien, et à ce qui lui arrive. Chaque minute qui passe renforce mon inquiétude, alors que je n'ai toujours pas de nouvelles.

Je suis sur les nerfs au moment du déjeuner, quand Talia ouvre grand les yeux, alors qu'un corps se penche dans mon dos.

Je sursaute mais ne me dégage pas, sentant de qui il s'agit, alors même que je ne vois pas son visage. Lester fait passer son bras devant moi, alors qu'il reste dans mon dos, et me montre son téléphone. Je ne mets pas longtemps à comprendre et lis rapidement ce qui s'y trouve.

« On sort du vétérinaire, tout va bien ! Notre petit gourmand a semble-t-il piqué le chocolat qui traînait sur la table basse ( je le cherchais partout!). Puisqu'il n'en a pas ingéré énormément, il n'a pas eu besoin de lavement de l'estomac. Il m'a seulement recommandé d'être prudent sur ce que l'on laisse traîner la prochaine fois. Belle sœur, déstresse, tout va bien, regarde.».

Le message est accompagné d'une photo de Note, « souriant » devant une peluche pingouin que Sam a visiblement décidé de lui acheter. L'image fait monter le coin de mes lèvres, tandis que le message retire un bon poids de mon cœur. Alors il va bien. Je laisse tomber ma tête en arrière, sans penser au fait qu'elle repose alors sur le torse de l'homme derrière moi. J'écarquille les yeux en croisant son regard rieur devant mes joues rouges, et m'écarte de lui. Avant que Talia ne se mette à crier devant ce qu'elle vient de voir, je décide de lui expliquer que Note va bien, afin de détourner son attention. Heureusement, ça fonctionne, et Lester repart pendant que nous discutons. Je ne peux m'empêcher de regarder son dos qui s'éloigne, et la pensée de traverser mon esprit : « Même son dos, il est beau ». Pensée tout à fait stupide, je vous l'accorde.

Cette bonne nouvelle me fait presque oublier le fait que je ne serai pas à côté de Lester aujourd'hui, et la journée passe bien plus vite que prévue.


Je passe rapidement la porte de l'appartement quand nous arrivons, et me jette presque sur mon chien pour le serrer dans mes bras, sous le regard de Sam et Arthur. Le premier me fait un grand sourire, avant de se mettre à ma hauteur et d'apposer quelques caresses sur le dos de Note.

- Plus de peur que de mal.

Je lui fais un grand sourire, le remerciant encore une fois d'avoir pris de son temps pour mon chien. Il se contente de me faire un clin d'œil, et de poser sa main sur mes cheveux, pour les ébouriffer doucement. Je me mets à rougir, et encore plus quand le pied de Lester vient taper dans le bras de son ami, pour le faire lâcher. Sam ne le prend pas mal et rit en se relevant. Je ne sais pas ce qu'il dit au guitariste, mais vu son sourire et l'air exaspéré de ce dernier, je peux imaginer qu'il est en train de le chercher.

J'aime cette ambiance. Cet appartement est vivant, bien plus que la maison dans laquelle je vis d'habitude. C'est peut-être aussi pour ça, que j'apprécie d'être ici. Carter, Sam, ils sont pleins d'énergie et vivre avec eux revient à s'enfermer dans un cocon de bonne humeur. Un sourire naît sur mes lèvres, et il ne me quittera pas de la soirée. Nous rions, beaucoup. Je rougis aussi de temps en temps, mais je me sens bien. Il est rare que je sois aussi détendue, et que mon esprit ne dérive pas dans des ténèbres bien connus. Mais avec eux, c'est le cas. Ils parviennent à tout me faire oublier. Je me concentre exclusivement sur Carter, qui nous raconte son coup de foudre pour cette femme, qu'il a croisé en achetant des pâtes. Sur Sam, qui lui rétorque que hier, la femme de sa vie s'apparentait à la vendeuse de la boulangerie, et avant hier, à cette inconnue l'ayant laissé passer au passage piéton. Le chanteur se défend, arguant que c'est différent cette fois, et Arthur laisse échapper que c'est ce qu'il répète toujours.

- C'est vraiment différent !

Lester lève les yeux au ciel, et moi, je continue à sourire, malgré la fatigue qui pointe le bout de son nez.

- Lyra, tu me crois toi ?

Il me regarde avec des yeux de merlans frits, et je n'ai pas le courage de lui dire qu'il m'a l'air capable de tomber amoureux d'une peluche un peu trop douce entre ses bras.

- Évidemment.

- Voilà ! Vous voyez votre mauvaise foi ! Maintenant, je ne vous aime plus. Je n'aime que ma belle-sœur.

Lester lui envoie un coussin, et je n'arrive pas à savoir si c'est à cause de la phrase ou bien du surnom qui me déstabilise tant. Ils n'ont pas l'air décidé à arrêter de l'employer, et moi, j'avoue ne pas franchement comprendre pourquoi ils l'utilisent. Enfin si, je comprends ce qu'ils sous-entendent. Mais puisque c'est faux...

Je finis par bailler et Lester pose son regard sur moi, avant de se tourner vers le reste du groupe.

- Au lit.

- Mais il n'est que minuit !

- Oui, et demain tu vas râler parce que tu auras sommeil. Alors vas te coucher Cart'.

C'est amusant. On dirait presque un père et son fils, et évidemment, c'est Carter qui a le rôle de l'enfant. Mais il finit par écouter, et chacun se lève pour se diriger dans son propre espace, et moi, dans celui de Lester. Il ne me suit pas tout de suite, et je m'enferme dans la salle de bain, le t-shirt dans les mains.

Je regarde le tissus noir que j'aime tant, me demandant si je ne devrais pas mettre un autre haut, ou bien l'associer à un pantalon. Cela serait sûrement plus correct. Mais au fond de moi, je n'ai pas envie de changer. J'ai envie... de revoir le regard de Lester se poser sur moi. Je ne sais pas exactement ce qu'il contenait... mais je l'ai aimé, peu importe à quel point il m'a fait rougir. Je veux savoir si il peut me regarder à nouveau de cette façon alors je passe le t-shirt sur mon corps, et n'enfile aucun short ou pantalon. Je retire ma lentille et me dirige vers la chambre, pour poser mes affaires dans ma valise au bout du lit.

Quand je me retourne, je le vois entrer dans la pièce, le torse nu, et refermer la porte derrière lui. Je me sens déjà rougir rien que de le voir ainsi, mais ce n'est rien comparé au moment où il pose son regard sur moi, et qu'il remarque que je n'ai pas changé de tenue.

Il s'avance vers moi, doucement, trop doucement pour ma sanité d'esprit, et s'arrête à quelques centimètres de mon corps. Je me retrouve entre lui et le bout du lit, les jambes tremblant sous l'intensité de son regard.

Un petit sourire lui monte aux lèvres, et je sais qu'il va s'amuser à me taquiner pour me faire rougir un peu plus. Il est très fort à ce petit jeu là, mais malgré tout, je suis déterminée à ne pas me laisser faire, cette fois.

- Tu dors toujours avec ?

Ce n'est pas tant ses mots qui me déstabilisent, mais la puissance de son regard et la proximité de son corps. Le tout est un cocktail explosif qui joue grandement sur ma santé mentale.

Je devrais lui mentir, et lui dire que non. Parce que c'est affreusement gênant de lui dire que c'est le cas, surtout quand je suis persuadée qu'il va ensuite en demander la raison. Mais malgré tout, malgré le fait qu'il sache très bien quelles questions poser pour me rendre rouge, je le laisse faire, et je participe. Parce qu'il me regarde de la même façon que ce matin, et j'aime ça.

- Oui.

- Pourquoi ?

- Il a ton odeur.

Je l'ai dit. J'en suis presque étonnée moi-même, et pourtant, ces mots ont bien franchi la barrière de mes lèvres. Son regard, déjà profond, devient incroyablement brillant, encore plus que ce matin. J'aimerais dire que je peux y lire un certain désir. Mais c'est la première fois que quelqu'un pose sur moi ce genre de regard, alors l'analyser reste trop compliqué.

Il se rapproche un peu, et je peux sentir son souffle sur ma peau, et son épiderme frôler la mienne. Mon cœur bat à une vitesse incontrôlable, et mes yeux se fixent sur ses lèvres. Je crois qu'il fait la même chose que moi.

- Tu cherches à me rendre fou ?

Oui, non, je ne sais pas. Je ne sais pas pourquoi j'agis de cette manière, mais la tension dans la pièce me plaît. Je ne veux pas qu'elle redescende, elle me galvanise et ça fait du bien. Je ne sais pas quoi lui dire, alors sans quitter sa bouche des yeux, je mordille la mienne.

Et puis ce que j'avais sous les yeux disparaît alors qu'il tourne la tête. Je fais de même, et vois alors Carter, à l'entrée de la pièce, qui nous regarde avec de grands yeux. Il passe le regard sur mon corps, sans que je n'y lise aucune émotion particulière, si ce n'est de l'étonnement. Je me sens gênée, mais rapidement, le corps de Lester se trouve devant le mien et je ne vois plus rien. Il s'avance vers son ami et le pousse à l'extérieur de la chambre, en prenant soin de refermer la porte.

Il se retourne, et je n'ai pas besoin de savoir ce qu'ils se sont dit pour comprendre qu'il n'apprécie pas que son ami m'ait vu ainsi.

Il ne dit rien, et se contente de se diriger vers le lit, où il s'allonge. Il me regarde, et je comprends ce qu'il est en train de faire.

- Sans commentaire.

Je laisse un sourire monter sur mes lèvres et timidement, je me place à côté de lui. J'hésite un moment, avant de caler ma tête dans son cou. Il tourne légèrement la sienne afin que je vois ses lèvres.

- Tu prends l'odeur à la source ?

Ma main vient entourer son torse alors que je me cache un peu plus dans sa nuque.

- Idiot.

Je le sens rire contre moi, avant que sa main vienne se poser dans mes cheveux pour y appliquer des caresses.

Je me sens bien, là. Et puis il a raison... je savoure son odeur. Et son corps contre le mien.  

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Je sais que vous kiffez. Je sais aussi que vous râlez parce que vous auriez voulu un bisous x) Ça va arriver patience x) Mais en attendant, on aime comment évolue leur relation ? Est-ce que je réussis bien à décrire une relation qui parait réelle ? 

La suite vendredi, 

Kiss :*

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