Chapitre 46
Chapitre non corrigé, désolée si il contient des fautes.
PDV Kanako
Le tic tac de l'horloge m'horripile. Le bruissement des feuilles sous le vent me fait grincer des dents. Le clic de ce crayon bic actionné sans cesse par cet étudiant me fait vriller un peu plus. Chaque son autour de moi me dérangent. Parce que chaque son me déconcentre de ce devoir d'anglais, qui devrait être mon échappatoire. Celle pour éviter ces pensées qui tournent en boucle dans mon esprit depuis quelques jours, qui me déchirent de l'intérieur. Non pas de douleur, mais d'incompréhension. Oui, je ne comprends pas, je me perds dans de vaines analyses, j'imagine des scénarios qui tantôt me ravissent, tantôt m'emplissent de sentiments négatifs. Parce que je n'ai pas de réponses aux questions qui m'assaillent, questions que je suis incapable de poser.
— Tu ne devrais pas mitrailler du regard ce pauvre garçon, il n'a rien fait qui mérite tant de ressentiments.
La voix d'Arwen me tire de mes songes, et je me concentre sur lui. Depuis combien de temps m'observe-t-il ? Celui qu'on surnomme Pumba a toujours été l'observateur, celui qui acquiesce en silence, écrasé par les monologues interminables de son acolyte. Il n'a jamais eu l'air de s'en plaindre. Je connais suffisamment l'homme à présent pour savoir qu'il n'est pas le plus bavard.
— Je ne le mitraille pas.
— A sa place, je frissonnerais d'effroi devant un tel regard.
— Il est agaçant, avec son stylo.
Pendant un moment, il ne dit rien, et je ne m'attends pas à ce qu'il le fasse. Pourtant, il me surprend quand il se décide à rompre le silence. A en demander plus.
— Et si on discutait de ce qui ne va vraiment pas, plutôt ?
— De quoi tu parles ?
— De ton comportement de ces derniers jours. Lewis n'a pas encore demandé, mais on l'a tous remarqué. Il se passe des choses dans ta tête Nala, et elles semblent te bouleverser. Parfois, y mettre des mots aident à les démêler.
Je ne lui réponds pas tout de suite. A la place, je le scrute. Il est peut-être celui que j'ai le moins pris le temps d'analyser, de découvrir, quand bien même cela ne le rends pas moins important que les autres. Arwen a toujours été là, autant qu'eux. Mais il a plus l'habitude de rassurer par sa présence que par ses mots. Et il semble être d'accord avec moi sur ce point là.
— Je ne suis pas aussi bon que Timon pour conseiller. Mais je suis plutôt doué pour écouter. Et je crois que c'est ce dont tu as besoin, pour l'instant.
Dans un tic nerveux, je me mords les lèvres. Devrais-je en parler ? Mettre des mots sur ce que j'ai en tête, c'est peut-être une bonne idée. Ou peut-être que tout ça ne regarde que moi, et que je devrais garder en moi tout ce qui me tracasse.
Le regard bienveillant de mon ami, ainsi que son sourire sincère, parviennent à me faire craquer. Et mes doigts tapent si vite tout ce qui me passe par la tête, qu'au final, je crois que mon être entier en avait besoin.
— J'ai embrassé William. Ou il m'a embrassé, je ne sais pas. Bref, peu importe. C'est arrivé chez lui, après l'arrivée de son frère. Plusieurs fois le même jour.
Il tente de cacher ses yeux ronds comme des billes, mais n'y parviens pas plus qu'à dissimuler le petit sourire que je vois naître au coin de ses lèvres. Pourtant, je ne m'attarde pas sur ses réactions, je continue seulement de taper.
— C'était bien, enfin super, enfin... ne cherchons pas d'adjectif, tu as compris. Le soucis n'est pas là. Le souci, c'est que depuis, plus rien. On se voit pour la peinture. On se voit avec vous. Mais au-delà de cela, nous agissons exactement comme avant. Comme si rien ne s'était passé entre nous. Alors je ne sais pas ce que tout cela signifie. Il préférerait oublier ? C'était une erreur, une passade, un moment qui ne voulait pas dire grand-chose ?
— C'est ce qu'il ressent lui, qui t'inquiètes ?
— Entre autre. Ce qu'il a ressent, a ressenti, mais aussi ce que je ressens. Je ne sais pas ce qui se passe en moi, vis-à-vis de tout ça. Autant vis-à-vis de ce baiser que de ce silence. Je crois... que je n'aime pas agir comme si rien de tout cela n'était arrivé. Il devrait y avoir quelque chose. De la gêne, de l'attirance, de l'ambiguïté, de la honte. Peu importe, mais on devrait avoir un comportement différent, depuis, non ?
— Avec ou sans ce baiser... honnêtement, je n'ai pas souvenir d'un jour sans ambiguïté entre vous.
Je sens mes joues rougir, d'autant plus lorsqu'il me demande si j'ai envie de recommencer, ou d'oublier ces baisers. Parce qu'au fond, la réponse est gravée en moi, et je n'ai pas besoin de l'écrire pour qu'il le comprenne.
— Pourquoi il ne fait rien ?
— Et si tu arrêtais d'attendre qu'il fasse le premier pas ? Tu es suffisamment forte pour le faire, toi aussi.
— C'est très féministe comme pensée.
— Je n'ai jamais prétendu ne pas l'être. Et ne crois pas que je ne vois pas ce que tu essaies de faire. Ne fuis pas, Kana. Pas quand c'est quelque chose que tu mérites. Et je crois que cela, tu le mérites, alors vas-y.
Je voudrais lui faire part des doutes que l'idée qu'il me soumet fait naître en moi. La peur d'être rejetée, une peur que je ne connaissais pas, apparaît à ce moment là. Et pourtant, elle est balayée par des mots souvent prononcés, que je ne peux oublier.
— Tu sais, tu n'es pas si nul pour conseiller.
Il me sourit, et avant que je ne puisse rebondir sur la question : mais comment faire, un boulet de canon arrive. Lewis s'installe entre nous et ne cesse de parler de sujets que j'entends à peine. Je me contente d'offrir un sourire silencieux à Pumba, gardant pour nous cet échange, et pour moi le courage de faire ce qu'il me conseille.
**
Son regard sur moi me déstabilise, alors que les mots de mon ami tourne en boucle dans mon esprit. Faire le premier pas. Comment ? Lancer une discussion. Me rapprocher doucement. Tout envoyer valdinguer et me jeter dans ses bras ? Tellement de possibilités, mais aussi tellement de gêne, peu importe celle que je choisirais. Si je parviens à choisir.
Si il sent mon trouble, il n'en dit rien. C'est peut-être pire, quand il reste là, à me détailler de ses iris d'un bleu si clair, et pourtant si profond. William est beau, cela, je le savais. Mais j'ai découvert au fil de ces semaines, et aujourd'hui d'autant plus, que son réel charme réside ailleurs. Dans l'intensité de ces pupilles, lorsque l'on fait partie des chanceux qui se trouvent dans leur trajectoire. Parce qu'il ne regarde réellement que peu de personnes.
Lorsqu'il finit par bouger, et surtout qu'il passe derrière moi, je me fige. Lorsqu'un tissu vient recouvrir mes yeux, et que ses doigts frôlent mon corps en le nouant, je frissonne. Lorsque sa voix s'insinue dans mes oreilles, et que son souffle chatouille l'épiderme de mon cou, je cesse de respirer. Je suis en apnée, et pourtant, je ne manque aucunement d'air. Il devient mon oxygène, lui et tout ce qu'il fait naître en moi.
— Aujourd'hui, je veux que tu ressentes la peinture.
Ses doigts glissent sur la peau dénudée de mon bras, avant de placer un pinceau dans le creux de ma paume. Puis ses mains se posent sur mes hanches, et m'avance de quelques pas, lui toujours dans mon dos. Et enfin, il reste contre moi, faisait glisser le pinceau sur la toile dans un geste commun.
Durant tout ce temps, il reste là. Chaque seconde, j'ai l'impression qu'il se rapproche un peu plus. Chaque seconde, sa peau semble peser plus contre la mienne. Son souffle semble plus près de ma peau, et sa respiration plus saccadée.
— Sens les poils du pinceau qui courent sur la toile.
Mais quand bien même j'essaierai, je ne ressentirais rien d'autre que sa chaleur, et celle qui naît en moi.
— Sens la peinture qui se dépose sur elle, la recouvre. Son épaisseur, sa matière, sa forme.
Sa peau, son souffle, son odeur. Voilà tout ce que je ressens, avec une intensité folle. Et lorsqu'il resserre ses doigts sur les miens, lorsqu'il glisse son nez contre ma joue, et laisse son torse peser sur mon dos, je sais qu'il le ressent autant que moi.
Il n'y a plus de peinture. Il n'y a que cette ambiguïté, celle que je cherchais.
Que la réponse à toutes mes questions.
Alors je veux me retourner. Je veux retirer ce bandeau, planter mon regard dans le sien, lui taper ce que j'ai à lui dire, ou bien lui montrer en collant mes lèvres aux siennes, si j'en ai le courage.
Je n'en ai pas le temps. Il s'écarte de moi alors que la porte s'ouvre et que Monsieur Perret lui demande de le suivre un moment. Je retire mon bandeau pour n'avoir qu'une vision de son dos, qui disparaît dans le couloir.
Alors j'attrape mon téléphone, et je fais ce qu'Arwen m'a conseillé. Parce que je sais exactement comment cela doit être fait, à présent.
Je tape le message à Charlotte en toute vitesse.
« J'ai besoin de ton aide ».
Et j'attends avec impatience cet instant où je vais faire ce pas. Ces dizaines de pas.
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