Mon témoignage
Avant que vous ne commenciez à le lire, je tiens à préciser que les accords utilisés en genre changent par rapport à ce que je me sentais être (garçon ou fille) et aussi, des termes obsolètes utilisaient pour le contexte temporel 😊 Bonne lecture !
Je suis né•e dans une famille judéochrétienne, latinoaméeicaine, à la fois traditionnaliste et révolutionnaire. La plupart des membres de ma famille sont croyants et pratiquants. J'étais catholique pratiquant•e jusqu'à mes 15ans.
Vous vous demandez sûrement, la religion et les êtres ayant une orientation sexuelle et/ou une identité de genre, en aucun cas en rapport avec l'hétérosexualité et/ou le cisgenre ne passent pas ?
Pour ma part si.
Peut être avais-je une vision de l'humanité, une ouverture d'esprit plus libératrice, moderne, novatrice, avant-gardiste voire futuriste pour mon âge et surtout, par rapport à ma foi.
Les personnes homosexuelles, transsexuelles et travesties, ne me dérangeaient pas du tout ! Elles me respectaient, je les respectais, c'est la base et c'était même dit dans la Bible par la fameuse phrase "Aimer son prochain comme soi-même" par rapport à accepter les différences, de mon point de vue.
I. De la petite enfance jusqu'en CE2
A ma petite enfance, je ne différenciais pas vraiment les filles et les garçons, à la limite par le sexe (le vagin et le pénis) définissant le genre (homme et femme) et encore, en maternelle eux-même se demandaient si j'étais une fille ou un garçon. C'était drôle, quand nous jouions au fameux jeu "Les filles attrapent les garçons" et "Les garçons attrapent les filles", et bien chacun de leur côté, ils "se battaient" à savoir de quel camp je devais être (côté fille ou côté garçon).
Naturellement, j'allais chez les garçons car je ne trainais qu'avec eux et ils me considéraient comme de leurs car j'avais chez les cheveux courts, alors que les filles disaient que non car j'ai un prénom féminin et une zezette. Je pense que cette période n'a pas mal joué à la question de mon identité de genre.
Jusqu'à mes 9ans, je me considérais comme étant un petit garçon. Un "petit garçon" qui faisait de la gymnastique artistique et ne pouvait plus en pratiquer puisqu'il était trop grand de taille. Un "petit garçon" qui dansait, se sentait gracieux et libéré et nageait énormément en faisant de la compétition.
Cela désespéré pas mal à ma famille, car elle me disait que "Non, tu es une fille", "Arrête de dire des bêtises, tu veux nous faire honte ?" ou alors "Les garçons ne dansent pas, alors ça suffit !" (En vrai, ma famille est féministe mais essayait de trouver des prétextes pour me calmer). Je piquais énormément de crises colériques quand on voulait me faire porter une robe, et dés que je finissais par céder, je m'en allais me rouler sur l'herbe et/ou dans la boue pour me salir.
Etant baigné dans l'idéologie sociopolitique qui est le féminisme, mes cousins rassuraient mes parents, leur disant que si je me disais garçon c'est parce que je remarquais déjà la différence entre les filles et les garçons: le sexisme. Moi-même, j'en étais convaincu•e que le sexisme, la mysoginie étaient la cause de vouloir contredire mon genre assigné de naissance.
A mes 8ans, j'allais voir une psychologue et je me présentais ainsi "Bonjour, je m'appelle Mélanie et je suis un garçon !", elle m'a accepté et en aucun cas elle n'a contredit mon identité. Puis à mes 9ans, j'allais chez elle en lui disant "Bonjour, je m'appelle Mélanie et je suis une fille !"; à partir de ce jour là, j'avais enterré mon identité de genre jusqu'à mes 23ans. Enfin, c'est plus compliqué que cela, je me sentais et considérais bien comme une fille et assignée de naissance.
II. Du CE2 jusqu'en 5ème
Depuis toujours, j'étais persuadée que les hommes qui ne portaient pas de pénis, tout comme les femmes qui ne portaient pas de vagin existaient bel et bien. En tout cas, quand une personne se disait transsexuelle, je ne voyais pas où était le problème, ce n'est qu'un être humain parmis tant d'autre !
Un reportage parlant du transsexualisme (la transidentité) m'avait intterpelé et marqué. J'en étais fascinée de me dire, tient il est possible de changer le sexe via la chirurgie, et je m'étais remise en question. "Serais-je capable de changer de sexe ?", finalement, je sentais, j'en étais persuadée et je savais tout au fond de moi que je ne me ferais pas une transidentité.
A ce moment là, je pensais que ces gens ont réussi à realiser leur plus grand rêve: être à nouveau soi-même, se retrouver. M'imaginer que ce corps que j'ai face à mon miroir n'est pas le mien, m'horrifiait, c'était ainsi que j'avais pue me mettre à leur place.
Tout pareillement, depuis toujours, les personnes homosexuelles qui sont deux personnes du même sexe qui sortent ensemble… Oui, et alors ? Entre ceux qui insultent de p…, d'autres qui voient cela comme contre-nature et encore qui osent se faire passer pour un médecin "diagnostiquant" que c'est une maladie !
Nous parlons bien de l'amour, non ? Il n'y a rien de plus naturel que de ressentir des sentiments amoureux et être aimé•e au retour pour ce que nous sommes, non ? Apparemment, cela n'a pas l'air si évident. Surtout que Dieu ne veut que amour et non l'inverse.
Par rapport à ma sexualité sentimentale et l'école primaire, je n'ai pas le souvenirs d'avoir été amoureuse de filles, de garçons oui, et encore c'était flou. J'avais surtout de l'affection pour certains, celui qui m'avait vraiment marqué, était un garçon de ma classe souffrant de leucémie et était donc souvent hospitalisé. Je ne sais pas si j'avais de l'affection par rapport à sa maladie, ou parce que j'étais vraiment amoureuse de lui, mais je lui faisais un bisous quand il revenait de l'hôpital pendant des mois !
Aussi, un peu plus tard, pour une fille venant d'un pays étranger et donc devait apprendre le français sur le tas ! Pareil, avais-je de l'affection pour elle car elle venait de loin et moi-même j'ai dû apprendre à parler le français d'un coup, ou c'est parce que je l'aimais pour ce qu'elle vallait. Et encore plus tard, une fille et un garçon (bingo comme on dit !), des petits blonds aux yeux bleus (cela devient cliché !), et très cultivés. J'étais fascinée de leurs potentialités intellectuelles.
On peut dire que j'étais et je suis bel•le et bien sapioromantique.
Au niveau de mon identité de genre ? Cisgenre, ou alors je refoulais mais je ne devais pas être frustrée. Juste un garçon manqué, à traîner autant avec les gars et quelques filles qui étaient masculines.
En entrant au collège, comme pour beaucoup d'entre nous, nous étions des gamins arrivant dans la grande cour de récré secondaire. Assez innocente au sujet du sexe, de la relation amoureuse et de l'acte sexuel. Enfin, je savais comment on faisait des bébés, mais voilà.
III. De la 5ème jusqu'en 2nde
Vient la partie sombre de mon vécu: le collège et la première année au lycée. J'avais été tout simplement victime du harcèlement scolaire parce que j'étais grande de taille (cela enviait pas mal aux autres), j'avais une forte acnée et j'avais l'air bizarre parce que trop timide voire asociable.
En 5ème, j'étais tombée follement amoureuse d'une fille de ma classe et dont nous étions devenues "meilleures amies". Je faisais tout pour elle, je l'aidais aux devoirs, je lui (ré)expliquais les cours dans les matières scientifiques et je faisais semblant d'aimer les mêmes choses qu'elle (High School Musical, le shopping, Secret Story…).
Il faut savoir que c'était une personne très toxique et très manipulatrice ! Elle se moquait de moi du fait que je fasse des fautes de langage en français, elle me rabaissait du fait que je sois nulle et soumise aux injures d'autruis et me faisait croire que cette amitié était sincère.
Je pensais être lesbienne par rapport à mon amour que j'avais pour elle. J'avais cette boule au ventre à ce que les gens du collège sache que je sois gouine ! Heureusement, ou pas, il y avait cette rumeur comme quoi j'étais en kiffe sur un gars de ma classe… C'est gamin, mais ça me sauvait en partie.
En 4ème, dés la rentrée la fille en question m'avait comme largué devant tout le monde me disant "Tu m'as été inutile, je t'avais que pour avoir des bonnes notes en matières scientifiques et je n'ai pas pu être populaire par ta faute !". Comment j'allais mal, je lui avais répondu "Ne t'en fais pas, l'année prochaine tu te retrouvera seule, car les autres ont su qui étais-tu réellement", bon les gens rigolaient de ce que j'avais pue répondre mais cela s'est réalisé l'année d'après.
Je refoulais mon orientation sexuelle, à cette époque là l'homophobie faisait un carnage, un•e de ma classe s'était retrouvé•e à l'hôpital parce qu'i•elle s'était fait•e appercevoir avec une personne du sexe similaire, alors qu'i•elle est sortait avec quelqu'un du sexe opposé. Bonne ambiance, hein ?!
Et la religion dans tout cela ? Et bien, je ne m'étais jamais sentie rejeter, bien évidemment je n'en parlais pas aux prêtres, mais au fond Dieu et Jésus m'acceptaient telle que j'étais. Alors oui, j'ai quitté la religion pour une autre raison, c'est que je pratiquais finalement le catholicisme pour ma famille et non, pour moi ! Je trouvais que l'hypocrisie était un péché et s'en est un, j'ai tout simplement quitté petit à petit pour être athée-spirituelle !
J'entrais dans la fameuse période, à être curieuse de ce que sont les pratiques sexuelles, sans en avoir sauté le pas ! Je connaissais la base avant mes 15ans, mais là je ne sais pas je voulais me faire remarquer et je voulais vraiment faire ma première fois… mais avec qui ? Telle est la question, personne.
Et je commençais à avoir des attirances pour des garçons, je me disais tient c'est bizarre que je change, mais les filles ne me laissaient pas du tout indifférente. J'en avais donc parlé à ma psychologue, qui savait que j'étais lesbienne et elle m'avait donc répondu que je devais être bisexuelle ! J'avais fait des recherches à ce sujet, plus le temps passait et plus je me sentais concernée et finissais par l'admettre que oui, j'en suis bien une !
Mais je n'étais pas du tout prête à faire mon coming out, j'avais toujours cette peur. Au niveau de mon identité de genre, le Moi du passé avait un peu pris le dessus. J'étais dans une année à être une rebelle et je n'étais pas pudique. Par exemple, dans les vestiaires à nous changer, le prof entrait sans toquer pour nous faire presser, la gente féminine criait et se cachait car à moitié a poil et moi, non, tranquille je continuais ma vie.
Aussi, les filles de ma classe essayaient de m'énerver raportant qu'un des gars de notre classe avait parlé de moi, derrière mon dos, directe je partais en quart de tour et j'entrais dans le vestiaire des mecs disant "Toi *prénom*, viens on va parler, toi et moi" et cela même s'il était en caleçon, il était obligé de sortir et beaucoup pensaient que ça allait partir en baston haha…
C'était inconscient mais je pense psychologiquement parlant, je commençais à craquer à devoir refouler le véritable moi, à donc péter des plombs, parler de cul par-ci, parler de cul par là et à me mettre torse nue en mode Femen. Aussi, j'en avais marre de subir le harcèlement scolaire, mais c'était en petite partie. J'étais jeune et con pour ça.
Enfin bon, l'année de 3ème, avait été une année riche en émotion, car on avait perdu une camarade de classe d'un suicide, de dénonciation par mes écrits et que je collais au mur du collège (d'ailleurs le directeur s'était fait virer après m'être passée en 2nde)… Bref, un bon et beau gros bordel !
A propos de mon corps ? A ma pré adolescence, mon corps n'avait pas plus évolué, je continuais à grandir, sans que mes seins ne prennent formes. Et pourtant, j'avais eu mes règles à mes 13ans mais non ! Mais cela ne me dérangeait pas plus que cela, au contraire, trop contente de ne pas avoir encore eu un corps de femme. En soit, je voulais avoir plus de fesses et être mâte de peau, pour être plus conforme à ce que les gens avaient pour vision des femmes latinoaméricaines…. Franchement, qu'est-ce qu'on peut être bêtes à cet âge là !
IV. De la 2nde jusqu'en terminale ST2S (Sanitaire et Social)
Mon corps a changé en entrant au lycée. J'avais pris du poids d'un coup ! J'avais pris trois tailles de plus, en habit et pris trois bonnets d'un coup en soutient gorge. C'était traumatisant, je me sentais très mal et j'avais cette impression qu'on pouvait encore plus me remarquer qu'auparavant… (par ma grande taille et mon acné sévère) et surtout "Merde, je suis une femme, aussecours, enlevez-moi ce corps, je ne me reconnais plus du tout !".
De plus, je tombais dans la boulimie vomitive pendant toutes ces années de lycée… Je n'étais plus moi-même, j'étais comme "possedée" tellement je me cachais derrière ces couches de vêtements trop ample pour ma masse corporelle. J'étais très mal dans ma peau, je ne pouvais pas me regarder devant le miroir, je me voyais encore plus moche qu'auparavant.
Puis, un jour, en fin d'année de 2nde, j'avais fait mon tout premier coming out à mes amis du moment. Alors personne n'était choqué, et je me sentais moins seule car trois de mes amis sont également bisexuels !
Je subissais la biphobie mais non pas de la part des hétérosexuel•les mais des personnes venant de la communauté LGBT+… Pour les lesbiennes j'étais Satan en question, pour elles, j'étais libertine, polygame, infidèle et infestée d'IST…
Mais je n'ai toujours pas fait ma première fois et rien de tout cela d'ailleurs…
Certain•es hétérosexuel•les me posaient des questions bizarres (?) comme "Tu as déjà fait un plan à trois ?", "Tu as déjà pensé à moi (une connaissance) en te touchant ?", "Mais alors l'amitié fille-fille et fille-garçon ne peut pas exister ?" Ben voyons je devrais être pote avec une plante !
Puis, j'en ai fait de nouveau mon coming out en 1ère, se passant dans un autre bahut, donc à de nouveaux amis. La première s'en foutait et m'acceptait comme j'étais. La deuxiéme me qualifiait d'être à moitié-normale, mais avec le temps elle a fini par changer de vision. Et la troisième me posait des questions gênante, si je fantasmais sur elle ou autre.
Mais à part ça, je n'avais pas eu trop de problèmes, ah si j'ai eu des gens (toujours dans la communauté des LGBT+) qui m'imposaient de choisir mon orientation sexuelle, soit disant la bisexualité n'existait pas… bon !
Par rapport à mon genre, il y avait des moments où je disais pour rigoler, mais au fond de moi je le pensais vraiment: "Ouais je suis un mec et tout". Mes amis pensaient que c'était mon côté garçon manqué et des moments où je me sentais vraiment une femme cisgenre.
J'avais eu des périodes en pleine crise "dysphorique", si je peux me permettre d'utiliser ce terme, où j'avais des images en tête et des envies terribles de me couper la poitrine ! Déjà, en tant normal je ne les aimais pas, mais en pleine crise, c'était pire. Je me mutilais pas mal mes seins, pour calmer mes vieux démons…
V. Pendant les études supérieures
Pendant trois ans après le bac, je me disais "bisexuelle" et "cisgenre". J'en étais persuadée, jusqu'au soir dans un bar, en train de boire une pinte, plus précisément une brune, un homme cisgenre pansexuel me racontait sa sexualité.
Et révélation, de tout ce qu'il me disait, je me sentais vraiment concernée de la manière dont il décrivait ! Je trouvais cela évident, on aime quelqu'un pour la personne et non, parce que i•elle a un sexe similaire/opposé au mien, tout comme parce que la personne a une identité de genre similaire/opposé au mien.
J'avais déja entendu parler du terme "pansexualité", mais la première fois que cela avait été apparue (vers 2010), la définition était floue donc difficile pour moi de le comprendre et puis, j'étais nulle en anglais !
Donc, rebelotte ! Un troisième coming out à mes amis qui ont toujours été là pour moi, je leur avais bien expliqué ce qu'était la pansexualité et ont accepté.
L'année d'après, j'avais fait un coming out à ma mère, je craignais vraiment faire cette révélation. Elle m'avait répondu qu'elle le savait déjà, qu'il n'y avait pas de soucis à ce sujet mais elle avait pleuré… Aujourd'hui, elle est rassurée que je sois en couple depuis plus de deux ans avec un homme.
Au niveau de mon genre ? Toujours la même histoire, les crises "dysphoriques" se révélaient être de plus en plus dangereuses pour moi et je n'arrivais pas à savoir pourquoi. Je refoulais vraiment. Surtout que j'étais hyper violente quand on me disait que j'étais une femme faible, alors que je me sentais masculine, pour me chercher.
Et pourtant, tout au fond de moi, je me posais énormément de questions sur mon identité de genre et cela pendant cinq ans. J'avais peur de subir la transphobie par exemple ou de la discrimination de manière générale.
VI. Aujourd'hui
Ce n'est seulement cette année que j'ai fini par me révéler. J'ai fini par sortir mon véritable identité de genre de ma boîte. Après m'être posé•e moulte et moulte questions "Qu'est-ce qu'être une femme ? Qu'est-ce qu'être un homme ?", "Suis-je un homme transgenre ?" ou "Aujourd'hui, qui suis-je ?"
Après acoir répondu à ces questions, mes crises dysphoriques sont parties, je ne suis plus violent•es envers moi et je me sens plus épanoui•e. Les seules personnes à être au courant, sont deux amis à moi et mon petit ami.
Je ne suis pas trop susceptible quand on n'utilise pas bien l'accord du genre personnel, sauf quand je me dis homme là oui, ça me dérange. Mais ce n'est qu'une question de temps et d'adaptation. Et quand je suis dans un genre neutre, je me fiche si les gens utilisent l'accord au féminin ou au masculin, j'essaye d'écrire au langage inclusif mais ce n'est pas facile.
Je trouve que cela me correspond bien être genderfluid, dans le sens que pendant un certain temps je me sens/dis femme, tout comme en étant un homme ou un simple être humain. Le fait que je sois éparpillé•e, spirituel•le et du signe Verseau, pour moi rien n'est un hasard.
Mais, je ne peux pas être moi-même au quotidien. En République Dominicaine, j'aurais eu à faire à la reconversion sexuelle, participé aux séances de dépossession ou me faire tuer aux choix ! Aussi, ma famille ne me comprendrait pas trop, et je ne leur en veux pas pour cela.
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