Chapitre 22
PDV Lyra
Je me sens déstabilisée. Mais aussi touchée, et heureuse. Je n'aurais pas pensé qu'il interviendrait, qu'il prendrait ma défense, et encore moins de cette façon. Pourtant, c'est ce qu'il a fait, et je ne peux m'empêcher d'apprécier. Énormément même. Surtout que ses paroles me touchent bien au-delà de ce que l'on peut penser, car elles signifient beaucoup. Si cette fille salirait le groupe en portant ce t-shirt... cela signifie que moi non, n'est-ce pas ?
Je me sens soutenue, et je ne me m'attendais pas à cela de sa part. Pourtant, il m'a déjà aidé. Il me vient en aide encore une fois, et grâce à lui, les mauvais regards et tout le reste cessent.
Je voudrais le remercier, mais il ne me regarde pas. Je crois qu'il ne comprend pas pourquoi il a agit ainsi. Je ne comprends pas non plus, car ce n'est pas dans ses habitudes, de ce que j'ai compris de lui. Mais je ne cherche pas d'explication, je me contente d'apprécier le geste.
En même temps, heureusement que son regard ne se pose pas sur moi, car il verrait sûrement le rouge sur mes joues. Il l'a déjà vu suffisamment de fois pour n'en rajouter une aujourd'hui.
Ma journée se finit bien mieux que lorsqu'elle a commencé et c'est avec un sourire aux lèvres que je passe la porte de ma maison. Ma mère me fait un commentaire sur ma bonne humeur mais je ne lui réponds rien et monte dans ma chambre, suivie de mon chien.
Mes yeux se posent sur la source de mes précédents problèmes. Mes doigts viennent caresser le doux tissus, alors que je ne me départie pas de mon sourire. Il m'aura peut-être causé du soucis, ce t-shirt, mais il m'aura aussi tiré d'affaire. Je regarde le bout de tissus et sans trop savoir pourquoi, je décide de le mettre. Je me regarde dans le miroir, appréciant ce que je vois. C'est comme si il me donnait une nouvelle confiance, ce que je n'ai jamais eu. Comment faire autrement que de l'apprécier ?
Note se dirige soudainement vers la porte, et je me retourne pour voir ce qui l'a fait bouger. Je me bloque en apercevant Lester dans l'encadrement de celle-ci. Mais qu'est-ce qu'il fait là ? Et pourquoi fallait-il qu'il arrive maintenant ? Je sens mes joues rougir automatiquement, alors qu'il affiche un petit sourire en coin en me regardant.
Tant bien que mal, j'essaye de lui donner une explication.
- Heu... Enfin c'est que... parce que tu vois... je...
Et je m'arrête, m'enfonçant plus qu'autre chose. Autant essayer de changer de sujet, c'est ma dernière solution.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
Cela semble suffire, car il ne dit rien sur le t-shirt que je porte et me répond.
- Je voulais juste te prévenir qu'on s'est occupés de la photo. Tu n'as plus de soucis à te faire.
J'avais bien remarqué que la photo avait disparue, mais j'avoue ne pas avoir pensé que cela pouvait être de son fait. Et encore une fois, j'aime me dire qu'il a fait ça pour moi. Alors que je sais que ce n'est pas le genre de chose qu'il fait, normalement, de se soucier des autres. Étrangement je me sens... spéciale ? J'ai bien tort de le croire, mais je n'arrive pas à m'enlever cette idée de l'esprit.
Je baisse la tête, presque gênée de mes pensées, et laisse une petite voix lui répondre.
- Merci.
Il ne dit rien de plus, se contentant de me regarder. Pendant ce qui me semble durer des heures, mais qui n'en est pas, son regard me parcourt, me brûle presque la peau, sans pour autant que je trouve cela dérangeant. Je ne comprends pas mes pensées.
Il finit par me faire comprendre qu'il s'en va sans forcément rien dire, et je ne dis rien non plus, observant son dos s'éloigner. Mais avant de refermer la porte derrière lui, il tourne son visage vers moi, de façon à ce que je vois ses lèvres.
Et pour tout en revoir, il me dit :
- Joli t-shirt.
Si déjà j'avais les joues rouges, je les sens maintenant cramoisies, tant ma gêne est grande. Cela semble l'amuser car il sourit avant de refermer la porte, me laissant là. Il fallait qu'il fasse une réflexion là-dessus, évidemment. Note vient se coller à moi, secouant la queue, comme content d'avoir vu Monsieur Cliché Gênant. Moi, j'en viens à regretter qu'il ait passé cette porte pour me voir dans cette situation. Et d'un autre côté... une partie de mon esprit me dit que si il agit ainsi... c'est qu'il m'apprécie un minimum. Je ne devrais pas le penser. Nous ne sommes pas censés nous rapprocher. Il n'en a pas envie, moi non plus. Quoi que cette dernière affirmation commence à disparaître, et cela m'inquiète un peu. Je ne peux pas me mettre à vouloir connaître Lester, c'est courir à ma perte.
Quand je me tourne vers le miroir, je vois que mes joues sont encore rouges. Je trouve qu'elles le sont trop souvent en sa compagnie, et je me demande bien pourquoi je passe tant de temps à rougir. Et du temps à rougir, j'en passe durant le reste de la semaine. Simplement parce que je me surprends à énormément observer Lester. Et à me rendre compte que lui aussi. Nos yeux se croisent, souvent, très souvent, teintant mes joues quand je me dis qu'il voit que je l'observe, et en imaginant ce qu'il peut bien en penser. Mais c'est plus fort que moi, je recommence encore et encore.
Mais aujourd'hui, ce vendredi est un peu particulier. Si bien que je n'ai pas l'esprit à regarder Lester ou bien à penser à quoi que ce soit en rapport avec lui. Aujourd'hui... aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'Aria. C'est l'anniversaire de ma sœur, mais nous n'avons rien à fêter, parce qu'elle n'est pas là. Je ne fais que ruminer, depuis que mes yeux se sont ouverts ce matin. Parce que mes souvenirs me replongent sans cesse dans ces années où nous fêtions ce jour ensemble.
Mon petit réveil en forme de violon sonne bien tôt ce matin. Je l'ai changé d'heure exprès, parce qu'il est hors de question que je sois la deuxième à fêter l'anniversaire de ma sœur. Aujourd'hui, Aria a 14 ans. Ce n'est pas un jour comme un autre, car ma sœur est tout pour moi. Je ne mets pas longtemps à repousser la couverture, contrairement aux autres matins. Mes petits pieds se posent sur le sol froid, et je me dirige dans le couloir sur la pointe des pieds. Hors de question de rater la surprise. Je n'ai jamais ouvert une porte aussi doucement, mais il ne faudrait pas qu'un grincement de porte la réveille. La chambre est bien éclairée. Depuis toujours, Aria dort les volets ouverts, tout le contraire de moi. Sans obscurité totale, je ne ferme pas les yeux, mais ma sœur est mon exact contraire.
Son corps forme une boule sous les couvertures, et on voit à peine sa tête dépasser. Depuis l'entrée de la chambre, je prends mon élan. Arrivée au bout du lit, je m'envole, pour atterrir sans douceur aucune sur le corps de ma sœur, qui cri de surprise. Je suis morte de rire, alors qu'elle se débat pour sortir la tête de sous la couverture.
- Qu'est-ce que tu es lourde petit monstre !
Je n'arrive pas à m'arrêter de rire, mais je parviens à lui souhaiter un joyeux anniversaire en la serrant dans mes bras. Elle me remercie en me rendant mon câlin, avant de hurler de rire quand je me mets à la chatouiller. Mais je suis moins lourde, alors elle inverse les rôles, et bientôt, c'est moi qui hurle sous le coup de ses attaques.
Les réveils de cette façon, il y en a eu de multiples, au cours des années. Le jeu était à celle qui ferait le meilleur. Seau d'eau, attaque de confettis, le gâteau réveil et pas dans la bouche... C'était un concours perpétuel, mais c'est mes meilleurs souvenirs.
Sauf qu'aujourd'hui, je n'avais personne à aller réveiller. La chambre de ma sœur est désespéramment vide. De toute façon, elle n'y a jamais mis les pieds. Elle n'est jamais venue dans cette maison, dans cette ville. Mes parents ont juste reproduit sa chambre, comme si elle allait un jour chercher à y revenir.
Alors aujourd'hui, non, je ne suis pas dans mon assiette, et je ne parviens pas à le cacher. Talia la bien remarqué, et elle a passé la journée a tenté de me remonter le moral, entre blagues, potins, et tout ce qu'elle pouvait pour me faire penser à autre chose. Bien qu'elle ne sache pas ce qu'il m'arrive. Je ne suis pas du genre à me confier. Peut-être qu'un jour, cela changera grâce à elle, mais pour l'instant, je ne veux pas en parler. Même Note a tenté de me faire rire, en faisant l'imbécile un peu partout, avant de se dire que j'avais besoin de câlins.
Je crois que Lester a remarqué mon trouble, et il semble curieux, mais évidemment il ne vient pas me voir. Tant mieux, je n'aurai pas été en mesure de lui dire quoi que ce soit, et je ne voudrais pas gâcher le semblant de discussion qui s'installe entre nous.
Je suis contente de retrouver ma maison, mais je le suis beaucoup moins quand ma mère vient me voir, toute pimpante. Avec un grand sourire, elle m'annonce que nous allons au restaurant. Je n'arrive pas à croire qu'ils osent encore faire ça. Ça fait 5 ans, 5 putain d'années qu'Aria n'est pas là, mais tous les ans, c'est le même cirque. On va au restaurant, pour fêter son anniversaire, on fait semblant d'être heureux, tous ensemble. Comment peuvent-ils continuer cette mascarade après toutes ces années ? Comment peuvent-ils sourire comme si ils étaient heureux ?
Moi je ne peux pas. Je ne peux plus. J'en ai assez d'être traînée tous les ans avec eux, de faire comme si tout allait pour le mieux. Mais ils ne voient rien de mon mal être, et nous nous retrouvons tous les trois assis dans un restaurant du centre commercial. Ils rient entre eux, discutant de tout et de rien, comme si ce jour n'avait rien de particulier.
Je les regarde faire, incapable de sourire, incapable de retenir la colère qui monte en moi. J'ai supporté ça pendant 5 ans, mais cela commence à faire trop. Je sais que je vais finir par exploser. Chaque année, la colère est un peu plus sourde, et chaque année, je pris pour tenir jusqu'à celle d'après.
Ma mère relève les yeux de la carte avec un grand sourire, pour me questionner.
- Chérie, qu'est-ce que tu voudras comme gâteau ?
Mon poing se serre sur ma cuisse, sous le nappe de la table. D'habitude, j'aurai pris sur moi, et répondu un truc rapide du genre « chocolat ». Mais là, je n'y arrive pas. Je garde le silence, essayant de me retenir, mais quand elle répète la question, comme si je ne l'avais pas vu me demander, je suis incapable de garder la bouche fermée.
- Pourquoi devrions-nous prendre un gâteau ?
La question n'en a pas le ton. C'est un reproche à peine camouflée, qu'elle ne semble même pas comprendre.
- C'est l'anniversaire de ta sœur.
- Justement. Justement, c'est son anniversaire, et elle n'est pas là ! Alors pourquoi tu veux un gâteau, pourquoi est-ce qu'on est ici ?!
J'ai beau ne pas m'entendre, je sais que j'ai haussé le ton. Je sais aussi que quand je suis en colère, ma voix à tendance à moins changer de niveau, devenant plus fluide, plus grave aussi. Je sens que certains regards se déposent sur nous. Ils semblent gêner mes parents, mais pas moi. Alors je me fiche qu'ils essayent de m'apaiser, en parlant tout bas, pour éviter que les autres tables ne continuent à nous regarder.
- Lyra voyons, pourquoi t'énerves-tu ?
Je crois que je n'avais jamais fusillé du regard mon père avant, et malgré toute l'assurance de ce dernier, cela semble le déstabiliser.
- Pourquoi je m'énerve ? Tu oses demander ? Parce que c'est normal peut-être de faire mine de rien aujourd'hui ! Comment vous osez sourire, comment vous osez être heureux maintenant ! Elle n'est pas là bordel !
Ma mère détourne les yeux. Je vois qu'elle est touchée. Je vois qu'elle a mal. Mais moi aussi j'ai mal. J'ai mal depuis 5 ans, et personne n'a jamais pris cela en considération. Ils sont peut-être capable de faire semblant, peut-être que ça les aide, eux. Mais ce n'est pas mon cas, et ils me l'imposent depuis des années sans se soucier du mal supplémentaire qu'ils m'infligent.
- Nous avons toujours fait ça, pourquoi tu réagis ainsi maintenant ?
- Parce que vous ne m'avez jamais demandé mon avis ! J'en ai assez de faire comme si tout allait bien, assez d'essayer de jouer la famille parfaite devant tout le monde tous les ans ! Ce n'est pas un jour où on devrait se montrer, on devrait être en famille, juste nous, mais vous préférez faire comme si de rien n'était !
- Lyra, parle moins fort tu veux, on nous regarde.
Les regards. C'est tout ce qui lui importe. Qu'on nous regarde, qu'on nous prenne pour des fous. J'en ai rien à faire, que les gens me regardent, là. Je veux seulement qu'ils comprennent. Qu'ils n'ont plus le droit de piétiner ma douleur en me demandant de jouer les petites filles heureuses aujourd'hui, avec un gâteau qui n'est pas pour moi. Qu'ils ne peuvent plus m'imposer leur façon de faire sans prendre un instant en considération mes sentiments. Aria n'est plus là. Pourtant, ils font comme si elle l'était encore. Et moi j'en ai assez de supporter cette mascarade, assez de souffrir sans que personne n'en ai rien à foutre.
Alors ma main glisse dans mon oreille et je retire ce putain de sonotone, avant de le claquer sur sa table, et je crache, amère, à mes parents en me levant :
- Continuez donc votre petit jeu, mais ça sera sans moi. Elle n'est pas là. Mettez-le vous dans le crâne.
Le dire me fait autant de mal à eux qu'à moi, mais je considère que j'ai suffisamment supporté pour ne pas avoir à m'en soucier maintenant. Je leur fais peut-être mal, mais ils n'ont jamais compris autrement. Alors ils ne m'ont plus laissé le choix.
Je quitte le restaurant sans me soucier des regards et me dirige vers l'extérieur, autant en colère que détruite intérieurement. Comment peuvent-ils me demander de sourire, de garder ce masque aujourd'hui ?
Je ne les comprends pas.
Quand je mets mes pieds dehors, c'est la pluie qui m'accueille dans la pénombre du soir. Évidemment, il fallait qu'il pleuve. Je m'avance sur le parvis vide du centre commercial, sans me soucier de mes vêtements qui s'imbibent d'eau. Là, je m'en fiche. Et puis, même si la scène ressemble à celle d'un film, il y a au moins un bon point, à ce temps :
La pluie, elle cache mes larmes.
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Hello ! Un nouveau chapitre, et une Lyra en colère. Mais une Lyra triste surtout. Commencez vous à comprendre où est Aria ? Avez vous des idées sur ce qu'il s'est passé, il y a 5 ans ?
La suite arrivera normalement vendredi. Je dois dire que ça va dépendre de mes cours. Comme je disais sur mon mur, encore quelques jours et j'aurai fini, je pourrais donc me concentrer à fond sur mes histoires !
Du coup pour ceux qui lisent Ai Palace, comme dis sur mon mur, je mettrais le chapitre dès que j'aurai le temps.
Donc à bientôt tout le monde,
Kiss :*
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