Chapitre 25
PDV Lester
Pourquoi a-t-elle agit de cette manière ?
Je ne dormais pas. J'ai entendu ses pas arriver dans le salon, mais pour une raison que j'ignore, je n'ai pas ouvert les yeux pour lui signifier que j'étais réveillé. Pour une raison que j'ignore, mon corps a frissonné quand ses doigts ont frôlé la peau de mon front. Pour une raison que j'ignore, j'ai aimé qu'elle remonte la couverture sur moi, comme si elle s'inquiétait que je puisse avoir froid. Tout ça me dépasse. Elle ne devrait pas avoir ce genre de gestes pour moi, et je ne devrais pas aimer qu'elle les aient. C'est bien trop étrange, bien trop différent de ce que je suis.
J'ai à peine fermé l'œil de la nuit. Je n'ai fais que penser à elle, pleurant sous la pluie. Portant mes vêtements. Riant avec mes amis. Touchant mes cheveux... J'ai envie de m'énerver contre moi même, contre mes pensées délirantes dans lesquelles elle est bien trop présente. Je ne me comprends pas, je ne la comprends pas, et tout ça m'agace prodigieusement.
Ma vie semble perdre toute sa logique depuis qu'elle est apparue.
– Tu as une de ces têtes !
Je relève le visage vers mon meilleur ami qui sort de sa chambre. Il me regarde avec un petit sourire moqueur, et je sais déjà qu'il va dire une connerie avant qu'il n'ouvre la bouche.
– Tu as rêvé de Lyra ? C'était bien ?
Je me contente de lui faire un doigt et de repousser la couverture sur mon corps. Je me dirige vers le balcon, pour sortir une cigarette de ma poche. Carter râle, n'appréciant toujours pas que je me détruise la santé, comme il aime le dire. Sauf que c'est la mienne de santé, et que j'apprécierais de pouvoir choisir moi-même ce que j'en fais. Je ne lui dis rien quand il enchaîne les repas gras, et ce n'est pas plus sain qu'une clope.
Surtout que j'en ai bien besoin là, pour oublier tout ce qui me trotte dans la tête. Dire que j'ai rêvé de l'Ovni est un peu excessif. Mais que je ne fais que penser à des choses se rapportant à elle est tout à fait vrai. Mon esprit déraille, et avec un peu de chance, une bonne clope va me remettre d'aplomb.
– Je vais aller réveiller Lyra !
Je tourne rapidement la tête vers lui, le fusillant du regard. Il lève les mains comme si je tenais un flingue pointé vers lui.
– D'accord d'accord, je te laisse faire.
Il me fait un grand sourire avant d'aller vers la cuisine, tandis que je m'interroge sur ma réaction. Je ne sais pas pourquoi... je n'ai pas envie qu'il la voit dans une situation aussi intime qu'endormie. C'est tout à fait stupide, d'ailleurs. Je râle, ne me comprenant toujours pas, et me dirige vers ma chambre. Devant la porte, j'hésite à frapper. Après tout, je suis chez moi. Et puis si elle dort ? Mais je me mets une baffe mentale en me disant que l'idée est stupide, dans tous les cas. Elle ne risque pas de m'entendre.
Alors je pousse doucement la porte et suis presque soulagé de la voir levée. Elle relève les yeux vers moi et je m'arrête un instant en la regardant. Elle ne semble pas comprendre pourquoi je reste fixé sur elle de cette façon, avant qu'un éclair de lucidité ne passe dans ses pupilles.
Elle lève une main, cachant précipitamment l'un de ses deux yeux particuliers.
Je ne peux retenir un sourire joueur de monter sur mes lèvres. La taquiner m'amuse, et ça non plus, je ne me l'explique pas.
– Tu caches le mauvais.
Je vois ses joues rougir alors qu'elle inverse de main, laissant à mes yeux sa pupille marron habituelle.
Voyant que je lève les yeux au ciel, sans forcément la trouver idiote ou quoi que ce soit, elle finit par l'abaisser, tout en évitant mon regard.
– Je sais que c'est bizarre.
Mes sourcils se froncent sans que je ne le veuille. Bizarre ? Pourquoi se trouve-t-elle si différente des autres ? Ce ne sont que des yeux. Et c'est plutôt intéressant, une personne aux yeux vairons. Mais ça, je ne vais pas lui dire. Je ne vois déjà pas pourquoi je le pense.
– Pourquoi les cacher ?
Elle se pince les lèvres, comme si elle hésitait à me répondre. Je n'aime pas ça. Je voudrais qu'elle n'ait pas peur de me dire les choses. Alors que je ne devrais en avoir rien à faire. Mais j'ai bien compris que je devenais étrange avec elle. Si je m'en fais la remarque à chaque fois, je vais y passer mes journées.
– Je suis sourde. Rajoute à ça des yeux chelou, et on va définitivement me prendre pour un monstre.
Elle ramène ses bras contre elle, et j'ai presque l'impression qu'elle s'attend à recevoir une attaque de ma part. Ou peut-être se protège-t-elle de ses propres mots. Mais je ne pense pas comme elle. Et encore une fois sans le vouloir, je le dis. Parce que je n'aime pas voir cet air qu'elle affiche sur son visage. Un mélange de tristesse et de résignation qui n'ont rien à faire là. Et ce n'est pas la première fois que j'agis de cette manière pour éviter de voir ce visage.
– Un monstre, ça fait peur. Tu ne fais pas franchement peur.
Elle affiche un petit sourire, et je suis presque fier de moi de parvenir à lui retirer son air maussade. Elle s'apprête à répliquer, et je dois dire que j'ai hâte d'entendre ce qu'elle a à dire, mais Carter entre dans la pièce et la regarde avant de lâcher un petit cri.
Il ouvre grand les yeux et la fixe, comme si il voyait un ovni. Ce qui n'est pas faux, non plus.
Pendant un instant, le regard de la jeune fille se voile de tristesse. Elle ne va pas être triste longtemps. Elle ne connaît juste pas suffisamment Cart' pour savoir ce que signifie sa réaction. Elle ne va pas tarder à le savoir.
Mon meilleur ami s'avance vers elle, avant de lui prendre les deux bras. Elle ne sait pas comment réagir à ce soudain contact, et je me surprends à avoir envie qu'il la lâche.
– Mais c'est trop cool !
Elle paraît étonnée un instant, comme si elle doutait d'avoir mal compris.
– Oh mon dieu mais tu es trop jolie ! Hein Lester qu'elle est trop jolie ? Je veux les mêmes ! Olala je veux les mêmes !
Elle semble un peu perdue -il faut dire qu'il parle vite- mais elle en comprend l'essentiel. Et je la vois afficher un petit sourire quand elle entend qu'il la trouve jolie. Elle fixe ses yeux sur moi quand il me prend partie, mais je n'ai aucune intention de lui répondre. Je ne vois pas pourquoi je devrais lui dire qu'elle est jolie. Je préfère ne pas avoir d'avis sur la question, même si au fond, j'en ai un. Mais ce n'est pas le sujet.
– Pourquoi tu ne les avais pas hier soir ?
– Je porte une lentille marron d'habitude. Je vais la remettre.
Il semble s'offusquer, comme le grand acteur qu'il est parfois.
– Mais pourquoi ? C'est super comme ça !
– Laisse-la Carter.
Il se tourne vers moi pour ajouter quelque chose mais je me tourne vers la jeune femme.
– Quand tu seras prête, viens manger.
Elle hoche la tête et j'indique à Carter qu'il est temps de sortir. Il se met à bouder, prenant une tête d'enfant pas content, et je râle. Mais je m'arrête en entendant un son que je trouve mélodieux. Comme hier, à table. Je me tourne vers Lyra, qui rit, et j'aime l'entendre sans savoir pourquoi. Je pousse mon ami dans le dos pour le forcer à sortir et nous retournons dans la pièce principale où les deux cousins sont visiblement arrivés avant nous. En avançant, je repasse ce son dans ma tête. Pourquoi me plait-il autant ?
Je m'installe à la table en face d'eux, avec vue sur la porte de ma chambre, qui s'ouvre quelques minutes après. L'Ovni s'avance timidement, au ralenti, et je constate qu'elle a remis sa lentille. Je ne peux que trouver cela dommage. Pourquoi se cacher ? Elle est très bien comme elle est. Je le regarde s'avancer et sous mes yeux, ses joues rougissent. J'apprécie de les voir prendre cette couleur, si bien qu'un petit sourire en coin vient monter sur mes lèvres. Me voyant faire, Sam se retourne pour l'apercevoir presque à notre hauteur.
– Hey belle-sœur !
Elle fronce les sourcils, et je me retiens de recracher mon café. Qu'est-ce qu'il vient de dire ? Bordel, je crois que je ne veux même pas savoir pourquoi il l'appelle de cette façon. Il se lève et s'approche d'elle, pour lui offrir un sourire charmeur. Je n'aime pas ça, si bien que je ne peux me retenir.
– Sam.
Je ne dis rien de plus, mais le ton dans ma voix lui fait comprendre ce que je sous-entends. Il ne fait rien d'autre que de tourner la tête en me regardant, ce qui attire aussi les yeux de Lyra sur moi. J'en profite pour lui indiquer la chaise à côté de moi, et elle vient s'y asseoir, toujours un peu gênée. L'énergumène qui n'a d'yeux que pour elle depuis qu'elle est entrée dans la pièce lui pose un verre devant elle, attendant d'avoir son attention pour lui parler.
– Tu veux boire quoi, belle-sœur ?
Elle se pince les lèvres, et je vois qu'elle se retient de poser une question. Elle finit par céder, et se décide à lui demander pourquoi il l'appelle ainsi depuis hier. Ah parce qu'il l'a fait hier aussi ? Mon dieu qu'il me fatigue. Il lui répond seulement par un jeu de sourcils, et elle ne cherche pas plus loin.
Arthur, en face d'elle, relève pour la première fois les yeux de son écran de téléphone, pour les poser sur elle. Et son visage se fronce. Il la fixe, et elle finit par s'en rendre compte. Je sais qu'elle ne comprend pas pourquoi, et que ça la gêne. Moi, je m'interroge. Pourquoi la regarde-t-il de cette manière ? On dirait qu'il la connaît, ou qu'il pense la reconnaître. Est-ce possible ?
Peu ravi que son cousin lui pique l'attention de la rousse, Sam pose sa main sur la sienne. J'ai envie de la virer, mais je n'en fais rien. J'ai eu mon lot de comportement inhabituel pour la journée. Dire qu'elle n'est commencée que depuis peu.
– Alors, qu'est-ce que cela fait de devoir travailler avec un homme des cavernes comme Lester ?
Elle rougit encore un peu, se demandant visiblement ce qu'elle doit répondre.
– Euh, rien... il est gentil...
Je suis moi-même étonné de l'adjectif qu'elle utilise pour me décrire, alors je vous laisse imaginer la tête que fait Sam en ce moment. Il finit par sourire et se laisse tomber au fond de son siège.
– Et bien, tu lui fais tourner la tête dis donc ! Il est gentil, et te donne un surnom en plus de cela.
Elle penche la tête sur le côté en entendant la deuxième partie de la phrase. Pourquoi est-ce que je sens que cette conversation va mal finir ?
– Un surnom ?
– Oui, il t'appelle l'Ovni. Tu ne le savais pas ?
En voyant le visage de la rousse, je comprends pourquoi je le sentais mal. Elle semble blessée. Je parie qu'elle est entrain d'interpréter ce qu'il vient de dire, et qu'elle interprète mal. Il va falloir que je lui explique avant qu'elle ne se fasse des films, et qu'on finisse encore par se prendre la tête.
Mais je n'ai le temps de rien dire qu'Arthur se penche vers elle, attirant son attention, avant de la questionner.
– Tu as déjà fait de la musique ? De la musique classique.
Je la vois se figer et ses yeux forment des soucoupes. Sur quoi vient-il de mettre le doigt, exactement ? Pourquoi réagit-elle comme ça ? Elle commence à se tortiller sur sa chaise, et je la sens mal à l'aise. Elle semble oublier totalement le coup du surnom et ne pas vouloir répondre. Et cela m'intrigue de plus en plus, surtout quand elle décide d'éviter la question.
– Je... je vais aller chercher mes affaires, il est tard.
Elle se lève et se précipite presque vers la chambre, sous les regards interrogateurs de tout le monde. Carter envoie un poing dans le bras d'Arthur.
– Qu'est-ce que tu as fait, imbécile !
Ils commencent à se chamailler et je souffle, décidant d'aller la rejoindre.
Qu'est-ce qu'il peut bien se passer dans sa petite tête, pour qu'elle agisse de cette façon ? Et pourquoi j'ai autant envie de le savoir ?
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Arthur connaîtrait-il Lyra ? Comment ?
Sam et Carter, on aime ? Moi, je les aime x)
En tout cas, les rapprochements commencent et vont doucement continuer... attendez-vous à des scènes trop mignonnes bientôt ;)
A vendredi,
Kiss :*
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