2.1 Assya

Encore en retard ! Ce n'est pas possible d'être une calamité ambulante comme moi.

Je me maudis intérieurement en accélérant ma routine matinale. Une douche froide de deux minutes chrono, m'habiller, rehausser mon teint, manger une orange et boire un verre de citron dilué, attacher mes cheveux à défaut d'un brushing, me brosser les dents, partir.

Je claque la porte de mon appartement, où je vis seule depuis ma rupture avec Davy, après avoir vérifié que j'ai bien mes clefs ; le verrou s'enclenche tout seul et j'ai déjà trop souvent expérimenté le fameux oubli qui, soudainement, prend des tournures dramatiques.

Je dévale les marches tout en enfilant mes talons et cours, ou du moins j'essaie, jusqu'à ma voiture. Cabossée à plusieurs endroits, elle est la preuve de mes moments d'inattention et d'absence. Mais il faut que j'en prenne soin, que j'évite de l'abîmer davantage, car financièrement, ce n'est plus ça...

Je monte dedans, démarre le moteur, et file à quatre roues vers mon nouveau lieu de travail. J'ai plus d'une demi-heure de route et c'est sûr, je vais tomber dans les bouchons. Ce n'est vraiment pas ce qu'il me faut...

Certes, Monsieur Lazarus s'est montré plus que confiant en m'exemptant de période d'essai, mais ce CDI sera vite oublié avec mes maladresses répétées. Je sais de quoi je parle, j'en ai fait les frais...

Je me fixe dans le rétroviseur intérieur. Et merde, j'ai oublié de faire mes yeux... Un cruel défaut de présentation, qu'il me faudra rectifier. J'espère avoir un tube de mascara dans mon sac à main...

Je pointe mon doigt vers mon reflet et m'avertis :

— Ça part mal mais ne gâche pas tout, cette fois.

C'est la seule entreprise qui a accepté ma candidature. Vu mon âge, mon CV est maigre et j'en ai conscience. Ce poste est du pain béni pour me faire une place dans le milieu, l'opportunité ne se présentera pas deux fois... surtout pas dans une telle entreprise !

J'expire. J'ai les mains moites, je suis stressée. Je n'ai même pas allumé la radio, pour dire ! À la différence des autres offres d'embauche sur lesquelles j'ai sauté par pure pulsion désespérée, cette mission m'intéresse. J'ai fait un bac pro commercial et la relation client, c'est mon dada. Ce coup-là, je dois assurer. Ma survie en dépend, sinon je vais devoir retourner chez mes parents.

Je pile, évite de justesse d'emboutir le 4x4 devant. Je ravale un juron, tapote sur mon écran de portable dans l'espoir que le GPS recalcule mon itinéraire. Rien n'y fait... Au mieux, j'arriverai à quinze au lieu de huit heures pile...

Le coude gauche en appui sur ma portière, je me résigne à allumer mon autoradio.

C'est l'instant pub. Génial...

Je me félicite de mes faux ongles : ils m'empêchent de me gratter ou de me ronger les sangs.

J'ignore tout de là où je débarque, l'entretien s'étant fait par visioconférence... Comment seront mes collègues ? Combien serons-nous ? La vingtaine annoncée sur leur site ou dois-je croire aux rumeurs quant à une licenciation de masse d'il y a trois mois ?

L'avantage de mes tergiversations est que le ralentissement en devient presque supportable. Je parviens à en sortir dix minutes plus tard, et outrepasse les limitations dans l'espoir de grappiller de précieuses secondes.

Je gare ma voiture sur le parking libre le plus proche.

En deuxième, bruh.

Pas le temps d'être une conductrice modèle. Ni rien que ce soit de modèle, d'ailleurs... Mais je peux sauver les apparences. Je fouille dans mes affaires, en extirpe avec jubilation ma trousse d' « urgence beauté ». Je badigeonne mes cils de noir, veille à compenser par le maquillage la forme trop allongée à mon goût de mes yeux. Je complète ce look léger par un rouge à lèvre rouge vif, assorti à ma manucure.

Dommage... Trop pressée pour mieux faire...

Je quitte ma 206 vert d'eau avec ce qui est nécessaire à ma journée et verrouille les portières. Je profite des vitres pour vérifier ma tenue et c'est parti. Je m'aide encore du guide Google, qui me mène en face d'un immeuble tout en verre teinté qui réunit plusieurs enseignes et s'élève vers les nuages.

Pitié que ça ne soit pas au dernier...

Je réajuste mon chemisier, redescends ma jupe, bien trop remontée sur mes cuisses, et m'engage dans les portes tournantes. Tout ça fait très hôtel ou centre commercial américains...

Magnifique surprise dans le hall d'accueil : Lazarus&Co est la première porte à ma gauche. La plaque gravée à ce nom, en or massif, envoie la couleur. Je pousse le battant dans une tentative infructueuse assez pitoyable.

Et merde, y'a des caméras...

Mon regard chute sur le lecteur de badge à droite de l'encadrement et je comprends qu'il me faut appuyer sur le bouton rouge pour demander l'ouverture.

De quelle touriste ai-je l'air, sérieux...

Un bip m'informe de l'ouverture de la serrure. Je ne loupe pas ma chance, ce coup-ci, et débarque dans un hall moderne, contenant des bornes, des salles d'attente et un énorme comptoir d'où me reluque une jeune femme d'origine arabe, avec des boucles volumineuses d'un blond qui sonne aussi faux que son sourire. Elle préside l'accueil, derrière un bureau en blanc laqué, mis en avant par une bande LED ocre suivant sa courbe, qui prend à lui seul bien un quart de l'espace. Derrière elle, le nom du groupe est inscrit en gros, et doré pour ne rien changer. Étonnamment, ça a tout de même un style sobre et moderne...

— En quoi puis-je vous aider ? s'enquiert la blonde avec un rictus carnassier.

Je m'approche, découvrant pas à pas le standard que Lazarus&Co semble promettre à ses clients ; des écrans d'informations jalonnent des murs aux touches émeraude, en digne rappel des couleurs choisies pour leur logo. Le vert, synonyme d'espérance et de croissance... Dont une touche est remise avec les plantes vertes, qui donnent un cachet au mobilier impersonnel, majoritairement blanc.

Je pose ma main sur le rebord et l'hôtesse cligne des yeux comme si je venais de commettre un impair. Je la retire et elle rejoint l'autre pour la triturer.

— Je m'appelle Assya, expliqué-je. c'est mon premier jour.

Malika, car tel est son nom selon son petit présentoir, vérifie l'information sur son ordinateur.

Fatch, il fait la taille de ma télévision...

— Mh... Mademoiselle Santoso ?

— Oui !

Elle me dévisage. J'ai sans doute parlé trop fort...

— J'appelle Monsieur Lazarus, je vous laisse prendre place.

Elle m'indique un siège de sa paume ouverte et se replonge aussitôt dans... une partie de solitaire ?!

Docile, je n'émets pas d'opposition et mon fessier vient s'enfoncer dans le petit canapé non loin. Une pile de magazine est à disposition pour l'attente mais je juge que ce serait inapproprié. Au lieu de cela, je tapote le sol de mon pied, réanalyse la pièce. Rapidement, mon attention glisse le long des colonnes qui soutiennent un étage supérieur, semi ouvert. C'est à cet endroit précis qu'apparaît un cinquantenaire aux cheveux grisonnants gominés.

Comment oublier ce charismatique leader des finances ? Le directeur en personne, fils du fondateur. Un bel homme, fin et élégant, séducteur et convainquant.

— Mademoiselle Santoso ! s'exclame-t-il.

Il descend au pas de course.

Quel enthousiasme...

Je ne suis pas sans noter la dérive de son regard. Il me tend la main, toutes dents dévoilées :

— Je peux vous appeler Alia ?

J'accepte la poignée qu'il me tend mais le corrige :

— C'est... Assya, monsieur...

— Ah. Excuse-moi. Tu me permets de te tutoyer ?

Il accompagne cette question d'un geste prévenant. Sa paume semble vouloir fusionner avec mon épaule. Je ne suis pas à l'aise avec tant de tactile, ni avec le tutoiement...

Ai-je le choix ?

— Bien entendu.

— Alors, prête à commencer ?

— Oui.

— Parfait. Ton bureau est le sixième, je t'ai envoyé les instructions pour la semaine par mail et on se voit vendredi pour faire un point, ok ? Si tu as des questions, Malika se fera un plaisir de t'éclairer.

— Oui, monsieur, assure cette dernière d'une voix mielleuse.

— D'accord, mais...

Il m'adresse un sourire contrit, s'écarte en tapotant sa montre :

— Je file. À vendredi, jeune fille.

Je frémis tant à ses familiarités qu'à son absentéisme qui se profile. A-t-il l'impression de m'avoir présenté l'équipe ? Il disparaît aussi vite qu'il est arrivé et lorsque je me retourne vers la blonde, qui m'ignore royalement, je comprends que je vais devoir me débrouiller par mes propres moyens.

Un soupir gonfle ma poitrine.

— Tout droit au fond, lâche Malika.

Le merci que je veux marmonner tourne en pelote avec une remarque piquante, je choisis un geste de la main et garde le silence. Il n'est sans doute pas pertinent de se crêper le chignon avec la personne en charge des portes, ni de râler sur un fonctionnement dont au final je ne connais rien...

J'adopte une démarche que je veux assurée et débarque une trentaine de mètres plus loin sur un double battant dont un ouvert. Derrière lui, un open space avec salles de réunions, lumières suspendues, délimitations en verre. L'espace travail ne dénote pas avec la classe du hall et le sentiment d'imposture ne fait que grandir quand je découvre mes collègues ; tous sur leur 31, ils semblent sortis de magazines de mode.

Pas un bruit ne se fait entendre et je n'ose pas les saluer. Malheureusement, ils sont tous trop concentrés pour me remarquer.

Qu'est-ce que je fais ? Je tousse ?

— C'est toi la nouvelle ?

Je sursaute et ne retiens pas un cri de surprise.

Raté, pour la discrétion...

Les quelques présents me scrutent. Je leur signifie un « bonjour » d'un signe de tête tandis que je pivote pour faire face à l'homme qui m'a parlé. Venu en traître derrière moi, il s'agit d'un petit quarantenaire habillé d'un pull à rayures, laid au possible. Il a les bras croisés dans le dos et une dégaine d'anglais coincé.

Lui ne doit pas être agent commercial...

Il faut dire ce qui est : sa coupe doit dater de mois, son rasage également et je jurerais sur ma vie qu'il a des chaussettes dépareillées. Il incarne le parfait cliché du Tanguy – noterais-je des poils de chat sur son col ?!- , en bedonnant célibataire relou, et fait tache dans cet intérieur aux couleurs unies et modérées.

— Oui. Assya, enchantée.

Si peu.

La grimace suspicieuse qu'il arbore lui confère des traits communs au caméléon.

— Tu as visité les locaux ? demande-t-il.

Ah ! Une âme charitable pour me guider.

— Non, admets-je, ravie de sa proposition tacite.

— Tu le feras en apportant ça à Donovann, alors.

Il brandit une enveloppe brune, puis me la colle contre la poitrine. Je l'empêcher de tomber par réflexe mais bégaie :

— D... Donovann ? Mais...

Je ne sais même pas qui c'est ! Pour quoi me prennent-ils ? Leur toutou ?

— Et ne traîne pas..., ajoute le Tanguy nonchalamment.

— Pardon ?!

Il disparaît sans aucune considération pour mon indignation tandis que la sidération me cloue sur place. Je fixe mes mains, incrédule.

J'ai besoin de m'asseoir.

Je relève donc les yeux pour trouver mon bureau. Le sixième, me disait Mr Lazarus. Et, heureuse surprise même si c'est la seule, des panneaux chiffrés en led sont là pour m'aider. Digne de ceux aux caisses dans les supermarchés...

Une jeune femme métisse m'inspecte depuis son bureau, le cinquième, situé juste en face du présumé mien. Les cheveux crépus, courts, libres, de la couleur de la nuit, elle est magnifique, d'apparence très jeune. Elle doit savoir, elle, ce que c'est de se faire une place quand on est une femme de moins de vingt-cinq ans... Pourtant, son air n'en est pas plus souriant. Vive la solidarité, ici. Contrairement aux autres, remis au travail, elle semble attendre. Mais quoi ? Que je parte en courant ? L'envie ne manque pas. Où ai-je atterri ? Et la politesse ? La bienveillance ? L'entraide ?

— Je m'appelle Céleste, finit-elle quand même par dire.

— Assya..., réponds-je en posant mon sac sur mon bureau.

Ce dernier, connexe aux autres –dont il ne dénote en rien-, est simple, basique, constitué d'une table en L, blanche, d'un large meuble en métal qui occupe tout le fond et d'une chaise roulante. Je dispose d'un ordinateur fonctionnel, d'une souris sur son tapis vert, d'un range-crayons, de dossiers couverts de post-it annotés et d'un stylo.

Bande de radins...

Oh, non, j'oublie le cactus fleuri à ma droite.

— Tu veux que je le fasse ? suggère Céleste.

— De ?

Elle désigne l'enveloppe, que mes doigts froissent à mesure que la désillusion se mêle à l'angoisse. Je ne me sens pas à ma place, ici, et mes réactions physiques me trahissent. Mais je dois apprendre à me débrouiller seule. Ce n'est pas dans mon intérêt de renvoyer l'image d'une fille fragile et assistée, dès le premier jour...

— Non, non... Il a raison, cela me fera un tour du propriétaire.

— Sûre ?

— Oui, oui. Il ne doit pas être loin, ce Donovann...

— Deuxième étage, tout au fond.

Enfin une vraie indication. Je m'exclame :

— Merci !

Il ne lui en faut pas plus pour décrocher son téléphone et poursuivre son programme. Bon... Sa proposition n'était donc là que pour les convenances... De mieux en mieux. Pas divine ni très bonne samaritaine, la Céleste. Et nul autre sauveur en vue... Je me résigne et, enveloppe en main, part en quête du fameux Donovann. Rien que repérer l'ascenseur me prend une plombe. Je vois d'avance le nombre phénoménal de fois où je vais me perdre dans les locaux... Et ce sous les regards jugeants de Malika...

Lorsque les portes automatiques s'ouvrent, je me demande si je n'ai pas été tout bonnement bizutée : les lieux sont déserts. J'avance, décèle de la vie : autant, de loin, tout est nickel, rangé, lustré, autant lorsqu'on y regarde de plus près, le bazar règne sur les plans de travail. Les employés doivent être en réunion, ou une connerie du genre.

Je continue d'avancer et la fin de l'allée se profile. J'aperçois une silhouette.

Alléluia. À travers les typiques parois de verre qui remplacent les murs ici –c'est feng shui-, je distingue un crâne chevelu, que je suppose être masculin.

La porte étant ouverte, et transparente de surcroît, j'entre sans toquer et m'enquiers :

— Monsieur... Donovann ? C'est bien vous ?

Il lève les yeux de son ordinateur, me dévoile son visage, coupé à la serpe. Des iris chauds, une peau impeccable. D'un style sobre, sans équivoque en accord avec le cadre, il a la tête de l'emploi : l'homme brun, rasé de près, des cheveux soyeux docilement figés dans une coupe à la mode. Un fonctionnaire séduisant, montre au poignet, archétype de l'homme d'affaire. Une petite trentaine, je dirais.

— Oui, c'est moi, confirme-t-il.

Sa voix en revanche m'impressionne ; elle est d'un grave percutant. Il me détaille mais sans lourdeur. Je fuis son regard, gênée. Je débarque de nulle part, sans politesse et sans savoir par qui j'ai été missionnée. Très sérieux, tout ça... Quelle nouille !

— Quelqu'un a déposé ça pour vous, annoncé-je.

Je lui tends l'enveloppe fermée. Il se lève pour l'attraper, comme trop impatient pour que je la lui apporte moi-même. Je le soupçonne de l'avoir fait exprès lorsque je sens son intérêt glisser le long de mes jambes. Un sourire discret se dessine sur son visage. Ai-je opté pour une jupe trop courte ? Et si ma tenue était déplacée ? Ou inadéquate ?

À moins qu'il ne soit juste mateur, comme le directeur, qui m'a d'ailleurs acceptée plus pour mon décolleté que pour mes aptitudes... Il décachète le courrier à l'aide d'un couperet en argent, le repose, regarde à l'intérieur de l'enveloppe et en sort triomphalement deux misérables papiers chiffonnés.

— Les constats !

J'ouvre grand les yeux, prise de cours par sa réaction. Il en fait un peu beaucoup pour deux vulgaires lettres... Il est... étrange.

— Excusez-moi, je vous ai fait peur, fait-il, calme. C'est que j'attendais ces papiers avec impatience. Vous savez comme ça peut être le stress, au boulot, certains jours.

— Je sais bien, en effet.

C'était ma routine quotidienne au Palais du Burger, mais ça il ne peut pas le savoir. Le stress est d'ailleurs la raison principale de toutes les catastrophes qu'il m'arrive. Je ne parviens pas à gérer mon angoisse et cela fait de moi quelqu'un d'extrêmement vif, voire de désagréable parfois.

— Dites-moi... Je ne pense pas vous connaître. Comment vous appelez-vous ?

— Assya, monsieur.

Il a tout de même l'air sympathique, inoffensif. En tout cas, il m'a réservé un meilleur accueil que son collègue à rayures, que Malika et même que Céleste.

— Premier jour ? Je fais attention à connaître chacun de mes collègues, je trouve ça primordial dans une équipe.

— Oui, avoué-je. D'où le courrier. Je suis mandatée pour les cafés également, si la soif devait vous terrasser.

— Eh bien... Bienvenue parmi nous. Et... bon à noter.

Mes lèvres s'étirent. Il est gentil de ne pas remballer mes blagues de trop...

— Merci. Je... Je dois y retourner.

Je vais éviter de m'attarder, j'ai mes preuves à faire, et mon lot de collègues dénonciateurs.

— Allez-y, accepte-t-il. N'hésitez pas à revenir me voir si vous avez une question, ou simplement envie de bavarder.

Je n'y manquerai pas. J'ai grandement besoin d'un ami ces temps-ci.

Je repars, bien plus confiante que je ne l'étais au départ. Mais mes deux pieds gauches me jouent encore des tours : je manque de percuter un autre jeune homme.

Je relève le menton et sens mes yeux s'écarquiller. Une couleur émeraude hypnotisante dans les iris amusés qu'il pose sur moi, un teint bronzé qui appelle aux vacances...

Sans déconner, l'apollon hispanique qui se tient face à moi est aussi beau que Donovann, dans un style pourtant totalement opposé. Plus libre, plus... sauvage.

Je frémis.

La testostérone qui afflue dans ce bureau joue avec mes hormones...

Je coupe court au moment gênant, espérant secrètement ne pas avoir bavé sur sa plastique impeccable, d'un « désolé » que je murmure en étudiant le sol.

— Je vous en prie, fait-il.

Il me vole un souffle quand nous nous frôlons.

Merde, il fait chaud, d'un coup...

Prise de court et le rouge aux joues, je file en direction de mon office. Je ravale mon émoi tout en analysant ce qui vient de se passer. Ça y est, je vois deux mecs canon et j'en perds mon latin ? J'ai été claire avec moi-même, je tire un trait. Au moins pour cette année, le temps de retomber sur mes pattes... Ma rupture est trop proche en date pour que je me mette à papillonner. De manière générale, je suis trop émotive pour m'impliquer, encore... Mais je vais devoir réfléchir à un moyen de me détendre... Parce que si la simple proximité masculine me met dans tous mes états, l'heure est grave...

Suis-je tant en manque ?

Je relègue ce questionnement au second plan. Mon intégration dans l'entreprise est plus importante, et elle passe par le travail. J'ai une montagne de pochettes qui m'attend, en bas... J'y descends sans grande conviction.

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