Chapitre 38
PDV Lyra
Est-ce que j'ai rêvé ? Je veux dire, il n'y a sûrement pas moyen que j'ouvre les yeux et que je me retrouve face à Lester, dans le même lit, après avoir passé la nuit dans ses bras. A partir de quand a commencé ce rêve ? Ai-je seulement dormi chez lui, ou suis-je tranquillement dans ma propre chambre en train d'imaginer tout ça ? Une boule se forme au creux de ma gorge. Je n'ai pas envie de me retrouver chez moi, dans mon lit. Je veux être chez lui. Je veux être avec lui. Cette envie me dépasse, pourtant, elle est réelle. Parce que je me sens apaisée, d'une certaine façon, quand il est là. Ce n'est pas logique, censé, ou tout ce que vous voulez.
J'ai envie de trouver une raison, de comprendre pourquoi il a cet effet sur moi. Je le connais à peine. Nous nous sommes disputé plus de fois que nous avons eu de conversation. Et pourtant... pourtant il a été là pour moi chaque fois que j'en ai eu besoin. Pourtant mon cœur et mon âme lui font totalement confiance, et ont besoin de lui, d'une certaine façon. Et ils vibrent à son contact, se réchauffent sous son regard, tandis que mes joues rougissent, et que mon esprit s'affole. Autant de réactions que je ne devrais pas avoir. Autant de réactions que je n'ai qu'avec lui.
J'ai peur de ce que cela peut signifier, et en même temps, je m'en fiche. Et puis à ce moment précis, rien d'autre n'a d'importance que ce que je vais trouver en ouvrant les yeux. Lui ? Sa chambre ? La mienne ? Certaines réponses me plaisent plus que d'autres, et certaines situations sont plus appréciables à imaginer. Quoi qu'un peu plus gênantes aussi. J'aimerais me fier à ce que ressens mon corps. J'ai l'impression de sentir sa peau sous la mienne. Son souffle dans mon cou, sa main autour de moi. Mais malgré tout, je doute. Je me demande si mon imagination ne me joue pas des tours. Alors j'hésite un moment avant d'ouvrir les yeux, afin de savourer encore un peu ces sensations que j'imagine probablement.
Et quand je le fais... mes joues se mettent à rougir alors que je le découvre si proche de moi, endormi. Son torse se soulève au rythme régulier et lent de sa respiration. Son torse... nu. Bordel, je ne l'ai même pas remarqué quand il est venu cette nuit. Je sens sa peau sous mes doigts et je me fais violence pour ne pas admirer les abdos sur lesquels reposent ma main. Alors ce n'était pas un rêve. Je suis soulagée, en un sens. Affreusement gênée dans un autre. Pourtant, je me sens bien, je ne peux pas dire le contraire. La tête calée sur son bras, à quelques centimètres de lui, je suis à la distance idéale pour l'observer. Et me rendre compte d'un chose, il est incroyablement beau. Pas une grande nouvelle, en soit. Mais suffisante pour faire battre mon cœur un peu plus vite qu'il ne le fait déjà.
Quand on le voit, endormi ainsi, les bouclettes qui lui tombent sur le nez, ou bien éveillé sur scène avec sa guitare entre les mains, on se dit qu'il paraît être le personnage central d'un film, ou bien d'un livre. Et une petite voix au fond de moi me souffle que j'aimerais être la protagoniste féminine. Je retiens mes doigts de venir jouer avec ses cheveux, que j'ai pourtant envie de dégager, afin d'observer un peu mieux son visage. Je me sens comme un stalker, ou une fan transi. Au fond, qu'est-ce que je suis ? J'aimerais pouvoir mettre un mot sur la « relation » que nous entretenons. Je crois que cela ne sera pas pour tout de suite. Mais ça me rassure, en un sens. Parce qu'au fond, j'ai peur que le mot apposé ne soit pas celui que je souhaite. Celui que pour l'instant, je me refuse à imaginer.
Sa respiration change légèrement, je le sens contre ma peau, alors que son corps bouge. Je sais qu'il ne va pas tarder à ouvrir les yeux, et si d'un côté j'ai envie de croiser son regard si profond, d'un autre j'aurai voulu l'observer encore un peu. Ses yeux commencent à papillonner, et dans une idiote tentative de ne pas me faire prendre, je ferme les miens. Malgré mes paupières closes, je parviens à imaginer ses pupilles qui se lèvent au ciel, tandis qu'il affiche son sourire en coin. Un sourire qui me fait me sentir bien étrange chaque fois qu'il l'affiche. Il ne bouge pas, pendant un moment, avant que son bras qui se situait sur ma hanche ne se lève. J'ai presque une sensation de vide, maintenant qu'il ne me tient plus. Pourtant, son corps est encore si près du mien... et l'un de ses bras me sert encore d'oreiller.
Je sens ce même bras bouger, et sa main se rapprocher de mon visage. J'attends de voir ce qu'il va faire, le cœur qui se gonfle d'idées romantiques mais totalement folles et hors contexte. Comme si Lester allait être romantique avec moi...
Je sursaute que ses doigts viennent se déposer sur mon front, pour venir lui appliquer une petite pichenette. J'ouvre les yeux instantanément et rencontre les siens, si près, encore un peu endormis mais tout de même rieurs.
J'hésite à placer ma main sur la zone qu'il vient de frapper, pour atténuer le semblant de douleur. Mais je me retiens. Je n'oserais jamais la replacer sur sa peau par la suite, et pour l'instant, je n'ai pas vraiment envie de cesser tout contact avec lui. Car ce seul touché m'apaise.
- Tu imites très mal une personne endormie.
Je me mets à rougir, encore, toujours un peu plus, et je sais à son sourire qu'il aime ça. Je suis aussi certaine qu'il ne comprend pas pourquoi il apprécie de me voir ainsi, et je suis aussi paumée que lui. Mais je ne veux pas qu'il arrête, et il n'a pas l'air d'avoir prévu de le faire.
- Je suis si attirant que ça, endormi ?
Je me cache le visage dans l'oreiller, c'est à dire dans son propre bras, ne voulant pas lui donner la satisfaction qu'il attend.
- Idiot.
Je le sens sourire et rire un peu, avant que sa main ne vienne doucement placer une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille. Je ne dis rien, mais le geste me fait frissonner, et me paraît bien trop agréable. Je finis par relever le visage, et nos regards s'accrochent, encore, naturellement. Ce n'est même pas gênant. Juste appréciable.
- Tes pieds ne dépassent pas du lit, cette fois.
En effet, il a dû se mettre en haut de l'oreiller, pour que nous puissions loger tous les deux. Il lève les yeux au ciel, mais semble plus amusé qu'exaspéré.
- Idiote.
Il me tire un sourire et je ne décroche pas mon regard du sien. Il me fait du bien juste avec l'intensité que contiennent ses pupilles.
- Merci.
Je ne m'attendais pas à lui dire. Il ne s'attendait pas à l'entendre. Mais le mot franchit la barrière de mes lèvres avant que je n'ai pu y penser. Ce n'est pas juste pour cette nuit. Je crois qu'au fond, je le remercie pour tout ce qu'il a fait pour moi, depuis qu'il est entré dans ma vie. Ou peut-être est-ce moi qui suis entrée dans la sienne. Je ne sais pas lequel de nous deux a le plus chamboulé l'autre. Mais je sais que peu importe à quel point j'ai pu être, et je peux encore être déstabilisée par sa présence, je ne regrette rien. Même pas nos disputes.
Je sais que nous devrions nous lever. Je ne vois pas l'heure qu'il est, mais je me réveille toujours à temps pour me rendre en cours. Alors je suppose que nous devrions bouger, et nous préparer, pourtant, je n'en ai pas envie. Je veux que le moment dur encore un peu, je me mets donc à poser des questions, et au fond, je veux vraiment avoir les réponses.
- Comment as-tu su ? Pour ma sœur et... l'accident.
C'est un peu dur à dire. Comme cela aurait été dur pour moi de devoir tout lui expliquer. Au final, cela a été une libération, qu'il le sache sans que je n'ai besoin de lui exprimer. Déjà parce que même si j'ai du mal à l'admettre, j'avais besoin que quelqu'un d'autre que ma famille le sache. Qu'une personne puisse me soutenir, et je n'aurai pas voulu que ce soit quelqu'un d'autre que lui. Et puis parce qu'en parler est différent de s'en souvenir. Cela rend les choses plus réelles. Elles sont déjà suffisamment douloureuses comme ça.
- Arthur.
Je fronce les sourcils. Pourtant, je m'y attendais, en un sens. Ses regards et sa façon d'agir avec moi me laissaient penser qu'il cherchait quelque chose. Et son interrogation sur la musique classique est assez claire : d'une façon ou d'une autre, il me connaissait.
- Il a vécu dans une autre région pendant un certain temps et il faisait du piano. Il t'a rencontré lors d'une compétition. D'après lui, tu n'étais pas n'importe qui, dans le milieu du classique. Donc l'accident... a fait du bruit. Il n'a pas fait le rapprochement la première fois qu'il t'a vu, mais il était certain de t'avoir connu. Alors il a cherché d'où il pouvait bien te connaître. Il m'a montré les articles hier.
Je reste un instant silencieuse. C'est donc ça. Quelle était la probabilité qu'il ait vécu dans la même région que moi, et ait fait les mêmes concours, pour que nous nous retrouvions ici plusieurs années après ? Elle était faible. Et je ne peux m'empêcher de penser que c'est une sorte de signe du destin. Alors que le destin, je n'y crois pas forcément.
- C'est pour ça que tu es venu ?
- Oui.
Un mot. Un mot et un regard qui suffisent à tout m'expliquer, tout me faire comprendre. Il l'a senti. Que j'avais besoin de lui, à ce moment là. Pourtant, il n'aurait pas dû. Mais il l'a su, et il est venu, pour moi, pour me soutenir. Mon cœur se met à battre à grande vitesse, et mes yeux à briller. Je crois que si je n'avais pas tant pleuré hier, j'aurai recommencé. Pas de tristesse cette fois. Simplement parce que je suis touchée.
- On devrait se lever, avant que Carter ne vienne nous chercher.
Un petit sourire monte sur mes lèvres. Je l'imagine déjà entrer ici et crier en nous voyant, avant de se mettre à sauter partout comme un enfant. J'apprécie sa façon d'être. C'est un peu Talia au masculin : une personne pleine de bonne humeur qui est en fait un rayon de soleil. J'ai besoin de ce genre de personne dans ma vie.
Je me redresse afin de le laisser retirer son bras et il sort rapidement du lit. Je détourne un peu les yeux, incapable de rester neutre face à son bas de pantalon qui lui tombe sur les hanches. Il n'est peut-être pas cliché comme je le pensais, mais cette scène, elle l'est clairement.
Je me sens un peu vide. Et je ressens bizarrement une sensation de froid, maintenant qu'il ne me tient plus. Je voudrais qu'il revienne. Qu'il m'entoure encore de ses bras. C'est comme si j'étais plus complète, quand il le faisait. Là, j'ai l'impression que quelque chose manque. C'est déstabilisant.
Je finis par me lever, et replace les couvertures avant de me tourner vers la sortie. Je tombe sur son regard, qui m'observe, et je me sens toute petite, ainsi. Il est... puissant. Et je n'arrive pas à interpréter ce que j'y trouve. Pourquoi me regarder de cette façon ?
Je descends les yeux sur ma personne, et je rougis en m'apercevant de ce que je porte. Bordel, j'avais presque oublié que pour seul pyjama, c'est son t-shirt que j'enfile depuis quelques temps. Il m'arrive juste en dessous des hanches, et dévoile sans problème mes jambes. Qu'est-ce qui me gêne le plus ? Qu'il me voit le porter pour dormir, ou bien qu'il me voit aussi dénudée ? Je ne sais pas. Mais je sais que son regard, peu importe à quel point il me fait rougir, il me plaît, aussi.
Il sort en me lançant qu'il me laisse me changer, et referme la porte à toute vitesse derrière lui. Qu'est-ce qu'il en a pensé ? Je voudrais le savoir. Je voudrais qu'il me dise qu'il a aimé me voir dans cette tenue, même si je trouve cela affreusement gênant d'en avoir envie.
Je voudrais qu'il me dise encore que je suis jolie. Je voudrais qu'il pense que je suis attirante. Et ça, ça me fait peur.
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Qu'est-ce que Lester a bien pu en penser ? Il va falloir attendre le prochain chapitre pour le savoir.
Je vous dis à vendredi,
Kiss :*
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