Chapitre 4
PDV Lyra
Perchée devant les grandes portes de l'établissement, j'analyse ce qui va être mon lieu d'étude pour cette année. Un bâtiment plutôt typique, en pierre rouge, avec le drapeau national qui flotte s'élève devant moi. Les élèves entrent et sortent, rient, fument, se retrouvent tout simplement. Moi, je suis là, seule, à ne pas trop savoir ce que je dois faire.
Je finis par m'avancer vers l'intérieur et découvre que c'est aussi grand dedans que dehors.
Dès l'entrée déjà, des casiers s'empilent le long des murs, tous identiques, seulement différenciés par un petit numéro souvent effacé. J'avance un peu encore pour éviter de gêner les allées et venus des étudiants. Ils passent à côté de moi sans faire attention à ma présence, et je me sens invisible. Pour l'instant, je dois dire que cela m'arrange.
Je ne sais pas par où je dois aller. Je dois rencontrer le directeur m'a-t-on dit, mais où se situe son bureau ? Je n'en sais rien. Alors je me contente d'avancer. Cela va bien finir par être indiqué. Au détour d'un nouveau couloir, je m'arrête encore, perdue. Je regarde autour de moi, cherchant en vain un panneau ou toute autre chose qui pourrait m'aider. Ils pourraient fournir des plans, franchement.
Une main sur mon épaule me fait sursauter.
Je me retourne pour me retrouver face à un homme assez âgé, en costume. Il s'applique à articuler, même si ce n'est pas franchement essentiel, pour me parler.
- Mademoiselle Lyra, je suis le directeur. Ne vous voyant pas arriver, j'ai supposé que vous aviez du mal à vous repérer, et il semble que j'avais raison.
Je me sens rougir légèrement.
- Désolé.
- Ne vous inquiétez pas, c'est tout à fait normal pour un premier jour. Suivez-moi.
Nous nous dirigeons vers le secrétariat et son bureau et je m'applique pour en retenir le chemin. Au final, je n'étais pas bien loin. Il m'indique de m'asseoir en face de lui et me remet diverse chose, tel qu'un cahier de liaison, le règlement intérieur et différentes autres informations.
- Vous allez sûrement avoir un peu de mal à trouver vos salles les premiers jours. Nous avons assigné une de vos camarades de classe pour vous aider à vous repérer et vous faire visiter le campus. Elle vous retrouvera tout à l'heure, n'hésitez pas à la solliciter pour la moindre question. Voici votre numéro de casier -il me tend un papier numéroté- et son code. Elle vous montrera son emplacement également.
Je hoche la tête et range tout ce qu'il m'a donné dans mon sac.
- Évidemment, vous pouvez vous tournez vers n'importe quel adulte de l'établissement si votre camarade n'est pas disponible ou dans l'incapacité de vous répondre. Bien, nous allons y aller si vous êtes prête ?
Je ne suis pas sûre de l'être vraiment, mais de toute façon, je ne vais pas avoir trop le choix. Alors j'acquiesce et me lève pour le suivre. Nous nous dirigeons dans les couloirs, et encore une fois, j'essaye de retenir le chemin, histoire de savoir au moins où se trouve un de mes cours. D'après ce qu'il m'a dit, il s'agit de philosophie.
Les couloirs sont vides, et je ne suis pas à l'aise à l'idée d'avoir les yeux de tous les élèves déjà installés sur moi. Mais je ne peux pas faire demi-tour, donc je suis obligé de m'avancer dans la classe derrière le directeur. Celui-ci parle, et je suppose qu'il me présente. Soudain, plusieurs personnes rient, et je dois dire que je ne comprends pas franchement pourquoi.
Mon professeur se met ensuite face à moi et se présente. Il a l'air plutôt gentil, mais c'est dur à dire en si peu de temps.
Il me demande alors si je souhaite m'adresser à la classe, et j'hésite. Si je le fais, comment vont-ils réagir ? Vu l'attitude de certain, je suppose qu'ils vont rire en m'entendant. En même temps, cela ne sera-t-il pas pire si il me pense froide et hostile à leur égard alors que je viens d'arriver ? Je souffle un bon coup intérieurement et me présente rapidement.
Je m'avance ensuite vers le fond de la classe, et comme je le pensais, certaines rient en me regardant. Je n'entends pas ce qu'elles disent, mais je n'ai pas vraiment de doutes sur leurs paroles.
Elles ne sont pas le genre de filles que je pourrais apprécier. En fait, elles sont clairement l'archétype même des pimbêches dans les séries. Il faut croire que celles-ci sont plus proches de la réalité que ce que l'on pense.
Mais même si j'ai l'habitude, et que je m'en doutais, je ressens quand même un pincement au cœur. Peu importe combien de fois par jour l'on subit ce genre de remarque, elles sont toujours difficile à encaisser. Le temps nous apprends seulement à ne plus nous focaliser trop longtemps dessus.
J'ai la sensation tenace d'être épiée, alors je tourne la tête. Mes yeux se plongent alors dans deux iris marrons, presque noires, qui me fixent. Je rougis un peu et détaille légèrement le garçon qui me regarde. Blouson de cuir, cheveux bouclés plutôt long, boucle d'oreille. Lui aussi semble tout droit sortis d'une série. Il me fixe, et je ne sais pas pourquoi. Mais ses yeux ne sont pas remplis de jugement. Ils sont à la fois sondeurs et désintéressés. Ce qui ne devrait pas pouvoir aller ensemble.
Puis il finit par regarder ailleurs, et moi, je me concentre sur le professeur, pour suivre un maximum. J'écoute, si on peut dire ça comme ça, et enregistre en même temps. Cela peut paraître idiot, mais en fait non. Un logiciel installé sur mon ordinateur copiera tout le texte enregistré vocalement quand je le brancherais ce soir. Ce qui me permettra d'avoir le cours écrit, en plus des quelques notes que je réussirais à prendre en cours.
Durant l'heure, le gars cliché ne me regarde plus une seule fois. Il ne s'intéresse pas à moi, et ne semble s'intéresser à personne. Cela me va très bien, même si c'est assez intrigant. On penserait en le voyant qu'il est toujours entouré de gens. Peut-être ses amis sont-ils dans une autre classe.
Le cloche retentit et le professeur nous libère enfin. Je prends un peu de temps pour ranger mes affaires et observe le gars partir, alors que des pom-pom blondes l'interpellent. Il ne leur répond pas et s'en va. Une réaction qui m'étonne un peu, mais sur laquelle je ne m'attarde pas.
J'attrape mon sac et sort de la salle avant qu'une jeune fille n'apparaisse subitement devant ma vue. Je sursaute et elle se met à parler, vite. Trop vite pour que je ne puisse comprendre quoi que ce soit, alors à part me demander si elle arrive encore à respirer, je ne fais rien d'autre que d'attendre qu'elle est finie. J'essaye de lui faire comprendre qu'elle doit s'arrêter mais rien y fait.
Quand elle s'arrête enfin, je me sens gênée de lui dire qu'elle va devoir tout recommencer.
- C'est que... tu as parlé trop vite pour que je comprenne.
Elle rougit et je la sens gêné, alors je la rassure. Elle a l'air gentille, alors je ne voudrais pas qu'elle pense que je ne lui suis pas reconnaissante d'essayer de me parler.
- Ce n'est pas grave. Tu peux me réexpliquer ?
Elle me sourit avant de reprendre ce qu'elle disait, à une vitesse convenable cette fois-ci.
- Salut, je suis Talia. C'est moi qui suis chargée de t'accueillir et te faire visiter. Je suis ravie de te rencontrer.
- Moi aussi.
Je lui souris et elle m'enjoint à la suivre, histoire de commencer. Il semble que nous n'ayons pas cours pendant cette heure, ce qui nous permet de faire un tour de la plupart de l'établissement. Alors qu'elle m'explique différente chose à savoir et m'indique les salles à retenir, elle trouve aussi le temps de parler de tout et de rien. Je me rends compte que cette fille est un vrai moulin à parole, si bien qu'elle ne remarque pas toujours que dans certaines positions, je ne peux pas décrypter ce qu'elle me dit.
Elle est marrante. Déjà quand elle m'a abordée, je me suis dis qu'elle était haute en couleur. Hormis le fait qu'elle parle à une vitesse folle, son look exubérant la rend rigolote. Un bonnet sur la tête, alors qu'il fait encore 25°C, des grosses lunettes rondes, et des collants rayés de toutes les couleurs. On peut dire que ce petit arc-en-ciel vivant respire la vie. C'est agréable d'être en sa compagnie, même si je me dis que je suis contente de ne pas entendre, car je crois que j'aurai fini par avoir mal à la tête.
Je me reconcentre sur elle.
- Tu vas voir, c'est plutôt sympa ici ! Bon prof, bonne nourriture, des distributeurs, des tonnes événements ! Bon par contre, on a aussi le revers de la médaille, les « populaires ».
- Comme dans les films ?
- Tout à fait ! Les sportifs sans cerveau et les filles canons hyper méchantes. Quand on parle du loup.
Nous apercevons deux filles de notre classe sur un côté, qui rit quand nous passons devant elle. A la différence de Talia, je n'entends pas ce qu'elles disent, mais encore une fois, j'imagine bien.
- Ne t'en fais pas pour elles. Elles sont trop stupides pour que leurs paroles soient à prendre en compte.
Je lui souris et nous continuons notre découverte. Nous devons vite nous stopper car les cours reprennent pour nous, et je suis contente quand elle s'assoit près de moi.
Après plusieurs heures à ses côtés, je dois dire que je suis ravie de l'avoir rencontrée. Moi qui redoutais cette rentrée, c'est une bonne surprise. Bon, j'aurais sûrement détesté cette journée si elle n'avait pas été là, mais sa présence l'a rendue supportable, voir presque agréable. Même si je ne capte pas toutes ses paroles, elle a réussit à me faire rire et à me détendre. Peut-être qu'on peut dire que je me suis trouvée une amie ?
Le bilan n'est donc pas si catastrophique que cela.
Nous sortons un peu en avance du premier cours de l'après-midi, alors en attendant le suivant, elle me propose de finir la visite par l'aile des arts. En fait, c'est juste un couloir dans lequel sont réunis plusieurs club comme celui d'art plastiques, et de littérature.
Nous avançons dans le couloir jusqu'à la dernière salle, dont la porte est ouverte. Je regarde à l'intérieur et mes yeux tombent sur le gars de notre classe, une guitare sur les genoux. Je me fige, le regardant jouer, ne pouvant rien faire d'autre que d'imaginer les notes qu'il est en train d'exécuter. Il était une époque où je pouvais les entendre sans que personne ne les joue, mais il semble que cette faculté se soit envoler en même temps que mon sens auditif.
Un guitariste. Vu son look, je ne devrais même pas être étonnée, puisque que ce bahut réunis tous les stéréotypes qu'on pourrait trouver dans une série télé.
Il avait cet air si indifférent ce matin, mais quand il joue... quand il joue il a cet air que j'avais autre fois. Il est emporté par sa musique, dans un monde qui lui appartient. Je l'envie.
Je vois que Talia essaye de m'expliquer quelque chose, et je suppose qu'elle me parle de ce type. En temps normal, je l'aurais sûrement « écoutée », pour en savoir plus sur lui. Il m'intrigue.
Mais là, je suis incapable de me concentrer sur ce qu'elle me dit. Toujours en fixant ce gars, les souvenirs m'emportent.
Et je remonte à la bonne époque.
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Je n'ai pas grand chose à dire sur ce chapitre. N'hésitez pas à me donner votre avis, et à partager l'histoire si elle vous plait !
A vendredi,
Kiss :*
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