Chapitre 37

 PDV Lester

Il faudrait sûrement être idiot pour ne pas comprendre pourquoi la question a été abordée maintenant. Je doute que sa mère ait choisi le moment au hasard, vu le regard qu'elle m'a lancé. Elle attendait que je réagisse, et que je propose de la laisser rester chez moi. Pourquoi, je n'en sais rien. Est-elle vraiment inquiète de la laisser seule ? Je suppose que oui. Lyra a beau avoir 18 ans, elle n'en reste pas moins sa fille. Qui n'a pas une vie des plus faciles, qui plus est.

En tout cas, moi je ne veux pas la laisser seule. Cela va dans la continuité de ce chemin étrange que je prends depuis que l'Ovni a débarqué dans ma vie.

J'ai bien vu ses poings se serrer, et son visage se tendre. Après la scène que je viens de voir, et les révélations qu'elle m'a faite, je n'ai pas franchement envie de la savoir seule ici pendant une semaine. Je préfère l'avoir sous les yeux, en permanence, afin de pouvoir réagir au moindre signe de déprime. Parce que je ne supporte pas de la voir dans cet état.

Alors j'ai parlé avant même de m'en rendre compte, et je ne saurais pas dire qui est le plus surpris ici. Mais ses yeux écarquillés et ses joues qui rougissent me donnent envie de rire. Je me tourne vers son père qui se racle la gorge. Il n'a pas l'air totalement opposé à l'idée, mais ne se tortille pas de joie sur sa chaise comme sa femme. J'ai l'impression de voir une version plus âgée de Talia. Ou une version féminine de Carter. Un bon mélange des deux.

- Est-ce convenable ? Tu vis avec d'autres garçons non ?

- En effet. Mais Lyra est déjà venue chez nous. Mes colocataires l'adorent, et c'est peu de le dire. Elle peut dormir dans ma chambre et fermer à clé si elle le souhaite. Nous sommes dans la même classe, donc pas de soucis pour se rendre au lycée.

Je ne sais pas pourquoi je lui déballe tous ces arguments, comme si je tenais absolument à ce qu'il accepte. C'est un peu le cas. Parce que je refuse qu'elle reste là toute seule. Sa femme se penche vers lui et lui fait un sourire.

- Ça ferait un peu de vacances à Martin. Et puis ils pourraient travailler sur leur exposé, donc elle ne négligerait pas ses études.

Je l'avais presque oublié, ce projet. Il est vrai que nous n'avons pas trop avancé, ces dernières semaines. Quoi que, nous avons un thème, et une problématique. Et on peut toujours dire que ces derniers temps nous ont servis à « apprendre à se connaître ». Le père, plus convaincu, se tourne alors vers Lyra.

- Qu'en penses-tu ? C'est à toi de prendre la décision.

Je me tourne vers la concernée. Elle me regarde, rougissant.

- Je ne veux pas déranger.

Pense-t-elle que je ne vois pas qu'elle veut dire oui ? Ça crève les yeux. De toute façon, je ne compte pas lui laisser dire non.

- Qui ? Carter va être beaucoup trop heureux. Sam aussi. Et je t'ai proposé donc...

Je ne mentionne pas Arthur, car c'est difficile de savoir ce qu'il pense. Il l'apprécie, je n'en doute pas. Rien que pour l'ambiance à la maison quand elle est là. Elle n'a simplement pas eu l'occasion de voir comment il est vraiment, puisqu'il a passé son temps à être focalisé sur son identité.

Elle finit par acquiescer, comme si elle n'avait pas voulu le faire dès le début. Nous nous retrouvons vite dans sa chambre, alors qu'elle prépare un sac d'affaire pour la semaine. J'en profite pour lui rendre ses lentilles, en me disant qu'au final, j'aurai pu les laisser à la maison. Alors qu'elle empile les vêtements dans un sac, je la vois loucher sur un bout de tissus que je connais bien, plié sur son lit. Je l'attrape entre mes mains et la regarde.

- Pourquoi ne pas l'avoir mis, vendredi ?

Elle se met à rougir. Y a-t-elle pensé ? J'avoue que je n'aurai pas été contre de la voir dedans, au milieu de la foule, alors que ses yeux étaient rivés sur moi.

- J'aurai attiré l'attention...

Seulement, elle l'attirait déjà. Mais au fond, elle a raison. Tous les regards auraient été posés sur elle.

- Pas besoin que les hommes te matent.

Je me rends compte en voyant la couleur de ses joues que cette phrase n'est pas restée dans ma tête. Merde. Je lui tends le t-shirt en espérant qu'elle ne fera pas de remarques sur ce que je viens de dire, et heureusement, elle se contente de le fourrer dans le sac. Est-ce que je suis content de voir qu'elle veut le trimbaler avec elle ? Un peu.

- Je vais dormir où ? Je ne vais pas prendre ton lit pendant 5 jours...

Je me sens lever les yeux au ciel. Comme si j'allais la laisser dormir sur le canapé. Hors de question que l'un des idiots qui vivent là-bas tombe sur elle endormie. L'idée me déplaît déjà suffisamment comme ça.

- Si. Et puis je suis mieux dans le canapé. Le lit est trop petit.

- Petit ? Tu ne fais pas 2 mètres de long.

Je finis par lui expliquer que je ne peux pas dormir en haut du lit. Comment dire... je fous toujours mon oreiller à plat, et dors en bas de celui-ci. Résultat, mes pieds dépassent. Manie étrange, mais que voulez-vous.

Elle laisse échapper un petit rire.

- Tu es bizarre.

- C'est toi, l'Ovni de nous deux.

- Je t'ai peut-être contaminé.

Je laisse échapper un sourire. J'aime quand elle se comporte de cette façon, autant que quand elle est trop gênée pour savoir quoi répondre. J'aime trop de choses, quand il s'agit d'elle, et je ne sais pas comment l'interpréter.

Elle continue de ranger ses affaires et le sac grossit de plus en plus. Je finis par réaliser que ça ne vas pas le faire, et que je vais devoir appeler Carter. Quand je lui signifie, elle me demande pourquoi.

- Le sac sur la moto, ça peut passer. Mais le chien, ça va être compliqué.

Elle regarde Note avant d'écarquiller les yeux et de rougir. Avait-elle oublié ? Je crois que oui, car elle se dirige vers lui pour le couvrir de caresses, pour se faire pardonner. J'appelle rapidement mon meilleur ami, qui me hurle dans les oreilles quand il comprend qu'elle va venir à la maison. Lyra me regarde avant de me demander ce qu'il a dit.

- Il a hurlé toute sa joie. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais il est sous ton charme.

Il ne met pas longtemps à rappliquer, visiblement trop heureux pour attendre plus longtemps. Lyra salut ses parents, et entraîne Note à l'extérieur, alors que je porte son sac. Carter arrive en courant vers le canidé et se jette devant ses pattes.

- Mais il est trop beau !

Il commence à le couvrir de baisers, ce qui semble plaire au toutou, et fait rire la jeune femme. Je la regarde un instant, plus satisfait de la voir ainsi que dans le même état que ce matin. Quand il a fini de s'extasier, je les emmène tous les deux vers la voiture et les fait grimper à l'intérieur. L'Ovni me regarde sans rien dire, mais je comprends ce qu'elle pense quand elle pose rapidement ses yeux sur la moto. Elle aurait voulu monter avec moi.

- J'ai une course à faire. Rentre avec Cart' en premier.

Elle hoche la tête, mais je vois tout de même qu'elle est déçue. Le sera-t-elle autant, quand elle comprendra pourquoi je suis parti ? Je n'en sais rien. Toujours étant que je me retrouve bien vite à la caisse d'une boutique spécialisée, un casque neuf posé sur la caisse. Avant que je ne paye, mes yeux se posent sur des autocollants affichés sur le comptoir. Sur l'un d'eux, particulièrement.

Je ne vais pas faire ça. Ce n'est pas moi. Pourtant, sans que je ne le contrôle, ma main vient décrocher le dessin adhésif et le rajoute à mes achats. Je me fatigue. Mais rien que d'imaginer la tête qu'elle fera en le voyant, je ne regrette pas.

Je laisse mon achat dans le placard de l'entrée, ne voulant pas le sortir maintenant. Quand j'entre dans la pièce, des rires m'accueillent, et je reste silencieux un instant à les regarder. Note est monté sur les genoux de Sam, et lui lèche de visage, provoquant l'hilarité de Carter. Et celle de Lyra. Elle affiche un magnifique sourire, et j'apprécie sans comprendre de la voir aussi bien intégrée chez moi.

Une sensation qui n'aura de cesse de grandir toute la soirée, alors que petit à petit, je la vois s'ouvrir de plus en plus à mes colocataires. Même à Arthur. Elle reste plus distante avec lui, mais puisqu'il cesse de la regarder en cherchant à l'analyser, elle semble plus détendue.

Je me couche dans le canapé en me disant que tout ça me paraît irréel. Ma vie depuis qu'elle est là. C'est comme si je devenais quelqu'un d'autre. Attentionné, protecteur... rien qui ne me définit au quotidien. J'avais juré que je ne la laisserais pas entrer dans ma vie, dans mon cercle intime. Je crois que je me suis loupé quelque part. La preuve étant qu'en plus de l'avoir fait dormir deux fois chez moi, je m'arrange aujourd'hui pour qu'elle y séjourne. Et que cela ne me dérange pas le moins du monde.

Je ne sais plus exactement quand j'ai cessé de penser à tout ça et que je me suis endormi. En revanche, je sais quand je me suis réveillé. Ce sont ses gémissements, qui me font me réveiller en trombe. Je ne mets pas longtemps à saisir qu'elle cauchemarde, et quand je sais ce qui hante ses rêves, je me lève rapidement. Dans le couloir, les têtes endormies de mes amis dépassent, eux aussi réveillés par ce qui se produit, se demandant ce qui se passe. Note relève la tête, mais il doit comprendre ce que je m'apprête à faire, alors il reste dans le fauteuil sur lequel il a élu domicile. Je ne leurs laisse le temps de rien dire que je passe devant eux.

- Je m'en occupe.

J'ouvre la porte et la referme aussi vite. Mes yeux se posent vite sur le lit. J'avance dans la pénombre, actionnant la lumière de chevet, qui ne la réveille pas. Elle gesticule dans le lit, et l'expression de pure douleur qu'elle aborde me vrille le cœur.

Je pose une main sur son bras, cherchant à la réveiller. Je la secoue doucement, jusqu'à ce qu'elle reprenne conscience. Ses yeux papillonnent, inquiets, à la recherche de quelque chose à quoi se raccrocher. Ils finissent par tomber dans les miens. Je les laisse se rassurer de ma présence pendant un moment, avant de faire en sorte qu'elle se concentre sur mes lèvres.

- C'était un cauchemar. Tout va bien, d'accord ? Tu n'es pas là-bas.

Elle hoche imperceptiblement la tête, mais je vois que malgré tout, la peur la ronge. Même quand elle me formule des excuses pour m'avoir réveillé. Si elle savait comme je m'en fiche. Je préfère faire une nuit blanche pour m'assurer qu'elle dorme paisiblement que de la laisser dans cet état.

Je vois qu'elle a du mal à se calmer. Ses mains sur la couverture tremblent, et je pourrais presque entendre son cœur de là. Elle a peur de fermer à nouveau les yeux. Alors je comprends sa demande avant qu'elle ne la formule, mais je lui laisse tout de même le temps de la mettre en mot.

- Me laisse pas.

Est-ce une bonne idée ? Rester ici, avec elle, dans ce lit... Je n'en sais rien. Mais je sais qu'il est hors de question que je la laisse maintenant. Alors je lui fais signe de se décaler et me couche à côté d'elle. D'une main, j'éteins la lampe de chevet, ne pouvant la voir que grâce à la lumière du réveil. Je parviens tout de même à la distinguer.

Je viens passer mes bras autour de son corps, pour la coller contre moi. Elle tremble dans mes bras, et ma main vient caresser doucement ses cheveux pour qu'elle se calme.

Ça semble fonctionner, car au bout de quelques minutes, son corps se détend, et sa respiration devient plus régulière. Je comprends qu'elle s'est endormie, et je m'autorise à fermer les yeux.

Mais je ne la lâche pas. Et je me dis que j'apprécie bien trop ça, de dormir en la tenant dans mes bras.

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Je sais que vous aimez cette fin x) Je pense que vous allez pas mal aimer tous les chapitres à venir, sur leur cohabitation ;)

On se retrouve mardi pour la suite, 

Kiss :*

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