Chapitre 39

PDV Lester

Je n'ai étrangement pas envie de quitter ce lit. Pourtant, je dois dire que je ne sens plus mon bras. Ça ne m'empêche pas de vouloir que sa tête y reste posée encore un peu. Comme sa main sur mon ventre, qu'elle ne déplace pas. En a-t-elle conscience ? Oui. La rougeur de son visage me le cri. Elle ne bouge pas pour autant. Et je ne devrais pas apprécier qu'elle veuille continuer de me toucher. Je ne devrais pas apprécier qu'elle me touche tout court. Pourtant, je commence à me faire à l'évidence : tout ce que je ne devrais pas faire ou ressentir, le contraire se produit avec elle. Ça ne me surprend plus. Ça m'intrigue de moins en moins. Je laisse juste faire. Et j'apprécie.

Ses yeux particuliers me regardent, et brillent alors qu'elle comprend qu'encore une fois, j'ai bafoué tout ce que je suis depuis toujours pour elle. J'ai foncé sur la route sans réfléchir en sentant qu'elle allait mal. Parce qu'il s'agissait d'elle.

Si je finis par sortir du lit, ce n'est pas juste parce que mon abruti de meilleur ami va finir par débarquer ici, et que je me passerais volontiers de ses remarques sur notre position. C'est aussi parce que je commence à avoir une envie que je comprends pas, et que je me refuse : ses lèvres. Si d'habitude, je ne cherche plus le pourquoi du comment de mon comportement étrange, il en est autrement quand mes yeux se mettent à loucher sur sa bouche qu'elle se mordille en rougissant. Hors de question. Je dois être encore à peine éveillé, ceci explique cela.

Mais j'avoue que quand elle se lève et que je remarque ce que je n'avais pas vu cette nuit en la rejoignant, je dois me faire violence pour ne pas foncer sur elle. Elle cherche à me rendre fou ? Déjà, elle porte mon t-shirt pour dormir, et cette seule information fait vriller mes neurones. Et me rend bien trop fier. Je dois être malade. Je me passe la main sur le front pour vérifier si je ne suis pas fiévreux.

Mais le pire... le pire c'est qu'elle ne porte que le t-shirt. Et ses jambes blanches se dessinent devant moi, incroyablement attirantes. C'est presque un calvaire, et la première chose à laquelle je pense, c'est que si Carter pousse maintenant cette porte, je lui crève les yeux.

Bon sang, mais a-t-elle ne serait-ce que conscience de sa beauté ? Je suis persuadé que non.

Elle se rend compte que je l'observe et met quelques instants supplémentaires pour saisir sa tenue. Et bordel, quand elle se met à rougir, c'est pire que tout. Je lui grommelle que je la laisse se changer, et je sors précipitamment. Putain, si elle n'était pas sourde, je suis persuadé qu'elle aurait entendu tout ce que je pense rien que dans ma voix. Je file à toute vitesse dans la salle de bain du couloir, et m'enferme à double tour avant de croiser quelqu'un. Je baisse les yeux sur mon corps. Bon. Dire que j'ai besoin d'une douche froide n'est pas un euphémisme.

J'allume l'eau à la température la moins élevée possible et me retiens de penser à elle. Sinon, je suis certain que je ne parviendrais pas à arrêter d'avoir la gaule. J'espère qu'elle ne l'a pas remarqué. Je prie pour qu'elle ne l'ait pas remarqué. Et j'essaye de me convaincre que c'est seulement l'érection matinale, et pas à cause de la vision qu'elle vient de m'offrir. Mais au fond de moi, une petite voix me force à reconnaître ce que je n'ai pas encore envie d'avouer : je ressens une certaine attirance pour elle. Et vu mon comportement ces dernières semaines, ça ne date pas d'aujourd'hui, et ce n'est pas juste physique. Mais pour l'instant, on va continuer de nier ce que mon corps cherche à me faire comprendre de toutes les façons possibles.

Je m'appuie contre les parois de la bouche et souffle. Je suis vraiment malade. Et c'est elle qui me l'a refilé.

Je ne mets pas longtemps à sortir de la pièce. Pas que je n'aurais pas eu besoin d'y rester plus, seulement l'idée qu'elle se retrouve seule avec Carter maintenant ne me plaît pas plus que ça. Pourtant, je sais qu'elle ne risque pas de sortir dans la même tenue que celle que je viens de voir. Et je suis presque un peu déçu quand je constate qu'elle n'a même pas gardé le t-shirt, et qu'elle a remis sa lentille marron.

Elle est assise, face à Carter qui lui explique tout ce que nous avons dans notre frigo pour manger et boire. Je me dirige vers la cuisine et me saisit d'un verre et de la bouteille de jus d'orange alors qu'il continue sans s'arrêter. Respire-t-il ? Face à sa vitesse d'élocution, qui me fout toujours un mal de crâne horrible le matin d'ailleurs, elle ne semble pas saisir grand-chose. Je lève les yeux au ciel en constatant qu'il n'a même pas remarqué son air perdu, que j'ai pourtant capté dès que je suis entré dans la pièce.

- Tu parles trop vite Cart'. Elle n'arrive pas à suivre.

Mon ami s'arrête et me regarde avec de grands yeux.

- Oh zut.

Il s'excuse auprès d'elle mais avant qu'il n'ait le temps de lui retaper toute la liste, je dépose un verre de jus devant elle, et avance la brioche. Elle lève le tête vers moi, qui suis derrière elle, et rougit mais ne dit rien. Carter me regarde sans rien dire, mais je sais qu'il se fait en lui-même la même remarque que moi : je sais ce qu'elle désire sans qu'elle n'ait besoin de le demander. Pourtant, elle n'a déjeuné que deux fois ici. Cela m'a suffit à comprendre qu'elle raffole du jus d'orange, et que les œufs brouillés que mange mon meilleur ami la répugne. Pas de salé le matin, pour elle. Je me dirige vers la porte vitrée après lui avoir donné tout ça et sors une cigarette du paquet.

Le regard de la jeune femme se tourne vers moi, pendant que je l'apporte à ma bouche, et elle affiche une petite moue. Elle n'aime pas ça, je le sais. En revanche, je ne comprends pas pourquoi je range la cigarette juste à cause de ça, et je peste intérieurement. Carter ouvre grand les yeux, avant de se tourner vers elle.

- Comment tu as fait !? Ça fait des années que j'essaye de le faire arrêter cette merde !

Je lui envoie un petit doigt tandis que la jeune femme rougit en comprenant que c'est à cause d'elle. Mais elle a un petit air fier qui me donne presque envie de sourire. Je reste à la fenêtre, savourant la brise matinale, et observe l'extérieur quand Sam entre dans la pièce. Il tape dans la main de Cart' en guise de salutation, avant de contourner la table et de coller ses lèvres sur la joue de Lyra, qui rougit comme une tomate, surprise.

Je ne sais pas trop à quoi ressemble le regard que je lui lance, mais il doit suffisamment laisser apparaître que ça ne me plaît pas. Pas de quoi l'arrêter tout de même, puisqu'il me tire la langue.

- T'inquiètes, je te laisse ses lèvres.

- Tu veux mourir ?

Il ricane simplement, alors que la jeune femme qui n'a pas suivi l'échange verbal relève les yeux vers moi. Quand je lui rends son regard, elle rougit encore un peu et se détourne vers sa brioche. Je cache mon sourire en détournant le visage vers l'extérieur, mais je parierais que Carter l'a vu. Pourtant, il ne fait aucune réflexion, ce qui m'étonne.

Elle finit par se lever et se diriger vers son chien, qui est resté allongé sur un des fauteuils du salon. Elle lui caresse le museau, et je la vois froncer des sourcils en regardant son chien. Même moi, je m'étonne du manque de réaction du canidé. Il est bien plus joyeux et vivant d'habitude. Je m'avance vers elle, et elle relève les yeux en me voyant arriver.

- Qu'y a-t-il ?

- Je ne sais pas. Il est étrange.

Le chien accepte les caresses mais ne bouge pas. Il refuse de se lever, et couine quand nous essayons gentiment de le pousser à quitter le fauteuil. Je vois le visage de Lyra se décomposer de plus en plus, inquiète. Carter et Sam s'approchent aussi, tentant de faire retrouver son énergie à Note, mais rien n'y fait. Il semble épuisé et incapable de bouger. Lyra relève ses yeux vers moi, brillant, et j'y vois toute la panique qui la prend. Elle est sur le point de pleurer, et bordel, je déteste la voir comme ça.

Mais avant que je n'ai pu la rassurer du mieux possible, Sam se place à côté du chien et attire l'attention de la jeune femme pour lui parler.

- Allez en cours. Je vais l'emmener chez le vétérinaire, et je vous tiens au courant, d'accord ?

Je vois ses mains trembler. Elle a peur. Pas peur de confier son chien à Sam ou de passer la journée sans lui, mais qu'il lui arrive quelque chose de grave. Je peux le comprendre. Je vois qu'elle hésite. Et quand elle plonge son regard dans le mien, je sais qu'elle attend d'avoir mon avis pour prendre sa décision.

Je me contente de hocher la tête, et elle disparaît dans la chambre. Mes amis me regardent, ne comprenant vraisemblablement pas son geste mais avant qu'ils ne m'interrogent, elle revient, avec un carnet entre les mains.

- C'est son carnet de santé. J'ai inscrit l'adresse de son vétérinaire.

Elle les tend à Sam qui la regarde sans rien dire, avant de les saisir.

- Merci.

Il finit par afficher un sourire et se relève pour poser sa main sur ses cheveux. J'ai envie de grogner et de lui taper le bras, mais je ne bouge pas.

- De rien belle-sœur. Ne t'inquiètes pas, okay ?

Elle hoche la tête, mais malgré tout, je sais qu'elle ne parviendra pas à arrêter d'être inquiète tant que le vétérinaire ne lui aura pas dit que tout va bien. J'espère de tout mon cœur que c'est ce qu'il dira. Elle embrasse le museau de Note avant de se relever. Je lui fais un signe de tête pour lui signifier que nous devrions y aller. Nous sommes loin d'être en retard, mais rester là ne l'aidera pas à stresser un peu moins, au contraire.

Elle me suit jusqu'à l'entrée et ne me voit pas prendre le deuxième casque. Ce n'est qu'une fois devant la moto, quand je lui tends, qu'elle réalise. Elle semble comprendre que c'est pour cette raison que je ne suis pas rentré avec elle hier soir. Elle l'attrape timidement, avant de regarder l'autocollant qui y trône fièrement. Elle se met à rougir et sourire en même temps, un mélange explosif qui me plaît beaucoup trop. Elle relève le visage vers moi, à la fois heureuse et un brin moqueuse.

- Un ovni ?

- C'est ton casque après tout.

- Juste le mien ?

Je sais ce qu'elle sous-entend par là. J'ai acheté un second casque, il pourrait très bien servir pour Carter, ou d'autres personnes. Mais non. Ce n'est pas pour ça que j'ai été en chercher un. Je n'imagine pas quelqu'un d'autre le porter. C'est celui de l'Ovni. C'est inscrit dessus.

- Tu connais d'autres ovnis ? 

Elle sourit et l'enfile quand je passe le mien également. Elle monte derrière moi, s'accrochant à mon corps, et je ne perds pas de temps à démarrer.

Et soudainement, je me mets à accélérer un peu plus. Pas pour lui faire peur. Seulement pour la sentir me serrer un peu plus fort. Quand elle le fait, je me mets à sourire comme un idiot, sans trop vouloir comprendre pourquoi j'ai fait ça. Et si elle n'ont plus ne sait sûrement pas la raison, elle semble comprendre mon intention, car je sens son corps tressauter contre moi, signe de son rire. Je voudrais pouvoir l'entendre, car ce son est un de ceux que j'aime le plus, dernièrement.

Il n'y a rien de compréhensible dans notre comportement. Et pourtant, je n'ai pas envie que nous arrêtions.  

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Vous craquez ? Je sais que vous craquez. Et que vous avec peur pour Note aussi. On se retrouve mardi pour toujours plus de mignonnerie. 

A mardi !

Kiss :*

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